SMART TECH - Emission du lundi 6 novembre

  • l’année dernière
Lundi 6 novembre 2023, SMART TECH reçoit Delphine Jamet (conseillère métropolitaine déléguée au numérique, Bordeaux métropole) , Claire Lecocq (directrice adjointe, EPITA) , Théo Hoffenberg (fondateur, Reverso) et Anthony Pansard (analyste scientifique, Bioxegy)

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Transcription
00:00 ...
00:07 -Bonjour à tous.
00:08 A l'évidence, depuis l'arrivée de Chad GPT,
00:11 les élèves se sont emparés de l'IA.
00:13 Mais cette IA a-t-elle fait sa rentrée à l'école ?
00:16 C'est ce que nous verrons en répondant
00:18 à certaines de vos questions et à d'autres avec des experts.
00:21 On verra à quoi peut bien servir l'IA à l'école,
00:24 comment ça va bouleverser les apprentissages demain.
00:27 Ce sera notre grand sujet à la une.
00:29 On parlera aussi biomimétisme tout à l'heure,
00:32 avec cette découverte, le lien entre le ton
00:35 et la thermorégulation, une thermorégulation
00:38 bio-inspirée.
00:39 Je propose qu'on commence avec notre séquence
00:41 "Trois questions A"
00:43 autour des politiques publiques locales et du numérique.
00:46 C'est dans Smartech.
00:48 ...
00:50 -Bismart.
00:51 -Trois questions à Delphine Jamais.
00:53 Bonjour. Vous êtes connectée à distance avec nous.
00:56 Vous êtes adjointe au maire de Bordeaux,
00:58 en charge de l'administration générale,
01:00 de l'évaluation des politiques publiques
01:03 et de la stratégie de la donnée,
01:04 et conseillère déléguée au numérique de Bordeaux.
01:07 J'avais une 1re question pour vous.
01:09 En quoi consiste l'établissement de politiques publiques
01:13 liées au numérique,
01:14 dans une ville, dans une métropole ?
01:16 -Aujourd'hui, on a plusieurs sujets liés au numérique.
01:19 C'est un sujet très transversal
01:21 dans une administration publique, déjà.
01:23 On a la question de l'accès au numérique
01:26 pour tous nos personnels administratifs
01:28 qui utilisent quotidiennement le numérique.
01:31 C'est un des premiers accès.
01:32 Ensuite, on a un accès de développement des réseaux,
01:36 donc la fibre,
01:38 pour que tout le monde soit fibré sur la métropole.
01:41 Nous avons aussi les questions de service public numérique,
01:45 c'est-à-dire quand on dématérialise un service public
01:48 qui, aujourd'hui, était papier.
01:49 C'est un service rendu au public de façon dématérialisée.
01:53 On a tout cela.
01:54 Et on a aussi un côté lié au développement économique,
01:57 donc d'accompagnement des filières du numérique
02:00 sur le développement économique sur le territoire.
02:02 -Bordeaux Métropole a accueilli, il n'y a pas longtemps,
02:06 en octobre, l'événement Digital Society Digital Cities,
02:09 qui a rassemblé 26 villes.
02:10 Vous avez révélé les résultats de l'observatoire métropolitain
02:14 pour identifier quels étaient les facteurs
02:17 d'inégalité numérique.
02:18 On ne va pas adresser tous les enseignements,
02:21 mais on va parler des principaux,
02:23 ceux qui vous ont peut-être surpris.
02:25 -On va commencer quand même par ce qui n'a pas forcément surpris,
02:29 si vous me permettez,
02:30 parce que c'était important d'avoir un instanté,
02:33 la réalité des fractures et des inégalités numériques
02:36 sur notre territoire.
02:37 On a 18 % de la population qui est vraiment
02:40 en très grande difficulté avec le numérique.
02:42 C'était important aussi qu'on ait ce marqueur territorial,
02:46 puisqu'on avait jusque-là que des données nationales
02:49 ou potentiellement régionales,
02:51 mais pas vraiment territorialisées comme cela.
02:54 Notre observatoire, c'est 5 000 répondants.
02:56 On a adressé 40 questions par téléphone
02:59 à plus de 5 000 personnes.
03:01 Donc, il se veut un observatoire vraiment très concret
03:04 et, pour le coup, très juste.
03:06 Quand on fait des sondages, généralement, c'est 1 000 personnes.
03:10 Là, on a interrogé 5 000 personnes
03:12 pour pouvoir avoir une représentativité
03:14 sur l'ensemble des communes
03:16 et pouvoir affiner nos résultats par commune.
03:19 C'est déjà, en termes de méthodologie,
03:21 c'était important à préciser.
03:23 Ce qui ressort et qui est assez étonnant,
03:25 c'est qu'on a aujourd'hui 75 % des répondants
03:29 qui ont dit qu'ils étaient des aidants numériques.
03:32 Ils ont été amenés à aider quelqu'un
03:35 à faire une démarche en ligne ou à utiliser Internet, etc.
03:39 C'est un chiffre particulièrement important.
03:41 Un autre chiffre important pour nous de savoir,
03:44 c'était la connaissance de nos concitoyens et concitoyennes
03:48 des lieux d'aide à l'usage du numérique sur notre territoire.
03:51 Là, on voit qu'on a 50 % des personnes qui connaissent ces lieux
03:55 et qu'il y a 20 % des personnes qui ont passé une porte.
03:57 Donc, ça, voilà, grosso modo,
04:00 un peu les grands enseignements qu'on a pu avoir.
04:03 Par contre, ce qui montre aussi, c'est que, finalement,
04:06 la connectivité ou l'accès au matériel
04:09 est, dans une moindre mesure, une grosse fracture,
04:12 puisqu'aujourd'hui, on a à peu près 2,7 % des métropolitains
04:16 qui n'ont pas de matériel informatique.
04:18 -La fracture se situe plutôt dans l'accompagnement
04:21 vers les usages, l'accès au service public via le numérique.
04:25 Quelles sont les actions mises en place
04:27 à la suite de ces données que vous avez collectées ?
04:30 -Les données ont été collectées en juin-juillet,
04:33 donc, du printemps dernier, début d'été dernier.
04:38 Par contre, on avait déjà mis en place des actions
04:40 depuis quelques années, parce qu'on avait ce ressenti.
04:44 Donc, là, aujourd'hui, cet observatoire est venu,
04:46 finalement, un peu en retard par rapport aux besoins
04:49 et ressentis qu'on pouvait avoir,
04:51 mais on avait besoin de travailler avant,
04:53 parce qu'il y avait une urgence qui nous avait été alertée,
04:56 notamment par les citoyens, mais aussi les travailleurs sociaux,
05:00 les acteurs associatifs du territoire sur ces sujets-là.
05:03 Donc, on avait déjà mis en place des actions.
05:06 Donc, on a, comme tout en France, d'ailleurs,
05:09 des conseillers France Service,
05:11 mais, par exemple, dans les bibliothèques,
05:13 il y avait déjà des médiateurs numériques
05:15 qui accompagnaient les gens sur leur usage et l'apprentissage.
05:19 Donc, ça, c'était quelque chose qui est fait
05:21 dans beaucoup de bibliothèques du territoire.
05:24 On a des lieux, aussi, à Bordeaux-Métro-de-Pôle,
05:27 on a un lieu qui s'appelle Césame,
05:29 qui est en charge, en fait, de former les travailleurs sociaux
05:32 pour accompagner au mieux les personnes
05:34 qui viennent faire une démarche.
05:36 Aujourd'hui, on a les travailleurs sociaux
05:38 qui sont formés sur le travail social normal,
05:41 donc, la dématérialisation.
05:43 Il faut accompagner ces travailleurs sociaux
05:45 pour mieux accompagner les bénéficiaires.
05:47 Et on a aussi toute une pôle politique
05:50 de mise en place de subventions pour les associations
05:53 qui travaillent sur ces sujets-là.
05:55 -On n'a plus beaucoup de temps.
05:56 Je voulais quand même qu'on dise aussi
05:59 que vous avez élaboré une feuille de route
06:01 sur le numérique responsable,
06:03 parce que c'est une préoccupation qui monte, j'imagine.
06:06 -C'est une préoccupation qui monte.
06:08 Moi, je suis élu écologiste,
06:10 c'est une préoccupation que j'avais depuis très longtemps.
06:13 Depuis 2020, on a commencé à travailler sur ce sujet-là.
06:16 Avec la loi Rennes, qui est arrivée en 2021
06:18 et qui impose de poser une politique stratégie
06:21 numérique responsable au 1er janvier 2025,
06:24 ça a permis de structurer un peu plus
06:26 ce qu'on souhaitait faire déjà au sein de la Bordeaux-Métropole.
06:29 On l'a votée fin septembre,
06:31 et cette stratégie tourne autour de cet axe,
06:33 et on la prend à 360 degrés,
06:35 parce que le numérique responsable,
06:38 ce n'est pas que l'impact carbone du numérique,
06:40 c'est aussi l'impact environnemental,
06:42 je fais la différence entre les deux,
06:44 parce que c'est important,
06:46 et c'est aussi l'impact sociétal que le numérique engendre.
06:49 On doit travailler sur tous ces sujets-là.
06:52 -Merci, Delphine Jamais. La moitié des sondées
06:54 a commencé à modifier ses habitudes
06:56 pour un numérique plus responsable.
06:58 Delphine Jamais, vous êtes conseillère métropolitaine
07:01 déléguée au numérique de Bordeaux-Métropole.
07:04 C'est l'heure, on va s'intéresser à l'école
07:07 et à l'intelligence artificielle qui s'y invite.
07:09 L'intelligence artificielle à l'école,
07:15 un grand mot, mais des élèves utilisent déjà ces outils,
07:18 sur leur smartphone ou à travers le chat GPT,
07:21 et puis il y a l'UNESCO qui a élaboré un guide
07:23 à l'attention des décideurs de l'éducation
07:26 pour aider les professionnels à se préparer
07:28 à cette intelligence artificielle qui arrive,
07:31 autant sur les opportunités que sur les défis
07:33 et les compétences de base requises.
07:36 On va parler de ce sujet et répondre aux questions
07:38 des téléspectateurs avec Claire Lecoq,
07:40 directrice adjointe de l'EPITA,
07:42 grande école d'ingénieurs qui forme des computer scientists.
07:46 Je dirais un chiffre sur l'EPITA,
07:49 enfin, deux, cinq campus en France et...
07:52 -Cinq villes.
07:54 -Cinq villes et 8500 diplômés
07:57 dans plus de 2000 entreprises.
07:59 Avec vous, Théo Offenberg, qui est le PDG,
08:03 fondateur de Reverso, un service numérique
08:05 qui propose la traduction des dictionnaires,
08:08 des aides grammaticales, l'apprentissage des langues,
08:11 des correcteurs.
08:12 En chiffre, si je donne un chiffre,
08:14 c'est 65 millions, plus de 65 millions d'utilisateurs actifs
08:17 par mois.
08:18 Une première question pour tous les deux.
08:21 Est-ce que vous êtes plutôt dans le clan des inquiets,
08:24 des enthousiastes, des sceptiques ?
08:26 Vous dites quoi ? Vous dites oui à l'IA à l'école ?
08:29 -Moi, je suis dans le clan des... -Théo.
08:31 -Je suis dans le clan des optimistes.
08:34 Je pense qu'aujourd'hui, l'IA aide les gens à s'exprimer mieux,
08:39 fait réfléchir, fait réfléchir sur ce que c'est que l'intelligence,
08:43 permet de dialoguer, permet, lorsqu'on n'a pas de professeur
08:47 sous la main, aussi, de pouvoir poser des questions,
08:50 de pouvoir se poser des questions.
08:52 -Claire, dans quel camp ? -Toujours optimiste, évidemment.
08:56 En plus, c'est pas une question. C'est une évidence.
08:59 -Il y a pas de cours ou de congés à l'école.
09:01 C'est un état de fait. Il faut s'en emparer
09:04 et le mettre au service de l'éducation.
09:06 -On va répondre à cette 1re question, posée par David.
09:09 Quel est l'intérêt principal de l'IA à l'école ?
09:12 -Alors, moi, j'aime bien revenir sur les fondamentaux,
09:17 parce que ce genre de débat, on l'a eu quand il y a eu Google,
09:21 mais on l'a eu quand il y a eu l'imprimerie,
09:23 en disant "qu'est-ce qu'on va faire de l'enseignement ?"
09:26 On va se repositionner sur les choses intéressantes
09:29 dans les processus d'apprentissage.
09:31 On peut se servir d'outils pour essayer de ne pas avoir
09:34 un discours dans le vide, mais si on regarde la taxonomie de Bloom,
09:38 qui définit les niveaux d'apprentissage,
09:40 les 3 premiers niveaux ne sont pas intéressants.
09:43 C'est pas ça qui fonde le "high value", "high performance".
09:47 C'est pas pour ça qu'on rémunère les personnes en poste
09:50 dans les sociétés. Mémoriser, répéter à peu près correctement,
09:53 appliquer alors qu'on vient de donner le théorème,
09:56 c'est pas ça qu'on demande.
09:58 C'est les 3 niveaux d'après,
10:00 dans la taxonomie de Bloom, qui sont intéressants,
10:03 qui sont "est-ce que je sais évaluer, faire une synthèse,
10:06 "est-ce que je sais innover, contribuer, créer ?"
10:09 -En quoi l'intelligence artificielle va nous aider ?
10:12 -En fait, l'IA, c'est un meilleur perroquet qu'avant.
10:16 C'est un meilleur perroquet que Google.
10:19 C'est quelque chose qui peut faciliter
10:22 la production de premiers éléments
10:24 pour pouvoir travailler.
10:26 Mais, comme vous le disiez un peu en introduction,
10:30 l'intelligence artificielle n'est pas intelligente.
10:33 Et ça va nous demander, et tant mieux,
10:36 de nous repositionner de manière encore plus forte
10:39 sur ces 3 derniers niveaux de la taxonomie de Bloom.
10:42 -Donc, ça va permettre de repenser l'école,
10:45 repenser les apprentissages.
10:48 Mais à quoi ça peut bien servir, très concrètement, à l'école ?
10:51 -Un exemple très concret. Vous devez écrire.
10:54 Vous avez les premières idées qui vous viennent.
10:57 Vous écrivez le texte.
10:58 Vous dites que vous voulez vous exprimer de façon plus claire.
11:02 L'intelligence artificielle va vous permettre
11:05 d'avoir des alternatives qui vont arriver.
11:07 Vous allez devoir les choisir.
11:09 Au lieu de rester bloqué sur votre feuille de papier
11:12 en disant "je ne sais pas quel mot utiliser",
11:15 on va vous donner des alternatives, mais c'est à vous de choisir.
11:18 -Et l'IA peut déjà faciliter le métier de beaucoup de gens.
11:22 Alors, attention, parce que là,
11:25 je voudrais qu'on reste sur l'IA à l'école.
11:27 Il y a comme outil d'apprentissage que ça peut changer.
11:31 -Mais du coup, le métier du prof,
11:33 est-ce que c'est vraiment de générer des QCM
11:36 ou est-ce que c'est de penser le fond des apprentissages ?
11:39 Est-ce que si on lui facilitait la vie,
11:42 on lui donne des QCM et, en expertise,
11:44 il choisit les bonnes questions, les bons niveaux de questions,
11:48 on ne va pas lui faire gagner du temps au service de quoi ?
11:51 Au service de la relation avec l'élève.
11:54 -Du côté de l'enseignant.
11:56 Je disais en introduction, ça y est, les élèves,
11:59 ils ont déjà touché à l'IA, ils s'en servent régulièrement.
12:02 C'est ce que nous donnent les chiffres.
12:04 Mais l'école a intégré l'IA ?
12:06 A l'Épita, vous utilisez l'IA déjà.
12:08 -Absolument, on utilise l'IA...
12:10 Alors, on utilise l'IA pour générer des QCM.
12:14 On prend des positions.
12:15 Je ne dis pas que 100 % des enseignants
12:18 du corps professoral utilisent l'IA,
12:20 parce que, encore une fois, tout ça, c'est pas magique.
12:24 On peut pas accompagner les personnels dans leur métier.
12:28 Ca s'improvise pas, de maîtriser l'IA.
12:31 Donc, on a pris des marques sur comment on génère des QCM,
12:34 comment est-ce qu'on arrive à utiliser des outils d'IA
12:38 pour détecter les formes d'apprentissage,
12:40 personnaliser les parcours individualisés
12:43 pour sortir de ces enseignements de masse.
12:45 On prend des marques aussi sur le...
12:48 Parce qu'en fait, ce qui est super intéressant avec l'IA,
12:52 c'est de créer les collectifs.
12:54 L'apprentissage, c'est quand même un acte social.
12:56 On peut enrichir avec...
12:59 "Tiens, toi, t'es en train de faire ça,
13:02 "et tu apprends comme telle autre personne
13:04 "ou de manière complémentaire à telle autre personne."
13:07 On peut se servir de l'IA pour créer ces collectifs.
13:10 On prend des marques sur quelque chose
13:12 qui est un peu plus particulier,
13:14 parce qu'on est aussi questionnés sur...
13:18 Est-ce que l'IA va remplacer les développeurs ?
13:20 Est-ce que l'IA est capable de gérer...
13:23 -De former les futurs développeurs ? -Au-delà du texte.
13:26 Et la réponse est, encore une fois, évidemment, non.
13:29 Parce que les codes sont placés dans des systèmes complexes.
13:33 Avant de générer du code,
13:35 qui est approprié, c'est très compliqué.
13:37 -Je voulais interroger aussi Théo,
13:40 parce que votre outil, c'est un peu comme l'IA.
13:43 On pourrait dire que c'est dangereux de s'en servir à l'école,
13:46 car ça va modifier la manière dont les élèves apprennent.
13:49 -Ca, c'est une fausse idée
13:52 de la langue, qui est absolument répandue.
13:54 -Vous le provoquez volontairement.
13:56 -A partir du moment où on a un outil qui traduit,
13:59 il n'y a plus besoin d'apprendre les langues.
14:01 D'apprendre les langues, ça permet de développer
14:04 ses compétences et l'interaction avec d'autres.
14:07 Ca permet d'avoir une autre façon de penser.
14:09 Dans chacune des langues, c'est d'autres structures grammaticales.
14:13 Ca permet aussi de développer ses compétences.
14:16 On veut garder une acuité intellectuelle,
14:19 on veut garder une agilité, etc.,
14:21 et développer ses connaissances en langue,
14:24 ça fait partie de ça.
14:25 Par exemple, une des applications concrètes de l'IA,
14:28 c'est que vous voulez apprendre du vocabulaire spécialisé
14:32 dans un domaine.
14:33 Vous dites que vous allez dans un pays,
14:35 et que grâce à l'IA,
14:36 on peut vous faire votre liste de vocabulaire personnalisé
14:39 et vous donner des exemples qui vont être dans le domaine
14:43 qui vous intéresse.
14:44 Avant, vous aviez des listes toutes faites.
14:46 Il y a plein d'outils comme ça
14:48 sur lesquels vous allez apprendre,
14:50 mais vous allez être bloqué.
14:52 Quand vous voulez choisir un domaine personnalisé,
14:55 vous pouvez le faire avec des outils d'IA.
14:57 -La question de Stéphanie nous demande
15:00 l'apprentissage personnalisé qu'on nous vend avec l'IA,
15:04 est-ce que vous y croyez vraiment ?
15:06 Cléa ?
15:07 -Encore une fois, heureusement, oui.
15:10 Parce que...
15:12 Dans une grande école d'ingénieurs comme la mienne,
15:15 j'ai des promos de 700 élèves.
15:18 Comment je fais pour savoir que tel élève est en difficulté
15:22 ou qu'il a besoin de soutien sur telle situation ?
15:27 Je ne sais pas, je ne peux pas.
15:29 Heureusement que l'IA va pouvoir m'aider
15:33 à consolider des situations.
15:36 Et une fois qu'on a des corpus de ressources pédagogiques
15:41 extrêmement riches,
15:43 on entend bien les élèves de plus en plus,
15:45 ils ont raison.
15:46 Ils disent "oui, mais pourquoi vous me proposez
15:49 "ce menu unique pour moi ? C'est pas ce que j'aime.
15:52 "Je suis vegan, etc."
15:54 "Proposer quelque chose qui est adapté à mes envies,
15:58 "à mes connaissances."
15:59 Et effectivement, c'est pas la peine de redéployer
16:02 des séries d'exercices sur des choses qu'ils maîtrisent
16:05 parce que c'est le menu unique.
16:07 On peut leur simplifier la vie,
16:09 projeter les exemples sur des domaines qui les intéressent,
16:12 se mettre dans leur mode d'apprentissage
16:15 et aller plus loin.
16:16 On peut avoir des capteurs autour des personnes.
16:19 On en a plein, nos téléphones.
16:21 Il est dans le métro, il fait nuit, il y a pas de bruit,
16:24 le téléphone sonne.
16:25 C'est incroyable, tout ce qu'on peut faire
16:29 pour donner la bonne ressource au bon moment
16:33 et augmenter la motivation
16:35 et l'efficacité de l'apprentissage.
16:39 -C'est bien.
16:40 -Oui, et puis, ça peut aider à...
16:42 -Un autre exemple.
16:43 -C'est pour rattraper certains élèves
16:46 qui se sentent parfois perdus au fond de la classe.
16:49 -Prenons un exemple.
16:50 Regardez des films en VO.
16:52 Si vous n'avez aucun outil, vous allez regarder le film
16:55 et au bout d'un moment, vous allez dire
16:57 "Je vais écouter, je vais changer, je vais écouter en VF",
17:01 comme le font beaucoup.
17:02 Aujourd'hui, si vous écoutez sur votre ordinateur,
17:06 vous pouvez utiliser nos outils, traduire les sous-titres
17:09 et, quand vous en avez un, avoir le sous-titre
17:11 dans le contexte du film.
17:13 Vous pouvez développer votre canal de vocabulaire avec des films.
17:16 C'est plus intéressant que d'apprendre sur un petit cahier.
17:20 -C'est plus interactif.
17:21 C'est moi qui ai la main sur ce dont j'ai besoin.
17:24 -Et sur des activités qui vous intéressent.
17:27 Et l'autre exemple, pour rebondir sur ce qui vient d'être dit,
17:32 c'est que vous avez votre téléphone portable
17:34 et, au lieu de faire des petits jeux idiots,
17:37 de faire du Candy Crush, vous avez votre liste de vocabulaire
17:40 et vous faites des petits jeux pour retenir les nouveaux mots.
17:44 C'est une façon d'utiliser ces outils,
17:46 d'avoir quelque chose d'un peu ludique
17:48 et dans lesquels vous développez votre compétence
17:51 en même temps avec des choses plutôt sympathiques.
17:54 -Vous êtes très optimiste,
17:56 mais des téléspectateurs s'inquiètent,
17:58 notamment Aurélie, qui nous dit, et je pense que ça fait référence,
18:01 vous citez Candy Crush,
18:03 à l'enfant devant l'écran de plus en plus longtemps
18:07 dans sa journée.
18:08 Est-ce que c'est pas un peu tôt
18:10 pour mettre l'IA entre les mains des enfants à l'école ?
18:13 -Moi, je suis pas pour qu'il y ait plus de temps d'écran.
18:16 On n'est pas du tout là-dessus.
18:18 C'est plutôt, quand il y a des temps d'écran,
18:21 comment l'utiliser au mieux ?
18:22 C'est comment avoir plus d'interactivité ?
18:25 Justement, c'est que, grâce à ces outils,
18:27 on peut avoir de l'interaction avec l'écran
18:30 et non pas juste faire du swipe sur des vidéos
18:33 ou faire du TikTok.
18:34 Voilà, c'est d'interagir, ce qui est...
18:37 -Mais on peut comprendre l'inquiétude des parents
18:40 de se dire que ce numérique,
18:41 il faut rester dans la transmission
18:44 des savoirs humains.
18:45 -Avec un petit point de différence,
18:47 c'est qu'on laisse nos enfants sur des applications
18:50 qui sont programmées pour les rendre addictes.
18:53 -Oui. -Voilà.
18:54 Et j'espère, à minima, qu'on fera pas ça
18:57 dans le monde de l'éducation,
18:58 mais ça amène sur le terrain des valeurs
19:01 et du choix de société.
19:03 L'IA à l'école, oui,
19:04 en ayant mis en place un certain nombre...
19:07 En ayant répondu à un certain nombre de questions,
19:10 la question de la souveraineté,
19:12 c'est-à-dire que l'IA, elle résonne sur un corpus de données.
19:16 Si on ne maîtrise pas le corpus de données,
19:19 la Terre est plate pour tout le monde dans pas longtemps.
19:22 Donc il faut absolument qu'on ait des données de référence
19:26 pour l'éducation.
19:27 L'IA résonne sur des traces.
19:29 Donc on trace quoi ? On trace qui ? À quel âge ?
19:32 Enfin, ça nécessite énormément de précautions sur ces sujets.
19:36 Je passe sur l'impact carbone,
19:38 parce que faire fonctionner une IA...
19:40 -Je sais pas si il faut passer. -C'est une vraie interrogation.
19:44 -Il faut qu'on sache quand on mobilise une IA.
19:47 -Quand on en a vraiment besoin. -Voilà.
19:50 Quel projet ça sert ?
19:51 Et puis on a des questions de droits d'auteur
19:54 qui sont extrêmement importantes aussi.
19:57 -Donc on est vraiment en train de faire
20:00 des projets d'éducation. -Oui.
20:02 -On évacue pas le problème. -Il faut l'adresser.
20:05 -Je vais terminer avec cette remarque de Madi,
20:08 qui nous dit que l'éducation nationale
20:10 a d'autres problèmes à régler avant l'IA.
20:13 Ca vous semble pour autant un sujet...
20:15 -Non, l'éducation nationale a tellement de problèmes à régler
20:19 que si elle se sert de l'IA, elle va peut-être y arriver plus vite.
20:23 -Techno-solutionniste, alors. -Non, non.
20:26 -La question de l'apport avec les parents,
20:29 le rapport avec les professeurs,
20:31 c'est quelque chose qui est complémentaire de l'IA.
20:34 Au contraire, ça permet de libérer plus de temps
20:36 pour approfondir les relations humaines.
20:39 -Vous voyez l'IA comme une opportunité
20:41 et pas quelque chose qui va l'enterrer.
20:44 -Absolument. -L'apprentissage,
20:46 c'est un acte social.
20:47 On apprend avec les adultes.
20:49 Il y a quelque chose de très affectif.
20:52 On réussit quand on est enfant pour faire plaisir à papa et à maman.
20:56 Et on apprend en collectif.
20:58 Si on isole les élèves, ils apprennent
21:00 parce qu'ils ont leurs copains à côté qui leur expliquent.
21:03 C'est l'apprentissage par les pères
21:06 et l'apprentissage pour les adultes au départ.
21:08 Et à la fin, on espère pour soi-même.
21:11 C'est d'abord un acte social.
21:13 -Peut-être juste terminé sur comment vous voyez
21:16 ces nouveaux apprentissages, l'IA au sein des apprentissages,
21:19 l'école du futur ?
21:21 Vous arrivez à vous projeter un peu sur ce que ça pourrait donner ?
21:24 -Moi, je vois toujours...
21:26 Vraiment, ça me fait tellement penser à des débats
21:29 quand on a vu arriver les MOOC et on nous disait que c'était la fin.
21:33 C'est la fin, les gens vont apprendre tout seuls,
21:36 il n'y aura plus de métier d'enseignant.
21:39 Le métier est devenu beaucoup plus intéressant, plus complexe.
21:42 On passe moins de temps à...
21:44 Enfin, on produit plus de choses,
21:46 mais on passe moins de temps à produire la même ressource.
21:50 Au profit de quoi ?
21:51 Au profit du temps qu'on passe avec les élèves.
21:54 Pour des retours plus riches.
21:56 -C'est toujours ça. Vous êtes d'accord.
21:59 -Oui, parfaitement d'accord.
22:01 Ca permet de se libérer pour développer la relation humaine.
22:04 Ca permet d'avoir un regard sur le monde plus éclairé.
22:08 -Merci beaucoup à tous les deux.
22:10 Claire Lecoq, directrice adjointe de l'EPITA
22:12 et Théo Feinberg, PDG fondateur de Reverso.
22:15 Merci pour vos éclairages sur ce débat.
22:18 On termine avec notre rendez-vous avec le biomimétisme,
22:21 un peu de respiration dans la nature.
22:24 ...
22:25 ...
22:27 ...
22:28 ...
22:29 ...
22:30 -On termine cette édition avec le rendez-vous
22:33 avec le biomimétisme,
22:34 avec Anthony Pensard, plus précisément,
22:37 qui est par Skype avec nous à distance,
22:39 spécialiste R&D bio, inspiré chez Bioxigy.
22:42 Aujourd'hui, vous allez nous parler du thon.
22:45 Racontez-nous ce qu'il faut savoir sur les espèces de thon.
22:48 -Les thons, c'est un groupement d'espèces
22:51 qu'Aristote, déjà, à l'époque, qualifiait d'incroyables.
22:54 C'est des animaux qui peuvent faire...
22:56 On ne s'en rend pas forcément compte,
22:59 même si c'est très consommé en tant que nourriture.
23:02 Ils peuvent peser jusqu'à plusieurs centaines de kilos,
23:05 certains 800 kilos, jusqu'à 4 m de long,
23:07 et ils peuvent nager jusqu'à 80 km/h.
23:10 C'est 10 fois plus vite que le record du monde sur 50 m humain.
23:13 C'est des animaux colossaux, au sommet de la chaîne alimentaire
23:17 des océans, qui ont des grosses problématiques
23:20 pour l'hydrodynamisme, comme tous les poissons
23:22 qui doivent atteindre ces vitesses-là,
23:25 mais aussi de thermique.
23:26 La thermique, c'est la forme d'énergie,
23:29 la chaleur la plus répandue.
23:30 Tous les procédés industriels génèrent énormément de chaleur.
23:34 Il y a des parallèles extrêmement intéressants
23:37 en biomimétisme, entre la gestion de la chaleur du thon
23:40 et celle qu'on a dans l'industrie,
23:42 quand on a des moteurs, des réactions chimiques.
23:45 -Comment est-ce qu'ils régulent leur chaleur ?
23:50 -Le thon va développer une puissance incroyable.
23:53 Il a besoin d'avoir un sang chaud, un métabolisme rapide.
23:56 Il ne pourrait pas avoir son sang à la température de l'eau,
23:59 qui peut être à 5 ou 6 degrés.
24:01 Il va avoir une énorme couche de graisse autour de son corps.
24:04 Mais un endroit pose problème quand on est un poisson,
24:07 c'est les branchies.
24:08 Pour pouvoir fournir un tel effort, il doit respirer très fort,
24:12 faire passer beaucoup d'oxygène de l'eau à son sang.
24:15 Or, l'eau est à 6 degrés et le sang dans son corps est à 40 degrés.
24:19 Il y a des échanges thermiques énormes.
24:21 Si le sang entrait en contact avec son sang chaud,
24:24 il serait instantanément gelé.
24:26 La façon dont il va le gérer, c'est avec un échangeur thermique,
24:29 c'est le terme industriel,
24:31 qui va faire se croiser le sang qui arrive vers ses branchies
24:35 du sang qui est en ressort,
24:36 pour venir retransmettre la chaleur
24:38 avant qu'elle atteigne l'échange avec l'eau
24:41 au sang qui revient vers son corps.
24:43 C'est remarquable,
24:44 parce que ça s'appelle le rété mirabilé,
24:47 qui est un réseau sanguin extrêmement complexe
24:49 qu'il a avant ses branchies,
24:51 qui va réussir à récupérer 99 % de la chaleur
24:54 qu'il aurait sinon perdue et à la retransmettre à son sang,
24:57 ce qui lui évite de perdre énormément d'énergie
25:00 et absolument de ne pas pouvoir créer les prouesses physiques
25:04 qu'il déploie sous l'eau.
25:05 -Donc, un système très avantageux
25:08 qui a évidemment inspiré des technologies.
25:11 Vous vouliez nous parler d'une techno
25:14 autour de la thermorégulation.
25:16 -Oui, effectivement.
25:17 Si vous avez vu l'image,
25:19 on comprend que c'est pas facile de réaliser un circuit
25:22 aussi complexe avec autant d'entrées et sorties.
25:25 Mais en prenant les concepts de base de ces veines,
25:28 qu'elles sont doublement ondulées,
25:30 donc on va avoir une ondulation dans le sens vertical,
25:33 une dans le sens horizontal,
25:34 ça va avoir un double effet par rapport à un tube classique,
25:38 parce que souvent, quand on veut refroidir,
25:40 on crée des échangeurs thermiques qui transmettent du fluide
25:44 via des tubes.
25:45 Si on a un tube classique,
25:46 il y a plus de fluide,
25:48 il faut s'imaginer que l'eau, en zigzaguant dans ce circuit,
25:51 va venir beaucoup plus s'homogénéiser,
25:53 donc plus chauffer les parois du tube,
25:56 et ça va créer des échangeurs thermiques à contre-courant.
25:59 C'est comme s'il y avait l'air chaud,
26:01 le sang chaud qui vient dans les veines
26:03 et le sang froid qui revient des branches dans les artères
26:07 qui viennent échanger leur chaleur.
26:09 Grâce à cette ondulation,
26:10 cet élément de la structure de l'échangeur du thon,
26:13 il est trois fois meilleur que celui d'un tube simple.
26:16 Ça a d'énormes implications dans l'industrie.
26:19 Cette simple idée de récupérer du thon
26:21 peut réduire par trois les pertes,
26:23 ça réduit énormément les puissances de pompage nécessaires
26:27 pour refroidir des moteurs,
26:28 des énormes implications dans l'aéronautique,
26:31 aussi dans les satellites.
26:33 Mais on a aussi ce type d'échangeur-là,
26:35 dans nos climatisations, dans nos frigos.
26:38 C'est des choses extrêmement répandues
26:40 dans tout type de produit industriel.
26:42 -Si on arrivait à encore mieux copier
26:44 ce système vasculaire des thons,
26:46 on aurait plus d'efficacité ?
26:48 -Bien sûr.
26:50 Pour l'instant, les scientifiques qui ont créé des systèmes technologiques,
26:54 qui ont fabriqué des tubes,
26:56 sont inquiétés de faire quelque chose
26:58 de facilement implémentable industriellement,
27:00 qui peut être créé à partir d'un tube qu'on vient déformer.
27:04 On pourrait, en étudiant de façon plus approfondie
27:07 la biologie du thon,
27:08 réussir à créer des échangeurs sur des systèmes plus complexes
27:12 qui permettent de faire augmenter la structure des veines et des artères
27:15 du rétamine rapidé plus précisément,
27:17 et qui pourrait faire augmenter encore les efficacités thermiques.
27:21 On est loin dans les applications industrielles
27:24 des 99 % d'efficacité qu'affiche le thon.
27:26 -Super. Merci beaucoup, Anthony Pensard.
27:28 Je rappelle que vous êtes spécialiste R&D
27:31 de tout ce qui tourne autour de la bio.
27:33 Inspiration pour l'entreprise Bioxegi.
27:36 Merci pour vos éclairages et cette belle découverte.
27:39 Merci à tous nos téléspectateurs.
27:41 Vous pouvez nous regarder sur la chaîne Bismarck
27:43 ou nous écouter en podcast.
27:45 À très bientôt. Excellente journée.
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