Guy Carlier raconte sa rencontre avec Alain Delon !

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##GUY_CARLIER-2023-11-09##

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Transcript
00:00 - Le docteur de Carlier Libre, Laurie, et ce matin de quoi veut nous parler notre chère Guy National ?
00:06 - Eh bien ce matin... - Tu aurais pu être prof d'ailleurs !
00:08 - C'est vrai, Guy a tenu à fêter l'anniversaire d'une légende, alors il ne m'a pas donné le nom pour garder le suspense,
00:14 mais je pense qu'ils ne sont pas nombreux à être nés aujourd'hui, ni à prétendre au titre de légende.
00:18 Bonjour Guy ! - Bonjour Guy !
00:20 - Bonjour Laurie, bonjour Patrick, bonjour à tous !
00:23 Pardon, c'est vrai Laurie, si on regarde sur Google la liste des personnages célèbres nés aujourd'hui, les légendes sont rares.
00:30 En fait, il n'y en a qu'un qui mérite ce titre, c'est Jean-Pierre Soisson qui fête ses 89 ans.
00:37 - Ah bon ? - Symbole de l'ouverture puisqu'il fut ministre de Giscard et de Mitterrand, un ministre de l'agriculture.
00:43 Et on se souvient de lui, ce qui est resté de lui à la postérité, c'est son fameux décret autorisant les planteurs de bananes
00:51 a utilisé le reliquat de Curlon à base de chlordécone pour lutter contre le châonson bananier.
00:57 Vous comprenez mieux maintenant pourquoi il mérite le titre de légende.
01:01 Pourtant, ce n'est pas lui que je veux fêter ce matin, mais Alain Delon dont c'était l'anniversaire hier.
01:07 J'aime Alain Delon, je l'ai rencontré pour la première fois au Palais des Congrès dans la loge d'Henri Salvador,
01:13 et là je suis désolé mais je vais me la péter un peu parce que je suis obligé pour vous expliquer
01:18 que j'étais le seul admis ce soir-là dans la loge d'Henri Salvador,
01:21 car j'avais écrit les enchaînements entre les chansons de son dernier concert.
01:26 Alors, après avoir partagé un verre de Bordeaux, quelques noix de cajou, d'un mélange apéritif,
01:30 Henri alla prendre une douche avant d'enfiler ses vêtements de scène,
01:34 tandis que je l'attendais assis devant la table basse où se trouvait justement la bouteille de Bordeaux
01:39 et la coupelle remplie de mélanges apéritifs dans laquelle je dédaignais les cacahuètes,
01:45 les pistaches fermées et les raisins secs pour me gaver de noix de cajou comme tout le monde l'aurait fait à ma place.
01:52 À ce moment-là, on frappa à la porte de la loge.
01:55 « Tu veux bien ouvrir ? » cria Henri Salvador de sa douche.
01:58 J'allais ouvrir et là je me suis retrouvé face à Alain Delon.
02:02 Je restais muet un instant évidemment en raison de l'émotion,
02:06 mais surtout parce que je ne pouvais pas parler, j'avais la bouche pleine de noix de cajou,
02:10 et Delon, pour rompre le silence, me demanda « On se connaît, non ? »
02:14 Là j'ai compris qu'il avait l'habitude de voir ses interlocuteurs tétanisés lorsqu'ils se trouvaient en face de lui,
02:19 alors il avait mis au point cette formule pour rompre ce moment de scélération.
02:23 Alors je mâchais le plus vite possible pour vider ma bouche et je répondis « Moi je vous connais comme tout le monde ! »
02:29 en lui postillonnant un mouchetil de noix de cajou au visage.
02:33 En le voyant constellé de petits points jaunes, on pensait plus à un papy hépatique en Ehpad qu'à la race des seigneurs.
02:40 Qu'il en soit, je jouais pour me rattraper les maîtresses de maison,
02:43 et pour me donner une importance je lui proposais de s'asseoir, de servir un verre de vin.
02:48 Alors il a pris la bouteille de Bordeaux, l'a levée vers le ciel, il a plissé des yeux comme pour mieux déchiffrer l'étiquette,
02:54 puis il s'est servi un verre, il a goûté, il a fait une mouche genre « Oui, entre deux os »
02:59 et puis il a plongé la main dans le bol du mélange apéritif,
03:03 et en faisant ce geste, son bras passait à 20 cm de mon visage,
03:08 et j'en tremblais d'émotion, j'en tremble encore en vous le racontant, le bras d'Alain Delon.
03:13 Je ne sais pas pourquoi, sa main me fit penser à un film que j'avais vu en colo,
03:18 « Mélodie en sous-sol » dans lequel il avait un rituel, lorsqu'il sortait une gitane de son paquet,
03:23 il la faisait glisser le long de ses lèvres comme pour mieux coller le papier,
03:27 un geste qu'avaient conservé les voyous qui avaient roulé leur cigarette.
03:31 Mais parce que c'était Alain Delon, ce geste devenait soudain d'une élégance folle,
03:35 et nous nous amusions à le refaire lorsqu'on fumait en cachette dans les cours de récré nos premières cigarettes.
03:41 Je regardais la main d'Alain Delon, c'est là que j'ai vu les tâches sombres de la vieillesse.
03:46 La main du jeune voyou, la vieille main, mais c'était la même qui sortait avec classe les gitanes de leur paquet.
03:53 C'était devenu une main de papy, et elle était en train de farfouiller dans le bol qui contenait le mélange apéritif
03:59 pour y dénicher les rares noix de cajou que je n'avais pas mangées.
04:04 Mais quand même, je ne suis pas prêt d'oublier le bras de Delon à quelques centimètres de mon visage.
04:09 La télé a diffusé il y a quelques jours "Le Cercle Rouge", le film magnifique de Melville qui réunit Alain Delon,
04:15 qui est né donc il y a 88 ans, et Yves Montand, qui est mort lui, il y a 31 ans.
04:20 Les deux auraient mérité de faire partie de la distribution d'un autre film de Delon, "La race des seigneurs",
04:27 car ce sont deux légendes, même si Delon est une Ferrari et que Montand roule en bicyclette.

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