• l’année dernière
Sandra ne s'attendait pas à de telles représailles de Norman, son ex. La journée de Thanksgiving qu'elle passe avec sa fille se finira par un décès.

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00:00 J'étais gênée, j'avais honte, je me trouvais vraiment faible de ne pas avoir réussi à le
00:09 sortir de ma vie plus tôt. C'était un vrai cauchemar de vivre avec lui. C'était comme
00:19 si j'étais en prison. Il était déjà entré par effraction donc il pouvait très bien recommencer.
00:24 On vivait nos derniers instants, on ne pourrait pas en réchapper. Je pensais vraiment qu'on allait
00:35 mourir. Quand le désir l'emporte sur la raison, il peut tourner à l'obsession mortelle. Ces
00:47 histoires vraies sont relatées par les victimes. Je suis infirmière depuis très longtemps,
01:11 depuis 1971. J'adore aider les gens. J'aime l'effervescence qui règne aux urgences. Chaque
01:20 jour est très différent. J'ai beaucoup de patience quand je dois m'occuper de mes malades,
01:32 si seulement c'était le cas avec mes enfants. Je ne m'entendais pas très bien avec mon mari et
01:42 je n'aimais pas comment notre couple avait tourné. On ne s'intéressait pas aux mêmes choses,
01:47 on n'était pas complices. Quand mes parents ont divorcé, je suis restée vivre à la maison avec
01:55 mon père, mon grand frère et mon petit frère et ma mère a déménagé. Dans mes souvenirs,
02:02 ce n'était pas la meilleure année. J'ai rencontré Norman par l'intermédiaire d'un ami commun. Il
02:15 avait trois chiens et il adorait les miens qui raffolent de petits compagnons. C'était un
02:24 cuisinier hors pair. Il aimait soigner son apparence. On rigolait beaucoup ensemble,
02:33 on sortait à des concerts. Il était de très bonnes compagnies.
02:38 Avec Norman, on voulait emménager ensemble dans le Maine. Un ami à lui nous a dit qu'il
02:52 avait repéré une annonce pour une maison qui n'était pas très loin de mon chalet.
02:57 Alors j'ai emménagé avec Norman. Norman travaillait à son compte. Il ne dépendait
03:14 pas d'un employeur. On adorait vivre dans le Maine. Ce n'était pas du tout le même cadre
03:29 de vie qu'à Rhode Island. À cette période, comme je n'entretenais pas de très bonnes
03:35 relations avec mes enfants, je me suis dit qu'il était temps de tourner la page.
03:39 Quand ma mère a décidé d'emménager dans le Maine, j'avais déjà pris mes distances avec
03:57 elle depuis un petit moment. Son choix ne m'a pas énormément impactée. Je me suis simplement
04:08 dit que sa vie prenait une nouvelle direction. Quand je suis arrivé dans le Maine, j'ai
04:22 décroché un emploi d'infirmière dans le privé. Je travaillais dans une clinique.
04:26 Norman n'avait aucun client et sa santé se détériorait. Sa sciatique le faisait
04:38 beaucoup souffrir. Il avait également de la neuropathie au niveau des pieds qui
04:43 s'attaquait à ses articulations et rendait ses déplacements très douloureux. C'était
04:51 très difficile pour moi de voir l'homme que j'aimais de plus en plus diminuer.
04:56 Pour atténuer la douleur, il buvait régulièrement de l'alcool. Pour lui,
05:08 c'était la seule manière d'y remédier.
05:10 Norman buvait énormément et pendant la journée, pas uniquement le soir,
05:31 il buvait de plus en plus. Sa santé a commencé à se dégrader. Il avait du diabète. Comme je
05:43 suis infirmière, j'ai essayé de lui éviter d'avoir des ennuis. J'ai essayé de réduire
05:51 sa consommation d'alcool, mais ça n'a pas fonctionné.
05:54 Je ne saurais pas dire à quel moment j'ai arrêté de l'aimer. C'était à cause de son
06:13 comportement, de son manque de respect à mon égard et de son alcoolisme. On n'entretenait
06:20 aucune relation de couple. On n'avait pas de rapport intime ni d'affection. J'étais
06:25 uniquement là pour le soigner. Même si je n'avais plus de sentiments pour lui,
06:32 j'ai tout de même continué à m'occuper de lui. Mais je n'aurais pas dû.
06:40 Norman était très autoritaire. À chaque fois que je sortais,
07:10 il me posait tout un tas de questions. Il faisait seulement ça pour m'embêter.
07:30 J'ai l'envoi. Tu peux voir où j'étais et quand j'étais partie.
07:39 Quand j'ai découvert son revolver, je lui ai dit que je ne voulais pas de ça chez moi.
08:06 Je ne voulais pas vivre avec quelqu'un qui possède une arme. Je lui demandais où il
08:22 le cachait, mais il refusait de me le dire. Alors je le cherchais de mon côté,
08:29 mais je ne l'ai jamais trouvé. Si j'avais appelé la police, ils m'auraient répondu que Norman
08:37 habitait là, qu'il était installé depuis longtemps et que je ne pouvais pas l'expulser.
08:42 Le soir, je me couchais en pleurs en me demandant ce que j'avais fait pour mériter ça. Je n'étais
08:54 plus en contact avec mes enfants et c'était vraiment, vraiment horrible. Je pensais constamment
09:04 à eux. J'ai fini par prendre conscience qu'il fallait que je quitte Norman, mais j'ignorais
09:18 comment m'y prendre. Je ne comptais pas partir de chez moi. On habitait ensemble depuis tellement
09:26 longtemps que Norman me présentait... il me présentait constamment comme sa femme et je
09:38 le reprenais à chaque fois, mais il ignorait mes remarques. C'est moi qui étais propriétaire de
09:46 la maison et du chalet. Norman ne possédait aucun des deux. Les aptes étaient uniquement à mon nom.
09:53 Et pour lui, on était en concubinage et c'est pour ça qu'il restait. Il pensait qu'il avait
10:06 droit à la moitié de mes biens. Ce qu'il voulait, c'était mettre la main sur au moins un des deux.
10:12 Pour moi, la situation est devenue critique le 1er juillet. C'était un vendredi. Quand je
10:39 suis rentrée du travail, Norman avait le regard vitreux et j'ai compris qu'il avait bu toute la
10:49 journée. C'était un vrai cauchemar de vivre avec lui. C'était comme si j'étais en prison. Ce n'est
11:02 pas pour être méchante, mais c'était ma maison et il faisait comme s'il avait tous les droits. Il
11:10 a répété qu'il était chez lui, qu'il ne bougerait pas et que c'était à moi de partir. Je n'ai pas
11:16 répondu parce que je devais aller préparer le chalet pour les locataires, qu'il occuperait la
11:22 semaine du 4 juillet. Je me suis dit que je resterai pour la nuit et que je partirai au matin pour
11:31 accueillir les locataires. Puis je suis allée aux toilettes. Je me suis assise pour faire mes
11:44 besoins et il s'est planté devant moi, à peine à deux mètres de moi. Il me jetait un regard
11:58 terrible, un regard terriblement froid. C'était comme s'il ne me voyait même pas. Puis il s'est
12:10 mis à solliciter des faveurs sexuelles. J'ai retiré mes lunettes et je les ai posées par terre. Vu
12:32 qu'il bloquait la sortie, je suis restée assise sur les toilettes. Il m'a regardé.
12:41 Je n'ai pas osé protester.
12:59 Je n'ai pas dit un mot.
13:05 Norman buvait énormément. Il avait le regard vitreux. J'ai compris qu'il avait bu toute la
13:20 journée. Je n'ai pas réagi. Je sentais bien que quelque chose ne tournait pas rond chez lui.
13:43 Je me suis levée, mais je l'entendais de l'autre côté de la porte. Il s'agrippait à la poignée.
14:02 Je me suis assise par terre et j'ai attendu. Je n'arrêtais pas de me dire, "Qu'est-ce que je vais
14:14 faire?" Puis, au bout d'environ cinq minutes, je l'ai entendu s'en aller. Je l'ai entendu ouvrir
14:24 le frigo et se resservir un verre. Alors, j'ai filé des toilettes à la chambre à coucher et
14:37 j'ai regroupé les affaires que je devais emmener au chalet. Puis, j'ai décidé de ne pas y retourner
14:44 ce soir-là et de dormir au chalet. Il m'avait paru sincère. Le lendemain matin, les locataires
15:00 sont arrivés. C'était la première location de la saison et je suis restée discuter avec eux
15:12 pendant deux heures pour faire plus ample connaissance. Je réfléchissais à où je pouvais
15:29 aller parce que je ne voulais pas retourner chez moi. Je n'avais pas encore décidé quoi faire.
15:35 Puis, j'ai reçu un coup de fil des locataires. J'entendais des gens crier et les chiens aboyer.
15:49 La femme m'a signalé que quelqu'un était là. Elle a dit qu'il ne voulait pas se présenter,
15:59 mais qu'il était mon mari. Et là, j'ai rétorqué, non, non, non, ce n'est pas mon mari. Il leur a
16:06 raconté qu'il était mon mari et qu'il était propriétaire des lieux. Et ensuite, il leur a dit
16:13 de dég**** parce qu'il avait l'intention d'y passer le week-end.
16:17 Il a fini par monter dans sa voiture et par s'en aller. Le mari m'a dit qu'il ne pouvait pas
16:38 rester là. Il avait peur que Norman revienne armé et il avait raison.
16:44 Donc, j'ai dû leur rembourser leurs semaines de location.
16:49 La police est passée et m'a informé que je pouvais demander une injonction d'éloignement,
17:04 ce qui m'a paru être la meilleure option. L'adjointe du shérif m'a raccompagné chez moi,
17:12 puis est allée délivrer l'injonction à Norman, mais il n'était plus au chalet.
17:17 Il s'avère que Norman passait la nuit chez un de ses amis qui habitait au bout de la rue.
17:27 Je n'arrivais pas à m'en débarrasser. Au fond de moi, je savais bien que Norman
17:36 essaierait de prendre sa revanche. Je savais qu'il passerait, mais j'ignorais quand.
17:45 Donc, je devais rester vigilante.
17:48 Elle avait l'air affolée et au son de sa voix, j'ai deviné qu'elle avait peur.
18:14 En plus, elle voulait que je la rappelle. J'étais terrorisée quand j'ai reçu son
18:28 message et j'ai commencé à angoisser. Comme je travaille dans le social,
18:32 je lui ai automatiquement répondu qu'il fallait agir sans plus attendre.
18:37 Je lui ai enfin révélé la situation dans laquelle je me trouvais. J'étais gênée,
18:45 j'avais honte. Je me trouvais faible de ne pas avoir réussi à le sortir de ma vie plus tôt.
18:55 Je savais que les choses s'envenimaient et qu'elle était de moins en moins en sécurité.
19:02 À partir de là, notre relation a pris un nouveau tournant parce qu'on s'est liguées contre lui et
19:14 qu'elle m'a laissé lui montrer comment se protéger. J'étais très contente qu'elle
19:27 prenne enfin les bonnes mesures. Mais d'un autre côté, je savais que ses ordonnances
19:32 n'étaient qu'un bout de papier. J'ignorais si elle suffirait à la protéger.
19:35 J'étais si joyeuse qu'elle soit là, de retour dans ma vie. Alyssa m'apporte tellement de bonheur,
19:47 même si elle ne s'en rend sûrement pas compte. Cette distance avait été très dure pour moi
19:55 et je désirais tant qu'on devienne proche, toutes les deux. Je tenais beaucoup à ce qu'on soit en
20:01 bon terme parce que je savais qu'un jour elle se marierait et aurait des enfants. J'avais envie
20:11 qu'on soit complices, car ce n'était pas le cas. Quand j'étais petite, je n'étais pas
20:16 particulièrement proche d'elle, donc j'ai vu ça comme un nouveau départ, une nouvelle opportunité
20:21 de créer des liens avec elle. Je n'ai pas beaucoup dormi la veille de l'audience. Je me suis levée
20:33 un peu avant 7 heures et tout d'un coup, j'ai entendu mes deux chiens aboyer. Et là, j'ai su
20:42 qu'il y avait quelqu'un dans la cour, mais que les chiens ne voyaient pas qui c'était. J'ai regardé
20:50 par la fenêtre et j'ai vu la voiture de Norman. J'étais déjà à bout de nerfs, mais ça empirait
21:01 quand j'ai vu qu'il était là, alors qu'on devait se présenter au tribunal deux heures plus tard.
21:18 J'ai décidé de demander une ordonnance de protection. Le jour de l'audience,
21:25 je me suis levée un peu avant 7 heures et j'ai vu la voiture de Norman.
21:29 J'ai sorti mon téléphone et je l'ai pris en photo devant la maison.
21:48 J'ai voulu le photographier pour prouver qu'il était venu et pour se souvenir des vêtements
21:55 qu'il portait ce jour-là. J'aurais dû appeler la police, mais je ne l'ai pas fait, parce que
22:03 je savais qu'il l'arrêterait sur le champ et le placerait en détention, ce qui m'empêcherait
22:10 d'obtenir mon ordonnance de protection. Mon cœur s'est emballé quand je me suis rendu compte que je
22:18 n'avais aucun contrôle sur la suite des événements, parce que j'ignorais où Norman se trouvait.
22:23 Je ne savais pas où il se cachait, parce que je n'avais pas une vue d'ensemble de la maison,
22:33 mais dans tous les cas, je me déplaçais plus vite que lui. Je suis sortie par la porte d'entrée
22:40 et j'ai jeté un bref coup d'œil dans sa voiture. Elle était vide et je ne le voyais nulle part.
22:45 J'ai pris ma voiture en vitesse et je me suis rendu au tribunal. À ce jour,
22:50 je ne sais toujours pas où il se cachait.
22:52 Il a passé cinq jours en prison jusqu'au 25 juillet. Je savais qu'il fallait que je reste
23:13 prudente. Les médiateurs du bureau du procureur m'ont informé que Norman serait libéré plus tôt
23:23 pour bonne conduite. J'ai mis tous mes voisins proches au courant de la situation pour qu'ils
23:31 puissent me prévenir au cas où ils tomberaient sur Norman. Une voisine l'a vu roder dans les
23:39 environs pendant quelque temps. La police l'a de nouveau arrêté et enfermé pendant un bon
23:46 moment. Je savais qu'il était à peu près 120 jours de prison, donc j'ai fait le calcul et
23:54 j'en ai conclu qu'il sortirait sûrement vers la fin de la première semaine de décembre. À partir
24:04 du moment où ils l'ont mis derrière les barreaux et où il ne vivait plus sous mon toit, j'ai pu me
24:10 concentrer sur ma nouvelle relation avec ma fille. Elle m'aidait énormément sur le plan
24:16 émotionnel en discutant avec moi au téléphone. On échangeait très fréquemment toutes les deux.
24:25 J'étais très heureuse qu'Alissa et Jason viennent passer Thanksgiving à la maison.
24:42 Alissa m'avait beaucoup parlé de lui. C'était un garçon très ouvert qui aimait la nature et les
24:51 activités de plein air. Le snowboard, la randonnée en montagne. Il avait l'air de rendre ma fille
25:03 terriblement heureuse. J'étais anéantie quand j'ai appris qu'il allait sortir avant Thanksgiving.
25:16 Alissa avait prévu de venir avec Jason et ça faisait des années que je n'avais pas passé des
25:21 fêtes en sa compagnie. Ça faisait très longtemps et j'étais impatiente de la voir. Mais Norman
25:29 allait être libéré. Ça m'angoissait énormément. Le lundi, je suis rentrée chez
25:46 moi un peu avant 20 heures. Puis quand le téléphone a sonné, je me souviens que j'ai
25:53 regardé l'horloge et qu'elle indiquait 20h20. C'était Norman. J'ai décroché. Mais je n'ai
26:08 rien dit. La maison était très calme. Les chiens ne faisaient pas un bruit. J'ai fait comme s'il
26:22 n'y avait personne et elle a dû penser que son téléphone ne captait mal. Donc il a raccroché.
26:29 Mais il a appelé une bonne trentaine de fois. J'ai contacté la police. Ils m'ont dit qu'il
26:38 leur fallait un mandat pour pouvoir l'arrêter et m'ont demandé où il avait bien pu aller.
26:43 Mais je n'en avais aucune idée. Je suis allée acheter les provisions qui me manquaient pour
26:55 Thanksgiving. Quand je suis rentrée chez moi, il était 21h45. D'habitude, les chiens venaient
27:11 m'accueillir. Je me demandais où ils étaient. Je les appelais, mais ils ne répondaient pas.
27:18 J'ai voulu fermer à clé, mais il n'y avait plus de verrou. J'ai eu peur que la porte soit restée
27:29 ouverte et que les chiens aient réussi à s'échapper. Et je pense que très vite, en l'espace
27:39 de dix secondes seulement, j'ai commencé à paniquer. Par terre, j'ai vu qu'il y avait des
27:46 vis, le loquet et des morceaux de verrou cassés. Quelqu'un était entré par effraction. Là,
27:55 j'ai compris qu'il était venu pour voler les chiens. J'étais furieuse. Il était vraiment
28:03 monté d'un cran depuis que la police avait entamé les recherches deux jours auparavant.
28:10 Il savait à quel point j'aimais mes chiens et à quel point ça me ferait souffrir de ne plus les
28:19 avoir. Dans sa tête, il se croyait toujours maître de la situation, vu que personne ne savait où il
28:28 se cachait. Il se montrait très sarcastique. Il n'est resté en ligne que quelques minutes.
28:53 Quand elle n'était plus très loin, Alissa m'a appelé. Je lui ai dit de se rendre chez des amis
29:18 qui habitaient à 8 km au bout d'une toute petite route de montagne. Norman ne songerait jamais à
29:27 aller les chercher là-bas. Mais elle n'a pas voulu. Elle en avait discuté avec Jason. Ils
29:36 avaient pris la décision de rester au chalet. Je me souviens que la dernière chose qu'elle a
29:44 dit c'était "on ne laissera pas Norman gâcher notre week-end".
29:55 Je n'avais plus de nouvelles depuis que Norman m'avait volé les chiens. On est allé à la cabane
30:11 tous les trois pour commencer à réchauffer les plats. Puis on s'est mis à table. On s'était
30:16 concocté un bon petit repas de fête. Une fois le repas de Thanksgiving passé, je n'avais plus
30:23 vraiment peur de ce qui pourrait arriver. Je ne pensais pas que Jason et moi étions en danger.
30:28 Donc je suis allée me coucher comme d'habitude. Je ne pensais pas que Norman nous prendrait pour
30:34 cible. Dans ma tête, c'est à ma mère qu'il en voulait et pas à nous. Donc c'est elle que je
30:39 cherchais à protéger. Ma mère a posé des pièges dans toute la maison pour se protéger, étant donné
30:49 que les chiens n'étaient plus là pour signaler la présence d'intrus. Il était déjà entré par
30:56 effraction, donc il pouvait très bien recommencer. J'ai placé tout un tas d'objets pour l'empêcher
31:02 d'entrer et pour freiner sa progression. Tout était fait pour qu'il se tape une bonne course
31:09 d'obstacles. On a déposé ma mère chez elle parce qu'elle avait promis de nous faire sa
31:25 légendaire tarte au chocolat. Ça faisait des années que Jason rêvait d'y goûter. Je n'étais
31:40 pas très inquiète. Je savais qu'elle avait piégé la maison et qu'elle était joignable sur son
31:44 portable. Alors ça ne me stressait pas vraiment qu'elle rentre. Comme j'avais entendu Jason
32:00 souffler à Alissa que je ne leur avais pas préparé la tarte, qu'ils attendaient tant,
32:05 je leur ai dit que j'allais rentrer pour la faire, que je leur emmènerai plus tard,
32:12 le temps qu'elle soit finie et qu'elle refroidisse un peu, il était près de 21 heures.
32:18 Avec Jason on est rentré au chalet. On avait prévu de passer la soirée tranquille à
32:29 l'intérieur donc on a allumé la cheminée et sorti un jeu de société. Ma mère est passée
32:39 nous déposer la tarte comme prévu et puis elle est partie chez ses amis pour passer la soirée.
32:44 J'y suis restée de 21 heures à 21h30. On a échangé quelques mots. Puis je suis retournée
32:55 chez mes amis et j'ai éteint mon portable parce que je ne supportais plus que Norman m'appelle.
33:03 Mais je n'aurais pas dû faire ça.
33:08 Ma mère nous avait prévenu que la police risquait de passer pour vérifier que tout
33:29 allait bien. Mon coeur s'est tout de suite emballé. J'imaginais déjà le pire.
33:43 J'ai appelé ma mère mais elle n'a pas décroché.
33:51 Alors j'ai immédiatement appelé la police. J'étais encore au téléphone avec eux quand
34:08 j'ai vu une silhouette devant la fenêtre. Je leur ai dit c'est Norman Strobel. Venez tout de suite.
34:16 Quand il a commencé à nous tirer dessus, je me suis baissée et je suis allée me réfugier
34:30 sous le plan de travail. Je me suis dit qu'on allait mourir. Je ne voyais pas comment on
34:35 pourrait s'en sortir. On était pris au piège. On ne pouvait pas fuir. Je regardais Jason assis
34:45 à côté de moi en me disant qu'on vivait nos derniers instants. On ne pourrait pas en réchapper.
34:53 Je pensais vraiment qu'on allait mourir. On s'est regardé dans les yeux en sachant qu'il fallait
35:04 atteindre la chambre située derrière moi. Puis Jason a traversé la cuisine et il a été touché.
35:11 Il s'est effondré sur moi et m'a dit qu'il avait reçu une balle. Quand je me suis retourné pour
35:20 fermer la porte de la chambre, il est tombé sur mes genoux. Je savais qu'il fallait stopper les
35:29 moragies. Mais je ne devais pas quitter la pièce parce que je pensais que si je bougeais,
35:37 je serais touchée moi aussi. J'ai pris les édredons qu'il y avait sur les lits pour
35:45 couvrir Jason et je me suis servi des oreillers pour faire pression sur sa plaie. Mon esprit
35:52 partait dans tous les sens. J'imaginais toutes les choses qu'on avait décidé de faire ensemble,
35:59 comme notre mariage ou notre désir de fonder une famille. Je me disais que ça n'arriverait pas,
36:10 qu'il ne tiendrait pas le choc, c'était impossible. J'ai fait de mon mieux parce que je pensais que la
36:20 fin était proche et qu'il ne devait pas mourir seul, mais à mes côtés. C'est le sergent qui m'a
36:49 mise au courant de l'accident. J'étais terriblement choquée quand il m'a expliqué ce qui s'était
36:55 passé. Tellement choquée que je n'ai pas réagi. J'étais comme paralysée en entendant les détails.
37:07 Dans ma tête, je me répétais, Jason ne peut pas mourir. Norman était introuvable.
37:17 Donc la police allait patrouiller dans le quartier pour assurer notre sécurité.
37:23 Je ne sais plus combien de temps on a attendu avant que le téléphone sonne. C'était Norman.
37:37 Il fallait que je l'incite à parler pour que la police puisse le localiser. Son téléphone était
37:49 notre seul espoir de le retrouver. On a discuté environ cinq minutes, puis il a raccroché.
38:06 Les shérifs ont fini par le retrouver aux alentours de 4 heures du matin. Ils ont tenté
38:24 de le convaincre de quitter les lieux tout en entendant les chiens aboyer. Et après ça,
38:33 ils sont entrés. Les chiens n'avaient rien. Quand les agents ont ouvert la porte,
38:40 Norman se trouvait dans l'entrée. Et comme ils étaient armés et que Norman se trouvait
38:47 devant eux, ils ont commencé à tirer. Et Norman a été tué. Quand j'ai su que
39:02 Norman était mort, je me suis réjouie de ne plus avoir à me soucier de lui. Mais j'étais furieuse
39:13 contre lui, parce que j'aurais voulu lui dire ses quatre vérités.
39:19 Voir Alissa m'a brisé le cœur. Je n'en revenais pas. Un accident est lieu au moment où j'essayais
39:39 de renouer avec elle. Je venais de rencontrer Jason et de passer le week-end en leur compagnie.
39:45 Et ils avaient tout gâché. On ne savait pas si Jason allait s'en sortir.
39:56 Si Jason mourait, je voulais mourir aussi. Je ne voulais pas continuer à vivre compte tenu de ce
40:11 que mon ex avait fait au petit ami de ma fille. Jason a été touché quatre fois et a subi cinq
40:21 interventions chirurgicales. Le traumatologue venait nous donner des nouvelles tous les
40:27 quarts d'heure. Et vu l'expression sur son visage et son regard tourné vers le sol,
40:32 on se doutait que c'était mal engagé. Sa tension artérielle était catastrophique,
40:38 et son taux de saturation en oxygène était de 40%, alors que la normale est à plus de 90%.
40:45 Donc, j'ai commencé à me préparer psychologiquement. J'ai tenté d'accepter
40:53 que Jason ne survivrait pas, que nos projets n'auraient pas lieu.
41:06 J'ai énormément de chance d'être en vie. Aucun des ambulanciers ni des chirurgiens
41:11 qui se sont occupés de moi ne s'attendaient à ce que je survive. Ce soir-là, l'inspecteur
41:20 chargé de l'enquête est même passé à l'hôpital. Il voulait interroger Alissa et sa mère sur les
41:28 causes de ma mort. Suite à mes blessures, j'ai perdu la moitié de mon estomac et ma rate a été
41:37 retirée. Mon foie a été endommagé et j'avais plusieurs côtes cassées. À vrai dire, j'ai eu
41:47 beaucoup de mal à comprendre pourquoi j'avais survécu. Et je ne sais toujours pas pourquoi je
41:53 m'en suis sorti alors que je n'aurais pas dû. Je me suis énormément questionné à ce sujet.
41:57 Quand Jason était à l'hôpital et qu'il ne pouvait pas parler, il m'écrivait des mots.
42:07 Dans l'un de ses premiers mots, il a écrit "Quand j'étais allongé par terre dans le chalet,
42:17 je n'arrêtais pas de me dire qu'il allait entrer pour te tuer toi aussi et que je ne
42:22 pourrais rien faire pour l'en empêcher. En faisant preuve d'un tel altruisme, Jason nous a
42:29 sauvés tous les deux. Je ne le remercierai jamais assez pour ça. Jamais assez."
42:51 Je suis très fière d'Alissa. Elle a accompli tellement de choses dans sa vie.
42:59 C'est une femme formidable. J'espère que notre relation va continuer à évoluer et qu'un jour,
43:10 on entretiendra un lien mère-fille normal. C'est en pensant nos blessures qu'on est tous les trois
43:22 devenus très soudés et qu'elles se sont remises à communiquer. Et aujourd'hui, on s'entend très bien.
43:30 Alissa et moi, on forme un couple plus solide que jamais. Je ne pense pas qu'on puisse être plus
43:39 proches ou plus forts que nous. On formait déjà un couple en béton avant l'accident, mais là,
43:45 c'est comme si ça l'avait renforcé au moins dix fois plus.
43:51 Je pense que ma nouvelle histoire d'amour s'avère prometteuse. Je suis heureuse avec lui. Et je
44:05 n'avais jamais vraiment connu un homme qui me respecte tout le temps. Il serait prêt à tout
44:12 pour moi. Je suis contente de le connaître.
44:15 Sous-titrage Société Radio-Canada

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