Autoroute A69 : « Il y a l’état de droit. Il y a aussi l’état d’urgence climatique »,

  • l’année dernière
Lors des questions d’actualité au gouvernement, le sénateur écologiste, Jacques Fernique a interpellé le ministre en charge des Transports sur le bien-fondé du projet autoroutier de l’A69.

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Transcription
00:00 Monsieur le ministre Clément Beaune, resterez-vous sourds aux appels à arrêter le projet d'autoroute A69 entre Toulouse et Castres ?
00:09 Vous annoncez depuis des mois que plusieurs projets routiers seront arrêtés parce qu'à l'heure de la planification écologique, on ne peut pas faire comme avant.
00:20 C'est vous qui le dites et vous avez raison.
00:23 Alors, comment pouvez-vous refuser de remettre en cause l'A69, ce projet autoroutier daté, typique d'un temps révolu, où étaient clairement sous-estimés les enjeux écologiques ?
00:37 Votre ministère délégué est rattaché à celui de la transition écologique.
00:42 C'est pour lui que le Conseil national de la protection de la nature est chargé de l'expertise sur la biodiversité. Il a émis un avis défavorable sur ce projet autoroutier.
00:53 L'autorité environnementale compétente pour ce projet a rendu aussi son avis.
00:59 Elle a jugé ce projet anachronique, reposant sur des données obsolètes.
01:05 Et puis, 1 500 scientifiques au moins, certains parmi les plus respectés au plan international sur le climat, vous disent que l'A69 est un de ces projets auxquels il faut renoncer.
01:22 Monsieur le ministre, qu'est-ce qu'il vous faut encore ?
01:25 La parole est au ministre délégué en charge des transports, monsieur Clément Beaune.
01:32 Merci monsieur le Président, mesdames et messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Jacques Fernick.
01:38 Vous connaissez bien ce dossier et nous avons échangé en toute honnêteté avec vous à beaucoup de reprises sur beaucoup de sujets. Je connais votre honnêteté intellectuelle.
01:46 Peut-on rester sourds aux besoins des habitants du Tarn ?
01:49 Peut-on rester sourds aux élus très majoritaires de ce département et de l'ensemble du tracé de l'autoroute A69,
01:57 qui l'attendent et le réclament depuis de nombreuses années et même des décennies ?
02:02 Peut-on rester sourds, monsieur Fernick, quand on est un républicain comme vous l'êtes ?
02:07 Et j'ai demandé au préfet du Tarn de les réunir tous en préfecture il y a encore quelques jours.
02:11 A cet avis, à cette impatience, aux élus de différentes sensibilités politiques, madame Delga du Parti Socialiste, monsieur Ramon du Parti Socialiste, le maire de Castres, qui est du Parti Les Républicains,
02:24 il y a différentes sensibilités politiques et j'ai même entendu des écologistes qui font partie de la majorité régionale de madame Delga
02:30 qui ont dit que ça n'était pas un motif de rupture avec Carole Delga.
02:32 Signe qu'on peut au moins en discuter, même si leur opinion est connue sur ce sujet.
02:37 Peut-on rester sourds à tout cela quand dans une démocratie la décision publique vous importe comme elle m'importe et je dois la faire respecter ?
02:44 Quand il y a eu des 500 réunions publiques, quand les élus dans leur immense majorité, je le redis, ont confirmé et reconfirmé leur avis et leur attente ?
02:51 Quand les procédures juridiques que vous évoquez, monsieur Fernick, parce que tous les avis que vous mentionnez ont été utilisés à l'appui de recours,
02:57 plus d'une dizaine, tous, et encore un référé il y a quelques jours, ont été écartés par le juge ?
03:03 Nous sommes dans une démocratie et dans un état de droit. Tout le monde a le droit d'avoir une opinion, vous avez la vôtre, elle est respectable.
03:09 On peut même manifester pour défendre son opinion. Il y a deux choses qu'on ne peut pas faire.
03:13 Céder à la violence et j'aimerais que vous condamniez aussi les débordements, les violences graves qui ont eu lieu face à nos forces de l'ordre, face aux agents de l'état, face aux services publics, samedi dernier dans le Tarn.
03:25 Et il y a une deuxième chose, quand on est républicain et quand on est démocrate, vous l'êtes qu'on ne peut pas accepter,
03:32 c'est que quelle que soit son opinion, ce n'est pas une minorité, une minorité qui dicte sa loi à la majorité, qui a affirmé sa position et l'a répétée.
03:40 Merci.
03:43 Monsieur Berlig.
03:45 Monsieur le ministre, que ce soit bien clair, mon groupe déplore, mon groupe réprouve, mon groupe condamne ces actes de violence.
03:53 Ils ne sont pas tolérables, alors non, je vous en prie, ne les laissons pas nous empêcher d'être à la hauteur du débat de fond.
04:01 Oui, bien sûr, il y a la légitimité d'élus qui ont porté ce vieux projet depuis longtemps.
04:06 Bien sûr, il y a l'état de droit, il y a aussi l'état d'urgence climatique, l'urgence pour la biodiversité et la légitimité des générations futures.
04:16 Pouvoir admettre qu'on a pu se fourvoyer, se tromper, c'est ce qui fait l'excellence de la démocratie.
04:22 Il n'est pas trop tard pour en être à la hauteur.
04:25 (Applaudissements)

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