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"C'est venu spontanément, l'envie d'entreprendre et de partir sur le vélo." 25 ans après l'arrêt de la production des Selles Idéale, Frédéric Ducès, ancien informaticien, a tout plaqué en 2011 pour relancer cette marque iconique. Pour neo, il ouvre les portes de son atelier et nous fait découvrir son métier.

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00:00 Certains ont fermé l'usine, donc ils ont éteint les lumières.
00:04 Ça a été très dur pour eux.
00:05 Voir quelqu'un qui se relance là-dedans, ils étaient vraiment contents.
00:08 Des industriels du vélo, s'ils voyaient ça, je pense qu'ils partiraient en courant.
00:12 Parce qu'à l'heure actuelle, il faut minimiser la main-d'œuvre.
00:15 Souvent c'est plus facile de mettre une machine,
00:17 sauf que ça, aucune machine sait le faire.
00:19 Il y avait vraiment cette envie de faire du "made in France" là,
00:22 et de faire revivre l'unicône de l'industrie du vélo français.
00:28 Vers 40 ans, j'ai décidé de faire autre chose, comme beaucoup de gens à cet âge-là.
00:32 J'avais envie de passer à autre chose, tout simplement.
00:34 Pensant au début que ça serait plus simple que la réalité.
00:39 Mais ceci dit, je n'ai pas été déçu du challenge et de la complexité
00:44 que j'ai pu rencontrer au fur et à mesure de la remise en marche de la production.
00:48 Bonjour Néo, je suis Frédéric Dusses,
00:50 bienvenue dans les ateliers de fabrication des selles idéales.
00:56 C'est une peau de vache, puisque la vache, dans les cuirs, c'est ce qu'il y a de mieux.
01:03 Et c'est tannée en France pendant 12 mois.
01:05 C'est important, c'est un tannage exceptionnel.
01:07 Ça garantit la pérennité du cuir.
01:11 On a la chance en France, c'est qu'on trouve ce genre de produit,
01:15 parce qu'une selle en cuir, c'est avant tout du cuir.
01:25 Ça faisait quand même 25 ans que la production avait été arrêtée.
01:29 Et donc, il n'y avait plus aucun outil.
01:31 Et en fait, tout ce qu'on a là, c'est des outils qu'on a recréés,
01:35 des machines que j'ai rachetées.
01:38 Voilà, tout avait disparu.
01:39 Donc l'usine historique, elle est restée près de 80 ans,
01:43 près de Rouen, enfin dans l'heure exactement, à Pont-Saint-Pierre, au bord de Landel.
01:48 Et donc, j'ai lancé un avis de recherche, tout simplement.
01:53 Je recherche des anciens salariés de l'usine Tron et Berthet.
01:57 Et là, immédiatement, j'ai eu des réponses.
02:01 Et de fil en aiguille, j'ai retrouvé des personnes.
02:03 Et j'ai eu la chance de tomber sur trois personnes
02:06 qui avaient une vue d'ensemble de la production.
02:10 Et ça, ça m'a vraiment aidé.
02:13 Donc, grâce à eux, j'ai pu recoller les morceaux,
02:19 refaire un cahier des charges avec un procédé de fabrication.
02:24 Ils étaient contents, clairement.
02:26 Pour certains, ils ont fermé l'usine.
02:29 Donc, ils ont éteint les lumières.
02:31 Et vraiment, ça a été très dur pour eux.
02:34 C'était au milieu des années 80.
02:36 Et ils en parlent vraiment avec beaucoup d'amertume.
02:39 Donc, voir quelqu'un qui se relance là-dedans,
02:42 ils étaient vraiment contents, je pense.
02:45 Bon, il y a eu quelques déceptions.
02:47 Il y en a un qui pensait que j'allais m'installer là-bas.
02:50 Malheureusement, j'étais déjà avec ma compagne et mes enfants,
02:54 on était déjà sur la région toulousaine.
02:57 J'ai étudié la possibilité d'y aller,
02:58 mais c'était trop compliqué.
03:00 Mais bon, qui sait, peut-être un jour, il y aura un retour.
03:04 Tout est parti de la volonté de changer de branche.
03:09 Je suis vraiment à la démonstration du changement de carrière,
03:14 d'une vie professionnelle en deux parties.
03:19 Vers 40 ans, j'ai décidé de faire autre chose,
03:21 comme beaucoup de gens à cet âge-là.
03:23 Pas que je n'aimais pas mon métier,
03:25 mais j'avais envie de passer à autre chose, tout simplement.
03:27 Avant, j'étais informaticien.
03:29 J'étais vraiment dans l'abstraction.
03:33 Finalement, je ne touchais rien à part mon ordinateur.
03:37 Je n'avais rien de palpable.
03:39 J'ai été informaticien pour différents grands comptes,
03:43 des grosses entreprises.
03:45 J'avais envie de voir autre chose.
03:47 Et puis surtout, j'avais envie d'entreprendre.
03:49 J'avais envie de me lancer dans quelque chose.
03:51 Et là, c'est venu spontanément l'envie non seulement d'entreprendre,
03:57 mais de partir sur le vélo, quelque chose d'écologique.
04:03 Il y avait vraiment cette envie de faire du « made in France »,
04:07 de faire revivre une icône du vélo,
04:14 de l'industrie du vélo français.
04:16 En fait, on a une clientèle assez élargie,
04:21 et de plus en plus, avec un renouvellement.
04:24 Là où au départ, on était surtout connu des anciens
04:28 qui se souvenaient avoir roulé sur des selles idéales,
04:32 et qui sont venus spontanément
04:34 s'ils avaient besoin de renouveler leur matériel.
04:36 Et là, il y a eu un renouvellement,
04:38 avec un engouement de nouveau pour le vélo,
04:41 pour le vélo de loisir, le vélo d'aventure, de voyage.
04:46 Les gens sont sortis du prisme du vélo de route,
04:52 très, très marketé,
04:53 et sont allés sur des choses un peu plus originales,
04:57 un peu plus authentiques,
04:59 en cassant un peu tous ces codes.
05:01 Je pense que les gens cherchent vraiment un produit original.
05:04 En plus, il a une histoire, ça tombe bien.
05:07 Ça en fait des tours de manuel.
05:09 Cette multitude de passes,
05:12 je pense que des industriels du vélo, s'ils voyaient ça,
05:16 je pense qu'ils partiraient en courant.
05:18 Parce qu'à l'heure actuelle,
05:20 il faut minimiser la charge de la main d'œuvre.
05:26 Souvent, c'est plus facile de mettre une machine,
05:29 sauf que ça, aucune machine sait le faire.
05:32 Cette façon de travailler,
05:35 à l'heure actuelle,
05:37 ça va à l'encontre de tout ce qui se fait.
05:41 C'est peut-être ça aussi que les gens viennent chercher.
05:44 Chose de différent.
05:50 Tout se ressemble.
05:52 J'étais tellement, je le reste,
05:56 toujours émerveillé par ce produit,
06:00 que je fais abstraction du mal que je me donne pour le fabriquer.
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