• l’année dernière
Transcription
00:00 Arrêtez de croire que vous devez absolument aujourd'hui choisir un camp.
00:03 Arrêtez d'être les uns contre les autres.
00:05 Arrêtez de penser que la souffrance de l'autre
00:07 vient relativiser votre propre souffrance.
00:09 Soyez capables d'écouter une autre vérité.
00:11 Soyez capables de dialoguer.
00:13 On était un groupe de femmes musulmanes et juives
00:17 à nous sentir orphelines d'une voix qui nous représentait,
00:20 à refuser de se retrouver dans des camps les unes contre les autres,
00:24 à devoir nous opposer, opposer nos souffrances,
00:27 opposer nos chagrins et à se dire qu'il fallait
00:29 qu'on soit capable de se rassembler autour d'une parole collective
00:32 et autour de nos engagements de femmes.
00:34 "Les guerrières de la paix" c'est le titre d'un documentaire
00:36 que j'ai réalisé sur des femmes palestiniennes et israéliennes,
00:39 des mouvements "Women wage peace" et "Women of the Sun".
00:41 On a voulu rendre hommage à l'engagement de ces femmes
00:44 en partant de cette idée que si des femmes au cœur d'un conflit,
00:48 en vivant les conséquences de ce conflit dans leur chair,
00:50 en ayant parfois perdu des proches, vécu des deuils,
00:52 réussissaient à se rassembler et à porter cette voix,
00:54 on devrait pouvoir au moins en faire autant dans notre pays.
00:57 Ce qui nous rassemble avec "Les guerrières de la paix"
00:59 et ce qu'on a vu aussi de ces militantes palestiniennes et israéliennes,
01:03 c'est que les femmes ont un rapport à l'engagement plus pragmatique.
01:07 Elles sont ancrées dans la vie, dans le réel, dans le quotidien
01:11 et c'est ce qui leur permet aussi de se détacher des discours politiques,
01:16 des clivages partisans pour être réellement dans cet instinct
01:20 de préserver la vie, de préserver et l'avenir de leurs enfants,
01:23 et l'avenir de leur communauté.
01:25 Et en ça, les femmes sont des piliers.
01:27 Et c'est la grande leçon que nous ont données
01:29 ces militantes palestiniennes et israéliennes
01:31 et c'est à partir de ce dénominateur commun,
01:34 de notre engagement de femmes,
01:35 qu'on a bâti ce mouvement des guerrières de la paix.
01:37 Il faut qu'on sorte de cette grille de lecture
01:39 qui consiste à nous assigner chacun dans des camps.
01:42 Aujourd'hui, s'il existe deux camps,
01:44 c'est bien celui de celles et ceux qui luttent pour la paix
01:47 et pour la justice pour tous.
01:48 Et ce camp-là rassemble si bien des militants israéliens que palestiniens,
01:52 mais il rassemble aussi dans notre société
01:54 des gens de toutes les confessions et de toutes les sensibilités,
01:57 face, encore une fois, à un camp qui serait celui de la haine,
02:01 de la destruction, de la négation de l'autre.
02:03 Chaque vie compte, il n'y a pas à hiérarchiser les souffrances.
02:06 On doit pouvoir aujourd'hui être capables de nous réunir
02:08 autour de notre humanité commune.
02:09 Notre engagement part de cette volonté
02:11 de réconcilier les communautés juives et musulmanes.
02:13 Il y a quelque chose de très important qui fait beaucoup de mal,
02:16 c'est justement la concurrence des souffrances
02:18 et la concurrence des mémoires.
02:20 On a le sentiment que si on parle de la souffrance des uns,
02:24 on occulte la souffrance des autres,
02:26 que si on honore la mémoire des uns, on oublie celle des autres.
02:30 Or, justement, notre combat, il est d'expliquer
02:32 qu'il ne faut absolument pas hiérarchiser toutes ces souffrances
02:35 et toutes ces mémoires, qu'elles sont les nôtres,
02:37 qu'elles sont collectives,
02:39 que ce n'est pas d'un côté la communauté juive qui doit pleurer ses morts
02:42 ou de l'autre la communauté musulmane qui doit pleurer les siens.
02:45 On est ensemble face à ça,
02:46 dans une vraie démarche de dignité collective.
02:50 Le message que nous ont transmis les militants palestiniens et israéliens
02:54 qui luttent aujourd'hui pour la paix et la justice,
02:56 c'est la reconnaissance de la légitimité de l'autre.
02:58 Il faut que les uns et les autres reconnaissent leur légitimité,
03:02 reconnaissent leur narratif,
03:03 qu'ils soient capables aussi d'accueillir une vérité qui n'est pas la leur,
03:07 de remettre en question leur propre certitude,
03:08 de se mettre à la place de l'autre.
03:10 Et ça, c'est des choses aujourd'hui qu'on n'arrive pas à faire
03:12 quand on regarde ce conflit.
03:13 C'est précisément en faisant ce travail collectif de reconnaissance
03:17 des histoires, des souffrances, mais aussi des espoirs de chacun
03:21 et des désirs de paix et de justice
03:23 qu'on va pouvoir construire quelque chose et un avenir pour demain.
03:26 On peut parler de tout, on peut être solidaires avec toutes et tous
03:29 et surtout, on a la responsabilité, particulièrement pour nous,
03:33 qui regardons ce conflit de l'extérieur
03:35 et qui n'en subissons pas les conséquences directes,
03:38 d'être justement dans cet appel à l'apaisement,
03:40 à la tolérance et à la paix.
03:42 *BIP*

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