Xavier est boucher. Il a repris la boutique familiale et pourtant ne souhaite pas la même chose pour sa fille. "C'est un métier dur, on se coupe, on porte des charges lourdes... je ne sais pas si je reprendrais une boucherie aujourd'hui".
La période d'inflation actuelle n''aide pas, certains mois il n'arrive pas à se payer. Heureusement, ses clients et ses employés lui rappellent pourquoi il a choisi ce métier.
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00:00 11 kilos d'oignons.
00:01 Là, vous allez pleurer, les gars.
00:02 C'est une vie, ouais.
00:03 Je ne sais pas si je reprendrai une bouche qu'aujourd'hui.
00:05 Je ne sais pas.
00:05 Je gagnais mieux de la vie quand j'ai commencé.
00:07 Ça, c'est clair.
00:08 Pour pouvoir payer tout le monde,
00:10 il y a des mois où je ne me fais pas de salade.
00:11 Les gens ont du mal à payer les fins de mois, ouais.
00:13 Ah ouais ?
00:14 Et ça se ressent sur la consommation.
00:15 Bonjour.
00:20 Là, on va à Rungis
00:24 pour faire les achats
00:25 au début de semaine.
00:29 Je suis venu au minimum deux fois par semaine.
00:31 Ça y est, les gars.
00:34 Blouse blanche obligatoire.
00:36 Je m'appelle Xavier.
00:40 Je suis bouché depuis 87.
00:41 Je suis marié, j'ai une fille.
00:43 J'ai 52 ans.
00:44 On va aller du côté de la volaille
00:47 et de la triperie,
00:49 ainsi que le porc.
00:50 Ça va ?
00:51 Tu vas bien ?
00:52 Ça va et toi ?
00:52 Ouais.
00:53 Oh, c'est le bordel.
00:55 T'es déjà débordé.
00:57 Ça va, toi ?
00:58 Ouais.
00:59 Avant, il y avait plus d'ambiance comme ça.
01:01 Maintenant,
01:03 tout le monde fait plus de moi la gueule.
01:05 Avant, ça formait plus que ça.
01:08 Bon, les gars.
01:12 On va finir à Rungis.
01:13 On va à la boutique
01:14 faire la mise en place.
01:15 C'est reparti.
01:19 Blouse, veste, tablier.
01:21 J'ai commencé par faire les carreaux.
01:23 Je suis bouché depuis 1987.
01:25 Mes parents ont acheté la boucherie en 1976.
01:28 Et je l'ai repris en 2008.
01:30 C'est un métier dangereux.
01:31 Il y a un problème qui peut arriver,
01:32 c'est les coupures.
01:33 Je suis désolé, c'est le majeur,
01:35 mais je n'ai pas vu un couteau en dessous d'un autre.
01:37 Et puis, je me suis coupé.
01:39 C'est ma faute.
01:39 Chez nous, ça n'arrive pas souvent.
01:41 On fait attention,
01:42 on n'est pas stressé.
01:43 Est-ce que tu te coupes quand tu es stressé ?
01:45 Mon père aussi s'est coupé la cuisse.
01:47 Il a eu une nuit à l'hôpital.
01:48 Et puis, ça s'est remis.
01:51 Ça faisait 15 jours qu'il avait pris la boutique.
01:53 Il est retourné bosser à la suite.
01:55 On est dans un milieu aussi glissant.
01:57 Par terre, c'est toujours gras.
01:58 Ça nous arrive de tomber aussi.
02:00 On a quand même des poids à soulever.
02:02 Le plus lourd que j'ai soulevé, c'est 80 kg.
02:04 Je me faisais mal au dos.
02:05 Maintenant, on a un trouille, on essaie de faire attention.
02:08 Si tu ne veux pas porter,
02:09 si tu ne veux pas faire ce métier-là.
02:11 Je n'ai personne derrière pour reprendre le relais.
02:19 Je ferais que je vende.
02:20 Ma fille, elle ne fera pas la boucherie.
02:21 Je ne la forcerai pas à faire ce métier-là.
02:23 Depuis le Covid, on a mis des vitres.
02:25 En plus, ça évite que des grands passent la main
02:29 et viennent toucher à rien.
02:30 Moi, j'en ai vu.
02:31 Tu regardes les matchs.
02:38 Moi, j'ai l'impression qu'ils étaient payés
02:40 par les Sud-Africains pour perdre.
02:42 Maintenant, je ne regarde plus.
02:43 C'est la France qui m'intéresse.
02:45 Tu prends le boucher, même les roses vives,
02:47 ça ne t'intéresse pas ?
02:48 Pas cela.
02:49 Il est 7 heures.
02:50 Puis dans une heure, c'est l'ouverture.
02:52 Là, je prépare mon boudin.
02:53 Il faut 11 kilos d'oignons.
02:55 C'est une recette de mon grand-père.
02:57 Là, vous allez pleurer.
02:58 Une journée, je commence à 5 heures.
03:04 Puis, je termine le soir à 7 heures et demie
03:08 avec une coupure de 2 heures et demie l'après-midi.
03:10 Je ne travaille pas le lundi.
03:11 Sinon, je travaille tous les jours.
03:12 Lundi, j'ai toujours 2-3 courses à faire,
03:14 2-3 petits trucs à faire.
03:15 Moi, je travaille 65-70 heures par semaine.
03:19 J'ai toujours fait ça.
03:21 Mon métier, je ne sais pas si c'est un métier d'avenir ou pas,
03:25 à l'heure actuelle.
03:26 Je ne sais pas ce que ça va donner.
03:27 On vend moins de viande.
03:28 Par contre, on vend plus d'à côté,
03:30 un peu plus de près-l'appareil.
03:32 Le métier change.
03:33 Je ne sais pas si je reprendrai une boucherie aujourd'hui.
03:35 Je ne sais pas.
03:36 J'ai gagné mieux de la vie quand j'ai commencé,
03:38 ça, c'est clair.
03:39 Pour pouvoir payer tout le monde,
03:40 il y a des mois où je ne me fais pas de salaire.
03:42 Et les deux mois où je me fais 1 000 euros de salaire,
03:44 ce n'est pas tous les mois,
03:45 mais bon, les prix ont augmenté à l'achat,
03:47 mais je ne peux pas répercuter sur le prix de vente.
03:49 Sinon, les clients ne viennent plus et je n'aurai plus personne.
03:51 Les gens ont du mal à payer les fins de mois.
03:53 Et ça se ressent sur la consommation.
03:55 Quand tu payes l'essence à presque 2 euros le litre,
03:58 c'est ce que tu dépenses en moins dans le commerce derrière.
04:00 Je suis à mon compte.
04:01 Ce qui manque, c'est une couverture en cas où,
04:03 si on se plante, on n'a pas le droit de chômage.
04:05 Je suis obligé de prendre une assurance pour me couvrir.
04:07 Si je me blesse ou que je suis malade,
04:10 j'ai une assurance pour me payer des indemnités
04:13 pour pouvoir embaucher quelqu'un.
04:14 Je paye beaucoup de charges,
04:15 mais je ne suis pas assez protégé.
04:17 Ça pourrait être inclus dans les charges,
04:19 pour avoir le droit au chômage.
04:20 Ma femme est conjointe collaboratrice.
04:22 On est deux, on est à la rue.
04:23 Macron avait dit qu'il ferait pour qu'on ait le droit au chômage,
04:26 et on ne l'a pas.
04:27 Nous, les artisans, je ne suis pas depuis ça.
04:29 Les boulangers, c'est pareil,
04:31 mais bon, ça ira mieux dans quelques années, quelques temps.
04:34 Avec mes gars et mes clients, c'est super sympa.
04:42 On s'est connus depuis tout.
04:43 On a 15 ans, on s'est connus.
04:45 Mais ça, ça n'a pas de prix.
04:47 Il est 8h, donc on va ouvrir,
04:49 et les premiers clients vont arriver.
04:51 J'espère qu'on va avoir pas mal de clients aujourd'hui.
04:53 Bonjour !
04:54 Ça va ?
04:55 J'aurais besoin de brillettes de porc et de pâté de poisson.
05:00 [Musique]
05:10 [SILENCE]