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Que vaut "Le Garçon et le Héron", le nouveau film de Hayao Miyazaki ? Laurent Delmas l'a vu en avant-première, il nous raconte.
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Transcription
00:00 Laurent Delmas, dans votre édito culture, ce matin vous nous parlez du nouveau film de Miyazaki.
00:05 Tiens, on va écouter un extrait de la bande-annonce, ça s'appelle « Le garçon et le héron ».
00:09 « Maïto, maman, sauve-moi.
00:15 Maman, j'arrive !
00:19 Mon petit Maïto, maintenant c'est moi qui vais être ta maman.
00:23 Il se passe parfois des choses étranges dans notre manoir.
00:30 Maïto, sauve-moi ! »
00:33 Avant même qu'il ne soit sorti, on a l'impression que tout, tout a été dit sur le nouveau film de l'anti-Disney japonais,
00:40 avec des avant-premières partout en France, pleines à craquer,
00:43 avec des spectateurs de 7 et moins à 77 ans et plus,
00:47 tant il est vrai que le public de Miyazaki englobe un champ générationnel incroyablement large
00:53 et qui n'a rien à voir avec la martingale habituelle du cinéma d'animation estampillé jeunesse.
00:59 Pour un ticket acheté, deux autres billets vendus quasiment de force
01:03 à des parents contraints de bétifier devant des créatures animées qu'ils pensaient ne plus jamais revoir
01:08 depuis la perte de leur acné juvénile.
01:11 Avec « Le garçon et le héron », rien de tel.
01:14 La martingale de Miyazaki n'est pas commerciale, mais artistique.
01:18 Comment parler intelligemment aux plus jeunes comme aux plus âgés ?
01:22 Cela dure depuis des années et finalement, personne n'a vraiment compris comment cela fonctionne aussi bien.
01:28 Vous en connaissez vous, beaucoup Simon, des cinéastes qui se servent d'une citation de Paul Valéry,
01:33 extraite du cimetière marin, pour titrer leur avant-dernier film,
01:37 « Le vent se lève, il faut tenter de vivre »,
01:40 après avoir inventé avec Totoro, Misha, Mipanda, l'un des doudous les plus régressifs au monde.
01:47 Au bout du compte, l'alliance parfaite entre Régis Debray et François Stolto, ce n'était pas gagné d'avance.
01:54 C'est vrai qu'on a envie de lui faire des câlins à Totoro.
01:56 Vraiment rien de neuf alors dans ce nouveau film ?
01:58 D'abord, la marque des grands cinéastes, c'est peut-être de refaire toujours le même film
02:02 et de nous embarquer malgré tout dans leur film.
02:06 De ces motifs répétés et ressassés naissent tout simplement de nouvelles perles et de nouvelles pépites.
02:11 « Le garçon et le héron », avec ses châteaux dans le ciel ou sur terre,
02:15 ses mères déchaînées, ses monstres gentils, ses débonnaires inquiétants
02:19 et ses vieilles nounous aussi édentées que malicieuses, n'échappent pas à la règle.
02:24 Les cinq premières minutes du film, sidérantes de virtuosité plastique et d'émotion qui vous prend à la gorge,
02:30 suffisent à voir qu'on est bien au pays de Miyazaki.
02:33 Le reste suit, comme au temps d'évidence, le deuil, l'adolescence,
02:37 les rites de passage en forme de tunnel symbolique et l'angoisse d'un monde à préserver.
02:42 Sans oublier un fabuleux bestiaire qui prouve que La Fontaine a vu les films de Miyazaki.
02:48 J'emprunte cela au grand Borges qui déclara un jour qu'il était persuadé que Homer avait lu Proust.
02:53 Ici, le héron du titre dont il ne faut surtout rien dévoiler et surtout pas sa duplicité.
02:59 Ou bien encore des perruches qui changeront absolument votre regard sur ce volatile inoffensif.
03:05 Alors, seul petit bémol à mon enthousiasme matinal pour ce nouveau chef-d'œuvre,
03:09 la musique du complice habituel, Joé Isashi, se fait beaucoup plus et trop discrète que d'habitude.
03:15 Alors, pour lancer dignement cette journée Miyazaki sur Inter,
03:19 et aussi pour le plaisir un peu pervers de vous l'enfoncer dans la tête pour la journée entière,
03:24 on se quitte avec la chanson de Totoro, en VO évidemment.
03:28 *Totoro, Totoro*
03:38 Et c'est parti, vous l'avez ! Pas merci, Jean-Pierre Masse !

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