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Annie Ernaux, prix Nobel de littérature en 2022 et ancienne professeure de français, revient sur l'enseignement et ce qui a changé entre l'époque où elle enseignait et l'époque actuelle. Pour elle, le comportement des professeurs vis à vis des élèves est resté le même, ils ont le sentiment de "former une communauté" avec leur classe et on se "rassemble autour du professeur". Elle revient sur la responsabilité que la société fait peser sur le corps enseignant, "l'école doit résoudre tous les problèmes" mais on ne lui donne pas les moyens nécessaires pour y parvenir. La formation des maitres est réduite "à presque rien" à l'heure actuelle, alors que c'est un métier qui demande un investissement et un apprentissage particulier. Elle déplore le fait qu'on "demande tout" aux enseignants mais qu'on ne leur donne "presque rien". 

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Transcription
00:00 - Annie Arnaud, ces témoignages d'enseignants, qu'est-ce qui vous inspire ?
00:03 - Écoutez, j'ai l'impression effectivement que ça n'a pas tellement changé depuis le temps où j'enseignais,
00:10 je veux dire, l'attitude des professeurs par rapport aux élèves,
00:14 c'est-à-dire ce sentiment quand même qu'on forme une communauté avec sa classe,
00:19 et que ça c'est très très important, et que dans les moments difficiles,
00:23 effectivement, moi j'ai connu à l'heure de la bombe, il me semble, et puis voilà,
00:28 donc ce genre de choses, mais qu'il y a, eh bien on se rassemble, effectivement, autour du professeur,
00:35 mais alors ce qui m'inspire évidemment, c'est que le danger aujourd'hui,
00:40 évidemment, ça n'est plus du tout comparable avec le temps où j'étais enseignante,
00:46 et que, comme vous l'avez dit, l'école est censée résoudre tous les problèmes,
00:53 et on dit que c'est le plus beau métier du monde, oui,
00:57 sauf qu'apparemment, ça n'est pas récompensé, ça n'est pas considéré réellement
01:03 comme le plus beau métier du monde, et il faut voir comment les professeurs,
01:07 tout de même, sont la cible souvent d'attaques, je veux dire, d'attaques de...
01:15 voilà, on les accuse de hockisme, ou bien, ça c'est pour l'université,
01:21 mais ils ne sont jamais assez, d'une certaine façon, je crois,
01:27 alors que c'est vraiment un métier, je veux dire, qui demande tellement d'investissement, tellement.
01:36 Je me souviens tout de même de mes premières impressions,
01:42 le sentiment que je n'allais pas y arriver, que je n'y arriverais pas,
01:47 alors que j'avais, à cette époque, reçu une formation, ça il faudra en parler aussi,
01:53 la formation des maîtres, elle est réduite à rien maintenant, presque rien,
01:58 nous avions une année de formation après le CAPES écrit,
02:03 on faisait trois stages dans des lycées différents, ça durait un an,
02:11 et on avait vraiment le temps de s'imprégner de méthodes,
02:15 de voir ce que c'était au fond que le fonctionnement d'une classe,
02:18 et maintenant, je veux dire, les professeurs ne sont pas...
02:22 on leur demande tout, et au fond, on ne leur donne pas grand-chose.

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