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Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous

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Transcription
00:00 Qu'est-ce que les enseignants vous disent ces dernières heures, M. Gérard ?
00:04 - Alors, on revit déjà beaucoup de choses qu'on avait vécues il y a trois ans avec l'assassinat de Samuel Paty.
00:13 Et comme on le revit, il y a beaucoup plus, je dirais cette fois-ci, de...
00:20 Ça va continuer encore combien de temps ?
00:25 Samuel Paty, il y avait peut-être eu à un moment cette impression qu'il y avait eu cet acte atroce mais unique.
00:32 Et là, de se dire que ça se répète et que c'est peut-être pas non plus fini, c'est dur.
00:40 Il y a aussi pas mal de colère qui s'exprime sur le...
00:44 De se dire que, du coup, depuis trois ans, qu'est-ce qu'on a fait, en fait, très concrètement,
00:49 au niveau de la sécurisation des établissements scolaires.
00:54 Et puis, il y a aussi le fait qu'il y a cette impression, par rapport aux paroles qu'on peut être apportées,
01:00 qu'aurait prononcées l'agresseur, que là, c'était la profession tout entière, en fait, qui était attaquée.
01:08 Ils cherchaient à tuer des profs, à tuer des professeurs.
01:12 Et de se dire que, voilà, c'est notre métier, en fait, qui est reconnu par des terroristes
01:22 comme étant un métier cible.
01:25 - Oui, mais ce que disait Isabelle Bernard, et c'est très intéressant,
01:31 parce qu'elle rappelait tous les centres d'intérêt de son mari,
01:36 et c'était le cinéma, elle a cité Truffaut, elle a cité Wells, et puis beaucoup de peintres,
01:40 et puis beaucoup d'auteurs, et beaucoup d'artistes.
01:46 Et c'est ce que nous disions avec Lionel Gougelot,
01:49 c'est-à-dire que c'est le monde du savoir, le monde de la culture, le monde de la tolérance,
01:53 le monde d'ouverture d'esprit, et ce modèle, il est parfois attaqué.
01:57 Il est parfois attaqué.
01:59 Et hier, j'étais par exemple avec une institutrice,
02:02 qui rapportait que lorsqu'elle veut emmener une classe voir un film de cinéma,
02:11 vous avez un père qui est venu la voir en lui disant "ma fille ne doit pas voir des images".
02:15 De la même manière, disait-elle, le vendredi, cette institutrice qui était avec nous hier,
02:20 chaque vendredi elle emmène les enfants à la piscine,
02:22 et chaque vendredi vous aviez 3-4 jeunes filles qui n'étaient pas là.
02:26 Toujours pour les mêmes raisons, une raison médicale une fois,
02:29 une raison de famille à nous autrefois,
02:31 mais la vérité c'est que ces jeunes filles ne voulaient pas être dans une piscine en maillot de bain manifestement.
02:36 Donc ce système occidental, cette culture occidentale,
02:40 vous, en face de vous, dans votre école, dans vos classes,
02:43 vous avez des élèves qui ne veulent plus parfois entendre ces valeurs-là.
02:52 Comment vous faites, M. Girard ?
02:54 On en arrive à des points où on est de toute façon limité,
02:59 où la réponse éducative est essentielle,
03:02 et c'est celle qu'on essaye de porter avec, effectivement, notre culture,
03:07 avec l'art, avec les sciences,
03:10 et c'est pour ça que l'école a plus que jamais un sens aujourd'hui.
03:14 J'écoutais effectivement les auteurs, les cinéastes,
03:17 que la veuve de notre collègue citait,
03:22 et je me disais, ben oui, la plupart d'entre eux, moi aussi,
03:25 je les ai vus, je les admire, etc.
03:28 C'est ça qu'on fait passer, qu'on continue de faire passer à nos élèves,
03:32 et il faut le dire, pour la majorité d'entre eux,
03:36 on y arrive, et il faut quand même garder ça à l'esprit,
03:38 c'est qu'on sert à quelque chose.
03:40 Maintenant, il y a un phénomène qui s'appelle la radicalisation,
03:44 et la radicalisation, l'école est démunie.
03:47 Quand la radicalisation est trop forte, est importante,
03:51 et qu'elle est quasiment du domaine du lavage de cerveau,
03:55 si je puis dire, la réponse éducative, elle est dans une impasse,
04:00 parce qu'on n'est pas perçus comme une autorité par ces élèves-là.
04:05 Et c'est là où, effectivement, on a posé la question hier au ministre,
04:09 Gabriel Attal, qui d'ailleurs est parfaitement conscient
04:12 de la difficulté, de l'horreur qu'il y a derrière tout ça,
04:16 qui est de dire, quand nous, nous faisons des signalements,
04:19 quand nous, nous signalons, et ça arrive, qu'un élève est radicalisé,
04:23 qu'est-ce qui se passe en réalité ?
04:25 Est-ce qu'il y a une réponse ?
04:26 Parce que la réponse, elle doit être au niveau de l'intérieur,
04:29 elle doit être au niveau de la justice,
04:31 c'est pas les enseignants, c'est pas les vice-scolaires,
04:34 c'est pas les directeurs d'école qui vont pouvoir lutter
04:37 contre des familles radicalisées.
04:40 On n'a pas les armes.
04:43 – Jean-Rémi Gérard, je vous remercie.

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