Charles Consigny, avocat, affronte Pablo Pillaud-Vivien, rédacteur en chef de la revue Regards dans le Match du soir. Au menu de ce soir, les manifestations propalestiniennes et la proposition de Gabriel Attal de "sortir" de l'école les élèves radicalisés.
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00:00 Moi je trouve ça extrêmement choquant et inquiétant.
00:06 Et je considère, moi on peut dire que ça veut...
00:09 J'ai entendu quelqu'un qui disait "Halléluia", ça veut dire aussi "Dieu est grand".
00:13 Mais aux dernières nouvelles, on a poignardé personne au cri d'Halléluia.
00:17 Il n'y a aucun terroriste qui a crié "Halléluia" en commettant un attentat.
00:21 Donc pour vous, il y a la connotation que l'on ne peut exclure.
00:24 En revanche, il y a beaucoup de terroristes qui ont crié à l'Akbar en commettant leur crime.
00:28 Donc moi ça me paraît évident qu'aujourd'hui c'est une formule qui est exploitée d'une manière guerrière.
00:35 Et que crier ça dans les rues de Paris, je suis désolé, moi je trouve ça effrayant.
00:39 Ça me fait penser au ligue fasciste des pires heures du XXème siècle.
00:44 C'est horrible ce qui est en train de se passer.
00:46 Inacceptable pour vous aussi Pablo ?
00:48 Non certainement pas.
00:49 Pourquoi ?
00:50 Moi je pense qu'associer à l'Akbar un cri uniquement dit par les terroristes,
00:56 c'est acter la victoire des terroristes, c'est dire acter que l'Islam,
01:00 ce ne serait plus qu'une histoire d'islamistes terroristes.
01:04 Je suis désolé, jusqu'à preuve du contraire, la majorité,
01:07 mais quand je dis la majorité c'est tous en vérité, sauf quelques-uns des musulmans dans ce pays,
01:13 sont des musulmans pacifiques qui vivent leur religion comme ils l'entendent
01:17 et qui le vivent en pleine harmonie avec la République et globalement toute la population.
01:22 Et Alah Akbar fait partie de leur vocabulaire,
01:26 c'est une manière pour eux aussi de commémorer ce qui est en train de se passer.
01:30 Mais non, mais c'est vrai.
01:32 Pour vous il n'y a pas d'autre mot, une autre expression qui aurait pu être expandée dans ce rassemblement ?
01:38 Non mais il y a d'autres mots, je suis désolé, on ne va pas là sur un plateau de BFM TV,
01:42 ou bien vous deux dire "bon bah écoutez, nous on aurait plutôt dit ça en empathie avec le peuple martyr, le palestinien".
01:50 Non mais Pablo, nous on aurait plutôt pas dit la même chose que le meurtrier du professeur de français
01:57 qui a été tué à Arras il y a moins de dix jours.
02:00 Mais donc tu actes la victoire de ce terroriste, il a récupéré en fait le mot, il a récupéré l'islam.
02:06 J'acte l'indécence des gens qui se trouvaient dans cette manifestation
02:09 de reprendre les termes d'un terroriste qui a sévi il y a moins de dix jours.
02:14 Oui j'acte leur indécence absolue et je considère que c'est de leur part une manière de montrer leur soutien et leur sympathie pour ces exactions terroristes.
02:24 Ça va pas non ?
02:26 Oui absolument.
02:28 Parce que vous n'êtes pas naïf Pablo.
02:30 C'est pas de la naïveté.
02:32 Moi je vais vous dire, je travaille à Montreuil, il y a une dame, l'autre fois je sors du métro,
02:35 elle me reconnaît de la télé et elle me dit "merci aussi de passer à la télé et de parler aussi du peuple palestinien".
02:41 Et là elle a enchaîné tout de suite, c'est à dire qu'elle était vraiment mal, elle souffrait en fait dans son corps, dans sa chair à la sortie du métro.
02:49 Et qu'est-ce qu'elle m'a dit ?
02:51 Elle m'a dit "j'espère que Dieu va protéger le peuple palestinien"
02:55 et d'ailleurs je suis aussi en empathie avec, elle a peut-être pas dit le mot empathie mais peu importe.
02:59 Elle a dit "je pense aussi au peuple palestinien, au peuple israélien qui est mort sous les bombes de Damas".
03:05 Mais là c'est un autre sujet.
03:07 Parce qu'elle a dit "Dieu est grand", elle a fini par dire "Dieu est grand et Dieu trouvera la paix".
03:12 Je vous explique, les gens qui criaient "Alagbar" c'était en soutien à Israël.
03:16 Mais pas du tout, c'était en soutien à la paix.
03:18 C'est un manifestation qui a pris place, c'est le feu.
03:23 Mais bien sûr, mais dans l'époque récente, Alagbar est un cri de paix.
03:26 Ce sont des gens tout à fait en paix.
03:28 Mais oui, mais oui, en fait, pour la majorité des musulmans, c'est une religion de paix.
03:32 A Bruxelles, cher Pablo, le terroriste qui a tiré sur des gens au hasard au cri d'Alagbar sur sa moto, c'était "il apportait la paix".
03:41 Mais c'est un terroriste, il n'y a pas de problème, ce type est un terroriste.
03:44 Je veux bien qu'on soit naïf jusqu'au bout, mais il y a un moment donné, il y a quand même un problème aujourd'hui avec l'islamisme.
03:51 Là, on a l'impression que c'est avec l'islam.
03:54 Non, je suis désolé, moi, le problème, c'est quand des gens, en effet, témoignent une certaine solidarité par rapport aux actes terroristes.
04:02 Il n'y a aucune solidarité avec les actes terroristes.
04:05 On est presque sur un autre débat, peut-on être pro-palestinien sans être anti-israélien, voire anti-juif ?
04:11 Mais d'accord, mais si, on est sur ce débat là.
04:13 Tu pourrais reconnaître qu'il est particulièrement indécent, au lendemain de tout ce qui vient de se passer, de crier Alagbar sur la place publique.
04:23 Ce serait quand même la moindre des choses que de le reconnaître.
04:26 Non, mais non, je ne le reconnais pas.
04:27 Mais si, c'était ignoble, et pour les proches de ce professeur, c'est ignoble, et pour les gens qui ont des otages retenus à Gaza, c'est ignoble,
04:36 et pour ceux qui ont perdu des enfants, des femmes, des vieux, tués à bout portant par les calachniquons, au cri d'Alagbar, c'est la moindre des choses que de reconnaître que c'est ignoble.
04:49 Vous avez dit en introduction, effectivement, que dans un premier temps, Gérald Darmanin avait interdit toutes les manifestations pro-palestiniennes,
04:55 et que ça avait été censuré par le Conseil d'État.
04:57 Et en fait, tout ça s'inscrit dans la même...
04:59 Dans le tribunal administratif, je crois.
05:00 Comment ?
05:01 Au cas par cas, je précise que de Maraïon, deux manifs pro-palestiniennes sont à ce stade interdites.
05:05 Interdites par le préfet, exactement, parce que c'est au cas par cas.
05:08 Donc en fait, tout ça s'inscrit dans une criminalisation de toutes les manifestations en soutien du peuple palestinien qui est en train de le martyr.