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Claude Askolovitch et sa mère Evelyn Askolovitch sont les invités de BFMTV pour parler de leur livre "Se souvenir ensemble", publié chez Grasset. 

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Transcription
00:00 D'abord, Evelyne et Claude Ascolovitch, quand vous voyez ces images,
00:07 ces paroles de proches d'otages français notamment,
00:15 ça fait deux semaines que ces personnes, femmes, enfants, hommes,
00:22 sont retenues par le Hamas,
00:25 alors certains ce soir seraient libérés, deux Américaines en l'occurrence.
00:29 Qu'est-ce que vous ressentez au plus profond de vous quand vous voyez cela ?
00:34 Moi, quand quelque chose arrive à des enfants, je ne supporte pas.
00:38 Pour moi, les enfants, c'est quelque chose qu'il faut protéger,
00:42 à qui il ne faut rien arriver,
00:45 peut-être par le fait que moi, j'ai été comme petit enfant dans des camps
00:50 et que mes parents avaient fait le pari de ne pas se séparer avec moi,
00:56 garder avec moi, puisqu'il y avait des enfants qui ont été cachés.
00:59 Et moi, ce qui arrive aux enfants, c'est insupportable.
01:04 C'est absolument insupportable qu'on a pris des enfants,
01:08 que ce sont des otages et que…
01:13 C'est horrible, c'est tout bonnement, c'est horrible,
01:18 je ne le supporte pas et puis en plus, j'ai une fille qui est en Israël et qui a perdu.
01:22 Vous avez trois petits-enfants ?
01:24 En Israël, j'ai trois petits-enfants.
01:27 Et mes trois petits-enfants ont des copains qui sont morts.
01:30 Ma fille s'occupe d'enfants autistes et je viens de le dire à Claude,
01:35 elle travaille dans une institution où il y a des enfants autistes
01:39 et hier, elle a appris qu'une des petites, qu'elle aimait beaucoup,
01:43 mais qu'elle a été assassinée avec sa grand-mère.
01:45 Je veux dire, ce qui se passe aux enfants est absolument insupportable pour moi.
01:52 - Claude Raskolovitch, le journaliste que vous êtes, le fils que vous êtes,
02:00 que ressent-il en ce moment même alors que vous venez de publier un livre
02:05 qui est publié quelques jours après la tuerie du Hamas en Israël,
02:09 écrit bien avant, évidemment ?
02:12 - Moi, ce n'est pas… Il y a des connexions, évidemment,
02:15 ne serait-ce que… Evelyne, je l'appelle Evelyne quand maman,
02:19 petite fille sortie des camps deux ans plus tard, était avec son père
02:23 dont la vie avait été détruite parce que sa mère était morte dans les camps.
02:27 Ils étaient ensemble au concert Rebaud d'Amsterdam,
02:30 la grande salle de concert d'Amsterdam, où ce qui restait de la communauté juive
02:34 pratiquement annihilée par les nazis, célébrait la naissance d'un État
02:38 qui devait être un État moral, qui devait être un État juste
02:40 et qui devait être un État par lequel les Juifs ne seraient plus massacrés.
02:44 Voilà, inutile de vous faire le dessin, tout ceci est horrible.
02:47 Tout est horrible, les gens pris en otage, c'est horrible,
02:51 les gens qui ont été massacrés chez eux par le Hamas, c'est horrible.
02:54 La profanation des corps, il y a actuellement des dizaines et des dizaines
02:59 de corps qui ont été brûlés, qui ont été dans les traits, ont été effacés,
03:03 que des équipes israéliennes essayent d'identifier par l'ADN
03:05 pour qu'ils soient enterrés.
03:06 - Est-ce que vous pourriez imaginer que cela soit possible ?
03:09 - Mais pardon… - De telles atrocités ?
03:10 - Mais pardon, mais parce qu'il manque quelque chose,
03:13 ce qui arrive aux Palestiniens à Gaza est également horrible.
03:17 J'ai bien compris que les Israéliens ne bombarderaient pas Gaza
03:20 ou ne se prépareraient pas envers Gaza si le Hamas n'avait pas perpétré
03:23 les crimes qu'ils ont perpétrés.
03:25 Pour autant, ce qui arrive à la population palestinienne,
03:27 à laquelle nous en Occident avons plus de mal à nous identifier,
03:30 parce que nous ressemblons aux villageois, aux citadins israéliens,
03:33 parce que je m'identifie immédiatement père de famille à ce monsieur,
03:36 je tremble parce que ma sœur vit là-bas.
03:38 - Vous avez travaillé dans des kiboutes ?
03:39 - Quand j'étais tout môme, oui, enfin tout môme, à 18 ans.
03:43 Ma sœur Myriam, qui était bien élevée par maman et papa,
03:49 a décidé de vivre en Israël, a toujours voté pour la gauche,
03:53 la vraie gauche israélienne, partie qu'on appelle le Méretz, pacifiste.
03:57 Manifestait tous les samedis contre le gouvernement d'extrême droite
04:01 et incompétent de Morand Netanyahou,
04:03 et pour autant, elle est touchée, elle est bouleversée,
04:06 elle est prise d'une colère qu'elle n'avait jamais ressentie
04:09 depuis qu'elle est là-bas.
04:10 - Tout ceci est une catastrophe ?
04:11 Dans la catastrophe, ne jamais oublier les enfants palestiniens,
04:15 les parents palestiniens aussi.
04:17 - Si vous me permettez, je souhaite lire quelques lignes.
04:18 Encore une fois, il y a le contexte,
04:22 mais quand vous écrivez, en vous adressant à votre mère,
04:24 puisque c'est un échange ce livre,
04:26 "à force de traiter un autre peuple de manière ignoble,
04:28 on finit par se détruire, ce qu'on a fait aux Palestiniens
04:31 retombe sur les Israéliens".
04:34 Lire ces quelques lignes avec les événements actuels
04:37 prend évidemment une tout autre dimension
04:43 et sans doute cela déforme-t-il presque l'écrit qui est le vôtre ?
04:48 - Cette phrase-là se faisait en référence,
04:53 ma mère quand elle est allée en Israël
04:54 manifestait avec ma sœur contre Netanyahou,
04:56 l'idée qu'Israël quitte le camp démocratique,
04:59 l'idée qu'Israël soit gouvernée par un type corrompu,
05:02 incompétent, allié à l'extrême droite,
05:04 et sabote tout ce qu'était une démocratie,
05:06 certains parfaite, mais une démocratie,
05:08 c'est de ça que je parlais.
05:09 - Oui, mais vous parlez aussi du sort réservé par Israël,
05:11 le pouvoir israélien aux Palestiniens.
05:13 Aujourd'hui pour vous c'est inaudible ?
05:18 - Non, mais si vous voulez, ça ne parlait pas,
05:19 rien de ce qu'a fait Israël ne justifie
05:22 ce qui est arrivé aux habitants de Sderot ou des Kiboutz du Sud,
05:25 rien, ce n'était pas le sujet.
05:26 La phrase, c'était une de nos disputes,
05:28 on se dispute beaucoup.
05:30 Il y avait un grand philosophe israélien,
05:32 sioniste, religieux, qui s'appelait Yishayou Leibovitz,
05:35 qui disait qu'à force d'occuper un autre peuple,
05:37 on devenait fasciste.
05:38 Il employait des mots encore plus durs.
05:40 Et donc à un moment donné, la bascule d'Israël,
05:43 loin des normes, un peu loin on va dire,
05:45 des normes démocratiques telles qu'on le vivait depuis le printemps,
05:48 c'est de ça que nous parlions.
05:49 Ça ne justifie en rien aucun mort, évidemment.

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