• il y a 3 mois
Jeudi 26 septembre 2024, SMART TECH reçoit Véronique Torner (présidente, Numeum) , Adrien Basdevant (avocat spécialisé en droit des nouvelles technologies, Entropy) , Philippe Le Grand (président, InfraNum) et Baptiste Robert (fondateur, Predictalab)

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00:00Générique
00:08Bonjour à tous, bienvenue dans Smartech, nous sommes ensemble pour une demi-heure, une demi-heure de débrief de l'actu.
00:14Je vous présente mes commentateurs et les sujets tout de suite après.
00:18Générique
00:22C'est parti pour le grand débrief, cette semaine autour de la table pour débattre de ce qui agite la tech, Véronique Turner, bonjour.
00:29Bonjour.
00:30Présidente de Numéum, premier syndicat des entreprises numériques en France, merci beaucoup d'être avec nous.
00:35Philippe Legrand, président d'Infranum, encore notre organisation incontournable,
00:40fédération française professionnelle du secteur des infras, des télécoms.
00:45Et puis un avocat, Adrien, Adrien Badevent, qui est spécialisé en droits des nouvelles technologies au cabinet Entropy
00:52et qui a travaillé notamment sur un rapport d'émission dont on avait parlé ensemble sur les métavers.
00:58Voilà, bienvenue à tous. Je vais vous parler de nos sujets.
01:01Vous allez pouvoir donner vos points de vue sur l'ensemble d'entre eux.
01:05Clara Chappaz, d'abord notre nouvelle ministre.
01:09Je vais vous demander ce que vous pensez de cette annonce.
01:12Tout le monde dit que l'écosystème de la tech est super emballé, super content.
01:16On va voir ça.
01:17On va aussi parler des deux sous tech, de l'attaque massive de Bipper.
01:21On sera connecté pour ça avec le hacker, expert en cybersécurité, Baptiste Robert.
01:27Et puis autre sujet qui nous agite, c'est la fermeture du cuivre.
01:30Parce que oui, ça y est, là, on est vraiment dedans avec les problèmes très concrets qui commencent à se présenter.
01:36Donc voilà pour nos sujets.
01:38Alors on commence avec madame Clara Chappaz, nommée secrétaire d'État à l'intelligence artificielle et au numérique
01:44dans ce tout jeune gouvernement barnier.
01:47Alors je voulais déjà savoir comme ça, quand vous avez appris la nouvelle.
01:51D'abord, est-ce que vous étiez dans les confidences, surpris ou non ?
01:55Et puis, comment vous l'avez accueillie, cette nomination ?
01:58Véronique ?
01:59Alors, nous, on est très contents parce que Clara, on la connaît bien.
02:02On travaillait avec elle quand elle avait...
02:04Précédemment, elle était à la mission French Tech.
02:06Elle a fait un bon boulot.
02:07Notamment, on a travaillé ensemble sur Je choisis la French Tech,
02:10qui a été un gros programme qui a été porté depuis un an.
02:14On s'est beaucoup mobilisés à ses côtés.
02:16Et puis, on a une commission start-up qui est importante chez Numéon,
02:20mais donc qui est très corrélée et très connectée.
02:22Clara, elle porte des valeurs qui me sont chères.
02:25On est alignées toutes les deux sur les sujets de numérique responsable,
02:28la féminisation du secteur.
02:30Donc, c'est des sujets qui sont importants.
02:32Et je suis sûre, en fait, qu'on fera du bon boulot ensemble.
02:34Donc, ex-directrice de la mission French Tech.
02:37Donc, ça veut dire que le gouvernement lui avait déjà confié cette mission
02:41quand même de soutien à l'écosystème français.
02:44Là, elle passe quand même à la vitesse supérieure avec un portefeuille
02:48qui, en plus, inclut la notion d'intelligence artificielle.
02:52Oui, tout à fait.
02:54Alors, on peut saluer déjà le fait que cette personne, Clara Chappaz,
02:59bénéficie de la reconnaissance de l'ensemble du secteur,
03:03de la French Tech notamment, avec où elle a excellé dans ses missions.
03:07Elle est très reconnue et très appréciée.
03:09Nous, ce qui nous a émus dans la composition de ce gouvernement,
03:12c'est l'absence, en fait, des infrastructures numériques en tant que telles
03:16et le rattachement de cette secrétaire d'État aux numériques,
03:19enfin, à l'intelligence artificielle et aux numériques,
03:22au ministère de l'Enseignement et de la Recherche.
03:24Alors, quand vous dites qu'il n'y a pas d'infrastructure, je ne sais pas,
03:27parce que moi, déjà, quand je vois IA et numérique, je me dis,
03:30l'IA, c'est quand même dans le numérique et dans le numérique,
03:32il pourrait y avoir des infrastructures quand même.
03:33L'IA est dans le numérique et dans le numérique, il pourrait y avoir des infrastructures.
03:36On s'oriente quand même vers une décomposition.
03:38Et à la rigueur, cette clarification nous convient.
03:41L'émotion vient du fait qu'on était oubliés dans les termes.
03:45Maintenant, si nous sommes rattachés à l'industrie,
03:48alors, il semble que ça soit l'orientation qui soit prise.
03:51Ça nous ira très bien, parce que c'est bien...
03:53De quelle manière ? Avec qui ? À travers qui ?
03:55Avec Marc Ferracci, le ministre de l'Industrie.
03:57Ça semble s'orienter comme cela.
03:59On va bien regarder les décrets d'attribution, mais ça ira très bien.
04:03En tout cas, en tant que business angel, je suis très heureux
04:05que Clara Chapaz hérite de ce portefeuille.
04:08Et je suis sûr qu'elle sera à la hauteur de cette mission-là.
04:11Maintenant, nous, sur les infrastructures numériques,
04:13on a besoin, les enjeux, enfin, sans vouloir minimiser tout le reste,
04:17l'infranume, c'est 75 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
04:19C'est des centaines, dont 35 milliards à l'étranger.
04:21C'est des centaines de milliers d'emplois.
04:23On voudrait juste ne pas être oubliés, même exister dans le paysage,
04:25parce qu'il y a des arbitrages très importants pour notre filière,
04:28mais aussi pour les Français, car ce que nous faisons aujourd'hui
04:30a un impact concret sur les Français, sur les entreprises,
04:33sur le développement économique, sur les solidarités.
04:35Donc, il faut absolument qu'on soit pris en compte.
04:37Maintenant, tous mes voeux de bonheur et de réussite à Clara Chapaz,
04:40et je suis très heureux de cette nomination.
04:42On parle de ministre compétent plutôt que de ministre politique.
04:45Ça ne veut pas dire que les politiques sont incompétents,
04:47mais c'est une connaisseuse des sujets, et on a besoin de ça.
04:49Donc, c'est très bien.
04:51Oui, c'est vrai que là, on revient à un profil vraiment issu du secteur.
04:55Adrien ?
04:56C'est une nomination qui est très bien accueillie, on l'entend.
04:59Il y a aussi un lien avec la recherche et avec l'enseignement.
05:02On essaie de faire le lien avec la deep tech,
05:04parce qu'on sait qu'en France, on a besoin aussi de faire cette connexion.
05:07Il y a de plus en plus de belles scale-up qui sont fondées par des chercheurs.
05:10Donc, ça, on peut s'en féliciter.
05:12Ensuite, la vraie question opérationnelle,
05:14ça va être le lien avec la direction générale des entreprises, la DGE.
05:17Comme on le sait, la DGE est à Bercy.
05:19Elle a un rôle clé central qu'il faut supporter,
05:23que ce soit dans la négociation du règlement sur l'intelligence artificielle,
05:26que ce soit dans le plan de financement de France 2030.
05:29Et donc, aujourd'hui, si le secrétariat d'État à l'intelligence artificielle
05:35désormais est numérique ne peut pas bénéficier du support de la DGE,
05:39on risque d'avoir des décalages.
05:41Donc, ça, c'est un point qu'il faut suivre de près.
05:43Et puis, sur l'aspect plus intelligence artificielle,
05:47c'est sûr que c'est un sujet qui est très important.
05:49En France, on a le sommet pour l'action sur l'IA qui arrive en février.
05:53Ce sommet, par contre, il est piloté par l'Élysée,
05:55donc pas par le secrétariat d'État au numérique.
05:57Et il y a un autre aspect, c'est le sujet de l'IA, il est au niveau européen, surtout.
06:02Donc, au niveau européen, par exemple, le comité de l'IA
06:05qui a été créé par le règlement européen sur l'IA,
06:08il y a des représentants de chaque État membre qui y siègent.
06:11C'est le président, le directeur de la DGE qui y siège.
06:14Et il a besoin de beaucoup de support là-dessus.
06:17C'est un rôle très, très important, central.
06:19Encore une fois, s'il n'y a pas une connexité
06:21et un lien très fort entre le secrétariat d'État et la DGE,
06:24on risque de ne pas avoir le même impact.
06:26Donc, il faut bien suivre les décrets d'attribution.
06:28Ce sommet sur l'intelligence artificielle, là, ça va quand même être l'occasion
06:31pour que la rachat passe d'affirmer sa position sur ces sujets.
06:34Alors, c'est clair. Moi, je vais juste revenir parce que c'est un point qui est important.
06:37C'est vrai que dans l'annonce, on est très contents que ce soit Clara.
06:40Après, c'est vrai qu'il y a quand même un peu d'inquiétude sur le rattachement.
06:45Non pas parce que ce n'est pas important d'être attaché, en fait,
06:48au sujet des compétences et de l'enseignement, de la recherche.
06:51Ça a été clairement là exterminé.
06:53La recherche, oui, Adrienne a dit. La deep tech.
06:55L'enseignement, c'est toute la formation.
06:57Toute la formation et les compétences.
06:58Et on sait, en fait, qu'aujourd'hui, c'est un plafond de fer qui a craqué.
07:01On manque de compétences.
07:02Donc, ça, c'est des signaux qui sont positifs.
07:04Néanmoins, il faut quand même dire que je crois que c'est très important.
07:07Le numérique, c'est une composante majeure de notre économie.
07:10Le rapport de Rallye qui est sorti, là, à la fin de l'été,
07:14en fait, l'a vraiment indiqué en montrant que l'innovation, le numérique,
07:17ce sont des moteurs de main, en fait, de notre croissance,
07:20de notre compétitivité, de notre productivité.
07:22Et donc, ça, il faut être vigilant.
07:24Mais je crois honnêtement qu'au niveau de la DGE
07:26et puis, je pense, du gouvernement qui a cette sensibilité.
07:29Ce qui est sûr, c'est qu'il ne faudra pas qu'ils sortent du portefeuille de Bercy.
07:32Les ministres de Bercy doivent s'intéresser au sujet du numérique.
07:35C'est un sujet qui est stratégique pour la France et l'Europe.
07:38Donc, il y a ce sujet d'IA avec ce sommet.
07:41Évidemment, dans les premiers dossiers que va adresser Clara,
07:44il y aura forcément ce sujet du sommet et l'organisation avec l'écosystème.
07:49Il y aura des sujets qui sont un peu plus techniques de régulation.
07:52Il y a Nice 2, là, qui arrive.
07:54Donc, il y aura ces sujets un peu techniques.
07:56Pareil sur la transposition.
07:59En tout cas, la préface au Data Act.
08:02Il y a des sujets aussi de discussion, de projet de loi avec la loi SREN.
08:06Donc, il y a des sujets assez techniques.
08:08Et un sujet qui va être beaucoup plus médiatique qui sera, en fait, le sujet de l'IA.
08:12Mais c'est vrai qu'il y a ce détachement de Bercy qui est perturbant.
08:17Et puis, la disparition aussi de la souveraineté numérique.
08:21Au moment où, en plus, on perd un commissaire européen
08:25pour porter vraiment ce sujet, Thierry Breton.
08:28C'est une inquiétude, ça, aussi, Philippe ?
08:31Je pense que la terminologie est importante.
08:34Je viens de le rappeler.
08:35J'imagine quand même qu'on ne peut pas oublier ce thème-là qui est central.
08:40On ne peut pas non plus vouloir s'engager massivement dans l'intelligence artificielle
08:45sans affirmer par cette simple volonté, cette volonté de souveraineté, bien sûr.
08:51Et c'est quelque chose sur lequel il faut être très, très vigilant.
08:54Que cette souveraineté soit pensée avec humilité aussi.
08:57On a d'autres thèmes, d'autres sujets où la place de la France se heurte à un plafond de verre.
09:03Et il faut penser plutôt européen, y compris sur l'escalabilité de nos entreprises,
09:07de façon à réussir à peser dans cet écosystème mondial.
09:11Est-ce qu'on attendait quelque chose du côté de la cyber ?
09:13Moi, j'attendais quelque chose du côté de la cybersécurité
09:16qui est aussi un enjeu majeur aujourd'hui dans le monde du numérique.
09:20Qui va porter ça ?
09:21Évidemment qu'à l'intérieur, on s'en occupe.
09:25Ça devrait être dans le portefeuille de Clara.
09:27Moi, je pense que quand on met IA et numérique, le numérique embrasse quand même ses sujets.
09:32Ce que je disais tout à l'heure, un des premiers chantiers, c'est sur Nice 2.
09:36Ce sont des sujets techniques, mais elle va devoir s'intéresser à cette transposition,
09:42au déploiement auprès de nos entreprises de cette réglementation.
09:46Parce que ça, c'est quand même le gros sujet à venir, Nice 2.
09:48Oui, tout à fait.
09:49Il y a plusieurs sujets, mais c'est vrai que je pense qu'il y a un effet un peu marketing d'avoir sorti l'IA.
09:55À chaque fois, il y a des subventés, on a des transitions.
09:59Je pense qu'il ne faut pas non plus après trop intellectualiser le titre.
10:03Je pense que ce sera intéressant, derrière, rapidement, de voir sa feuille de route.
10:06Comment tout ça s'articule avec le reste du gouvernement
10:09et quel poids ça va avoir dans le gouvernement ?
10:11Moi, la petite inquiétude, c'est que je trouve quand même, aujourd'hui encore,
10:16ça ne donne pas un signal, comme quand on a bien compris, en France,
10:19que le numérique, c'est un sujet hautement stratégique.
10:21Oui, parce que ça, c'est l'émotion.
10:23Il y a eu la satisfaction, puis l'émotion déception, j'ai envie de dire,
10:27avec l'arrivée du nom de Clara Chapaz à la toute fin de la liste protocolaire.
10:33Oui, je rappelle que Jean-Noël Barrault était ministre délégué.
10:36Après, on est passé à secrétaire d'État.
10:38Maintenant, secrétaire d'État rattaché à la recherche et au 40e rang,
10:42au dernier rang, mais peu importe.
10:45Les gens, les hommes, les femmes font le succès de notre pays
10:49et on peut espérer qu'elle mettra toute son énergie à défendre les intérêts français
10:54et on peut espérer également que le ministère de l'Industrie
10:57défendra les infrastructures numériques hautement.
11:01Quand vous avez travaillé sur ce rapport de mission, Adrien,
11:04vous avez vu comment le politique aussi envisage ces sujets du numérique.
11:08Vous avez le sentiment, quand même, que c'est un sujet qui est pris au sérieux ?
11:11En fait, les intitulés, pour moi, n'ont peu d'importance.
11:14La question, c'est opérationnellement comment on va les déployer.
11:16Le numérique, c'est tellement transversal qu'il pourrait, d'une part,
11:20avoir un ministère numérique en tant que tel, c'est beaucoup de personnes qui disent ça,
11:24mais il pourrait aussi ne pas en avoir du tout,
11:26puisque finalement, il est intégré aussi bien dans l'industrie qu'à l'intérieur,
11:30que dans la recherche.
11:31L'environnement aussi.
11:32L'environnement, c'est extrêmement transversal.
11:34L'égalité hommes-femmes.
11:37Lorsqu'on avait été commissionné, par exemple,
11:40sur le rapport sur les technologies immersives,
11:44et ce qu'on appelle de manière marketing les métavères,
11:47c'était trois ministres.
11:50Il y avait la culture, il y avait Bercy et il y avait le numérique.
11:53Et c'est intéressant, puisqu'en fait, on a des enjeux.
11:56En France, par exemple, on est à la fois le pays de l'exception culturelle,
11:58on a aussi Station F, il faut savoir comment concilier différents écosystèmes.
12:02Donc il y a des discussions qui sont nécessairement transministériennes.
12:06Mais il y a un moment, la question c'est, comme Véronique l'a rappelé,
12:10comment voir le numérique comme un sujet de société ?
12:12Ce n'est pas seulement une matière technique.
12:14Ce sont des questions démocratiques.
12:16Et moi, plus que l'intitulé,
12:18qui est marqué souveraineté numérique, qui est marqué intelligence artificielle,
12:21qui sont des mots qui sont assez ambivalents et pas mal galvaudés par ailleurs,
12:24ça a peu d'importance.
12:25Je pense que ce qui est important, c'est la feuille de route,
12:27et c'est qu'est-ce qu'on va prioriser,
12:29et quels moyens on va faire pour déployer cette feuille de route,
12:32pour promouvoir l'innovation tout en encadrant un écosystème.
12:36On l'attend, on l'attend la feuille de route.
12:38Alors en attendant, on va passer à un autre sujet.
12:41La fin du réseau cuivre.
12:43Donc vous restez avec nous Véronique ?
12:45Je vous laisse.
12:46Pour le cuivre aussi, pour les infrastructures ?
12:48Oui.
12:49D'accord.
12:50A plus tard.
12:51A plus tard Véronique.
12:52Donc, fin du réseau cuivre.
12:54Peut-être nous refaire un petit point d'étape, je compte sur vous là-dessus Philippe.
12:58On en est où exactement ?
13:00Ce réseau cuivre porte aujourd'hui quand même encore des abonnements à internet,
13:06dans des foyers français, et puis aussi dans des entreprises.
13:10Il porte aussi des services assez essentiels qu'on utilise au quotidien,
13:15et pourtant ce réseau va être éteint.
13:17Et c'est tout le challenge de cette fermeture du réseau cuivre.
13:21Alors, on en est où déjà ?
13:22Il faut distinguer deux étapes.
13:23La fermeture commerciale et la fermeture technique.
13:27Et enfin le démontage, bien entendu, de ce réseau.
13:29La fermeture commerciale, c'est le fait de dire qu'à un moment donné,
13:32plus personne ne pourra souscrire un nouvel abonnement en cuivre.
13:35Si tant est que les personnes éligibles à la fibre souhaitent encore se raccorder au cuivre,
13:40ça ne sera plus possible à partir du 31 janvier 2026.
13:43Plus personne en France ne sera en situation de commander un service supporté par le cuivre.
13:50Donc ça, c'est la fermeture commerciale.
13:52Et cette fermeture commerciale, elle est progressive.
13:55Elle pourra arriver jusqu'au 31 janvier avec une fermeture totale en France.
13:59La fermeture technique, elle, est beaucoup plus complexe.
14:03Fermeture technique, c'est on coupe le service.
14:05On vous dit, ça y est, c'est terminé.
14:07Alors évidemment, il y a quelque chose de très responsable qui est organisé
14:11pour que les services puissent migrer sur les autres supports technologiques,
14:14dont principalement, bien entendu, la fibre qui, je le rappelle,
14:16aujourd'hui est déployée à plus de 80% en France.
14:19Et cette fermeture technique a été expérimentée avec des phases,
14:25d'abord modestes et puis un peu plus importantes.
14:28On est maintenant à 11 700 foyers et entreprises qui ont fait l'objet de ces expérimentations.
14:33Ça a plutôt très bien marché.
14:35Il y a eu des cas isolés à traiter, mais tous les cas ont été traités
14:40et ces expérimentations ont été satisfaisantes.
14:43Et maintenant, on rentre dans les lots.
14:45On a un lot de 210 000 prises dont la fermeture technique a été annoncée.
14:50Donc, on annonce la fermeture technique.
14:52On laisse tout un délai où tous les opérateurs contactent leurs clients,
14:56leur expliquent, proposent des solutions alternatives et après, on ferme.
14:59Et là, le premier lot est entamé.
15:01Et ensuite, on accélérera.
15:03Il y aura au total 7 lots pour arriver à partir de 2025
15:07à une fermeture de 10 millions de foyers par an.
15:10C'est là où ça va devenir corsé.
15:12Et là, ça va devenir très compliqué.
15:14Voilà où on en est pour le point d'étape et répondre à cette question-là.
15:17D'accord.
15:18Sur ce sujet de la connectivité en France,
15:22on a toujours dit qu'on était plutôt bien lotis, très avancés,
15:25de quoi porter peut-être demain ces technologies immersives.
15:29Est-ce que vous avez des inquiétudes, vous, Adrien, là-dessus,
15:33quand on vous dit qu'on va éteindre le cuivre ?
15:36Parce qu'on sait très bien que la fibre optique ne pourra pas arriver
15:39dans tous les foyers, 100 % des foyers français, même si c'est l'objectif.
15:43Alors, c'est un sujet très technique et assez intéressant
15:45quand on va de manière granulaire, comme le fait Philippe, dans les détails.
15:48Et si on regarde d'un point de vue un peu macro, pour moi, ça pose deux aspects.
15:52Le premier, c'est le raccordement de tous les Français
15:55à, en bas de la pyramide des besoins de Maslow,
15:58juste la facilité essentielle d'avoir accès à une connectivité Internet,
16:02qui est peut-être le premier des besoins après la nourriture aujourd'hui,
16:05au XXIe siècle, d'une certaine manière.
16:07Et on débat beaucoup, lorsqu'on parle de politique publique numérique,
16:10de sujets très techniques sur la responsabilité des plateformes,
16:14comment faire pour faire de la modération en ligne, l'intelligence artificielle,
16:17mais avant tous ces sujets-là, il y a l'accès au réseau.
16:20Et donc, si je suis le raisonnement qui vient d'être présenté,
16:22au bout d'un moment, il y a peut-être certains des Français,
16:25ce sera la fameuse diagonale du vide, qui n'auront plus accès,
16:29ou qui ne pourront pas forcément avoir accès à la fibre demain.
16:33Donc, cette question, elle est importante.
16:35C'est-à-dire que je me souviens d'une passionnante chercheuse sociologue
16:39quand on était au Conseil national du numérique,
16:41qui nous parlait toujours de ces questions d'accès dans les territoires au réseau,
16:45qui est peut-être la première des questions, avant même de penser à toutes les autres.
16:48Donc, ça, c'est le premier aspect.
16:50C'est ne pas oublier une partie de la population sur la route,
16:53puisque sinon, on va creuser ce déficit.
16:55Là, ça veut dire... Enfin, c'est un engagement, de toute façon, du gouvernement,
16:59mais ça veut dire de très, très gros investissements.
17:02C'est tout l'ADN, mais merci, effectivement, je souscris à 100%.
17:07C'est la diagonale du pire qui nous attend, si on ne fait pas attention.
17:11Et malheureusement, malheureusement, tous les signaux ne sont pas positifs.
17:15Alors, si la procédure technique, la fermeture du cuivre, est en cours et se passe bien,
17:19il y a quand même des enjeux sous-tendus sur les risques de perturbations du marché,
17:23entreprises notamment, et la continuité des services,
17:26des services qui sont parfois marginaux, mais très utiles,
17:29de vidéoprotection, d'ascenseur, de photocopieur,
17:32enfin, toutes les choses accessoires, mais qui, quand même, doivent être appréhendées.
17:35Et c'est la raison pour laquelle la Fédération Infranume, à l'initiative d'Orange Concession,
17:40entend réaliser une communication de filière pour bien informer tous les Français, effectivement,
17:45qui vont avoir peur de cela, parce qu'on a rappelé cette pyramide de Maslow.
17:49Et oui, je suis d'accord pour dire que le numérique, l'accès aux infrastructures
17:54devient une facilité essentielle à la vie et à la survie de nos concitoyens
17:57qui peuvent être dans des situations médicales, d'assistance médicale ou autre.
18:03Attention, les signaux sur la couverture totale de notre pays à la fibre sont très mauvais.
18:09Aujourd'hui, on a eu des coups de rabots budgétaires,
18:12on a des difficultés à réussir à atteindre ce 100%, et il va falloir prendre des mesures.
18:17On a besoin d'un gouvernement acteur, davantage acteur, pour réussir ce pari du 100% fibre.
18:23Et je manifeste mon inquiétude.
18:26Hier soir, on était ensemble avec le Cercle Credo,
18:29qui a publié tout un guide très pédagogique sur ces sujets-là,
18:32justement en pointant les difficultés jusqu'au pied de l'immeuble,
18:37les questions de système de chaufferie, il y a beaucoup de choses à éclairer.
18:41Très belle lecture de chevet.
18:43Vous vouliez signaler un deuxième point par cette diagonale du vide ?
18:47Si on tire un peu ce fil de cuivre ou de fibre,
18:50à la fin, on est sur la question aussi des réseaux numériques,
18:54qui est, au niveau européen, peut-être l'un des prochains grands textes
18:58qui sera débattu l'année prochaine, en 2025,
19:01et qui pose finalement la question de comment on va financer ces infrastructures.
19:07Ça relève des points essentiels en matière d'un marché
19:10qui est considéré par certains comme trop fragmenté
19:13et qui devrait peut-être être davantage concentré
19:16pour faire apparaître des acteurs européens
19:18qui seront capables de rivaliser avec d'autres opérateurs.
19:22La disparition de la fibre, finalement, c'est un peu une illustration,
19:25c'est un peu la métaphore aussi de la dématérialisation des couches basses
19:29et peut-être de la convergence de certains services.
19:32Et là encore, ça pose la question de savoir
19:34qui va contribuer au financement des infrastructures.
19:37On connaît l'éternel débat sur la neutralité du net,
19:40ce qu'on appelle au niveau européen le « fair share »
19:42pour savoir si les personnes qui sont davantage en train de faire passer
19:45de la donnée sur les infrastructures
19:47devraient ou non contribuer au financement au niveau des opérateurs,
19:50savoir s'ils devraient avoir le même régime de traitement.
19:53Et je pense que vous l'avez rappelé à juste titre,
19:55il y a des questions aussi d'ordre environnemental,
19:57c'est-à-dire comment s'y contribuer à la réduction d'une empreinte
20:01qui peut être écologique.
20:03Et on sait que quand on stream, il y a des conséquences à cela.
20:07Véritablement, le règlement sur les réseaux numériques
20:11va faire apparaître aussi tout ce qui est en aval
20:15lorsqu'on tire ce fil.
20:17Tout ce qui arrive en aval sur les débats de concentration,
20:21d'apparition d'acteurs européens
20:23et de contribution au financement des infrastructures.
20:25Et ça, on a effectivement un texte qu'on attend au niveau européen
20:28parce que pour l'instant, ce n'est qu'un livre blanc.
20:30Allez, je vous propose qu'on se connecte tout de suite
20:32avec Baptiste Robert pour parler de l'attaque des Bippers
20:36puis des Tokiwokis au Liban.
20:38Ça a commencé le 17 septembre,
20:40on a découvert comme ça sur les réseaux sociaux
20:42des vidéos d'explosions dans les poches,
20:44dans des malettes de personnes qui se trouvaient
20:46dans des lieux publics.
20:48Plusieurs personnes ont été tuées,
20:50des milliers de blessés par ce qui s'est avéré
20:52être l'explosion simultanée de Bippers
20:56appartenant aux membres du Hezbollah.
20:58C'en est suivi une autre série d'explosions,
21:00je l'ai dit, de Tokiwokis.
21:01Bonjour Baptiste Robert, merci d'être avec nous.
21:03Ici, on ne va pas parler politique,
21:05on va parler technique.
21:07Ces attaques, vu leur caractère simultané,
21:11on se dit qu'elles ont été préparées,
21:13déclenchées aussi sans intervention humaine sur place,
21:17donc à distance.
21:19Pour autant, on ne parle pas de cyberattaque, je crois ?
21:22Tout à fait.
21:24Dans ce qu'on a pu observer dans cette attaque coordonnée,
21:28préparée, ciblée,
21:30on n'est pas sur une cyberattaque au sens propre du terme.
21:34On va plus être sur une attaque dite,
21:39on est sur de la cybernétique,
21:41puisqu'ici, en réalité,
21:44ces Bippers-là ont été modifiés au préalable.
21:47Alors, ils ont été modifiés au préalable,
21:49probablement via des intermédiaires,
21:52et on est sur une attaque plutôt de type supply chain,
21:55c'est-à-dire que directement, en amont,
21:59les Bippers en question ont été préparés
22:02avec de l'explosif à l'intérieur
22:04et une capacité, avec un détonateur,
22:08une capacité à faire exploser cette petite charge-là
22:13de manière très ciblée.
22:15Et d'après les différentes informations qu'on a pu avoir
22:18depuis lors que l'attaque a été déclenchée,
22:22il semblerait qu'en réalité,
22:25le commanditaire,
22:28donc ici, probablement les services israéliens,
22:31avaient la possibilité de déclencher les Bippers un à un,
22:35c'est-à-dire que ce n'est pas une attaque généralisée
22:38où ils ont envoyé un message à tous les Bippers
22:41et tout a explosé en même temps.
22:43A priori, de ce qui s'est dit,
22:45c'est qu'ils ont poussé la sophistication de l'attaque
22:48jusqu'à être en capacité de cibler les personnes une à une.
22:52Donc ici, dans cette attaque-là,
22:54qui est une attaque extrêmement sophistiquée,
22:57il faut vraiment le préciser,
22:59c'est quelque chose d'assez inédit
23:01et on ne voit pas ce type de choses publiquement très souvent.
23:06Et donc, dans cette attaque-là,
23:08il y a un travail de plusieurs années
23:12avant d'être en capacité de cibler une organisation de ce type-là
23:17et surtout, derrière, il y a des soucis logistiques,
23:22techniques qu'il faut régler et qui sont assez fous.
23:27C'est aussi ce qui peut étonner, Baptiste Robert,
23:31c'est qu'on se dit finalement,
23:33peut-être même qu'une cyberattaque classique
23:36aurait été plus simple à organiser.
23:39Et pourquoi passer par des Bippers
23:41qui sont des petits appareils très peu connectés finalement ?
23:45La situation allait que le Hezbollah avait fait le choix,
23:48pour des raisons assez sensées,
23:50de ne pas utiliser les téléphones portables.
23:53On le sait, les téléphones portables
23:55vont borner à des antennes à proximité
23:58et donc, d'une certaine manière,
24:01vont donner la localisation des personnes
24:03avec le téléphone portable.
24:05Quelque chose de connu, reconnu,
24:07il n'y a pas de nouveauté sur la question.
24:09Et c'est pour ça qu'ils ont fait le choix
24:11de passer sur une technologie qui est très ancienne.
24:13Les Bippers, on parle de quelque chose
24:16qui était d'avant les téléphones portables.
24:18Donc, on est sur 50 ans, peut-être 40 ans de vie,
24:22quelque chose comme ça.
24:23Donc, une technologie qui n'est pas très avancée,
24:25mais qui fonctionne.
24:27Et justement, qui ne fonctionne que dans une seule direction.
24:30C'est vraiment, j'envoie un message
24:32et ceux qui ont le Bipper allumé le reçoivent.
24:35Mais ils ne peuvent pas répondre ?
24:37Juste pour préciser, parce qu'on a un peu oublié
24:39comment fonctionnaient les Bippers,
24:41depuis toutes ces années.
24:43On ne peut pas, en revanche, envoyer de messages
24:45depuis son Bipper.
24:47Et alors, ça fonctionne par ondes radio ?
24:49Exactement, et c'est de la radio.
24:51Donc, on ne passe pas par Internet.
24:53Et la réalité, c'est qu'on ne peut pas,
24:57quand on va parler de ce type d'organisation,
24:59qui est une organisation très particulière ici,
25:02avec tentaculaires, avec des gens
25:06qui ont cette notion de la sécurité aussi,
25:09la cyberattaque n'est pas forcément le premier axe.
25:12Et la cyberattaque, parfois,
25:15ne va pas faire l'effet escompté non plus.
25:17Ici, le but du commanditaire, encore une fois,
25:20c'est de neutraliser l'entièreté
25:23de la chaîne de commandement du Hezbollah,
25:25ce qu'ils ont réussi à faire.
25:27Et on le voit dans cette attaque,
25:29ce qu'ils voulaient, c'est non seulement
25:31neutraliser les personnes détenteurs d'un Bipper,
25:34obtenir de l'information sur l'intégralité
25:38des différents membres
25:41de cette organisation-là,
25:43et en plus de ça, c'est d'insuffler
25:47une peur dans les moyens de communication.
25:50Et on l'a vu, puisqu'il y a eu
25:52une explosion des Bippers,
25:54et ensuite une explosion de certains Tokiwokis.
25:57Donc, le but était multiple,
25:59et avec une cyberattaque,
26:01on ne peut pas faire ce type de choses-là.
26:03Donc, ça nous semble,
26:05parce que pour certains,
26:07on travaille dans le domaine,
26:08donc ça nous semble extrêmement important,
26:10très critique, la cyber, etc.
26:12Mais la réalité, c'est qu'on est sur
26:14une organisation de terrain
26:16qui cherche à communiquer entre ses membres,
26:18des membres qui vont être un peu partout
26:20dans la société,
26:21et qui ont utilisé une technologie assez ancienne.
26:25Et là, dans ce contexte-là,
26:27si on cherche à neutraliser son ennemi,
26:30ici, dans le cas présent de l'OSBola,
26:32la cyberattaque n'est clairement pas
26:35la bonne manière de faire.
26:37Ce qui est intéressant aussi,
26:40Baptiste, et mes autres invités,
26:43c'est que finalement,
26:45on fantasme beaucoup
26:47la cyberguerre absolue,
26:49mais ces outils, en fait,
26:51sont très peu utilisés
26:54par les organisations paramilitaires,
26:57parce qu'ils savent qu'il faut s'en méfier.
26:59Et finalement, on revient à la low-tech,
27:02du côté de l'utilisation
27:04et du côté de l'attaque.
27:06Oui, c'est totalement exact.
27:08Nous sommes quand même dans un cas
27:09de guerre électronique,
27:11peut-être pas cyber au sens digital du terme,
27:14mais quand même guerre électronique,
27:16que l'on a vu là,
27:17que l'on voit aussi en Ukraine,
27:19où le brouillage des ondes
27:21est un enjeu sur le terrain,
27:24qui conditionne un succès militaire immédiat,
27:27les attaques sur les radars,
27:29et sans parler des cyberattaques
27:31qu'on ne voit pas,
27:32mais qui sont monnaie courante
27:33entre les belligérants maintenant.
27:35Donc la guerre est totale,
27:36elle est aussi sur ce volet électronique et cyber.
27:39Et je pense que la France a compris ça,
27:41bien entendu,
27:42et on se prépare,
27:43je ne sais pas si les prochaines décennies
27:45seront aussi paisibles dans notre pays
27:47qu'elles l'ont été,
27:48je l'espère et je le souhaite,
27:49mais elles le seront
27:50si aussi nous savons nous doter
27:52des meilleurs outils de défense.
27:53Et dans les outils de défense,
27:54je voudrais vraiment qu'on insiste sur le quantique,
27:57qui va être un moyen de démultiplication
28:00de ces cyberattaques,
28:01et les premiers ordinateurs quantiques
28:03qui arriveront
28:04devront aussi être gérés par la France
28:06si on veut rivaliser dans le domaine.
28:08Merci beaucoup.
28:09Merci Baptiste Robert
28:11de nous avoir permis de mieux comprendre
28:13comment cela avait pu être orchestré.
28:15D'ailleurs, on peut vous suivre sur Twitter,
28:17à chaque fois vous apporter des informations éclairantes.
28:20Et puis merci à mes invités en plateau,
28:22Adrien Badevent et Philippe Legrand,
28:24d'avoir joué le jeu de ce grand débrief de l'actu.
28:26Merci Delphine.