Lutte contre le terrorisme, faut-il s’affranchir de la Cour Européenne des Droits de l'Homme ?

  • l’année dernière
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Tom Connan et Loic Guérin.

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##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2023-10-16##

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Transcription
00:00 Les vraies voix sud radio, le grand débat du jour.
00:03 Et la France condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme pour avoir expulsé des Tchétchènes.
00:08 J'assume, lance Gérald Darmanin qui entend bien continuer.
00:11 N'en déplaise à la Cour européenne des droits de l'homme après l'assassinat d'un professeur à Arras. Vendredi le ministre de l'intérieur entend accélérer même
00:18 l'expulsion de 193 étrangers radicalisés en situation irrégulière.
00:23 Philippe, qu'est ce que vous en pensez ? Il a dit préférer payer des amendes pour la sécurité des français.
00:28 Est-ce que pour vous c'est quoi la priorité ? Les droits de l'homme ou votre sécurité ?
00:32 Est-ce que finalement l'état de droit ne va pas trop loin en surprotégeant les
00:36 coupables ou présumés coupables d'actes de terrorisme par exemple ?
00:41 Est-ce que l'état de droit français plus le droit européen sur les droits de l'homme, ça ne rend pas
00:46 la justice inapplicable ou au moins très difficile à appliquer ?
00:50 On attend vos témoignages au 0826 300 300 et pour le moment le score est brejnévien
00:56 puisque vous dites à 89% oui pour lutter contre le terrorisme la France doit s'affranchir de la cour européenne des droits de l'homme.
01:02 Philippe Bulger,
01:04 c'est une vraie question ?
01:06 Non seulement c'est une vraie question Cécile mais comment dire...
01:12 La conséquence
01:15 heureusement perverse de tragedie c'est qu'elle nous oblige à remettre en cause
01:21 des logiciels qu'on n'osait plus questionner. Cela fait des mois voire des années
01:27 qu'à un niveau très modeste je continue à dire que notre état de droit dans sa définition classique
01:34 n'est pas adapté aux nouvelles formes de délinquance et criminalité, je pense en particulier
01:40 au terrorisme islamiste. Le deuxième élément c'est le fait que nous avons vu le parcours de ce jeune russe
01:49 âgé de 20 ans quand on regarde la manière dont
01:53 il aurait dû être expulsé et dont l'ensemble des instances judiciaires
01:59 administratives
02:01 européennes ont tout fait pour qu'il ne le soit pas on est amené à
02:06 conspérer qu'on tombe sur la tête que Kafka est limpide à ce sujet. Et enfin je termine
02:13 Gérald Darmanin a enfin arbitré de manière très claire
02:18 si on est obligé de choisir entre la protection de ses concitoyens et un état de droit dans une
02:25 sophistication abstraite il faut pas hésiter et il a raison de n'avoir pas hésité.
02:32 - Tom Colin - Oui, allez-y
02:35 dans un instant mais juste avant on voudrait savoir si effectivement puisque vous êtes avocat
02:40 est-ce qu'on peut s'affranchir et dans quel cas on peut s'affranchir de la cour européenne ?
02:45 - Gérald Darmanin - Alors c'est une question compliquée en simple on ne s'en affranchit pas.
02:52 On ne peut pas. La France a adhéré à un traité d'abord depuis 74 donc c'est pas rien donc on fait partie
02:57 des pays du conseil de l'Europe qui a adhéré à la convention entre autres celle-ci. Il y a en plus une querelle de toute façon d'autres textes internationaux
03:05 européens tant que validés par l'ONU qui disent grosso modo les mêmes choses donc de toute façon on a une querelle de textes à valeur
03:13 constitutionnelle voire supraconstitutionnelle qui nous oblige. Donc on peut faire de l'esbrouf, on peut,
03:18 mais réellement on est tenu. En droit on n'échappe pas à la CEDH et j'irais même heureusement.
03:24 - Tom Colin - Donc des sanctions.
03:27 - Gérald Darmanin - Le droit pour rester dans une sorte de généralité on pourrait dire le droit doit rester un instrument et c'est vrai que si
03:34 c'est uniquement une substance
03:36 un petit peu
03:37 évanescente qui n'est pas effectivement ancrée dans le réel et dans la résolution des problématiques de ce réel ça pose souci effectivement.
03:44 Néanmoins en effet c'est quand même
03:46 heureux qu'on soit dans un état de droit parce que l'état de droit c'est pas uniquement la constitution de la bonne droite de l'homme, c'est un
03:51 ensemble de normes, c'est une hiérarchie des normes, la constitution au sommet, les traités, la loi etc.
03:55 On n'est pas dans une dictature effectivement où par exemple un simple décret
03:59 peut être supérieur aux lois comme c'est le cas dans plein d'autres pays et donc vous pouvez effectivement vous affranchir comme ça
04:04 des lois qui sont l'émanation de la volonté générale, votées par le parlement de manière démocratique.
04:08 Donc en fait voilà il faut faire attention à la manière
04:11 qu'on emploie pour résoudre ce type de problème. Néanmoins si Darmanin ou n'importe quel autre responsable
04:15 effectivement souhaite aller dans ce sens, à ce moment là modifions la loi ou renégocions les traités etc.
04:21 Mais vous en pensez quoi ?
04:23 Moi ce que je pense c'est qu'effectivement on ne peut pas
04:25 Est-ce qu'il faut qu'on paye les sanctions ?
04:27 Alors payer les sanctions, en effet on n'aura pas le choix mais je pense pas qu'il faille s'affranchir, que ce soit une bonne chose de s'affranchir du droit.
04:31 Ça veut dire qu'un responsable politique au plus haut niveau considère que finalement certaines règles de droit peuvent être violées
04:37 alors qu'elles sont pourtant en application.
04:40 Effectivement selon la Constitution les traités en France sont supérieurs aux lois.
04:44 Tous les traités, y compris les traités européens et les traités internationaux en général.
04:48 Donc c'est problématique en fait comme méthode et comme manière de procéder.
04:52 Le Guerreur régit.
04:53 Indépendamment de la grande théorie du droit, ou d'abord en l'occurrence j'ai cru comprendre qu'en août quand on avait été condamné il n'y avait pas d'amende.
05:00 Bon elle est plus symbolique qu'autre chose la condamnation par la CEDH.
05:03 J'entends effectivement qu'il faut trouver des mesures, qu'il faut y répondre.
05:06 Je ne suis pas en train de dire qu'il faut rester les bras croisés et dire c'est comme ça on reste en l'état.
05:10 Il faut y repenser, peut-être qu'il faut revisiter certains textes ou faciliter les expulsions.
05:14 Mais j'aimerais juste attirer l'attention sur le côté pragmatique de l'affaire.
05:19 Indépendamment du droit, vous avez deux difficultés.
05:21 Un, un fichier S c'est quoi ?
05:23 C'est les services de police qui déterminent que vous appartenez à cela.
05:26 Il n'y a pas de contradictoire, il n'y a pas de contestation, il n'y a pas de magistrat.
05:29 Il n'y a pas de magistrat du siège pour dire il a raison, il a tort, c'est exagéré, c'est pas exagéré.
05:33 Vous n'avez pas voix à la parole. C'est un vrai souci.
05:35 Vous donnez à des policiers le pouvoir de vous estampiller, expulsable à merci, inadmissible dans un état de droit.
05:42 Ça va de soi.
05:43 Deux, vous en avez quelques dizaines de milliers.
05:45 Vous allez encore ralentir la justice.
05:47 Vous en avez quelques dizaines, non parce qu'elle n'est pas passée la justice.
05:49 Là on parle de la police. Police, justice, nuance.
05:51 Darmanin quand il parle c'est la police, c'est pas la justice.
05:54 Grande différence, même si malheureusement on a tendance un peu à faire le raccourci.
05:58 Ensuite vous en avez plusieurs dizaines de milliers.
06:00 Vous faites comment ?
06:01 Et enfin, vous expulsez comment ?
06:03 Qui va le prendre ?
06:05 Donc le Tchétchène, fédération de Russie, grande démocratie devant l'éternel.
06:10 Vous le remettez comment ?
06:11 Surtout là les russes ne nous feront pas de cadeaux, ils ne les accepteront pas vu nos relations diplomatiques.
06:15 Mais voilà.
06:17 - Mais là où, Loïc, je ne me permettrai pas de discuter le propos pertinent sur le plan juridique,
06:26 et Tom est dans la même veine,
06:29 mais même si je reconnais l'extrême difficulté de changer le logiciel,
06:35 de quitter, on ne pourra pas la Cour européenne,
06:38 ce qui me paraît important c'est la nouvelle logique qui se dessine.
06:42 C'est-à-dire le fait de dire que si on constate que l'état de droit dont la définition est exaspérante,
06:50 parce qu'au fond on dirait que l'état de droit n'est destiné qu'à favoriser les transgresseurs,
06:55 alors que j'avais la naïveté de penser qu'il pouvait être utile à la majorité des honnêtes gens
07:02 et au système où l'efficacité imposerait qu'on expulse.
07:07 Je ne sais pas si vous avez eu la curiosité de voir le parcours de ce jeune Russe,
07:14 mais c'est hallucinant !
07:17 Et donc je dis qu'un pouvoir politique, Gérald Darmanin va dans ce sens,
07:22 doit avoir probablement le pouvoir d'imposer un volontarisme
07:28 qui fait passer l'efficacité et la sauvegarde du pays
07:31 avant la sophistication de règles européennes abstraites.
07:35 - Juste pour aller dans une logique qui soit conforme au droit,
07:41 il faut à ce moment-là modifier les constitutions.
07:43 Peut-être qu'il y aurait une union nationale, vu ce qui s'est passé récemment,
07:46 Samuel Paty et la mort de Dominique Benard,
07:50 il y aurait cette union nationale nécessaire
07:53 et ça permettrait d'avoir le fondement juridique, il me semble,
07:57 pour pouvoir revenir sur un certain nombre de règles, y compris de traités.
08:00 - Loïc Guérin juste avant Pierre de Clouz.
08:02 - En pratique, si on veut ramener les choses de manière très terre-à-terre,
08:05 la saisine de la CEDH prend des années, des années, des années.
08:08 Donc réellement, c'est pas demain.
08:10 Quelle que soit l'action, et c'est d'ailleurs regrettable,
08:12 le temps que vous alliez devant la CEDH, on peut dire 10-15 ans avant que ce soit jugé.
08:16 - Faut pas être pressé.
08:18 - Allez 0826-300-300, on part à Toulouse avec Pierre. Bonsoir Pierre.
08:22 - Bonsoir Pierre.
08:23 - Bonsoir. Je crois qu'il ne faut pas confondre,
08:26 on n'a pas modifié la constitution,
08:28 parce qu'il ne faut pas confondre l'état de droit et l'état de guerre.
08:32 Lorsqu'on est en état de guerre, on peut s'affranchir du droit européen,
08:35 tout simplement parce que l'erreur actuellement du pouvoir,
08:38 c'est d'avoir donné la parole à M. Darmanin,
08:41 alors qu'au fond, c'est au chef de la Désarmée,
08:44 c'est-à-dire au Président de la République,
08:46 à s'exprimer et à prendre des décisions.
08:48 Parce qu'en effet, bien sûr qu'il y a ce droit européen,
08:52 mais on voit qu'aujourd'hui, la situation est totalement bloquée.
08:55 Regardez en Israël, il a pris la décision,
08:58 le ministre en question d'investir,
09:00 parce que bien sûr le droit est différent là-bas,
09:02 mais il a décidé de se lancer en guerre,
09:05 il se lance en guerre, on n'est pas en train d'intervenir,
09:07 bien sûr aujourd'hui, sa position est un peu délicate,
09:10 mais en France, je crois que la vraie question,
09:13 c'est que si on duplique ce qui se passe aujourd'hui en Israël
09:17 et ce qui se passe en France avec, dernièrement,
09:19 l'assassinat de ce fameux professeur,
09:21 nous sommes dans un état de guerre.
09:23 Pour moi, c'est clair, net et précis.
09:25 Et donc, on peut s'affranchir de ce droit européen.
09:27 - C'est considéré comme état d'urgence, en fait ?
09:30 - Je voudrais te poser une question, Thierry Louis de Guérin.
09:32 Excusez-moi, mais Pierre de Toulouse,
09:34 théoriquement, dans la Convention européenne des droits de l'homme,
09:36 il y a l'abolition de la peine de mort dans tous les cas de figure,
09:38 même en temps de guerre.
09:40 Mais quand on apprend dans un livre,
09:42 un président ne devrait pas dire ça,
09:44 qu'un président de la République, François Hollande pour le nommer,
09:46 a organisé des opérations homo,
09:48 c'est-à-dire des liquidations ciblées de terrorisme,
09:51 est-ce que ça ne prouve pas que quand on veut,
09:53 on peut s'asseoir sur la Convention européenne des droits de l'homme ?
09:55 - Oui, bien sûr.
09:57 La réelle politique a toujours existé.
09:59 Alors après, la question, c'est jusqu'où on est capable,
10:01 en tant que citoyen, d'accepter qu'un État fasse ce qu'il veut.
10:03 Quand je dis un État, c'est pas nous.
10:05 C'est quelques-uns,
10:07 quelques individus, élus ou non élus.
10:09 Un ministre n'est pas élu.
10:11 Sa légitimité démocratique, elle est quand même assez questionnable.
10:13 On y arrivera peut-être tout à l'heure.
10:15 - C'est la confiance du Parlement ?
10:17 - Oui, en quelque sorte.
10:19 C'est les individus qui décideront.
10:21 Or, toute règle.
10:23 - Bonsoir Jean-Baptiste.
10:25 - Bonsoir.
10:27 Merci de me recevoir à l'hôtel.
10:29 - Avec plaisir, bienvenue.
10:31 - Merci.
10:33 Par rapport à la question que vous posez,
10:35 je pense non seulement que l'on doit,
10:37 passer outre les décisions de la CEDH,
10:39 et je pense même qu'il faut aller plus loin.
10:41 Il faut mettre sur la table
10:43 ce que nous ne sommes plus capables de faire depuis longtemps,
10:45 c'est-à-dire envisager un État d'exception.
10:47 Par rapport à tous les éléments
10:49 qu'on entend sur l'État de droit,
10:51 je rappelle que l'État de droit,
10:53 ou en tout cas le droit,
10:55 n'a pas été inventé ni par la démocratie,
10:57 ni par la République.
10:59 Les monarchies d'ancien régime reposent sur le droit.
11:01 La question qui se pose,
11:03 c'est celle de la légitimité du droit.
11:05 Et là, nous sommes dans une situation
11:07 d'exceptionnelle gravité,
11:09 depuis longtemps maintenant,
11:11 et qu'il faut absolument mettre en place
11:13 des mesures dans le cadre
11:15 de réglementations spécifiques
11:17 pour frapper de façon spécifique
11:19 des groupuscules
11:21 ou des personnes
11:23 qui portent atteinte
11:25 à la séxualité de la nation.
11:27 C'est-à-dire de nous tous.
11:29 - Oui, absolument.
11:31 Jean-Baptiste, petite réponse.
11:33 C'est vrai qu'on est au niveau urgence/attentat,
11:35 on est au niveau le plus haut,
11:37 donc on pourrait se poser quand même la question.
11:39 - Justement, Jean-Baptiste pose un problème
11:41 qui m'a toujours,
11:43 si j'ose le terme, lanciné
11:45 depuis longtemps.
11:47 On a eu du terrorisme,
11:49 malheureusement,
11:51 et sans faire le mauvais augure,
11:53 on en aura probablement encore.
11:55 Et il me semblait que la démocratie
11:57 était allée jusqu'au bout
11:59 de ce qu'elle pouvait se permettre
12:01 pour lutter contre le terrorisme.
12:03 Apparemment, ça ne suffit pas.
12:05 Mais il me semble que
12:07 si on allait dans le sens de Jean-Baptiste,
12:09 on pourrait peut-être
12:11 risquer alors de quitter
12:13 le champ démocratique
12:15 même le plus extrême
12:17 pour tomber dans une sorte d'État
12:19 policier. De ma part, ça n'est pas
12:21 une critique ni du mépris,
12:23 mais ça n'est plus
12:25 tout à fait la même chose
12:27 qu'une démocratie, même très vigoureuse.
12:29 - Le problème, c'est qu'après, si on introduit
12:31 une pratique de ce type
12:33 au plus haut sommet de l'État,
12:35 donc au niveau du président ou du gouvernement,
12:37 ça veut dire qu'ensuite, c'est quelque chose
12:39 qui va être accepté pour d'autres
12:41 types de décisions. Demain, on pourrait dire
12:43 "donc voilà, dans tel champ,
12:45 le président veut aller outre
12:47 tel traité, telle loi
12:49 parce qu'il considère que c'est suffisamment important,
12:51 qu'il y a une urgence sur la dette,
12:53 les relations internationales, l'écologie, etc.
12:55 Donc on pourrait comme ça...

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