Sécurisation de son système fourrager, travail sur le rationnement ou encore calcul de marge sur coût alimentaire... Autant d’éléments permettant aux éleveurs d’optimiser leur système alimentaire.
Category
✨
PersonnesTranscription
00:00 (Générique)
00:10 - Bonjour à tous.
00:11 Aujourd'hui, on va parler d'alimentation.
00:13 Je suis avec Eva.
00:15 Bonjour, Eva.
00:16 Tu es conseillère élevage indépendante dans le Grand Ouest.
00:19 On va parler alimentation.
00:21 Toi qui suis une bonne vingtaine d'éleveurs,
00:24 est-ce que tu saurais me donner un peu de chiffre
00:25 de coût alimentaire moyen aujourd'hui ?
00:28 - Oui, bonjour Delphine.
00:29 Aujourd'hui, c'est vrai que les coûts alimentaires
00:32 chez les éleveurs varient vraiment selon les types de systèmes
00:35 dans lesquels ils sont inscrits.
00:37 On peut dire que le coût alimentaire acheté aujourd'hui
00:41 dans les grandes régions ouest oscille entre 50 à 70 euros
00:46 les 1 000 litres sur les coûts d'alimentation achetés.
00:50 - Alors, justement, il a augmenté depuis quelques années
00:52 avec l'augmentation des charges.
00:54 Tu as vu une augmentation ?
00:57 - J'ai particulièrement vu des augmentations
01:00 qui sont liées à des choix de système
01:02 ou des décisions qui ne sont pas toujours en faveur
01:06 d'une réduction des intrants alimentaires.
01:10 Pour autant, les prix n'ont pas toujours explosé.
01:13 C'est plutôt des agriculteurs qui ont été contraints
01:17 d'acheter davantage de concentrés, par exemple,
01:21 qui ont fait qu'en effet, le coût alimentaire a évolué à la hausse.
01:24 Ce n'est pas vrai chez tous les éleveurs.
01:26 Il y a aussi des éleveurs qui ont réussi à maîtriser
01:28 leurs coûts alimentaires.
01:30 Et donc, par différents moyens, d'ailleurs,
01:33 il y a de nombreux leviers à ce sujet.
01:36 - Alors, justement, est-ce que tu peux m'en citer quelques-uns,
01:38 les principaux ?
01:39 Qu'est-ce qu'on peut mettre en place pour réduire ces achats, justement ?
01:42 - Si on se concentre principalement sur les coûts alimentaires
01:45 qui sont liés au fourrage,
01:46 on peut citer la première qui est la plus difficile, peut-être.
01:51 C'est de récolter des fourrages de qualité.
01:55 Donc ça, ça va être un 1er levier.
01:58 Le 2e levier va être de vraiment être sur la qualité du pâturage
02:03 et comment perdurer le pâturage dans le plus long terme.
02:07 Alors pâturage ou valorisation de l'herbe,
02:09 parce que finalement, le pâturage, on peut l'utiliser...
02:12 Enfin, l'herbe, on peut l'utiliser sous différentes formes,
02:14 mais pas que en pâturage.
02:15 Et puis un dernier levier qui, à mes yeux,
02:17 est vraiment plutôt un objectif de moyen terme,
02:20 ça va être sur la sécurisation de son système fourragé,
02:23 c'est-à-dire anticiper les besoins de son troupeau
02:26 sur au moins horizon 12 mois,
02:29 en anticipant, bien sûr, ses stocks
02:30 et donc de prévoir l'assolement de l'année à venir.
02:33 - Et tu me disais tout à l'heure, quand on préparait,
02:34 que diversifier son assolement est vraiment une clé importante,
02:38 en gros, ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier.
02:41 - Exactement.
02:42 L'idée, c'est que dans un système fourragé,
02:45 il n'y ait pas simplement du maïs et de l'herbe
02:49 sur des systèmes de récolte uniques.
02:52 Est-ce qu'il n'est pas judicieux aujourd'hui
02:54 de varier dans son assolement en implantant, par exemple,
02:58 différentes variétés de maïs
03:00 qui vont être récoltées à différents stades de maturité ?
03:04 Parce qu'il est peut-être judicieux de se dire
03:06 "Je vais récolter du maïs en ancillage,
03:08 "du maïs épis ou du maïs grain aussi."
03:12 On peut aussi faire le choix d'implanter du sorgho fourragé.
03:16 On peut faire le choix de mettre des dérobés
03:18 qui peuvent être pâturés ou récoltés.
03:21 Et sur les choix d'herbe, il y a aujourd'hui plein de possibilités
03:24 sur des variétés et des espèces
03:26 qui peuvent répondre à différents objectifs.
03:29 - Et même quand on est ric-rac en surface fourragère,
03:32 il vaut mieux diversifier quand même ?
03:34 - Oui, la difficulté résidera dans
03:36 quel type de culture je mets sur quelle nature de sol.
03:39 Mais c'est vrai que chez tout le monde,
03:40 il y a un intérêt de diversifier l'assolement.
03:44 Vraiment, j'insiste sur le fait que diversifier l'assolement,
03:48 ça peut tout simplement être,
03:50 même dans un système 100 % herbagé,
03:52 simplement faire le choix d'implanter des espèces
03:54 qui sont différentes dans différentes parcelles.
03:58 Donc voilà, il y a vraiment une diversification intraculture,
04:00 si on peut dire, y compris en fourrage.
04:04 - Bon, alors, on a la base fourrage.
04:06 Vient ensuite l'achat des aliments.
04:08 Alors là, sur quoi il faut se concentrer ?
04:10 Qu'est-ce qu'il faut faire attention
04:11 pour justement ne pas faire exploser son coût ?
04:15 - Alors, pour éviter de faire exploser son coût alimentaire,
04:19 j'encourage les éleveurs à se limiter à de l'achat de matières premières.
04:24 Ceci a deux intérêts.
04:25 Le premier, c'est de connaître nécessairement
04:29 les valeurs alimentaires de ce qu'on achète,
04:31 puisque forcément, un tourteau de soja, un tourteau de colza,
04:34 il aura toujours la même valeur alimentaire ou presque.
04:37 Et puis l'autre intérêt des matières premières,
04:39 c'est qu'on va pouvoir contrôler autant que possible le coût
04:45 que ça va endurer pour l'éleveur
04:47 de par la réalisation de contrat.
04:49 Alors aujourd'hui, il y a plein d'outils et de conseils disponibles
04:52 pour aider les agriculteurs et les accompagner
04:54 dans le choix des anticipations de contrat
04:56 pour les cours de matières premières.
04:58 Voilà, c'est la piste sur laquelle j'incite beaucoup.
05:04 L'avantage des matières premières,
05:05 c'est qu'on permet aussi de contrôler les valeurs alimentaires
05:08 et de pouvoir compenser des fourrages qu'on a produits chez soi
05:12 qui ne sont pas forcément suffisamment qualitatifs.
05:14 Donc on sait quelles matières premières je vais pouvoir acheter
05:16 pour compenser ces fourrages là.
05:18 - OK, donc on laisse tomber un peu les aliments composés
05:20 ou on ne sait pas trop ce qu'il y a dedans ?
05:23 - Disons que je vois beaucoup d'éleveurs
05:26 qui achètent aujourd'hui des aliments composés
05:28 qui finalement, quand on leur demande
05:31 "quel est ton aliment là au robot ou dans ta ration base à loge ?"
05:35 "Ah ben c'est un aliment, c'est une VL à 400 euros la tonne."
05:38 D'accord, mais ça ne me dit pas ce qu'il y a dedans.
05:41 Et donc en fait, c'est plutôt ce discours là qui me gêne,
05:44 qui montre finalement la méconnaissance de ce qu'on achète.
05:47 Par contre, on a bien retenu le prix, que c'était cher.
05:49 Donc on s'attend à que ça fasse du lait, clairement.
05:52 Mais moi, ce qui me gêne,
05:54 ce n'est pas forcément d'acheter en usine des aliments composés,
05:58 c'est que l'agriculteur n'ait pas suffisamment été accompagné
06:03 pour bien avoir connaissance des constituants de ce qu'il distribue.
06:06 Et donc comment voulez-vous qu'il corrige, qu'il adapte ces fourrages
06:11 si en fait, c'est le concentré qui ne connaît pas,
06:14 dont il ne connaît pas les compositions,
06:17 qui guide finalement la réponse en lait ?
06:20 - Et justement, est-ce que les coproduits ne peuvent pas se positionner aussi
06:25 à côté de ces achats de matières premières
06:27 pour peut-être substituer même en partie ces achats ?
06:30 - Tout à fait. Alors les coproduits,
06:33 c'est plutôt une opportunité de marché et géographique.
06:37 Alors évidemment, ça va beaucoup dépendre des régions
06:39 et de votre proximité avec une usine agroalimentaire, par exemple.
06:42 Mais j'ai un exemple en tête, notamment d'un agriculteur breton
06:45 qui a bénéficié de coproduits issus d'une usine agroalimentaire
06:49 à base d'haricots verts, brocolis et petits pois.
06:52 Donc oui, je suis arrivée sur la ferme avec des vaches
06:55 qui mangeaient des petits pois, mais finalement, ça marche très bien.
06:58 À hauteur de 12 kg de matière sèche par jour,
07:00 complémentée avec du foin et 3 kg de concentré à loge,
07:06 on arrivait à avoir des vaches qui produisaient du lait à 23 kg de lait
07:09 avec des bons taux protéiques et butyreux.
07:12 Donc en effet, les coproduits, c'est une piste.
07:14 Encore faut-il trouver l'opportunité, mais en effet, c'est une piste.
07:18 - Et enfin, peu importe l'achat qu'on fait,
07:20 le tout, c'est de savoir calculer son coût alimentaire
07:22 et sa marge sur coût, pour le coup.
07:24 - Je dirais surtout, en effet, de savoir finalement
07:27 quelle est la marge sur coût alimentaire.
07:28 Donc qu'est-ce qui reste dans ma poche une fois que j'ai vendu mon lait
07:32 et payé mes aliments et fourrage ?
07:34 C'est un calcul qui est finalement assez simple à faire.
07:38 C'est la quantité de lait fois le prix vendu,
07:41 moins la quantité de tous vos aliments et fourrage fois leur coût.
07:46 Donc ça vous donne votre marge sur coût alimentaire.
07:49 Je dirais que l'objectif, c'est d'atteindre à minima
07:52 8 euros par vache par jour.
07:54 Et j'insisterai sur le fait d'intégrer des coûts de fourrage
07:57 qui sont ceux réalisés sur la ferme
08:00 et pas ceux calculés de manière assez standard.
08:05 On a souvent tendance à sous-estimer le coût des fourrages.
08:09 Et quand on met le coût de l'ETA ou du lac humain
08:12 plus le temps de l'éleveur,
08:14 finalement, on est sur des coûts plus élevés
08:15 qui font réduire la marge, évidemment.
08:17 - Et ça, on oublie souvent de le prendre en compte le temps passé.
08:19 - Oui.
08:20 - Écoute, merci beaucoup, Eva, pour ces premiers conseils.
08:23 Et puis qu'on élargira dans d'autres articles,
08:25 puisque tu es partenaire de WebAgri.
08:27 Donc vous pouvez retrouver d'autres articles
08:30 rédigés notamment par Eva sur WebAgri.
08:32 - Merci. - Merci.
08:34 (Générique)
08:37 ---
08:43 [Musique]