• l’année dernière

Du lundi au jeudi, Helène Zelany reçoit un invité au centre de l'actualité.
Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

Category

🗞
News
Transcription
00:00 *Sonnerie de téléphone*
00:02 *Europe 1 soir*
00:04 *19h20*
00:06 *Hélène Zellany*
00:08 19h45, merci à ceux qui nous rejoignent sur Europe 1.
00:10 A mes côtés jusqu'à 20h, Frédéric Plocquin, bonsoir.
00:12 *Bonsoir*
00:14 Vous êtes spécialiste de la police, du grand banditisme
00:16 et du renseignement et surtout vous publiez
00:18 une enquête sur les réseaux
00:20 secrets de la police aux éditions du
00:22 Nouveau Monde. On va bien sûr en parler. D'abord, si vous
00:24 le voulez bien, on va évoquer la situation
00:26 actuelle puisque depuis vendredi, la France
00:28 est en situation d'alerte urgence
00:30 attentat, le niveau le plus
00:32 élevé du plan Vigipirate
00:34 et bien sûr les policiers sont en première ligne.
00:36 Les policiers
00:38 sont toujours en première ligne en cas de crise.
00:40 Les policiers
00:42 c'est un peu le rempart de
00:44 la République.
00:46 Quand il y a une émeute, ce sont eux
00:48 qu'on envoie. Quand il y a du trafic
00:50 de stupéfiants qui se développe sur le territoire, on les
00:52 appelle au secours, on leur dit "mais pourquoi vous êtes pas là ?
00:54 Allez partout, etc."
00:56 Évidemment, quand il y a
00:58 un risque terroriste fort, on se repose
01:00 sur eux. Donc ce sont à la fois les policiers,
01:02 ce qui nous protège
01:04 d'ailleurs. Quand on fait des sondages, 80%
01:06 des Français les soutiennent. Et en même temps,
01:08 paradoxalement, le grand
01:10 paradoxe, c'est qu'en même temps, il y a une
01:12 propension dans ce pays à leur taper dessus.
01:14 Il y a beaucoup de gens qui font
01:16 profession de cela, qui aiment
01:18 taper sur les flics. Alors, il y en a un, c'est pour
01:20 prospérer politiquement en espérant avoir des voix.
01:22 Il y en a un,
01:24 c'est par idéologie pure.
01:26 Ils détestent la police, comme ça.
01:28 Et puis, c'est finalement le coeur,
01:30 le moteur de leur engagement politique, c'est la détestation
01:32 de la police.
01:34 Et puis, il y en a d'autres.
01:36 Ce sont les voyous, évidemment,
01:38 les criminels eux-mêmes, qui sont hors-la-loi.
01:40 Et qui détestent la police
01:42 pour d'autres raisons. C'est qu'elle leur court après,
01:44 qu'elle leur prend des parts de marché, qu'elle leur
01:46 donne des coups. - Et la police qui, en plus,
01:48 est parfois sollicitée
01:50 pour des raisons qui n'en sont pas.
01:52 Puisqu'on a vu aujourd'hui
01:54 10 alertes à la bombe
01:56 dans 10 aéroports.
01:58 Le château de Versailles,
02:00 3ème alerte à la bombe
02:02 en 5 jours. On a l'impression
02:04 que c'est très facile. Il suffit d'envoyer
02:06 un mail. Et finalement, on n'a pas le choix.
02:08 Il faut évacuer.
02:10 - Absolument. Mais la police,
02:12 elle dispose aussi d'armes
02:14 qui lui permettent, à moyen
02:16 terme, et peut-être parfois même à court terme,
02:18 d'identifier ceux qui envoient ce genre de mail.
02:20 Donc effectivement, c'est très facile depuis sa salle
02:22 de bain ou je ne sais quoi, ou son salon, depuis son
02:24 téléphone, d'envoyer, pour
02:26 mettre un peu de bordel, ce type de
02:28 messages. Mais en fait, c'est assez retraçable. Il faut le
02:30 dire à ceux qui se livrent à ce genre de jeu.
02:32 C'est qu'il y a régulièrement des arrestations
02:34 et qu'on peut les remonter. Je rappelle quand même
02:36 que la police française, elle sait un peu, et la gendarmerie
02:38 aussi, moderniser. Et qu'aujourd'hui,
02:40 il y a des services, on va dire, cyber
02:42 qui sont assez costauds.
02:44 Et on a intérêt d'ailleurs, parce qu'il se passe
02:46 tellement de choses, de menaces, de conversations
02:48 dans le cyberespace
02:50 qu'on a ce
02:52 besoin-là très fort. - Et Eric Dupond-Moretti
02:54 a prévenu d'ailleurs que les responsables
02:56 de ces fausses alertes seraient arrêtés
02:58 et punis. Alors, Frédéric Plocquin,
03:00 je voudrais qu'on en vienne à votre livre, donc "Les réseaux
03:02 secrets de la police", dont vous nous
03:04 aviez d'ailleurs annoncé en exclusivité
03:06 la sortie dans cette émission. - Exact.
03:08 - Il y a quelques semaines, on ne l'a pas oublié.
03:10 Alors, vous décrivez l'influence de la
03:12 franc-maçonnerie dans la police.
03:14 Vous vous attaquez à un sujet qui est complètement
03:16 tabou. - Absolument, si vous voulez, moi ça fait
03:18 une quarantaine d'années quand même que j'écris sur la
03:20 police, que je travaille sur la police, donc je peux me
03:22 permettre, ayant accumulé énormément
03:24 d'éléments, ayant énormément de contacts
03:26 dans cette maison, d'explorer ces
03:28 faces cachées de la police.
03:30 Et je pense qu'il faut faire un lien avec ce qu'on vient de se dire
03:32 avant, c'est-à-dire que plus une institution
03:34 est isolée dans la société, plus
03:36 elle est critiquée, plus justement
03:38 elle est détestée, attaquée, etc.
03:40 Plus elle a besoin
03:42 de systèmes de protection interne,
03:44 de créer des forteresses. - De solidarité aussi.
03:46 - De solidarité, de faire des chaînes
03:48 de solidarité. Donc la police,
03:50 la police française, c'est vraiment une juxtaposition
03:52 de clans, de chapelles,
03:54 vous avez les CRS, les gars qui font de la PJ,
03:56 vous avez le renseignement, et au-delà
03:58 de ça, vous avez effectivement
04:00 la franc-maçonnerie qui est
04:02 implantée
04:04 dans la police nationale,
04:06 et dans la gendarmerie et dans l'armée d'ailleurs, plus que
04:08 dans toutes les autres administrations françaises.
04:10 Mais je pense que ça c'est une des raisons, c'est-à-dire que
04:12 quand vous êtes,
04:14 quand vous habitez, quand vous
04:16 travaillez dans un commissariat qui est transformé en forteresse,
04:18 quand vous êtes coupé de la société parce que
04:20 finalement vous êtes en danger
04:22 partout où vous allez, quand il est difficile
04:24 quand vous êtes flic d'avoir une vie sociale
04:26 normale, et bien moi je trouve que
04:28 c'est comme ça que j'explique en partie
04:30 le succès de la franc-maçonnerie, c'est-à-dire que
04:32 ça permet aux policiers
04:34 en appartenant à une loge,
04:36 donc une, je sais pas si tout le monde ne sait
04:38 pas ce que c'est, mais bon, on s'inscrit,
04:40 on devient franc-maçon, on rentre, il y a deux grandes
04:42 obédiences, il y a le Grand Orient
04:44 d'un côté qui rassemble plutôt les gens
04:46 de gauche entre guillemets, puis
04:48 la Grande Loge Nationale de France
04:50 de l'autre côté qui est plutôt à droite
04:52 donc ce qui est facile parce que les policiers s'identifient
04:54 déjà à un camp, déjà
04:56 politiquement, et après vous avez des loges
04:58 qui sont des espaces
05:00 où on se retrouve régulièrement, une fois par mois
05:02 à 30, on discute, on parle,
05:04 et là, pour les policiers c'est à la fois
05:06 un endroit où on peut avoir des relations
05:08 sociales, c'est un endroit où on peut dire qu'on est
05:10 policier, et c'est même un endroit où on peut réfléchir
05:12 au métier qu'on fait, au métier de flic
05:14 à la place du policier dans
05:16 la société. Et cette
05:18 prégnance de la franc-maçonnerie
05:20 dans la police, elle date
05:22 ça fait au moins depuis la Deuxième
05:24 Guerre mondiale que ça dure, c'est très très
05:26 et vous avez jusqu'aux ministres qui sont là-dedans
05:28 alors il y a des très bons côtés, comme je viens
05:30 de vous le dire, c'est-à-dire en gros
05:32 la sociabilisation, le fait de se
05:34 retrouver des amis, de pouvoir réfléchir
05:36 et puis il y a aussi les mauvais côtés
05:38 c'est-à-dire que c'est aussi l'endroit
05:40 transversal où on peut
05:42 arranger les mutations, les promotions
05:44 - Oui, il y a un côté un peu plus cynique
05:46 c'est aussi une manière de prendre du galon
05:48 - Absolument
05:50 - Et même d'être élu
05:52 pour les syndicats de police
05:54 - Pourquoi pas, il y a un commissaire qui dit
05:56 que la recherche,
05:58 ce qu'il me dit dans le livre, il dit que la recherche
06:00 la constitution d'un réseau est quelquefois
06:02 obsessionnelle chez les policiers, et qu'à
06:04 une époque, parce que je fais aussi l'histoire
06:06 de la police dans ce livre, c'est vraiment l'histoire
06:08 des réseaux sous la 5ème République, mais à une
06:10 époque il fallait avoir, il fallait être
06:12 quand on était commissaire de police
06:14 si on voulait réussir et monter, il fallait
06:16 avoir un pied à la GLNF, donc dans la
06:18 franc-maçonnerie, il fallait avoir la carte au syndicat
06:20 unique, et il fallait être aussi
06:22 avoir la carte du parti au pouvoir qui était
06:24 à l'époque le parti gaulliste. Si vous aviez
06:26 ces trois éléments, vous aviez des chances de monter
06:28 plus facilement les marches, au détriment
06:30 de ceux qui n'y étaient pas, donc ça c'est
06:32 une des déviances
06:34 possibles, et aujourd'hui
06:36 il y a quand même, quand vous interrogez
06:38 comme je l'ai fait, moi j'ai interrogé des dizaines de policiers
06:40 pour faire ce livre, il n'y a pas
06:42 d'ailleurs je ne parle pas que de la franc-maçonnerie, je parle du rugby
06:44 je parle des Auvergnats, je parle des Pieds-Noirs
06:46 je parle de tous ces réseaux qui structurent la police
06:48 qui sont extrêmement nombreux, mais
06:50 vous vous rendez compte que si vous n'appartenez
06:52 il y a un directeur général de la police
06:54 qui me dit "si vous ne vous constituez pas
06:56 un réseau, si vous n'avez pas un réseau
06:58 vous n'êtes rien dans cette administration"
07:00 - Excellent, ça en dit long
07:02 - Ça en dit long, vous ne nous avez pas donné
07:04 de proportion, est-ce qu'on a un peu
07:06 d'abord, est-ce que ça touche tous les grades
07:08 tous les niveaux sociaux
07:10 et dans quelle proportion ?
07:12 - C'est très difficile de donner des chiffres
07:14 parce qu'il n'y en a pas, mais en gros
07:16 plus vous montez dans l'administration
07:18 en galon, plus vous êtes
07:20 dans la hiérarchie, plus
07:22 il vaut mieux appartenir à une
07:24 école, enfin à une loge
07:26 ou à une autre pour accélérer
07:28 après, quand vous descendez
07:30 un peu dans la hiérarchie, il y a un certain
07:32 nombre, chez les officiers c'est aussi très
07:34 prégnant, alors je ne dirais pas c'est deux
07:36 chez les commissaires ça peut être deux
07:38 commissaires sur trois, chez les officiers ça peut être
07:40 - C'est énorme ! - Un sur deux
07:42 - Deux commissaires sur trois ! - Chez les gardiens de la paix
07:44 c'est moins le cas
07:46 mais vous avez quand même un certain nombre
07:48 de gardiens de la paix
07:50 qui rejoignent ces structures
07:52 souvent parce qu'elles sont à la fois
07:54 dans les syndicats
07:56 de police qui sont très très puissants
07:58 parce qu'il y a deux choses, c'est l'administration
08:00 la plus syndiquée et l'administration
08:02 où la framboisonnerie
08:04 est la plus présente et à mon avis pour les mêmes
08:06 raisons, c'est-à-dire que c'est aussi
08:08 quand il y a un changement politique, vous êtes chef
08:10 dans la police, il y a un changement politique, tout d'un coup
08:12 vous êtes comme un acrobat de sans-filet, vous allez tomber
08:14 vous allez vous retrouver dans un trou
08:16 donc là vous vous appelez, et moi
08:18 j'ai été surpris, c'est une des surprises
08:20 de l'enquête qui est apparue, c'est que
08:22 vous pouvez être
08:24 finalement de gauche ou de droite
08:26 et être rattrapé par un frère
08:28 parce que c'est comme ça qu'on appelle, en cas de changement
08:30 politique, qui va vous trouver
08:32 un placard doré, qui va vous éviter l'humiliation
08:34 etc. Donc c'est un espèce de
08:36 système, ça me fait penser aux
08:38 alpinistes qui escaladent
08:40 des pentes dures et glacées
08:42 et qui doivent s'encorder.
08:44 - Et vous dites aussi
08:46 c'est un kit de survie en milieu
08:48 inconnu, ce qui résume assez bien
08:50 - C'est un kit de survie en milieu inconnu
08:52 en milieu hostile, parce que
08:54 on rejoint ce qu'on se disait au début
08:56 c'est que le policier est en
08:58 but à l'hostilité permanente, il a
09:00 sans arrêt des citoyens qui se
09:02 ne laissent pas faire
09:04 le refus d'obtempérer est un sport
09:06 national, mais il n'y a pas que ça, donc il y a une espèce de
09:08 on va dire, le policier est
09:10 relativement isolé dans cette société
09:12 et avec en plus les attentats terroristes,
09:14 maniants-villes, je le rappelle, des policiers agressés
09:16 enfin tués chez eux par des terroristes
09:18 ça fait qu'il y a besoin
09:20 de protection, il y a besoin de boucliers, il y a besoin de barrières
09:22 et en plus
09:24 le danger est à tous les coins de rue
09:26 vous pouvez être amené, quand vous êtes gardien de la paix
09:28 à tout moment, à sortir votre
09:30 arme de service, peut-être à vous en servir
09:32 et puis vous allez vous retrouver mal, vous allez vous retrouver
09:34 à la rue, vous allez vous retrouver peut-être en prison même
09:36 et à partir de là,
09:38 d'où ce besoin inouï et très très fort
09:40 de solidarité, ce sont ces solidarités
09:42 secrètes et tabous effectivement
09:44 jusque là que j'ai voulu raconter et décrire
09:46 - C'est passionnant et très étonnant
09:48 j'invite tout le monde à découvrir
09:50 votre ouvrage "Les réseaux secrets de la police"
09:52 aux éditions du Nouveau Monde
09:54 - Qui paraît aujourd'hui - Qui paraît aujourd'hui
09:56 on est vraiment au cœur de l'actualité
09:58 merci beaucoup d'avoir offert cette exclusivité
10:00 à Europe 1, merci Frédéric Bloch

Recommandations