"La situation à Gaza est désespérée" selon la présidente du Parlement européen

  • l’année dernière
Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, était l'invitée de France Inter mardi 31 octobre. Face à la violence du conflit entre Israël et le Hamas, elle appelle à renforcer l'aide humanitaire pour les civils.

Retrouvez les entretiens de 7h50 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50
Transcript
00:00 Marion Lour, votre invitée ce matin est présidente du Parlement européen.
00:03 Bonjour Roberta Mezzola, de passage en France et donc dans notre studio, merci à vous.
00:08 Le gouvernement israélien exclut tout cesser le feu dans la bande de Gaza.
00:11 Quel est votre message et celui du Parlement européen à Benjamin Netanyahou ?
00:15 C'est un message très clair, que les conséquences humanitaires,
00:20 comme j'ai dit au président Herzog lors que j'étais en Israël il y a deux semaines,
00:25 c'est de voir la mitigation des conséquences humanitaires.
00:32 Le Parlement européen, il y a deux semaines, a appelé pour une pause humanitaire.
00:37 On parle aujourd'hui de voir que les journalistes sont protégés,
00:41 les innocents sont protégés, qu'il y a la possibilité d'avoir l'aide,
00:50 qu'ils ont beaucoup besoin parce que la situation à Gaza est désespérée.
00:56 Je vais continuer aussi en nom du Parlement européen de plaider pour ça.
01:01 La situation est très difficile et alors on va voir,
01:04 parce que comme répond l'Israël aux attaques si atroces de cet octobre,
01:11 va avoir l'importance aussi, comme ils répondent.
01:16 La France condamne des violences inadmissibles de colons israéliens
01:21 contre des palestiniens en Cisjordanie occupée.
01:24 Est-ce que ces violences, vous les condamnez vous aussi ?
01:26 Oui, c'est la position du Parlement européen.
01:29 Vous vous en parliez le 13 octobre dernier en Israël
01:33 avec la présidente de la commission, Ursula von der Leyen.
01:37 Ursula von der Leyen qui a été très critiquée sur cette visite,
01:41 elle a été pathétique, c'est ce que dit l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot.
01:44 Il l'accuse d'avoir exprimé un soutien inconditionnel à Israël
01:49 sans faire assez mention du droit international, de la protection des civils.
01:54 Est-ce que vous êtes critique, vous aussi,
01:56 qui avez une position plus large et peut-être plus équilibrée,
02:02 est-ce que vous êtes critique de cette prise de position d'Ursula von der Leyen ?
02:07 Pour moi, je peux parler seulement comme présidente du Parlement européen,
02:10 j'ai été donné un mandat unanime par l'unanimité de tous les groupes politiques
02:16 quand j'ai reçu l'invitation de mon homologue,
02:19 qui était le président de la Knesset, le Parlement israélien.
02:23 Et alors quand je suis allée là, je suis allée au kibbutz
02:27 où il y avait le témoignage, ils étaient très difficiles à voir,
02:36 très difficiles à être là.
02:37 Je suis allée aux hôpitaux pour voir les victimes,
02:40 je suis allée au lieu de festival
02:42 où il y avait toujours des gens qui trouvaient des pièces de corps par terre
02:49 et après je suis allée au président Erzsok.
02:52 Pour moi, cette réunion c'était important parce que dans cette réunion,
02:55 j'ai dit que déjà là, dans le 13 octobre,
03:00 qu'on devait voir la réponse de l'Israël sur ça.
03:05 Comme l'Israël allait lui répondre,
03:10 elle allait avoir une importance.
03:14 On doit mitiguer les conséquences humanitaires, c'est ça que je sais.
03:17 Vous avez eu un message à la fois de soutien à Israël
03:20 et à la fois en disant qu'il faut maintenir le respect du droit international
03:24 et garder des corridors humanitaires.
03:26 Est-ce que vous trouvez qu'Ursula von der Leyen a été équilibrée,
03:30 elle, dans son message à elle, la présidente de la Commission ?
03:32 Oui, la position équilibrée du Parlement européen
03:37 est réflectée aussi dans la position du Conseil européen
03:41 où il y avait la participation de la présidente de la Commission européenne
03:46 mais aussi, elle a annoncé, et ça c'est très bon, très bien,
03:50 le tripling de l'aide humanitaire.
03:56 Le triplement, et ça c'était nécessaire et c'était beaucoup accueilli.
04:02 Jeudi dernier, les 27 Etats européens ont négocié pendant plus de 5 heures
04:06 au Conseil européen pour arriver à une formule qui fasse consensus
04:10 sur la guerre au Proche-Orient et le même jour,
04:13 les mêmes Etats aux Nations unies ont voté de façon différente
04:17 sur la résolution de ce conflit.
04:19 Est-ce que vous comprenez que certains parlent de cacophonie
04:22 dans la réponse européenne ?
04:24 Oui, je comprends.
04:25 Et nous avons la responsabilité,
04:28 comme nous étions unis et nous restons unis,
04:31 je dois dire ça, sur la question de l'Ukraine,
04:36 sur l'accueil des réfugiés de l'Ukraine,
04:39 sur l'aide militaire, financière et logistique à l'Ukraine.
04:43 On ne peut pas laisser que l'Europe ait vous
04:49 comme un groupe d'Etats membres qui disent une chose un jour
04:54 et une chose complètement différente,
04:58 on peut dire, dans un autre continent.
05:02 C'est ça que nos citoyens ne veulent pas voir.
05:06 Ils veulent de la leadership.
05:08 On a besoin de leadership et c'est bien
05:10 qu'on va continuer à discuter de ça.
05:15 C'est pour ça qu'au Parlement européen,
05:18 on travaille toujours sur la résolution avec la majorité.
05:22 Avec la majorité, on était la première à appeler
05:25 pour une pause humanitaire.
05:27 C'était la base, on doit dire,
05:30 que pendant le sommet, on a utilisé le texte
05:33 du Parlement européen parce que nous représentons
05:36 les populations, les citoyens,
05:38 de tous les chefs de gouvernement des Etats.
05:40 C'était une base qu'ils ont pu continuer à développer.
05:47 J'espère qu'on peut donner de la clarté.
05:53 Quand on dit qu'Amas est une organisation terroristique,
05:58 qu'elle ne représente pas le peuple palestinien,
06:02 qu'on a besoin d'une solution des Etats,
06:06 les accords de 1967, tout ça doit être répété
06:12 parce que c'est la position de tous les Etats membres.
06:15 Et ça doit être dit dans le mode plus clair.
06:20 - Lors de votre discours à la Sorbonne hier,
06:22 devant des étudiants, vous avez aussi longuement évoqué l'Ukraine.
06:25 "Le Moyen-Orient ne peut nous détourner de ce front Est",
06:28 vous avez dit.
06:29 L'abandonner serait une faute morale et politique.
06:32 C'est l'impression que vous avez l'abandon de l'Ukraine.
06:35 C'est un risque aujourd'hui ?
06:37 - C'est une crainte.
06:38 J'ai peur.
06:40 C'est exactement ce que veut Poutine.
06:43 On ne peut pas faire ça.
06:45 L'Ukraine avait un sommet de paix il y a trois jours
06:52 avec 55 pays qui ont fait, pas seulement sur la table,
06:58 mais des déclarations fortes,
07:00 que nous sommes toujours avec l'Ukraine
07:02 parce que l'Ukraine ne bataille pas seulement pour l'Ukrainien,
07:07 pour leur sécurité, mais aussi pour la nôtre.
07:09 Et c'est pour ça qu'on a besoin,
07:11 quand il y a des enjeux géopolitiques inédits,
07:16 sans précédent dans l'Union Européenne,
07:18 ou au moins sans précédent pour notre génération de politiciens
07:21 qui devront prendre des décisions.
07:24 Et alors notre engagement avec l'Ukraine
07:26 n'est en rien remis en cause et reste notre priorité absolue.
07:30 - Tous les Etats membres devraient contribuer solidairement
07:32 face au défi migratoire.
07:33 Vous l'avez dit aussi hier à la Sorbonne.
07:36 Vous allez en parler avec Emmanuel Macron aujourd'hui
07:38 de ce pacte migratoire qui doit se mettre en place
07:40 au niveau européen.
07:41 Il s'agit à la fois d'un régime moins protecteur
07:44 pour les demandeurs d'asile,
07:45 et un examen plus rapide de leurs demandes,
07:48 et un mécanisme de solidarité entre Etats.
07:51 Est-ce que vous pensez vraiment que sur un sujet aussi délicat,
07:54 on peut tenir votre calendrier qui est avant les élections
07:57 de juin prochain ?
07:59 - Premièrement, on doit remercier la présidence française.
08:02 Parce que quand la France avait la présidence de l'Union Européenne,
08:07 elle a préparé un feuille de route avec cinq présidences
08:10 et elle a fait contrainte pour que ça.
08:14 Nous, au Parlement européen, nous avons une responsabilité.
08:17 En 2019, qui a voté pour le Parlement européen,
08:21 ils ont demandé une chose, de trouver une solution
08:24 sur l'immigration et tous les défis au niveau européen.
08:27 Parce que personne ne croit qu'au niveau national,
08:31 la solution peut être trouvée.
08:33 Et alors sur la table, on a un pacte,
08:36 une collection de propositions législatives
08:40 qui font le balance entre la sécurisation
08:48 des frontières extérieures et aussi la solidarité
08:54 entre les pays membres.
08:57 Les Etats membres ne peuvent jamais se laisser aussi sentir
09:02 d'être seul sur ça.
09:04 Et ça, c'est le problème, ça, c'est le plus grand défi.
09:08 Mais je suis optimiste qu'on va trouver une solution.
09:10 - Un mot, un seul, parce qu'on arrive à la fin de cet entretien,
09:12 Roberta Mezzola.
09:13 On connaît votre opposition à l'avortement.
09:15 Le président de la République, Emmanuel Macron,
09:18 transmet cette semaine au Conseil d'État un projet de loi
09:20 qui va intégrer l'IVG dans la Constitution.
09:22 Ça vous inspire quoi ?
09:23 - La position du Parlement européen sur la santé
09:26 et les droits sexuels et reproductifs est très claire.
09:30 C'est la position que je défends.
09:32 C'était la première chose que j'ai dite quand j'étais élue présidente.
09:36 J'ai la responsabilité de me débouler.
09:38 Je sais ce que je vais faire.
09:40 - Roberta Mezzola, présidente du Parlement européen,
09:42 merci d'être venue sur France Inter.

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