• l’année dernière
Plusieurs centaines de participantes au « Trek Rose Trip », organisé dans le désert marocain fin octobre, ont été victimes de graves déshydratations et de problèmes gastriques violents. Certaines d’entre elles s’organisent pour porter plainte contre le voyagiste après avoir été rapatriées en urgence ou hospitalisées.

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Transcription
00:00 Et à ce moment-là, on se voit mourir.
00:02 Clairement, on se dit "bon ben voilà, c'est la fin, c'est ici".
00:05 Un trek au Maroc a tourné au cauchemar.
00:08 Plus de 800 femmes participaient à partir du 26 octobre
00:11 à une course d'orientation solidaire dans le Sahara au Maroc,
00:14 le trek Rose Trip, organisé par l'entreprise Desert Tour.
00:17 Le but, financer les recherches contre le cancer du sein.
00:20 Mais le trek a viré au désastre.
00:22 Plus de 300 femmes sont tombées rapidement gravement malades.
00:25 Valentina et Sarah étaient coéquipières.
00:27 Elles nous ont raconté le cauchemar qu'elles ont vécu à partir de leur troisième jour sur place.
00:31 On commence le troisième jour et dès le premier kilomètre,
00:33 je sens que ça va être difficile.
00:36 Et je sens vraiment que mes forces me quittent.
00:39 On arrive au premier PC et là, je m'écroule une première fois.
00:42 Je vois d'autres filles qui sont à côté, qui commencent un peu à vomir aussi,
00:46 qui ne sentent pas bien, ça ne va pas.
00:48 Là, c'est ensuite toute une journée avec des arrêts constants dans les dunes
00:51 pour se vider.
00:53 On croise d'autres filles pareil, qui vomissent ou qui sont très mal.
00:56 Et on arrive au camp et à ce moment-là, je tombe
00:59 et c'est Valentina qui s'occupe de la suite.
01:01 Elle tombe, elle tombe devant l'attente médicale.
01:03 Il y avait une dizaine de femmes, j'étais par terre au sol,
01:06 sur le tapis, avec des couvertures de survie,
01:10 en train de vomir dessus,
01:12 en train d'essayer d'aller aux toilettes, bien ou mal,
01:15 mais sauf que les toilettes, c'était trop loin,
01:17 même pas le temps d'aller aux toilettes, tout simplement,
01:19 et s'y pesser dessus.
01:20 On se dit, non, c'est rien, c'est une petite gastro.
01:23 - Insolation. - Dans quelques heures, ça ira mieux.
01:26 On nous disait de ne surtout pas prendre d'antibiotiques,
01:27 alors qu'on avait avec nous.
01:29 - Il est bon, un peu. - Il est bon, ce qu'il nous fallait.
01:32 Au bout de plusieurs jours d'horreur,
01:33 les premières évacuations ont à leur lieu.
01:35 Je leur dis, je me sens vraiment très mal.
01:37 Ils m'ont dit, non, mais vous, vous allez reprendre le chemin.
01:41 Et on me met des smectadans à la main, une couche dans l'autre,
01:44 en me disant, mais tout va bien se passer.
01:46 Je m'effondre parce que je leur ai dit,
01:48 je n'arrive pas à marcher un mètre.
01:49 Je veux être évacuée, il faut que je sois évacuée.
01:52 Et le temps passe, je me sens sombrer.
01:54 Je sens que ça va de plus en plus mal.
01:56 J'essaie d'appeler à l'aide en m'entendant pas.
01:58 Quand il y a quelqu'un qui passe à côté de moi, on me dit,
02:00 mais il y a des cas plus graves que vous, madame,
02:02 ne pas s'occuper de vous.
02:03 Je pleure parce que je me fais dessus,
02:05 je pars supplier quelqu'un qui passe à côté de moi de m'aider.
02:07 Et cette personne se rend compte que vraiment,
02:09 je commence à être dans un état plus grave que ce qu'elle pensait.
02:12 Le médecin vient et il me dit, bon, elle est en état de choc.
02:14 En gros, la phase avant le coma.
02:16 Mon cœur s'accélère, je n'ai plus le pouls perceptible.
02:20 J'ai la tension à 7.
02:23 Mon corps se met à trembler entièrement.
02:26 Je me vomis dessus, je me fais dessus.
02:28 Je commence à avoir du mal à savoir si c'est la réalité ou pas.
02:30 Je vois Valentina qui est dans sa couche à côté, qui déborde.
02:34 Je me dis que ce n'est pas possible, ce n'est pas vrai.
02:38 Et là, j'entends, il nous faut un hélico.
02:41 Et je réalise que c'est pour moi, en fait.
02:43 Et que les autorités leur disent, mais il n'y a pas de hélico ici.
02:46 Et à ce moment-là, on se voit mourir.
02:49 Clairement, on se dit, bon, ben voilà, c'est la fin, c'est ici.
02:52 Mon dernier souvenir, c'est d'être dans l'ambulance
02:54 et d'arriver dans une chambre avec un docteur
03:00 qui était assis, il y a un gynécologue qui me serrait très fort la main
03:03 et qui me disait, reste là, reste là, reste là.
03:06 J'étais bourrée, j'étais morte.
03:08 J'étais presque morte.
03:09 Alors, c'est trois jours d'hôpital,
03:12 trois jours où on a été remonté par une équipe incroyable
03:16 qui n'a pas compris non plus...
03:20 - Le pourquoi. - Le pourquoi, pourquoi.
03:21 On n'avait pas été évacués plus tôt, pourquoi on est arrivés dans cet état-là ?
03:25 Et l'hygiène du camp est clairement mise en cause.
03:27 C'est une infection avec une bactérie qui s'appelle Shigella.
03:30 C'est une antérobactérie qui, en gros, est responsable de la dysenterie
03:35 et qui fait des milliers de morts chaque année en Afrique.
03:37 On a, en gros, une fosse à caca, on ne peut pas appeler ça autrement
03:40 parce que ce n'est même pas une fosse septique,
03:41 c'est une fosse à ciel ouvert
03:42 où sont déversés tous les excréments de toutes les filles.
03:46 Cette fosse se trouve juste à côté des cuisines.
03:49 Donc imaginez une fosse à ciel ouvert avec des milliers de mouches
03:52 qui vont d'un plat à un autre, d'une bouche à une autre
03:54 et qui nous collent toute la journée.
03:57 Le dessin est assez rapide à se faire.
04:00 Contrairement aux avis unanimes des participantes,
04:02 l'organisateur Desertour évoque de son côté une origine virale
04:06 et dit coopérer pleinement pour déterminer la nature,
04:09 l'origine de l'épidémie ainsi que la façon dont elle s'est propagée.

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