• l’année dernière

Category

🗞
News
Transcription
00:00 une croissance de ce qu'on appelle les cancers précoces, c'est-à-dire les
00:02 cancers avant 50 ans, et c'est très certainement beaucoup lié à l'alimentation.
00:07 Le suicide de l'espèce, c'est quand on a une espèce qui produit les
00:11 propres armes de sa maladie et de sa mortalité. Ça ne veut pas dire que c'est
00:14 intentionnel, mais de fait, aujourd'hui, il y a à peu près 58 millions de morts
00:17 par an dans le monde chaque année, il y a 9 millions qui sont liés à la
00:20 pollution, 7 à 8 millions au tabac, 5 millions à l'obésité, 3 millions à
00:24 l'alcool, ça fait beaucoup de millions de morts qui sont causés par des
00:27 activités provoquées par les humains eux-mêmes. Les pays les plus riches sont
00:31 les pays qui ont aussi parfois paradoxalement accumulé plus de risques.
00:36 Ce sont les premiers pays qui ont commencé à être concernés par un
00:39 tournant alimentaire industriel qui a commencé à peu près au moment des
00:43 années 70, où l'alimentation a commencé à se transformer plus qu'avant. La
00:47 préoccupation initiale de la transformation alimentaire, c'était une
00:50 préoccupation qui n'était pas mauvaise puisqu'il s'agissait de nourrir la
00:53 planète qui était elle-même en croissance démographique, pas trop cher et
00:56 de façon pratique. Mais la transformation de l'alimentation a
01:00 provoqué des effets extraordinairement négatifs pour la santé dont on est en
01:03 train de se rendre compte et dont les pays les plus riches souffrent
01:05 actuellement parce que c'est les premiers qui ont commencé. On a une croissance
01:07 d'une quinzaine de cancers précoces. Pour certains cancers c'est peut-être ce
01:11 qu'on appelle du surdiagnostic, c'est à dire qu'on se rend mieux compte qu'avant
01:14 que les gens ont ce cancer. C'est le cas peut-être pour la thyroïde, pour la
01:17 prostate ou pour certains cancers du sein, mais pour beaucoup d'autres cancers
01:20 c'est une augmentation réelle, notamment dans les cancers de ma spécialité, moi
01:24 je suis gastro-entérologue et c'est des cancers digestifs, et donc le cancer
01:27 colorectal, le cancer de la vésicule biliaire ou le cancer du pancréas qui
01:30 sont tous des cancers digestifs, sont en croissance à un âge inférieur à 50 ans
01:34 et c'est très certainement beaucoup lié à l'alimentation. Les produits ultra
01:39 transformés, surtout quand ils sont surchargés en sucre, créent une addiction
01:43 physique qui active les mêmes circuits addictifs dans le cerveau que d'autres
01:49 drogues comme la cocaïne par exemple. Les gens sont captifs des produits qu'ils
01:53 consomment, ce n'est pas cher, c'est valorisé marketingment, ça se consomme
01:57 éventuellement en société, et donc c'est pour ça qu'on en est là. La plupart de
02:01 ces risques appartiennent à l'économie. C'est ça qui est paradoxal, c'est
02:03 l'économie permet à la fois d'améliorer la santé mais aussi de la
02:06 détériorer. Il y a une réalité qui est que les industries qui produisent des
02:09 risques détruisent plus de valeur économique qu'elles ne créent de valeur
02:11 économique. C'est tellement perdant sur le plan économique de produire autant
02:14 de maladies, encore plus quand c'est pour des gens jeunes. Parfois il faut amener
02:18 les industries à se reconvertir, on aura toujours besoin de manger donc on a
02:21 besoin d'une industrie alimentaire mais on voudrait qu'elle mette en vente des
02:24 produits qui sont différents de ce qu'elle fait aujourd'hui. Il y a deux
02:26 façons de réprimer un risque qui sont la loi et l'économie et donc c'est un
02:29 mélange d'interdiction et de jeu de taxe ou de détaxe qui fait qu'on peut
02:34 réprimer un risque. C'est en agissant sur l'offre de risques, c'est à dire les gens
02:37 qui produisent les risques, qu'on arrive à faire baisser les risques.
02:39 Si on laisse l'offre de risques prospérer et que l'on demande aux gens
02:43 d'éviter des risques qui sont présents partout autour d'eux, ça ne marchera
02:46 jamais, c'est ce qui a été fait avec l'obésité. On ne s'en est jamais pris à
02:48 l'offre, on a essayé de faire en sorte que les gens mangent mieux, ça n'a jamais
02:51 marché. Les gens ont plutôt l'habitude de se révolter quand il y a des chocs et
02:55 le problème de ce dont on parle c'est que ce sont des catastrophes lentes mais
02:59 pas des chocs. Si on ne fait rien aujourd'hui ça veut dire que
03:03 mathématiquement on va probablement continuer à observer une croissance de
03:06 ces cancers précoces pendant 20 ou 30 ans, c'est à dire les enfants d'aujourd'hui
03:09 auront plus de cancers. Donc c'est urgent de s'en prendre aux causes très
03:14 probables de ces cancers là et si on ne le fait pas aujourd'hui encore une fois
03:17 on va encore se faire ramasser sur 20 ou 30 ans.

Recommandations