Jean-Baptiste Andrea : "J'ai eu envie d'écrire le genre de livre que je lisais quand j'étais gamin"

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Jean-Baptiste Andrea, auteur de "Veiller sur elle" et finaliste du prix Goncourt 2023, était l'invité du 9h20 de France Inter, mardi 31 octobre.
Transcript
00:00 Bonjour Jean-Baptiste Andréa !
00:01 Bonjour Mathilde !
00:02 Ravi de vous recevoir pour cette première sur Inter !
00:04 Absolument, ravi d'être là, merci de m'inviter !
00:07 On pourrait même dire que vous êtes un jeune romancier quand même !
00:10 À 52 ans, c'est seulement votre quatrième roman !
00:13 Vous qui êtes devenu écrivain à 46 ans, vous avez 6 ans en âge littéraire !
00:18 Absolument !
00:20 Et intérieurement aussi !
00:21 Le double, intérieurement !
00:23 D'après ce que j'ai pu lire, donc vous avez 12 ans !
00:25 Vous voilà finaliste du prix Goncourt dans le carré d'As des derniers auteurs en Lice !
00:29 Réponse dans une semaine, mardi prochain !
00:32 Et vous dormez comment ce moment ?
00:34 Je dors comme un bébé !
00:36 C'est vrai ? C'est quoi votre secret ? Ça m'intéresse !
00:39 J'ai appris très tôt dans ma carrière artistique, parce qu'on est tout le temps en train de gamberger,
00:43 et après de longues, longues nuits blanches, de longs mois, de longues années de nuit blanche,
00:47 qu'il fallait débrancher la nuit.
00:49 Donc j'ai un petit bouton que je débranche.
00:51 Là je l'ai rebranché ce matin pour être à 100%,
00:54 mais voilà, je débranche ce petit bouton qui fait que j'arrive à dormir correctement.
00:59 Alors les auditeurs, retenez bien cette astuce, je débranche le petit bouton intérieur.
01:04 « Veillez sur elle », c'est le titre de ce roman publié aux éditions de l'Iconoclast,
01:08 et dont les lecteurs se refilent le nom depuis la rentrée.
01:11 Un véritable phénomène, vous êtes 7ème des ventes depuis au moins un mois.
01:14 Un roman d'amitié, d'amour, de vengeance, d'apprentissage,
01:17 600 pages de voyage à travers le temps de 1914 à 1986 en Italie,
01:23 et de rebondissements aussi multiples.
01:25 Une grande fresque romanesque, presque comme on n'en fait plus, d'une certaine manière, Jean-Baptiste Andréa.
01:31 Oui, c'est vrai que j'ai eu envie d'écrire un livre,
01:34 le livre que j'ai envie de lire en tant que lecteur,
01:36 le genre de livre que je lisais quand j'étais gamin.
01:39 J'étais obligé de me coucher très tôt, dans mon souvenir, il fallait être relié à 8h, c'était assez strict.
01:43 Et vous lisiez pendant combien de temps ?
01:45 Je lisais comme beaucoup de gens.
01:46 Toute la nuit ?
01:47 Non, non, non, quand même pas, parce que j'ai vraiment besoin de bien dormir.
01:49 J'ai besoin de mes 8h de sommeil, c'est très important, sinon je suis grognon.
01:52 C'est votre côté, j'ai 12 ans.
01:54 Exactement. Mais je lisais une bonne heure sous ma couverture,
01:57 et notamment j'ai lu "Les trois mousquetaires" comme ça.
02:00 De Dumas.
02:01 Voilà, "Impossible de s'arrêter".
02:03 J'ai envie de ce genre de roman, je crois qu'il y a beaucoup de lecteurs,
02:06 c'est presque un secret honteux, les lecteurs me disent "Ah, mais moi j'adore le romanesque".
02:10 Oui, moi aussi, moi aussi.
02:11 Et voilà, j'ai envie de romanesque, en tant que lecteur et en tant qu'auteur aussi.
02:17 Un roman populaire aussi, qui est primé au Goncourt, ce ne sera pas la première fois, mais c'est rare.
02:23 Pierre Lemaitre l'a eu il y a 10 ans avec "Au revoir là-haut".
02:26 Voilà la définition qu'il donnait du roman populaire dans cette matinale.
02:29 On a un petit peu l'impression, dès qu'on est populaire, qu'on doit être démagogique.
02:32 Alors moi, je fais le pari, on peut avoir des romans que j'appellerais "aux fédérateurs",
02:37 dans la mesure où un adolescent peut trouver de l'intérêt à lire un livre,
02:41 et puis celui qui, à la page 430, va voir qu'il y a une petite parodie de Proust, ça va l'amuser.
02:46 Mais en même temps, ça n'exclut aucun lecteur et aucune lectrice. C'est un peu ça l'idée.
02:51 Vous êtes d'accord avec Jean-Baptiste Andréa ?
02:57 Oui, je ne pourrais pas le dire mieux.
03:00 J'ai presque l'impression qu'on a laissé au cinéma la prérogative de raconter des histoires,
03:06 comme s'il y avait quelque chose d'un peu vulgaire dans le fait de raconter une histoire,
03:11 et que forcément, ça excluait la profondeur.
03:15 Et je crois tout à fait qu'on peut être, exactement comme le disait Pierre Allemètre,
03:20 populaire, mais aussi profond, et donner des niveaux de lecture différents à plusieurs générations,
03:26 à plusieurs classes de lecteurs. C'est ça pour moi, un roman tout court.
03:30 Ce que fait d'ailleurs le cinéma américain, de s'adresser à plusieurs niveaux de lecture.
03:34 Vous avez été vous-même scénariste. On y reviendra.
03:37 Dans votre roman "Fédérateur", donc Jean-Baptiste Andréa,
03:40 on suit sur presque 70 ans l'histoire de Michelangelo Vitaliani, alias Mimo,
03:45 un jeune tailleur de pierre, atteint de nanisme, qui va devenir un grand sculpteur,
03:49 un artiste d'État aussi, sous le fascisme de Mussolini,
03:52 et presque un moine, poussé à se dépasser par sa rencontre déterminant
03:56 avec la fille du marquis qui règne sur la région, Viola Orsini,
03:59 une jeune femme époustouflante qui se rêve en Marie Curie, retient tout ce qu'elle lit,
04:04 essaye de s'envoler et de parler avec les morts.
04:07 Comment sont venus ces personnages et ce cadre historique ?
04:11 Le cadre historique, c'est l'Italie et le pays de mes ancêtres.
04:15 Ma grand-mère est arrivée en France très jeune, je ne sais pas exactement à quel âge.
04:19 Et je trouve ça étonnant, parce que ce n'est pas si loin que ça, ma grand-mère.
04:22 Je trouve ça étonnant de ne pas savoir.
04:24 D'ailleurs, dans le livre, il y a des scènes de violence contre les immigrés italiens.
04:29 Exactement, il y a eu des émeutes raciales contre les Italiens à la fin du 19ème siècle.
04:35 Et il y a eu des morts. Ça, on l'a oublié.
04:38 Les Italiens voulaient faire oublier qu'ils étaient Italiens quand ils arrivaient en France.
04:41 J'ai eu envie de réécrire sur ce pays, donc j'ai été coupé.
04:44 On ne m'a pas autorisé à apprendre l'italien à l'école. J'ai dû apprendre l'allemand,
04:47 qui est une belle langue, mais à l'époque, je n'avais pas d'intérêt à l'apprendre.
04:52 J'en aurais plus maintenant.
04:54 Vous avez aussi des origines grecques, tu es un Européen.
04:58 Votre père, c'est les Balears en Espagne. Vous étiez plutôt un Européen du Sud.
05:02 Oui, les Pieds-Noirs. Je suis un gros melting pot de la Méditerranée à moi tout seul.
05:06 J'avais envie de rendre hommage à ce pays qui m'a beaucoup fait fantasmer.
05:09 Je n'ai grandi pas loin de l'Italie, je vis encore pas loin de l'Italie.
05:12 Après, j'ai eu envie d'écrire quelque chose de plus grand que ce que j'avais écrit avant.
05:18 De laisser derrière moi toutes les limites que je m'étais imposées dans 20 ans de cinéma,
05:22 puisque j'étais scénariste et réalisateur.
05:24 Mais que je m'étais aussi paradoxalement imposées sur mes trois premiers romans.
05:28 Il fallait qu'elles soient là, sur mes trois premiers romans.
05:30 Il y avait des limites temporelles, des limites de lieu.
05:32 Mes trois premiers romans étaient des formes de huis clos.
05:34 Là, j'avais envie de briser toutes les frontières.
05:36 Et ce livre part justement de briser toutes les frontières et de héros qui brisent toutes les frontières.
05:40 Alors, on va revenir sur votre parcours qui est extraordinaire, qui est un roman en lui-même, Jean-Baptiste Andréa.
05:45 Mais d'abord, cette situation en Italie, elle est également intéressante,
05:48 puisque vous choisissez celle du fascisme, de la montée du fascisme.
05:51 Et vous dites dans les interviews, à bien des égards, ce que vous relatez en toile de fond et d'actualité brûlante aujourd'hui. En quoi ?
05:58 Oui, je m'apercevais en écrivant que les mécanismes qui ont porté quelqu'un comme Mussolini au pouvoir, par exemple,
06:04 ne sont pas comme on pourrait peut-être l'imaginer, des grands événements dramatiques inévitables.
06:12 Bien sûr, il y a des grands événements dramatiques qui servent de toile de fond.
06:15 Mais ce qui permet à Mussolini d'arriver au pouvoir, c'est une capitulation au quotidien des citoyens sur des toutes petites choses.
06:24 Et je trouve ça à la fois terrifiant, parce que finalement, les drames sont à portée de main,
06:31 mais à la fois encourageant, parce que ça veut dire qu'on peut lutter contre chacun d'entre nous, tous les jours.
06:37 Votre sculpteur d'ailleurs, il devient un peu un collabos sans s'en rendre compte.
06:41 Oui, il a fait certains choix qui ne sont pas forcément toujours les bons, avec des bonnes raisons selon lui pour faire ces choix.
06:48 Alors malgré tout, j'ai quand même pensé à un film en lisant votre livre.
06:51 Crois-moi mon petit oncle, si nous ne nous mêlons pas de cette affaire, ils vont nous fabriquer la République en deux temps trois mouvements.
06:57 Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que nous changions tout.
07:03 Le guépard de Visconti et cette réplique qui est aujourd'hui un peu citée, déformée souvent.
07:09 Il faut que tout change pour que rien ne change.
07:11 Il y a évidemment cet enjeu dans votre livre.
07:13 Jean-Baptiste André a notamment intérêt à le personnage de Viola qui parle d'un monde dangereux.
07:18 Il est dangereux parce qu'il s'effondre sur lui-même.
07:21 Oui, alors d'abord merci parce que "Les guépards" c'est un des livres de ma vie.
07:24 Pas un des films de ma vie, mais vraiment un des livres de ma vie.
07:27 Oui, le monde s'effondre.
07:30 En fait, le monde est une lutte permanente entre l'effondrement sur lui-même et qui est aussi potentiellement une transformation pour devenir meilleur.
07:37 Moi, je suis un incorrigible optimiste.
07:39 Non mais c'est vrai.
07:40 Et c'est là dans tous mes livres.
07:41 Ce sont des livres qui parlent de joie.
07:44 Je trouve qu'on est beaucoup exposé à la peur, beaucoup exposé aux idées d'effondrement.
07:48 Aux guerres, aux changements.
07:50 Mais bien sûr, mais il y en a tout le temps.
07:52 Et en fait, on est exposé que à la peur.
07:54 La peur est là, la noirceur et la violence sont là.
07:57 Mais je crois qu'on a perdu la connexion avec la beauté, avec la joie.
08:01 Et ce livre en particulier, les précédents, mais ce livre en particulier, parle justement de cette joie contre la noirceur, de cette lumière contre la tyrannie.
08:11 C'est vraiment ça le sujet de ce livre.
08:13 Et de cette lumière aussi, de cette joie dont on profite, sachant que la nuit advient.
08:17 Exactement. Sachant que la nuit advient.
08:20 Oui, oui.
08:22 Ce que vous écrivez.
08:23 Je me rappelle bien cette phrase.
08:25 Vous vous souvenez ?
08:26 Je me suis d'ailleurs dit, il n'y a peut-être que moi qui vais la comprendre.
08:28 Merci Mathilde, on est au moins deux.
08:29 On est deux, oui.
08:30 Oui, tout à fait.
08:32 Je crois qu'il faut avoir conscience des deux.
08:34 Et c'est très important de ne pas ignorer la noirceur.
08:37 C'est très important, elle est là dans mes livres.
08:41 Mais c'est très important de ne pas non plus ignorer son contraire.
08:45 C'est aussi un roman féministe, vous autorisez à prononcer le mot, je trouve, à travers le personnage de Viola.
08:50 Mais aussi de la statue, celle qu'on enferme pour la protéger.
08:55 Finalement, c'est une rhétorique qu'on retrouve souvent à l'endroit des femmes.
08:58 Mais je dirais qu'on parle de vous, maintenant.
09:00 Vous êtes donc issu d'une famille de pieds noirs à Cannes.
09:02 Vous avez eu la mention très bien au bac.
09:04 Vous avez fait Sciences Po.
09:06 Vous avez été professionnel de l'écriture.
09:09 C'est moi qui dis ça ?
09:10 Oui.
09:11 C'était quoi cette vie, Jean-Baptiste Andréa, qui n'était pas une vie d'écrivain ?
09:14 Non, j'ai fait un détour par le cinéma qui m'a pris une vingtaine d'années.
09:19 Duquel j'ai beaucoup appris.
09:21 Je ne suis pas dans la position de Fanté, qui est un autre de mes idoles de jeunesse,
09:25 qui lui estimait qu'il se prostituait en écrivant des scénarii.
09:29 Moi, pas du tout.
09:31 Ça a été un désir, ça a été un apprentissage.
09:33 C'était une école, j'ai passé 20 belles années.
09:35 Mais je suis un amoureux des mots.
09:37 Petit, je voulais être écrivain.
09:39 Là, aujourd'hui, je vis le rêve, mon rêve d'enfance.
09:43 Et tous les matins, j'y pense en me réveillant.
09:46 Et j'ai pris ce détour par le cinéma.
09:48 Mais plus j'avançais dans le cinéma, plus les budgets devenaient importants,
09:51 plus je m'éloignais des mots.
09:52 Plus je m'éloignais de ce qui comptait pour moi, plus je m'éloignais de moi.
09:56 Et en 2016, j'ai essayé de tout plaquer pour essayer autre chose,
09:59 de revenir, de me rebaigner dans cette eau qui m'avait soulevé quand j'étais gamin,
10:06 et qui me nettoyait.
10:07 J'ai écrit mon premier roman, "Marraine", paradoxalement pour moi.
10:10 Je ne me suis pas dit que je vais le publier.
10:12 D'ailleurs, ça a été compliqué, votre arrivée dans l'édition.
10:14 Vous essuyez 14 refus, puis vous tombez sur cette maison à l'Iconoclase
10:18 qui va vous dire "Alors, surtout ne montre plus ton manuscrit à personne,
10:21 on va s'occuper de toi".
10:23 Oui, en fait, quand je l'ai rencontré, ils m'ont d'ailleurs dit
10:25 "Est-ce que tu as montré à quelqu'un d'autre ce manuscrit ?"
10:27 J'ai dit "Absolument pas, j'ai 14 ou 15 lettres de refus chez moi".
10:30 Non mais, quand on veut se faire désirer et séduire,
10:32 on ne dit pas "Je viens de me faire plaquer 14 fois".
10:34 C'est vrai, c'est un bon conseil également.
10:36 Beaucoup d'astuces ce matin.
10:38 Après, je ne sais pas si j'ai eu un début plus difficile que d'autres,
10:40 c'est tout à fait normal.
10:42 Il faut quand même se rappeler qu'un éditeur reçoit des milliers de manuscrits chaque année,
10:46 donc c'est un peu difficile de trier.
10:48 Là, c'est vrai qu'à l'Iconoclase, c'était le destin pour moi.
10:52 Sophie de Sivry, on peut la citer à sa mémoire, qui est disparue cet été.
10:56 C'était une très belle rencontre, c'était un coup de foudre entre nous.
10:59 C'était le destin pour moi.
11:01 Ce n'est pas possible que je sois arrivé à ce moment-là par hasard.
11:04 Vous pouvez quand même citer quelqu'un d'autre, c'est votre mère.
11:07 Elle y est pour quelque chose à 46 ans, elle vous dit
11:10 "Il serait temps que tu trouves un vrai boulot, tes diplômes vont finir par ne plus rien valoir".
11:14 Merci, elle doit être en train d'écouter.
11:16 Déjà, j'essayais d'éviter d'être déshérité.
11:18 C'est bien.
11:20 C'est vrai qu'elle m'a dit ça.
11:22 Ça vous a déclenché ?
11:24 J'ai eu toujours cette lutte.
11:27 D'un côté, mes parents ont fait de moi ce que je suis en m'exposant à la littérature, à l'art.
11:32 Tout le temps.
11:34 Mais d'un autre, quand je leur ai dit que c'était ma voie à moi,
11:37 dans une famille où il n'y avait pas d'artistes, ça les a terrifiés.
11:40 Je pense que leur génération était le produit des Trente Glorieuses, d'une ascension sociale.
11:45 Ils rêvaient de nous pousser plus loin dans une ascension sociale traditionnelle.
11:50 Et moi, tout d'un coup, ce n'était pas du tout mon truc.
11:54 Jamais je ne suis rentré dans cette caisse-là.
11:56 Après mes études, je n'ai jamais eu de vrai boulot.
11:59 J'ai écrit tout de suite.
12:01 Donc ça, je pense que c'était terrifiant pour les parents qui veulent que leur enfant ne meure pas sous un pont.
12:06 C'est la grande menace dans ma jeunesse. Tu vas finir sous un pont.
12:08 Oui, bien sûr, je l'ai beaucoup entendu.
12:10 Mais je mesure que c'était évidemment par amour.
12:12 Mais ça n'empêche pas qu'il faut se battre contre ça.
12:15 Comment ils ont réagi d'ailleurs ?
12:17 Ils étaient très fiers.
12:19 Le quatrième roman, vous êtes déjà finaliste du Goncourt.
12:21 20 ans de cinéma ne les a pas convaincus.
12:23 Du fait que j'étais perdu pour les métiers si sérieux.
12:26 Peut-être les films gore aussi, ils n'ont pas aimé.
12:28 Oui, j'en ai fait un.
12:30 Mais non, la littérature, c'est vrai que là, ils se sont dit "c'est bon, il est perdu".
12:34 Et puis quand même, il faut respecter ça.
12:38 Vous parlez de votre goût pour les arts.
12:40 C'est un livre que vous avez sculpté.
12:43 C'est ce geste-là que vous aviez en tête en écrivant ?
12:46 Vraiment, j'y réfléchis beaucoup.
12:49 Quand on fait nos métiers artisiques, il faut réfléchir sur ce qu'on fait.
12:53 Sur comment l'affiner.
12:55 Et pour moi, l'affiner, c'est le simplifier.
12:59 Ce qui peut paraître paradoxal, parce que ce roman est le plus gros de mes romans.
13:03 Mais je sais que c'est un geste simplifié, il est plus fluide.
13:07 Et je réfléchis beaucoup sur le geste.
13:10 Vous reveniez, vous avez recreusé à l'intérieur des phrases.
13:13 Non, justement.
13:15 Moi, mon process d'écriture, c'est l'avance.
13:17 Je prépare toute mon histoire.
13:19 Celui-là, c'est 10 mois de préparation dans ma tête, sur un carnet.
13:23 Je n'écris pas une ligne du roman.
13:25 Et un jour, je me dis "mon histoire est là".
13:27 Je ne peux donc pas réfléchir en écrivant sur où ça va.
13:30 Je me mets devant mon ordinateur et j'écris.
13:33 Ça coule quasiment d'un trait.
13:35 Ce que vous lisez aujourd'hui, c'est à 90% ce que j'ai remis à Sophie à l'époque.
13:39 Il n'y a pas eu beaucoup de travail d'édition, mais vous avez été très bien d'accompagner Jean-Baptiste Andréage.
13:44 Il y a une tradition ici, qui a été instaurée par Léa Salamé.
13:48 Il s'agit des impromptus.
13:50 Des petites questions, vous répondez comme ça vous vient.
13:52 D'abord, que doit Viola à Fantômette, votre héroïne d'enfance ?
13:56 Beaucoup. J'étais un grand fan de Fantômette.
13:58 Je crois que j'ai lu tout Fantômette.
13:59 Et je me dis que c'est marrant parce qu'il y a toujours des femmes fortes dans mes romans.
14:02 Peut-être que ça vient de là ou ça vient du fait que j'étais intéressé par les femmes fortes.
14:06 Vous disiez dans une interview que si vous n'aviez pas pu être écrivain, vous auriez été musicien ou chef d'orchestre.
14:10 Vous en rêvez toujours, Jean-Baptiste Andréage.
14:12 Mais je crois que c'est perdu là.
14:14 Parce que vraiment, je ne lis pas de musique.
14:16 C'est fini.
14:17 D'accord. Vous ne démarrez pas une carrière de musicien dans 5 ans.
14:20 Victor Hugo ou Alexandre Dumas ?
14:22 Alexandre Dumas.
14:23 Michel Ange, bien sûr, ou Fra Angelico ?
14:26 Fra Angelico.
14:27 A quelle dose utilisez-vous le mensonge ?
14:31 A zéro dose.
14:33 Je vous jure que je peux peut-être dans la vie quotidienne balancer, transformer...
14:42 Non mais ce n'est pas vrai parce que j'ai dit que j'avais menti à Sophie de Sivry.
14:45 C'est pour ça qu'on est gêné.
14:49 Je suis maladivement honnête. Je me desserre moi-même.
14:52 Donc j'essaie de ne pas mentir.
14:54 Plus exactement, ce n'est pas quelque chose que j'aime faire.
14:56 Ce n'est pas comme ça que je gère ma vie. Je préfère faire autrement.
14:59 Le moins possible.
15:01 Les anglais disent "white lies", le petit mensonge blanc.
15:04 Votre superstition la plus absurde ?
15:09 Je ne sais pas. J'avais plein de troubles oxygène compulsifs quand j'étais gamin.
15:12 Donc je pense que j'avais beaucoup de petites superstitions du quotidien.
15:15 Pour cette première sur Inter, vous avez fait un vœu, Jean-Baptiste Andréa ?
15:17 Je vais faire un vœu ? J'ai déjà fait.
15:19 C'est fait là ? On ne peut pas savoir ?
15:21 Sinon, il ne se réalisera pas.
15:23 Votre quatrième roman, veillé sur LOS Éditions, "L'Iconoclast" est un des grands succès librairie de cette rentrée littéraire.
15:28 Auréolée déjà du prix FNAC et du prix Féminin des lycéens.
15:31 Nommée dans la dernière liste du Goncourt ou encore pour le grand prix de l'Académie française.
15:36 Je vous souhaite bonne chance.
15:38 Merci.
15:39 Puisque vous êtes maladivement honnête, elle était comment cette première interview sur Inter ?
15:42 J'ai adoré.
15:44 Et j'ai menti en disant que je ne mentais pas.
15:46 Donc franchement, il se passe plein de trucs.
15:48 Merci Jean-Baptiste Andréa.

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