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00:00 - Oui, tout d'abord je voulais simplement vous dire, parce que nous ne sommes pas n'importe où,
00:05 que nous sommes tous traversés par une profonde émotion, une infinie tristesse et puis en même
00:11 temps un sentiment d'admiration extrêmement fort pour nos collègues. Et je pense que la résilience
00:18 dont l'école fait preuve aujourd'hui et qui force l'admiration, c'est une résilience qui
00:23 n'empêche pas qu'il y ait un traumatisme profond. Et je voulais rappeler à nos collègues qui sont
00:28 dans les établissements, partout, qu'il y a une cellule d'écoute nationale qui a été mise en place,
00:33 qu'ils peuvent appeler, je vais rappeler le numéro si vous le voulez bien, cellule nationale qu'ils
00:39 peuvent appeler au 0805 500 005 et qu'il y a dans l'académie de Lille également une cellule
00:45 d'écoute académique qu'ils peuvent joindre au 0 320 156 200. - Parce qu'on n'est pas n'importe où,
00:51 on est juste devant cette cité scolaire qui a connu ce terrible drame vendredi. Il y a
00:57 d'ailleurs un programme qui sera un peu différent de ce qui va se passer ailleurs en France,
01:01 dont on a déjà parlé ce matin sur France Bleu Nord. Je voulais voir avec vous plutôt à quoi va
01:08 ressembler cette journée dans les collèges et les lycées des Hauts-de-France et de l'ensemble
01:13 du pays. - Alors c'est une journée évidemment qui est très particulière. De 8h à 10h,
01:18 les personnels vont pouvoir se réunir sans les élèves dans la plupart des établissements,
01:22 pour pouvoir se recueillir d'abord, pour pouvoir échanger, discuter et puis préparer la prise en
01:28 charge des élèves qui vont les rejoindre ensuite. Et à 14h, il y aura une minute de silence dans
01:34 l'ensemble de nos établissements qui permettra de marquer notre sympathie, notre tristesse aussi,
01:43 et notre volonté de continuer. - Pourquoi c'est important pour les enseignants d'avoir ce moment,
01:48 ce temps d'échange entre eux ? Est-ce que c'est parce que le traumatisme est vraiment si profond,
01:55 parce que peut-être on se dit est-ce que j'aurai les bons mots aussi face à mes élèves tout à
02:00 l'heure ? - Je pense qu'il y a tout cela oui. Il y a d'abord un moment, il faut le dire,
02:06 d'une infinie tristesse pour nous tous. C'est une perte qui est irréparable et les collègues ont
02:14 besoin d'abord d'un moment qui témoigne de la solidarité de tous, qui permet de dire aussi
02:19 quelles sont nos émotions. Et puis il y a aussi le besoin de se retrouver parce que c'est difficile
02:25 de reprendre des classes après des événements de cette nature-là. Des collègues se demandent ce
02:30 qu'ils vont pouvoir dire, comment ils vont pouvoir réagir par rapport aux comportements, aux
02:34 attitudes des élèves, à la douleur que ceux-ci vont exprimer aussi. Et donc le ministère a mis
02:40 à disposition des collègues une série de ressources que l'on peut retrouver sur un site qu'ils
02:44 connaissent bien qu'on appelle EduSchool. Et les principes de leur action sont finalement
02:50 déployés autour de trois axes. Il va s'agir bien sûr de protéger nos élèves, il va s'agir de les
02:57 rassurer et puis il va s'agir de les éduquer et de poursuivre notre travail d'éducation. - On n'a
03:02 pas les mêmes mots non plus selon l'âge des élèves qu'on a en face. C'est vrai que collège
03:07 c'est 12 ans, 11 ans, on va jusqu'à 18 ans pour le lycée. - Oui, et puis le recueillement va aussi
03:13 concerner les élèves des petites classes. On ne parle évidemment pas de la même façon à un élève
03:21 qui est en maternelle et qui n'a pas encore intégré ce qu'est le concept de mort qu'un élève de
03:26 terminal AGGSP par exemple, qui étudie le terrorisme sur un plan plus scientifique. Et donc
03:32 les modalités de prise en charge de nos collègues sont des modalités qu'ils adaptent en fonction de
03:37 l'âge des élèves. Et je voulais d'ailleurs rassurer aussi les parents qui nous écoutent.
03:43 Je sais que certains d'entre eux craignent un peu ce qui peut être dit parce qu'ils ont peur que
03:49 leurs enfants soient exposés à des images, à des propos qui pourraient les heurter. Je voulais
03:55 rappeler que les parents ont fait confiance à l'école en inscrivant leurs enfants dans les
03:59 écoles publiques. Cette confiance est bien placée et les professionnels qui encadrent leurs enfants
04:04 savent ce qu'ils font. Et ils trouveront les mots pour respecter la sensibilité de chacun et pour
04:09 dire les choses. - Est-ce qu'il faut aussi s'adapter à ce que sont aujourd'hui les réseaux sociaux ?
04:15 On a vu que certains élèves qui étaient par exemple dans des collèges ou des lycées confinés
04:20 dans cette ville d'Arras, qui n'ont pas été des moins directs de ce qui s'est passé ici, mais très
04:24 vite, au bout d'un quart d'heure, ont vu les premières images de l'agression de la science. Ça aussi,
04:29 ça change beaucoup de choses pour vous ? - Oui, ça change énormément de choses. Ça fait partie
04:34 justement de ce rôle de protection et d'éducation dont je vous parlais il y a un instant. Les élèves
04:40 sont soumis à un flot. Je n'ose pas dire d'information parce qu'il y a de tout. Il y a
04:44 de véritables informations. Il y a des rumeurs, il y a des mensonges, il y a des entreprises de
04:50 falsification et de manipulation. Et l'un des enjeux aussi de nos enseignants, pas seulement
04:55 aujourd'hui, mais sur le long terme, c'est aussi d'apprendre à nos élèves à dominer ce flux-là.
05:01 Et l'idée, ça n'est pas simplement de corriger, ça n'est pas simplement d'affiner, c'est pas seulement
05:09 d'enrichir les perceptions, mais aussi c'est de faire un travail sur le long terme pour que nos
05:14 élèves apprennent, ce qu'on appelle, vous savez, une formule souvent l'esprit critique, mais non
05:18 pas sous un angle qui serait celui de la critique systématique de toutes les formes d'information,
05:22 mais simplement d'un travail qui consiste à apprendre à placer sa confiance à bon escient.
05:27 C'est vraiment ça l'enjeu pour nous, c'est que nos élèves sachent à qui ils peuvent faire
05:31 confiance, à qui ils ne doivent pas faire confiance. – Dernière question, ministre de l'éducation
05:35 nationale hier soir disait qu'il ne tolérerait aucune provocation dans le cadre de cet hommage.
05:42 À quoi vous pouvez assister ? On a eu il y a trois ans des hommages à Samuel Paty. On sait
05:47 qu'il y avait eu des provocations dans certains établissements. D'abord, quelle était l'ampleur
05:52 de tout cela ? Et puis, à quoi ça peut ressembler ? De quoi on parle ? – Alors, d'abord, il faut dire
05:59 que c'est un phénomène qui est très minoritaire, très, très minoritaire. L'immense majorité de
06:05 nos élèves s'associent à notre douleur. Eux-mêmes ressentent des émotions qui tiennent lieu de peur,
06:12 d'anxiété, de tristesse. Et donc, le phénomène dont vous parlez, c'est un phénomène qui est
06:17 vraiment extrêmement minoritaire. Cependant, il existe. Il existe. Il peut recouvrir toute une
06:22 série de comportements et de motivations qui vont, pardon de le dire ainsi, mais qui vont de la
06:28 bêtise la plus crasse à un ancrage idéologique très, très, très, très, très fort. Et dans ces
06:34 cas-là, ce qui est demandé à nos agents, d'abord, c'est de garantir que la minute de silence se
06:41 déroule bien, de ne pas entrer dans un débat avec l'élève qui voudrait être dans une provocation,
06:47 c'est-à-dire de faire en sorte que l'ordre revienne, éventuellement en sortant l'élève. Et puis
06:52 ensuite, il y a une procédure de signalement, il y a une procédure de prise en charge. Le chef
06:55 d'établissement signalera au rectorat les cas qui sont les cas de mise en cause des valeurs de la
07:04 République, en l'occurrence, en ce moment, de la minute de silence. Et puis, c'est à nous ensuite
07:09 de traiter les situations. Chacune d'entre elles est traitée, selon des procédés que je ne vais
07:13 pas détailler ici, vous le comprendrez, mais chacune d'entre elles est traitée avec un double
07:18 objectif. Le premier, c'est de ne laisser passer aucune atteinte aux valeurs de la République et
07:23 aucune atteinte à la mémoire de nos collègues, d'une part. Et deuxièmement, il ne faut pas
07:26 l'oublier, c'est aussi une mission qui nous est conviée parce que nous devons protéger nos élèves,
07:32 les protéger parfois contre eux-mêmes et contre les entreprises de prédation qui les visent.

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