Installés depuis un an en bovins lait (Manche), Brian et Manon alertent sur les reprises « low cost »

  • l’année dernière
Voulant s’installer en élevage laitier, mais sans famille proche dans l’agriculture, Brian Bocquet et sa compagne Manon Vasseur ont saisi l’opportunité, à 22 ans, de reprendre une ferme, pas très chère. Toutefois, les deux jeunes ne pensaient pas devoir investir si vite pour pouvoir continuer à travailler…

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00:00 Si nous demain on nous dit voilà il y a le voisin qui vend, il n'y a pas de travaux à faire et vous devez ressortir un billet et revendre celle-là, on y fonce quoi.
00:24 Donc la ferme qu'on a repris, on l'a trouvé sur Facebook. A la base on cherchait juste des informations sur comment s'installer
00:32 et puis le sédan de cette exploitation nous a contacté en disant que dans deux ans il serait à la retraite et qu'il aurait potentiellement une ferme à vendre.
00:39 Et du coup on est venu la voir et c'est là qu'on a commencé les démarches pendant deux ans pour s'installer.
00:52 Ce qui nous a vraiment plu sur cette exploitation c'est qu'il y avait 40 hectares de prairies disponibles tout autour de l'exploitation avec un prix assez bas.
01:01 Je me rappelle que les bâtiments et tout ça c'était pas le côté positif.
01:06 Un plus aussi c'était comme tout était assez vieux avec un prix assez bas on pouvait vraiment réaménager ça de notre façon.
01:13 Donc là on peut bâtir notre projet de zéro sur une exploitation déjà existante, ce qui est vraiment un côté positif aussi.
01:22 L'administration française, c'est très difficile pour s'installer, les démarches demandent beaucoup de temps.
01:40 On est très peu encadré, on a quand même beaucoup de mal à savoir les choses qui sont à faire.
01:47 Quand on va avoir plusieurs organisations on a toujours des versions différentes, il faut vraiment faire attention.
01:55 Aussi par rapport aux dates d'installation de prévues, il faut essayer de les tenir parce que ça peut tout chambouler.
02:03 Nous on avait une installation prévue au début le 1er octobre 2022, donc on avait prévu des périodes de vélo, certains trucs dessus.
02:12 Notre date d'installation était décalée d'un mois mais nous a vraiment impacté financièrement.
02:18 Ensuite ils ont voulu nous décaler notre date d'installation jusqu'au 1er janvier 2023.
02:24 On a refusé car ça nous divisait notre DGA par deux.
02:29 Suite aux nouvelles réformes de la DGA, car il y en a régulièrement, c'est vraiment quelque chose à suivre.
02:35 Il faut toujours les pousser, il faut essayer de faire les papiers avant les vacances,
02:40 parce que ça retarde le dossier une fois que les vacances sont arrivées d'au moins 4 à 6 mois, donc c'est très compliqué à suivre.
02:47 C'est un vrai parcours de combattant, mais si l'exploitation qu'on a accrochée vaut le coup, c'est quelque chose qu'il faut poursuivre.
02:57 Ça donne envie d'abandonner plusieurs fois dans les démarches.
03:02 On est passé par beaucoup de choses.
03:14 On était très content de s'installer, d'être enfin notre propre patron alors qu'on est jeune.
03:19 Mais le fait d'avoir acheté une ferme pas chère au prix du marché, c'est difficile.
03:26 On avait une ferme qui n'était pas aux normes, on a eu une ferme avec du matériel ancien,
03:31 du coup ça nous a prévu de gros investissements.
03:35 Financièrement c'était très dur, donc même si la ferme peut paraître pas chère au départ,
03:40 derrière les investissements sont plus lourds et finalement ça nous reviendrait à une ferme au prix des marchés actuels.
03:47 Et franchement on a passé une année très difficile avec beaucoup de sacrifices et d'imprévus.
03:55 Il ne faut pas faire confiance aux cédants parce que notre projet est totalement différent de son projet.
04:04 L'évolution qu'on doit suivre est totalement différente de la sienne.
04:07 Il faut savoir qu'en tant que jeune installé on commence avec énormément d'emprunts,
04:11 on le sait déjà avant l'installation.
04:13 Sauf que pour faire ça il faut sortir rentrer un peu plus d'argent,
04:16 et pour rentrer plus d'argent il faut travailler plus, optimiser le matériel, optimiser les vaches, optimiser les bâtiments.
04:24 Il y a des choses qui sont déjà à la limite avec le cédant et quand on pousse ça finit à la casse,
04:31 ou aux réparations, ou au renouvellement.
04:33 Des choses qui n'étaient pas prévues, nous ça représentait un coût très très élevé,
04:38 qu'on n'a pas encore chiffré parce que notre installation est bientôt finie mais qu'on va bientôt chiffrer.
04:43 Parce que ça continue à arriver, un an d'installation c'est très long quand il ne nous arrive que des emmerdes vulgairement.
04:51 Donc voilà, vraiment quelque chose à suivre de très près.
04:55 Toute chose dit avec le cédant il faut le faire par écrit,
05:11 parce que nous il y a eu un petit bémol sur un petit bâtiment et ça représente quand même 5000 euros,
05:17 donc ce n'est pas grand chose sur la totalité mais c'est quand même quelque chose d'important.
05:23 Quand on a repris l'exploitation on avait des vaches à 3200 litres.
05:35 Avec un atelier de transformation on transformait 50000 litres de lait sur 80 hectares.
05:42 L'atelier de transformation ça n'a pas abouti comme on voulait,
05:46 il y a eu des augmentations plus comprises suite au cours du marché.
05:50 Donc on a décidé de arrêter la partie transfo et de faire plus de lait.
05:54 Donc heureusement on avait passé nos vaches à 4500 litres en 7 mois, donc on a bien augmenté.
06:02 On a revu sur notre partie de stock, comment est travaillé pour faire des économies,
06:08 car avant comme on avait la partie transfo on était en séchoir en grange en location,
06:12 c'était vraiment très cher. Donc on est reparti en ancillage pour faire des économies.
06:17 Pour pallier à l'atelier de transformation on va augmenter notre nombre de vaches,
06:21 actuellement on trahit 50 vaches, on va passer à 80.
06:24 Et pour subvenir au stock on va devoir réimplanter du maïs ancillage,
06:32 donc minimum 10 hectares, à suivre sur le cours,
06:36 parce que pareil ça commence à poser problème niveau pâques maintenant,
06:40 car toute prairie naturelle n'a pas le droit d'être retournée, même en temps de DGA,
06:44 ce qu'on a cru comprendre pour l'instant. Donc affaire à suivre.
06:47 Mais il faut savoir que nous on s'est quand même installé sur une exploitation
06:51 de 80 hectares de prairie naturelle, donc la totalité de l'exploitation.
07:08 Il ne faut pas abandonner, il faut bien être accompagné, bien encadré.
07:11 Il ne faut pas lâcher les bras, marrer que des moments ça peut être très dur
07:14 et en avoir plus que marre. On connaît des jeunes installés qui ont fait 8 mois,
07:18 9 mois, parce que ça avait l'air simple, mais c'est pas si simple.
07:22 La première année d'installation c'est toujours celle qui est la plus compliquée.
07:25 Des factures d'imprévus, du matériel qui lâche, des vaches que ça va pas comme on veut,
07:32 des problèmes sanitaires qui tombent comme ça, qui n'en a jamais eu lieu en 30 ans.
07:38 Des trucs très très compliqués, il ne faut pas lâcher, il faut bien tenir.
07:43 Et surtout être bien accompagné.
07:46 Ne pas se référencer aux coûts de l'exploitation,
07:58 parce que les travaux qu'on va avoir mis dans l'exploitation pour la mettre aux normes,
08:03 ça fait un quart du prix de l'exploitation qu'on a acheté.
08:06 Donc tout calculé, franchement, on aurait pu se permettre d'acheter une exploitation à 1,2 millions.
08:11 On aurait eu tous les bâtiments fonctionnels, pas de travaux à faire,
08:15 juste à rentrer, podéstéphaliser, travailler. Plus de surface peut être accessible.
08:19 C'est vrai que c'est compliqué au niveau des banques,
08:23 mais si on a un projet qui tient la route, il ne faut pas se dire ça, il faut y aller.
08:26 Il faut faire plusieurs banques, il faut être sûr de son projet.
08:29 Si nous, demain, on nous dit "voilà, il y a le voisin qui vend, il n'y a pas de travaux à faire,
08:34 et vous devez ressortir un billet et revendre celle-là", on y fonce.
08:37 Parce qu'on sait que dans 4 ans, il va falloir refaire un bâtiment à vaches,
08:40 qui va falloir nous coûter énormément d'argent.
08:43 Et c'est une exploitation qui va nous revenir 1 million.
08:46 Elle ne les vaut pas.
08:48 Le jour qu'on veut la revendre, si dans 10 ans on veut la revendre,
08:51 si on la revend 600 ou 800 milles, on sera heureux.
08:55 Donc non, franchement, il ne faut pas hésiter.
09:02 Il faut rechercher, il ne faut pas se dire "ce n'est pas cher, on fonce".
09:06 Il faut réfléchir.
09:09 Et la chose qu'il ne faut pas sous-estimer, c'est de s'installer en couple.
09:18 Parce qu'on peut être hyper pressé de s'installer en couple,
09:21 parce qu'on connaît la personne avec qui on s'installe,
09:24 mais c'est très délicat parce qu'il n'y a pas d'entre-deux,
09:28 de coupure entre la vie pro et la vie perso.
09:31 Et c'est très délicat à gérer.
09:34 Il faut vraiment faire attention, ce n'est pas aussi simple qu'on le croit.
09:38 C'est très très difficile.
09:40 Il y a une part des choses qui est compliquée.
09:43 Quand il y a une dispute sur l'exploitation suite à un désaccord,
09:47 il faut bien aussi faire en sorte que quand on rentre à la maison,
09:50 le désaccord n'existe plus et il revient peut-être le lendemain,
09:53 mais c'est beaucoup plus compliqué chez nous.
09:56 Une rupture d'associé peut arriver,
09:58 mais une rupture dans le couple, ça fait toujours très mal.
10:01 Il ne faut pas négliger ce contexte.
10:04 C'est vrai que c'est un côté positif d'être en couple aussi,
10:07 parce qu'il ne faut pas dire que le négatif.
10:09 Quand il y a une partie de l'exploitation qui est compliquée à vivre,
10:13 les deux le vivent en même temps, les deux le comprennent en même temps,
10:17 on s'épaule en même temps,
10:19 mais c'est vrai qu'il faut en tenir compte du côté négatif aussi.
10:24 Malgré qu'on a vécu une année assez difficile,
10:33 on est quand même très fiers de nous, de ce qu'on a accompli,
10:37 de comment la ferme a évolué,
10:39 et surtout fiers de ne pas avoir baissé les bras et d'en être encore là aujourd'hui.
10:46 Le seul truc que je peux rajouter, c'est chaque petite victoire qui est réussie,
10:50 comme passer 3200 à 4500 litres, c'est une petite victoire,
10:54 mais ça encourage vraiment, c'est là qu'on se dit qu'on n'a pas fait ça pour rien.
10:58 Embaucher du personnel, actuellement on a quand même deux apprentis avec nous,
11:03 on forme deux apprentis, ça leur plaît énormément.
11:06 C'est plein de petites victoires comme ça qui sont encourageantes
11:11 et qui nous donnent envie d'avancer.
11:14 Si ça serait à refaire, on verrait peut-être les choses autrement,
11:17 mais on retenterait quand même quelque chose, on ne dirait pas, on ne s'installe pas.
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11:34 Merci.
11:37 [SILENCE]

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