Guy Carlier : "Demain, ce sera ma dernière chronique..."

Sud Radio

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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Benjamin Gleize.

00:057h55 sur Sud Radio, Laurie Leclerc est là avec nous,

00:09puisque Guy Carlier est présent dans les starting blocks.

00:13Ça va être quoi le thème de sa chronique aujourd'hui ?

00:15Alors, Guy me surprend un peu ce matin parce qu'il nous dit que c'est la dernière chronique,

00:19alors que demain, Guy, c'est prévu que vous soyez encore parmi nous.

00:22Alors, éclairez-nous sur ce malentendu.

00:24Bonjour Guy.

00:25Bonjour Laurie, bonjour Benjamin, bonjour à tous.

00:27Oui, c'est vrai, la dernière chronique, Carlier Libre, est prévue demain,

00:32mais comme ce soir aura lieu la grande fête Sud Radio de fin de saison

00:36et qu'on n'aura pas besoin de tourtelles pour aller jusqu'au bout de la nuit,

00:39il est fort probable que je ne serai pas en état demain matin d'écrire une chronique d'adieu

00:44avec la solennité, la dignité et l'émotion qu'elle requiert.

00:47D'ailleurs, je ne sais même pas si je serai là demain, car pour tout vous dire,

00:51je ne compte pas rentrer seul ce soir.

00:53Oh non, je me suis cité de nom pour préserver l'intimité d'Arlène Chabot,

00:57mais ce que je veux dire, c'est qu'au moment où l'on ouvre les yeux sur un lit défait

01:01par une nuit d'amour et que les souvenirs reviennent à la vue de deux coups de champagne

01:05renversés sur la moquette, on n'a pas forcément envie de se lever aux aurores

01:09pour écrire une chronique, surtout si elle revêt une importance particulière,

01:13puisque c'est la dernière.

01:15Et oui, demain sera ma dernière chronique.

01:18Pas seulement la dernière de la saison,

01:20pas seulement la dernière de ces trois années de Carlier Libre,

01:23mais la dernière des dix mille chroniques matinales de ma vie.

01:27Ah oui, ça en jette là.

01:29On est passé du rire aux larmes.

01:31C'est ça, c'est la comédia dell'arte.

01:33Trente ans, trente ans que je vous joue la comédia dell'arte.

01:36Chaque matin, qu'on se retrouve pendant quatre minutes avant d'affronter la journée.

01:40Trente ans que je partage vos petits déjeuners.

01:43Trente ans de douche.

01:44Trente ans pendant lesquels, pour ceux que la chronique n'intéressait pas,

01:47j'ai servi de réveil, du genre

01:49« Michel, sors de la douche, on est en retard, c'est déjà l'heure de l'eau de con ! »

01:53La dernière chronique.

01:55Autant vous dire que vous pouvez prévenir vos amis

01:57qui pourraient écouter une autre station de radio,

01:59mais comment est-ce possible de nous rejoindre ?

02:01Car c'est la dernière, je n'ai rien à perdre,

02:04je ne vais pas partir comme ça, sans un coup d'éclat,

02:07ou comme tous ces chroniqueurs médiocres

02:09qui balancent la chanson de Jean-Louis Aubert.

02:11Voilà, c'est fini, en pensant faire preuve d'originalité,

02:14alors que ça fait vingt ans qu'à chaque fin de saison,

02:17les animateurs virés balancent « Voilà, c'est fini »,

02:19ce qui confirme leur manque d'originalité, d'ailleurs.

02:22J'aurais pu hausser le curseur et mettre en fond sonore

02:25les pales des hélicos de la chanson des Doors,

02:27« The End », avec la symbolique d'un monde

02:30qui brûle au napalm de la folie humaine,

02:32mais je n'ai même pas envie de me faire plaisir

02:35avec du lyrisme facile,

02:37j'ai la flemme de faire dans l'émotion frelatée.

02:40Bien sûr, je pourrais terminer sur un coup de théâtre,

02:43une phrase-choc qui serait reprise par tous les réseaux,

02:46par exemple, citer un nom et le faire suivre du mot « enculé ».

02:50Mais à quoi bon se faire plaisir

02:52en finissant sur une polémique dérisoire,

02:55même avec Bernard-Henri Lévy ?

02:57Alors, à demain pour la DER des DER,

02:59je vous raconterai la soirée de fin de saison de Sud Radio,

03:02ce sera plus passionnant et plus rigolo

03:04que la fin de trente années de chroniques radiophoniques

03:07où, comme l'orchestre du Titanic,

03:09j'ai joué le plus longtemps possible

03:11sur le pont d'un monde qui s'enfonce inexorablement dans les flots,

03:14mais il est temps que je saute dans un canot de sauvetage,

03:17que je finisse cette chronique

03:19comme chaque matin en vous disant « je vous embrasse ».

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