DB - 09-11-2023
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00:07:52 -Bonjour, Monsieur Moreau.
00:08:02 -Eh, n'oubliez pas, hein,
00:08:04 la registrielle,
00:08:06 on le doit en mon nom. Au revoir.
00:08:08 (Musique)
00:08:10 -Alors, comment ça s'est passé ?
00:08:16 T'as fait bon voyage ?
00:08:18 -Oui.
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00:08:22 (Musique)
00:08:50 -Vraiment, c'était bien la peine de faire ce voyage au Havre.
00:08:54 Enfin, ton oncle t'a bien parlé de quelque chose.
00:08:57 -Oui. Il a été très gentil.
00:08:59 On a parlé de mes études.
00:09:01 -Tu as bien dit que tu avais eu le prix d'honneur du lycée.
00:09:04 -Oui, je crois.
00:09:06 -Comment tu crois ?
00:09:08 Tu as bien dit que tu voulais faire une carrière
00:09:11 et que tu avais besoin de protection, de...
00:09:14 -D'argent.
00:09:16 Eh bien, oui, maman.
00:09:18 Mon oncle est sans doute très riche,
00:09:20 mais il ne m'a pas parlé d'argent et moi non plus.
00:09:23 -T'es extraordinaire. Tu es son seul héritier.
00:09:26 Tu n'as même pas décidé la matière de tes études.
00:09:30 Tu lances des phrases contre le gouvernement
00:09:33 et tu fais le désintéressé.
00:09:35 -M. Frédéric,
00:09:37 un garçon de l'hôtel du signe de la Croix
00:09:39 vient d'apporter ce billet.
00:09:41 (Il lève la main.)
00:09:43 -C'est Deslauriers.
00:09:51 Il a un service à me demander.
00:09:53 Il me donne rendez-vous après dîner.
00:09:55 -Ton camarade Deslauriers, il ne perd pas de temps.
00:09:58 -Maintenant, tu vas me raconter ton voyage.
00:10:04 Alors, ton oncle ?
00:10:06 -Charmant, tout à fait charmant, mais il ne m'a pas donné un sou.
00:10:09 -C'est pas moi qui compte être en demandé.
00:10:11 Peu importe.
00:10:13 Alors, qu'est-ce que tu vas faire ?
00:10:15 -Je n'en sais rien. J'hésite.
00:10:17 Je compte m'inscrire à la faculté de droit
00:10:19 pour faire plaisir à ma mère,
00:10:21 mais je me vois aussi bien en faisant des mathématiques supérieures.
00:10:24 La poésie, peut-être.
00:10:26 J'attends que tout se décide à ma place.
00:10:28 Mais j'aimerais écrire un roman.
00:10:31 Devenir le Walter Scott de la France.
00:10:34 -Tu es fou. Il faut faire ton droit
00:10:36 et ne penser qu'à la politique.
00:10:38 -La France n'a plus besoin d'artistes.
00:10:40 Tout va aller très vite. Un nouveau 89 se prépare.
00:10:42 On en a assez des promesses du gouvernement, de ces mensonges.
00:10:46 Si j'avais un journal, je secourais le pays.
00:10:49 Mais pour avoir un journal, il faut de l'argent.
00:10:51 Je n'en ai pas.
00:10:53 Et je perds ma jeunesse dans une étude d'avouée province.
00:10:56 -Serviteurs, messieurs.
00:11:02 -Bonsoir.
00:11:03 -Vous voilà de retour, M. Moreau ?
00:11:05 -Eh bien, oui.
00:11:06 -Je sais bien que ma fillette vous verra un de ces jours, M. Moreau.
00:11:09 Vous ne l'avez pas oublié, au moins, ma petite Louise.
00:11:11 -Oh, non.
00:11:12 -Ah non, tant mieux.
00:11:14 Et serviteurs, messieurs.
00:11:16 -Bonsoir.
00:11:17 -Qui était-ce ?
00:11:23 -Le père Rock.
00:11:24 -Ah ! Je ne l'ai pas reconnu, le père Rock.
00:11:27 Tu sais qu'il est régisseur du compte d'Ambrose, le banquier ?
00:11:30 -Oui, je sais.
00:11:31 -Qu'il vient d'acheter encore je ne sais combien de domaines par ici.
00:11:33 -Je sais.
00:11:34 -Tu le connais bien, Rock ?
00:11:36 -Ma mère le connaît depuis longtemps.
00:11:38 -Dis donc, mon brave, sais-tu ce que tu devrais faire ?
00:11:42 Tu devrais prier le vieux Rock de t'introduire chez les d'Ambrose.
00:11:45 Tu as un habit noir, des gants blancs, profites-en.
00:11:48 Arrange-toi pour lui plaire.
00:11:50 À sa femme aussi.
00:11:52 Deviens l'amant de Mme d'Ambrose.
00:11:55 -Oh, écoute, quand tu y vas...
00:11:56 -Mais bien sûr que j'y vais.
00:11:57 Tu ne sais pas ce que tu veux.
00:11:59 Je te dis des choses simples, classiques.
00:12:01 Souviens-toi de Rastignac, de Rubinpré.
00:12:04 Tu réussiras, j'en suis sûr.
00:12:06 -La maison de la Turque.
00:12:11 -Je te salue, Vénus, reine des cieux.
00:12:14 Naturellement, tu n'as pas d'argent.
00:12:17 La pauvreté est mère de la vertu.
00:12:20 -Charles...
00:12:21 -Quoi donc ?
00:12:22 -Sur le bateau, j'ai rencontré...
00:12:27 une femme, enfin...
00:12:29 un homme.
00:12:30 -Une femme ou un homme ?
00:12:32 -Les deux.
00:12:33 Jacques Arnault.
00:12:36 Il a une revue artistique.
00:12:38 -Et une femme ?
00:12:39 Écoute-moi bien.
00:12:42 Il y a quelqu'un que tu dois voir, d'Ambrose.
00:12:45 Tu le connaîtras grâce à Roque.
00:12:47 Je compte sur toi ?
00:12:48 -Oui.
00:12:50 Je te promets d'essayer.
00:12:54 -Je serai de retour pour le déjeuner.
00:12:56 -M. Moreau est de nos gens.
00:13:00 C'est Roque qui me l'envoie.
00:13:02 -Mais son âge, madame ?
00:13:04 -Je ne sais pas.
00:13:08 -Vous êtes un peu trop jeune pour le déjeuner.
00:13:11 -Je ne suis pas un jeune.
00:13:13 -Vous êtes un jeune.
00:13:15 -Je ne suis pas un jeune.
00:13:17 -Vous êtes un jeune.
00:13:19 -Vous êtes un jeune.
00:13:21 -Vous êtes un jeune.
00:13:23 -Vous êtes un jeune.
00:13:25 -Vous êtes un jeune.
00:13:27 -Vous êtes un jeune.
00:13:29 -Vous êtes un jeune.
00:13:31 -Vous êtes un jeune.
00:13:33 -Vous êtes un jeune.
00:13:35 -Vous êtes un jeune.
00:13:37 -Vous êtes un jeune.
00:13:39 -Vous êtes un jeune.
00:13:41 -Vous êtes un jeune.
00:13:43 -Vous êtes un jeune.
00:13:45 -Vous êtes un jeune.
00:13:47 -Vous êtes un jeune.
00:13:49 -Je n'y manquerai plus.
00:13:51 -Au revoir, monsieur.
00:13:53 -Au revoir.
00:13:55 ...
00:14:19 -Mon vieux, je vous demande de faire une signature de Rubens en bas de cette croûte.
00:14:25 Qu'est-ce que je dois en faire?
00:14:27 Je dois l'envoyer en Californie?
00:14:29 Je ne vous vois pas ici.
00:14:31 -Pardon, monsieur.
00:14:33 Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais je suis le jeune homme que vous avez rencontré il y a un an sur le bateau.
00:14:39 -Oui, le jeune homme de nos gens.
00:14:41 Entrez donc.
00:14:43 Je vous présente le Rubens d'aujourd'hui.
00:14:47 Pellerin, je suis à vous dans un instant.
00:14:49 -Depuis six mois, l'affaire est faite.
00:14:57 J'attends toujours.
00:14:59 -Bientôt, bientôt.
00:15:01 Écoute-moi.
00:15:03 -C'est sa maîtresse?
00:15:07 -Il en a d'autres.
00:15:11 Celle-là, c'est la...
00:15:13 C'est Mademoiselle Vatnaz.
00:15:15 -Vatnaz?
00:15:17 -Sa femme le lui rend?
00:15:23 -Pas du tout. Elle est honnête.
00:15:25 -Elle s'appelle Marie, je crois.
00:15:29 -Oui.
00:15:31 -Bonjour, Pellerin.
00:15:35 -Alors, voyageur, rappelez-moi votre nom.
00:15:37 -Frédéric Moreau.
00:15:39 -Je te présente M. Moreau.
00:15:41 Mademoiselle Vatnaz.
00:15:43 -Enchantée.
00:15:45 -À bientôt.
00:15:47 -J'ai reçu ce matin quelques truites de Genève.
00:15:53 Je compte sur vous pour dîner.
00:15:55 Rue de Choiseul, 24-10.
00:15:57 Pellerin, vous êtes des nôtres, naturellement.
00:15:59 À 8h30 précise, le dîner.
00:16:01 -Comptez sans moi.
00:16:05 -Mes amis,
00:16:11 je bois à l'internationalité de l'art.
00:16:13 Du reste, vous avez pu constater ce soir
00:16:17 qu'ici, on ne mange que les plats ordinaires
00:16:19 des bourgeois français.
00:16:21 Vous avez eu le gazpacho espagnol,
00:16:23 les merles de Sardaigne,
00:16:25 le gingembre anglais,
00:16:27 les lasagnes romaines
00:16:29 et le curry des Indes.
00:16:31 Vous avez bu le toquet du Hongri
00:16:33 et le lipre-olive
00:16:35 de je ne sais plus où.
00:16:37 Voilà la vérité.
00:16:39 -Laissez-nous tranquille
00:16:41 avec votre hideuse réalité.
00:16:43 Vous n'avez que ce mot à la bouche.
00:16:45 -Est-ce que votre estomac se contente
00:16:47 de ma réalité, M. Pellerin,
00:16:49 ou est-ce qu'il n'en est pas satisfait?
00:16:51 (rires)
00:16:53 -Et d'ailleurs,
00:16:55 qu'est-ce que ça veut dire, la réalité?
00:16:57 C'est un bois noir,
00:16:59 d'autres bleus.
00:17:01 La multitude vous voit bête.
00:17:03 -Rien de moins naturel
00:17:05 que Michel-Ange, mais...
00:17:07 rien de plus grand.
00:17:09 -Le souci de la réalité
00:17:12 dénote la bassesse contemporaine.
00:17:15 Moi, je dis que l'art
00:17:17 doit créer en nous
00:17:19 une exaltation impersonnelle.
00:17:21 Moi, je dis,
00:17:23 mieux vaut l'exubérance que le goût,
00:17:25 le désert que le trottoir
00:17:27 et un sauvage qu'un coiffeur.
00:17:29 Voilà ce que je dis.
00:17:31 -Bravo, Pellerin.
00:17:33 Si nous écoutions maintenant
00:17:35 ce que vous avez dit,
00:17:37 nous aurons une meilleure idée.
00:17:39 (musique)
00:17:41 -Êtes-vous satisfait de vos études, monsieur?
00:17:57 -Le droit, vous savez.
00:17:59 -Et vous avez déjà passé des examens?
00:18:01 -Ma foi, non.
00:18:03 J'ai été recalé l'année dernière.
00:18:05 J'avais très peu travaillé,
00:18:07 elle est vraie.
00:18:09 -C'est une année perdue.
00:18:11 Si vous étiez venu nous voir
00:18:13 plus tôt, monsieur, je vous aurais
00:18:15 fermement grondé.
00:18:17 Et peut-on savoir
00:18:19 à quoi vous occupez vos loisirs?
00:18:21 -J'ai commencé à écrire un roman,
00:18:25 mais je l'ai laissé inachevé.
00:18:27 Je vais, le matin,
00:18:29 sous les arcades de l'Odéon,
00:18:31 dans la feuillette des revues.
00:18:33 Je vais lire la revue des deux mondes
00:18:35 au café.
00:18:37 Je vais souvent au collège de France.
00:18:39 Il m'arrive
00:18:41 d'écouter un cours d'économie politique
00:18:43 et je n'y entends rien.
00:18:45 Ou même de chinois.
00:18:47 -De chinois? -Oui.
00:18:49 -Et vous intéressez-vous toujours à la peinture?
00:18:53 -Je commence à y songer,
00:18:55 je dois vous le dire.
00:18:57 Je crois que,
00:18:59 si vous m'encouragez,
00:19:01 je déciderai de devenir peintre.
00:19:03 Oui.
00:19:05 -Il y a bien longtemps que nous n'avons entendu
00:19:11 la jolie voix de madame Arnoux.
00:19:13 (brouhaha)
00:19:15 (musique)
00:19:17 (chant)
00:19:27 (chant)
00:19:29 (chant)
00:19:31 (chant)
00:19:33 ♪ Et jamais, dans mon délire ♪
00:19:40 ♪ Je me fui dans ton esprit ♪
00:19:48 ♪ Je vis dans ton respiration ♪
00:19:55 ♪ Mais un coeur sans palpitant ♪
00:20:01 ♪ Un dior sans affaire ♪
00:20:06 ♪ Un dior sans affaire ♪
00:20:16 Pardonne-moi Frédéric, je viens d'arriver à Paris.
00:20:28 Vous savez où habiter ?
00:20:29 Très très bien, tu as bien fait.
00:20:31 Tu m'avais invité à partager ta chambre.
00:20:33 Comme je m'ennuyais, je vais à mon tour inviter quelques amis.
00:20:36 Sénécal.
00:20:37 Bonsoir Sénécal.
00:20:39 Bonsoir. La bière est excellente.
00:20:41 Du sardier, du sennel.
00:20:44 Bonsoir messieurs.
00:20:45 Bonsoir.
00:20:46 Alors, peut-on savoir ?
00:20:50 Mais quoi donc ?
00:20:51 Eh bien, tu arrives d'un grand dîner ?
00:20:53 Eh bien oui.
00:20:54 J'arrive de chez Jacques Arnaud.
00:20:56 Le marchand de tableaux ?
00:20:58 Cette fripouille ? Comment mais ?
00:21:00 Je ne crois pas.
00:21:02 Mais si, mais si.
00:21:03 Il s'enrichit en vendant des lithographies.
00:21:05 Représentant la famille royale le soir, à la veillée.
00:21:08 On y voit les princesses à l'embroiderie.
00:21:11 Le roi Louis-Philippe tenant un code juridique.
00:21:13 Jouent un ville devant une géographie.
00:21:15 Et tout ça se vend.
00:21:17 C'est une crapule votre Arnaud.
00:21:19 Ce n'est pas vrai.
00:21:20 Arnaud est un honnête homme.
00:21:22 Allons messieurs, taisez-vous.
00:21:25 Taisez-vous, taisez-vous.
00:21:26 Alors mon ami, jour et nuit rêve de madame Arnaud.
00:21:29 Et il y a plus d'un an qu'il l'a entrevue.
00:21:31 Il s'habille pour elle, il se nourrit mal pour elle.
00:21:34 Il échoue à ses examens de droit pour elle.
00:21:37 Je parie bien une choc d'Arnaud.
00:21:39 Moi, mon cher, je ne fume que de l'arnaud.
00:21:41 Et moi, l'autre soir, j'ai vu au théâtre d'une petite Arnaud.
00:21:45 Accroqué.
00:21:46 Mais laissez-moi tranquille avec Arnaud.
00:21:48 C'est Arnaud, Arnaud, Arnaud.
00:21:51 C'est Arnaud, il s'y doute.
00:21:54 Taisez-vous.
00:21:55 C'est un sujet qui m'est pénible.
00:22:00 Et tu le sais très bien, Délaurier.
00:22:03 Alors, évidemment.
00:22:09 Eh bien, moi, messieurs, je m'en vais.
00:22:12 Mais où vas-tu ?
00:22:13 À la lambra.
00:22:15 On se console des femmes vertueuses avec les autres.
00:22:20 Mais je ne comprends pas.
00:22:24 M. Arnaud m'avait dit qu'il m'attendrait pour me conduire à sa campagne.
00:22:27 Oui, oui, c'est exact.
00:22:29 Mais Mme Arnaud était fatiguée.
00:22:31 Ils ont décidé de partir hier soir.
00:22:34 Ils vous attendent avec plaisir, vous savez.
00:22:37 Bonjour, messieurs.
00:22:39 Tiens, Arnaud n'est pas là ?
00:22:41 Ils sont à la campagne.
00:22:42 Ah, bravo, naturellement.
00:22:44 C'est chaque année la même chose.
00:22:45 Dès que les arbres ont trois feuilles, Arnaud décampe le matin.
00:22:49 Se lance dans de longues courses à travers les champs.
00:22:51 Boit du lait dans les fermes.
00:22:52 Bat-il folle avec les villageoises.
00:22:54 Il rapporte des pieds de salade dans son mouchoir.
00:22:56 C'est un vrai rustique, cet homme-là.
00:22:59 Bonjour, le jeune Moreau.
00:23:00 Comment vous portez-vous ?
00:23:01 Bien, bien.
00:23:02 Je compte rejoindre M. et Mme Arnaud à Saint-Cloud.
00:23:05 Alors, mon petit, vous allez me rendre le service
00:23:09 de remettre ceci au maître de maison.
00:23:11 Mais attention, vous serez discret, sans témoin, n'est-ce pas ?
00:23:15 C'est important.
00:23:16 C'est capital.
00:23:17 Capitalissime.
00:23:19 Mais oui, je vous le promets.
00:23:21 Merci, mon petit.
00:23:23 Vous êtes charmant, vous.
00:23:25 Ici, l'écurie.
00:23:35 Et en gare à foin.
00:23:37 Et là, la pergola.
00:23:39 Dans moins d'un mois, nous aurons la clématite en fleurs.
00:23:42 Et en septembre, des raisins délicieux.
00:23:46 Un sépage d'Alsace dont vous me direz des nouvelles.
00:23:50 Tiens.
00:23:52 Ma femme s'est mise à chanter.
00:23:56 Elle a un joli teint, n'est-ce pas ?
00:23:59 Oui.
00:24:00 On l'écouterait pendant des heures.
00:24:03 Croyez-vous qu'elle voudrait bien chanter ce soir ?
00:24:05 Mais...
00:24:06 C'est prévu, Frédéric.
00:24:08 C'est prévu.
00:24:10 Oh, pardonnez-moi.
00:24:12 En passant à l'art industriel, j'ai rencontré Mlle Vatnaz,
00:24:14 qui m'a remis cette lettre pour vous.
00:24:16 Vous permettez.
00:24:19 Diable, diable, diable.
00:24:22 Comme c'est ennuyeux.
00:24:25 Elle a raison.
00:24:27 Il faut que je rentre à Paris.
00:24:30 Valentin, je voudrais atteler à 9h30.
00:24:39 Comment ? Tu veux déjà rentrer ?
00:24:41 Eh oui.
00:24:43 Mon caissier me rappelle au bureau.
00:24:45 Il y a une histoire d'échéance que j'avais complètement oubliée.
00:24:48 Veux-tu que je m'en retourne avec toi ?
00:24:51 Mais madame, vous savez bien qu'on ne peut pas vivre sans vous.
00:24:55 Ça ne fait rien.
00:24:57 Il nous reste un bon morceau de soirée.
00:24:59 Alors, pèlerins, toujours vos théories modernissimes ?
00:25:03 Qu'en êtes-vous arrivé, maintenant ?
00:25:05 Je disais que l'art n'a pas de patrie.
00:25:07 Très bien.
00:25:09 Et très nouveau.
00:25:11 Oui, très bien.
00:25:12 La nouveauté, vous refusez de la reconnaître.
00:25:14 Parce que les préjugés vous obscurcissent la vue.
00:25:17 Quand je les entends parler de leur art,
00:25:20 de leur littérature et de leur politique,
00:25:24 il me semble qu'ils pourraient me passer sur le corps
00:25:28 et je ne bougerais pas.
00:25:31 La vie ne m'intéresse pas si elle doit être un combat.
00:25:35 Je crois plutôt aux songes.
00:25:38 Moi aussi.
00:25:43 J'aimerais vous dire les miens.
00:25:46 Écoutez les vôtres.
00:25:48 Vous ne pourriez pas.
00:25:50 Je ne pourrais pas non plus, je crois à tellement de choses.
00:25:53 Aux songes et aux parfums qui vous font mal.
00:25:58 Aux visages qui vous parlent sans qu'on puisse entendre un seul mot.
00:26:02 Je crois aux étoiles qui nous gouvernent.
00:26:07 Je crois à tout ce qui nous fait obéir.
00:26:11 Moi aussi.
00:26:14 Regarde ma chérie.
00:26:16 Ce sont les premières roses, tes préférées.
00:26:19 Tiens. Oh pardon.
00:26:22 Voilà.
00:26:25 Tu les emporteras ce soir à Paris.
00:26:31 Oh merci.
00:26:33 Oh, je me suis piquée, excusez-moi.
00:26:35 Mais, mais, mais je dis rien voyons.
00:26:39 Oh.
00:26:42 Oh.
00:26:45 Oh.
00:26:48 Oh.
00:26:50 Oh.
00:26:52 Oh.
00:26:54 Oh.
00:26:56 Oh.
00:26:58 Oh.
00:27:01 Oh.
00:27:03 Oh.
00:27:32 Je vais te donner ton bouquet.
00:27:34 Ce n'est pas la peine.
00:27:35 Je cours le chercher.
00:27:36 Non, je n'en veux pas.
00:27:39 Allez, montez.
00:27:57 Moi j'aime bien l'air frais, je vais à côté du cocher.
00:28:02 Je les ai trouvés par terre.
00:28:06 Je suis venu.
00:28:11 Allez.
00:28:14 Allez.
00:28:16 Allez.
00:28:18 Allez.
00:28:21 Allez.
00:28:23 Allez.
00:28:51 Vous voyez un peu.
00:28:54 Elle vous fatigue ?
00:28:59 Non, pas du tout.
00:29:02 Que vous êtes bon.
00:29:06 Pourquoi ?
00:29:08 Parce que vous aimez les enfants.
00:29:10 Pas tous.
00:29:12 Pas tous.
00:29:15 Je vais te donner ton bouquet.
00:29:17 Non, je n'en veux pas.
00:29:19 Je vais te donner ton bouquet.
00:29:21 Non, je n'en veux pas.
00:29:23 Je vais te donner ton bouquet.
00:29:25 Non, je n'en veux pas.
00:29:27 Je vais te donner ton bouquet.
00:29:29 Non, je n'en veux pas.
00:29:31 Je vais te donner ton bouquet.
00:29:33 Non, je n'en veux pas.
00:29:35 Je vais te donner ton bouquet.
00:29:37 Non, je n'en veux pas.
00:29:39 Je vais te donner ton bouquet.
00:29:41 Non, je n'en veux pas.
00:29:43 Je vais te donner ton bouquet.
00:29:45 Non, je n'en veux pas.
00:29:47 Je vais te donner ton bouquet.
00:29:49 Non, je n'en veux pas.
00:29:51 Je vais te donner ton bouquet.
00:29:53 Non, je n'en veux pas.
00:29:55 Je vais te donner ton bouquet.
00:29:57 Non, je n'en veux pas.
00:29:59 Je vais te donner ton bouquet.
00:30:01 Non, je n'en veux pas.
00:30:03 Je vais te donner ton bouquet.
00:30:05 Non, je n'en veux pas.
00:30:07 Je vais te donner ton bouquet.
00:30:09 Non, je n'en veux pas.
00:30:11 Je vais te donner ton bouquet.
00:30:13 Je vais te donner ton bouquet.
00:30:15 [Musique]
00:30:43 [Musique]
00:30:45 [Musique]
00:30:47 [Musique]
00:30:49 [Musique]
00:30:51 [Musique]
00:30:53 [Musique]
00:30:55 [Musique]
00:30:57 [Musique]
00:30:59 [Musique]
00:31:01 [Musique]
00:31:03 [Musique]
00:31:05 Tu veux essayer celui-là?
00:31:07 Merci.
00:31:09 [Musique]
00:31:11 [Musique]
00:31:13 [Musique]
00:31:15 [Musique]
00:31:17 [Musique]
00:31:19 [Musique]
00:31:21 [Musique]
00:31:23 [Musique]
00:31:25 Frédéric,
00:31:27 je m'imagine que je suis ta femme.
00:31:29 [Sanglots]
00:31:31 [Sanglots]
00:31:33 [Sanglots]
00:31:35 Mais enfin Louise,
00:31:37 pourquoi pleures-tu?
00:31:39 Je ne peux pas te le dire.
00:31:41 Pourquoi es-tu toujours à Paris aussi?
00:31:47 Mais je suis là, petite fille.
00:31:49 Tu repartiras,
00:31:51 papa me l'a dit.
00:31:53 Monsieur Roch est bien savant.
00:31:55 Il dit aussi que tu ne fais rien à Paris,
00:31:57 que tu t'amuses.
00:31:59 Mais pas toujours.
00:32:01 Mais tu pleures comme ça, tout d'un coup,
00:32:03 tu n'as aucune raison voyons.
00:32:05 Madame, vous permettez.
00:32:07 [Sanglots]
00:32:09 Mon Dieu,
00:32:11 Monsieur Roch,
00:32:13 c'est une lettre du Havre.
00:32:15 Son oncle...
00:32:17 Frédéric!
00:32:19 Frédéric!
00:32:21 Mais enfin,
00:32:23 qu'est-ce qu'il fait?
00:32:25 Mais qu'est-ce qu'il fait?
00:32:27 Il est vrai que lorsqu'il est avec ma petite fille,
00:32:29 il semble si heureux.
00:32:31 Mais qu'est-ce qui se passe?
00:32:33 Regarde.
00:32:35 [Il lit la lettre.]
00:32:37 Justice de paix du Havre,
00:32:47 3e arrondissement.
00:32:49 Monsieur,
00:32:51 Monsieur Moreau,
00:32:53 votre oncle étant mort,
00:32:55 sans laisser de testament,
00:32:57 vous devenez son seul héritier légal.
00:32:59 En conséquence,
00:33:03 27 000 livres de rente.
00:33:05 Maman!
00:33:07 Ce n'est rien, ce n'est rien. C'est la joie.
00:33:09 Madame, je suis heureux d'être le premier à vous féliciter.
00:33:11 Et vous aussi, Monsieur Frédéric.
00:33:13 Oh, comme je suis heureuse, mon Dieu.
00:33:15 Tu vas finir ton droit.
00:33:17 Et puis, tu trouveras bientôt un parti avantageux
00:33:19 et tu viendras t'installer ici comme avocat.
00:33:21 Ah non,
00:33:23 j'habiterai Paris, toujours,
00:33:25 toute ma vie.
00:33:27 Pour faire quoi?
00:33:29 Rien.
00:33:31 Ministre.
00:33:33 Tu plaisantes.
00:33:35 Non, pas du tout.
00:33:37 D'abord, avec la protection de Monsieur d'Ambruse,
00:33:39 j'entrerai au Conseil d'État.
00:33:41 Monsieur d'Ambruse, tu le connais donc?
00:33:43 Oui, oui, par moi, si je puis me permettre de le dire.
00:33:45 Oui, j'ai été invité chez lui.
00:33:47 Jusqu'à présent, je n'avais pas jugé utile de cultiver cette relation,
00:33:49 mais maintenant, sans doute.
00:33:51 Quand veux-tu partir?
00:33:53 Je ne sais pas. Demain.
00:33:55 Après-demain ou plus tard.
00:33:59 Il y a beaucoup de choses à faire.
00:34:01 Oh, laisse-moi, laisse-moi.
00:34:05 Je ne peux pas.
00:34:33 Monsieur Michel Perrault.
00:34:35 Bonjour.
00:34:37 Monsieur Frédéric Moreau.
00:34:39 Vos visites sont vraiment très rares, cher monsieur.
00:34:43 Vous pensez bien que j'en ferai un tour?
00:34:45 Content de vous voir, Frédéric.
00:34:49 Amusez-vous.
00:34:51 Monsieur Deloney.
00:34:55 Moi aussi, mon chér.
00:34:57 Je suis vraiment ravi.
00:34:59 Je suis très content.
00:35:01 Il demande l'organisation du travail.
00:35:11 Est-ce que vous concevez une pareille absurdité?
00:35:13 Que voulez-vous?
00:35:17 Aujourd'hui, on voit des conservateurs s'intituler eux-mêmes progressifs.
00:35:19 Pour nous amener à quoi?
00:35:21 À la République.
00:35:23 Comme si la République était possible en fait.
00:35:25 Mais la République est impossible.
00:35:27 On écrit et on publie des tas de livres sur la Révolution.
00:35:29 Et ces publications laissent des traces.
00:35:31 Bien sûr, et la presse en boite le pas.
00:35:33 Mon cher, pour baïonner les journalistes,
00:35:35 je voudrais qu'il y eût des cours martials.
00:35:37 À la moindre insolence, le Conseil de guerre.
00:35:39 Mais c'est évident.
00:35:41 Que fait-on d'autres officiers qui ont trahi?
00:35:43 En réalité, je crois que la France est perdue.
00:35:45 À moins...
00:35:49 À moins qu'on ne décentralise.
00:35:51 Il faut répartir l'excédent des villes dans les campagnes.
00:35:55 Voilà.
00:35:57 Oui, mais les campagnes sont gangrenées.
00:35:59 Il faudrait commencer par raffermir la religion.
00:36:01 Effectivement.
00:36:03 La religion est un frein.
00:36:05 Un comment, excusez-moi?
00:36:07 Un frein.
00:36:09 Ah oui.
00:36:11 (musique)
00:36:29 Écoute, Frédéric,
00:36:31 nous te devons la vérité.
00:36:33 Tu sais que Arnaud a de gros ennuis d'argent.
00:36:35 C'est Hussonnet qui a racheté son journal.
00:36:37 Et ça s'appelle maintenant l'art.
00:36:39 C'est une société au capital social de 40 000 francs.
00:36:41 La société a pour but de publier des débutants.
00:36:43 Dis donc, Hussonnet, tu sais tout ça par coeur, toi.
00:36:45 D'épargner au talent, au génie, peut-être,
00:36:49 les crises douloureuses qui abreuvent la jeunesse
00:36:51 et la rendent à jamais stérile.
00:36:53 Tu vois le genre.
00:36:55 Mais attends la suite.
00:36:57 Nous avons l'intention...
00:36:59 Tu as l'intention?
00:37:01 Je ne suis pas le seul.
00:37:03 De hausser peu à peu le ton du journal
00:37:05 et de le transformer en journal politique.
00:37:07 Moi, je n'ai rien contre.
00:37:09 À condition que le journal garde un ton.
00:37:11 Comment dirais-je?
00:37:13 Qu'il garde un certain cachet.
00:37:15 De toute façon, messieurs,
00:37:17 votre politique avec ses belles intentions n'ira pas loin.
00:37:19 Vous ne pourrez rien contre les féodalités de l'argent.
00:37:21 Vous ne pouvez même pas aider le peuple.
00:37:23 Or, le peuple n'en peut plus.
00:37:25 Et bientôt, il se lèvera à l'assaut des capitalistes.
00:37:27 Mon cher Frédéric,
00:37:33 votre bel hôtel tout neuf sera livré au pillage.
00:37:35 Écoutez, pardon.
00:37:37 J'appartiens à une classe sociale élevée, c'est vrai.
00:37:39 Mais je peux témoigner...
00:37:41 Que nous secourons beaucoup de misère cachée.
00:37:43 C'est ça. Mais vous le faites avec beaucoup de discrétion.
00:37:45 Avec beaucoup de...
00:37:47 Cachet.
00:37:49 D'abord, il n'y a pas de classe sociale élevée.
00:37:51 On n'est élevé que par le cœur, monsieur.
00:37:53 Nous ne voulons pas d'aumône, entendez-vous,
00:37:55 mais l'égalité.
00:37:57 La juste répartition des produits.
00:37:59 Nous voulons que l'individu n'existe pas.
00:38:01 Et que l'individu n'existe pas.
00:38:03 Nous voulons que l'individu n'existe que pour servir la société.
00:38:05 Nous voulons abolir les titres de noblesse,
00:38:07 les décorations, les panaches,
00:38:09 les livrets des domestiques,
00:38:11 et même les réputations.
00:38:13 Je bois
00:38:17 à la destruction complète
00:38:19 de l'ordre actuel.
00:38:21 C'est-à-dire tout ce qu'on nomme
00:38:23 privilège, monopole, direction, hiérarchie,
00:38:25 autorité, état,
00:38:27 l'État.
00:38:31 Je ne veux pas que je vous dise
00:38:33 que je voudrais briser comme un verre.
00:38:35 Bravo.
00:38:37 Il a raison, tout à fait raison.
00:38:39 Absolument.
00:38:41 Ça m'ennuie ce que vous me dites
00:38:43 des embarras financiers de mon ami Arnaud.
00:38:45 Tu sais ce que c'est.
00:38:47 Il avait cet terrain à Belleville qu'il a hypothéqué.
00:38:49 Il n'a pas pu rembourser les hypothèques
00:38:51 et il a été saisi.
00:38:53 Saisi?
00:38:55 Oui, en face à Galerie de Tableau.
00:38:57 Bon, revenons aux affaires sérieuses.
00:38:59 Quelques dépenses d'imprimerie,
00:39:01 de bureaux, de publicité.
00:39:03 Bref, il nous faut...
00:39:05 15 000 francs.
00:39:07 Mais...
00:39:09 Qui vous dit que je les ai?
00:39:11 Oh, je comprends.
00:39:13 On a des besoins
00:39:15 aristocratiques.
00:39:17 Sans doute quelques femmes.
00:39:19 Eh bien, quand cela serait, ne suis-je pas libre?
00:39:21 Oh, mais très libre.
00:39:23 C'est si commode, les promesses.
00:39:25 Au collège, on vit comme des frères.
00:39:27 On chuchote à la chapelle devant la barbe de Saint-Louis.
00:39:29 On rêve au dortoir.
00:39:33 D'où l'on domine le cimetière.
00:39:35 Les jours de promenade,
00:39:39 on marche derrière tous les autres
00:39:41 pour causer interminablement.
00:39:43 On jure de ne jamais se quitter.
00:39:45 On constituera une phalange plus tard.
00:39:47 On imitera la conspiration des 13 de Balzac.
00:39:49 Et puis on se retrouve à Paris, un beau jour.
00:39:51 Et bonsoir, mon vieux, va te promener.
00:39:53 Celui qui pourrait aider l'autre garde tout pour lui seul.
00:39:55 Charles, Charles.
00:39:57 Tu nous as même pas présenté chez les dambreuses.
00:39:59 Attends un peu, Charles.
00:40:01 Voyons, mon prince.
00:40:03 Soyez un mécène, protégez les arts.
00:40:23 Mon cher maître,
00:40:25 je vous serais reconnaissant de me faire tenir au plus tôt
00:40:27 la somme de 15 000 francs
00:40:29 dont j'ai un besoin urgent.
00:40:33 Faites des excuses, seigneur.
00:40:47 Je te reconnais bien là.
00:40:49 Tu n'y perdras rien, c'est une affaire excellente.
00:40:51 Fois de gentilhomme,
00:40:53 vous êtes un brave.
00:40:55 On vous mettra dans la galerie des hommes utiles.
00:40:57 Au revoir, mon frère.
00:41:03 Tu sais que Arnaud a de gros ennuis d'argent.
00:41:15 Pardon, monsieur.
00:41:17 Monsieur Arnaud, c'est à quel étage?
00:41:19 Deuxième droite.
00:41:21 Merci.
00:41:23 Vous êtes un grand artiste.
00:41:43 Je vous en prie, ne vous en faites pas.
00:41:45 Je vous en prie.
00:41:47 Monsieur Frédéric Moreau.
00:42:15 Je veux que les gens qui l'ont,
00:42:17 qu'ils l'entrent.
00:42:19 Par exemple...
00:42:23 Frédéric.
00:42:25 Vous.
00:42:27 C'est Eugène.
00:42:37 Il va avoir bientôt 4 ans.
00:42:39 Mais qu'est-ce qui se passe?
00:42:41 Je vous ai cherché dans tout Paris.
00:42:43 Je voulais vous en raconter.
00:42:45 Mais... mais qu'est-ce qu'il y a?
00:42:47 Il y a...
00:42:49 Il y a, mon petit,
00:42:51 il y a que nous sommes en période de décadence.
00:42:53 La grande peinture est passée de mode.
00:42:55 Je ne vendais plus aucun tableau.
00:42:57 Voilà.
00:42:59 Alors j'ai expédié l'art et je suis devenu marchand de faïence.
00:43:01 Je tiens un magasin.
00:43:03 Mais vous-même,
00:43:05 vous aviez disparu.
00:43:07 Disparu, non.
00:43:09 Je pensais souvent à vous,
00:43:11 mais je me sentais indiscret.
00:43:13 Oh, comment!
00:43:15 Et puis, j'ai eu un procès interminable.
00:43:17 Ma mère est tombée gravement malade.
00:43:19 Je suis retourné à nos gens pour la soigner.
00:43:21 Mais elle va mieux.
00:43:23 Et je m'installe à Paris, définitivement cette fois.
00:43:25 Ah! Voilà la première bonne nouvelle de l'année.
00:43:27 Excusez-moi, on me réclame.
00:43:31 Il faudra que vous veniez voir mes merveilles.
00:43:33 Mais tous nos amis,
00:43:37 tous les collaborateurs du journal,
00:43:39 ils n'ont pas pu vous aider?
00:43:41 Pellerin, par exemple.
00:43:43 Nous ne le voyons pas souvent.
00:43:47 Nous ne recevons plus comme autrefois.
00:43:51 Je comprends.
00:43:53 Mais comme c'est étrange,
00:43:57 on dirait que vous ne me reconnaissez pas.
00:43:59 Mais si, Frédéric.
00:44:03 Tout ce temps que j'ai vécu sans vous,
00:44:07 j'ai vécu ma vie qui n'était pas la vôtre.
00:44:09 Ma vie!
00:44:13 Descendez.
00:44:19 Il doit vous attendre.
00:44:21 À bientôt.
00:44:27 Vous savez, Pelleric,
00:44:35 je suis un peu en retard sur la beauté.
00:44:37 J'en prends tout.
00:44:39 Mais je réussirai.
00:44:41 Il faudra que je vous mène à ma fabrique.
00:44:43 Je vais vous dire un secret.
00:44:45 Je veux retrouver le rouge de cuivre des Chinois.
00:44:49 Si je le retrouve, ma fortune est faite.
00:44:51 Et je le trouverai, vous verrez.
00:44:53 Puisque vous êtes de retour,
00:44:57 je vais vous conduire dans un endroit
00:44:59 où on s'amuse, une sorte de bal.
00:45:01 Mieux.
00:45:03 Vous y rencontrerez des amis intimes
00:45:05 des d'Andreuses.
00:45:07 Toujours utile, non?
00:45:09 Venez, nous allons dire bonsoir à ma femme.
00:45:11 De la discrétion, n'est-ce pas?
00:45:13 Vous me comprenez.
00:45:15 Elle doit s'occuper des enfants.
00:45:25 Ma chérie!
00:45:31 - C'est comme ça. - Pelleric te salue bien.
00:45:33 - Un instant. - Il ne veut pas te déranger.
00:45:35 Je file, je suis en retard.
00:45:37 - Tu sors? - Oh, c'est sérieux.
00:45:39 Un de mes plus gros clients. Tu sais, le perroudri.
00:45:41 Il faut que je m'en aille.
00:45:43 On m'attend. Ne t'endors pas trop tard.
00:45:45 Allez, venez vite.
00:45:59 Nous allons d'abord choisir nos déguisements
00:46:01 chez un costumier.
00:46:03 [Musique]
00:46:05 Bonsoir.
00:46:31 Grand garde, tu vas gâter mon maquillage.
00:46:33 Monsieur Frédéric Moreau, étudiant.
00:46:35 Tapez là-dedans.
00:46:37 Soyez le bienvenu, monsieur.
00:46:39 Monsieur Arnoux est un prince de ses amis.
00:46:41 [Cris de joie]
00:46:43 Tiens, il y a longtemps qu'on ne vous a vus.
00:46:53 Où diable étiez-vous donc?
00:46:55 Partie en voyage, hein?
00:46:59 En Italie?
00:47:01 On siffle, hein, l'Italie?
00:47:03 Pas si raide qu'on dit.
00:47:05 Apportez-moi vos esquisses un de ces jours.
00:47:07 Ça me fera plaisir.
00:47:09 Mais qui c'est, celui-là?
00:47:13 C'est son père?
00:47:15 Son père?
00:47:17 Oh, non, c'est...
00:47:19 Monsieur Drie.
00:47:21 [Musique]
00:47:23 Vous ne dansez pas?
00:47:37 Excusez-moi, mademoiselle, mais...
00:47:41 je ne sais pas.
00:47:43 Vraiment? Même avec moi?
00:47:45 Tant pis.
00:47:47 Excusez-moi, mais...
00:47:49 il n'était pas chez notre ami Arnoux,
00:47:51 dans la galerie?
00:47:53 De lustre. Ah oui, il est beau, hein?
00:47:55 Je l'adore.
00:47:57 Oui.
00:47:59 Bonsoir, Moreau.
00:48:07 Bonsoir.
00:48:09 Tu commences à mener la grande vie.
00:48:11 Tu y prends goût?
00:48:13 Qu'est-ce que tu as?
00:48:15 Pourquoi pleures-tu?
00:48:17 C'est à cause d'Audrey?
00:48:19 Mon Moreau, tu sais que je t'aimerais toujours.
00:48:21 Mais enfin, n'y pensons plus.
00:48:23 Mais dis donc, je ne comprends plus rien.
00:48:29 Quoi donc?
00:48:31 Et bien, cette fille, Rosanette,
00:48:33 elle est à Arnoux ou bien au père Audrey?
00:48:35 Elle est à eux deux. Et à beaucoup d'autres aussi.
00:48:37 Peu importe.
00:48:39 Bonsoir, Frédéric.
00:48:41 Tiens, tu connais la vatnaz.
00:48:43 Figure-toi qu'elle vient d'écrire un livre de morale.
00:48:45 La guirlande des jeunes personnes.
00:48:47 C'est dingue d'être.
00:48:49 Lui, c'est Delmar, le comédien, son amant.
00:48:51 Enfin, son vieux amant.
00:48:53 Silence!
00:48:55 Je demande le silence!
00:48:57 Regardez mes épaulettes, je suis votre maréchal.
00:48:59 Vive la maréchal!
00:49:01 Je vous sers du champagne.
00:49:03 Au revoir!
00:49:05 Au revoir!
00:49:07 Au revoir!
00:49:09 Au revoir!
00:49:11 Au revoir!
00:49:13 Au revoir!
00:49:15 [Thème de Jean-Luc Métier]
00:49:27 [Musique]
00:49:55 [Musique]
00:50:11 [Applaudissements]
00:50:20 Ah, Rosanette, je passais une soirée fabuleuse, nébuleuse,
00:50:26 pleine de cette morbidez aromène, tu sais, si rare à Paris.
00:50:31 Dis-moi, qui était ce bonhomme qui dirige le théâtre de Lutèce, je crois?
00:50:35 Tu sais, c'est quelqu'un qui a parfaitement sorti mes moyens, mon physique, hein?
00:50:38 Il a dit qu'il avait quelque chose pour moi dans son prochain spectacle.
00:50:41 Rosanette, je compte sur toi pour lui en parler, n'est-ce pas?
00:50:44 Hum? N'est-ce pas?
00:50:46 Mais oui, mon grand.
00:50:48 Ah, Rosanette, je suis gris.
00:50:51 Je sors d'ici plein d'une nouvelle...
00:50:54 homogénéité.
00:50:56 Ah, ben tant mieux.
00:50:57 C'est vrai que ta soirée était très bien.
00:50:59 Merci, ma chérie.
00:51:02 Dis donc, garde-le, celui-là.
00:51:05 Oui, enfin, jusqu'à des temps meilleurs.
00:51:08 [Musique]
00:51:37 [Musique]
00:51:47 [Musique]
00:52:07 [Musique]
00:52:27 [Musique]
00:52:47 [Musique]
00:53:07 [Musique]
00:53:17 [Musique]
00:53:27 [Musique]
00:53:47 [Musique]
00:53:57 Mais, Delphine, elle est fonce, ton édition.
00:54:00 48 et 5.
00:54:02 Tiens, regarde ici.
00:54:04 Bon, alors tu me dois 7 sous.
00:54:06 Allez, donne.
00:54:08 Allez.
00:54:10 Voilà.
00:54:11 Merci.
00:54:15 Oh, ça devient, est-ce que ces gens-là peuvent me rendre malheureuse.
00:54:22 Mais qu'est-ce que vous vouliez, au juste ?
00:54:24 Voir ma tête après une nuit blanche ?
00:54:26 Quel est votre petit nom ?
00:54:28 Frédéric.
00:54:30 Frédéric, oh, ça ne vous gêne pas que je vous appelle comme ça ?
00:54:35 Bonjour, c'est encore moi.
00:54:37 C'était épatant, ta petite fête.
00:54:40 Ah, vous, monsieur, je ne vous aime pas.
00:54:43 Je ne vous avais pas fait danser une seule fois.
00:54:45 Dis donc, ma belle, tu sais qu'il y a rejoubert des gants de Suède à 36 sous.
00:54:49 Magnifique.
00:54:50 Ça t'intéresse ?
00:54:51 Oh, oui.
00:54:52 Ton teinturier demande encore 8 jours pour la guipure.
00:54:55 J'ai dit qu'on repasserait.
00:54:57 Et puis, je suis allée donner à Bugno son acon.
00:55:00 Voilà.
00:55:01 Tu me dois, attends, 185 francs.
00:55:05 Pardon.
00:55:12 Vous avez dit Napoléon ?
00:55:14 Attends.
00:55:15 Non ?
00:55:17 Si vous voulez, enfin, je crois que j'ai ce qu'il vous faut.
00:55:21 Oh, merci, monsieur.
00:55:23 Rosanette vous le rendra.
00:55:25 Sûrement.
00:55:28 Frédéric, oh, si cela ne vous ennuie pas, je vous raccompagne.
00:55:32 Il faut que je termine ma toilette.
00:55:34 Bien.
00:55:35 Chéri, tu m'attends, hein ?
00:55:39 Vous voyez Arnaud ce soir ?
00:55:41 Sans doute, enfin, probablement.
00:55:43 Priez-le de venir me voir.
00:55:44 Bien entendu, pas devant sa femme.
00:55:47 Au revoir.
00:55:50 Mais oui, faites, ça ne coûte rien.
00:55:53 Rosanette, j'aimerais vous revoir.
00:55:56 Mais oui, pourquoi pas ?
00:55:57 Qui m'a dit cette nuit que vous êtes très seul ?
00:56:01 Je viens de déménager, je vais habiter tout près d'ici.
00:56:04 J'espère qu'un jour vous me ferez l'honneur de...
00:56:06 Mais oui, mais oui.
00:56:08 Au revoir.
00:56:13 Au revoir.
00:56:20 Moi, je serai un rédacteur en chef implacable.
00:56:24 Je lirai les articles, je supprimerai ceux que je ne trouve pas bons,
00:56:27 je t'alluerai dedans, je passerai les commandes.
00:56:30 Toi, tu donneras des dîners.
00:56:33 On voudra y venir, tu tiendras l'opinion parisienne par les deux bouts,
00:56:37 la littérature et la politique.
00:56:39 Nous attaquerons l'académie française, l'école normale,
00:56:42 le conservatoire, la comédie française.
00:56:45 Mais pourquoi pas ? Allons-y.
00:56:46 Nous attaquerons toutes les institutions.
00:56:48 Ainsi, notre revue se forgera une doctrine.
00:56:51 Alors, notre journal deviendra quotidien.
00:56:53 Et là, nous attaquerons les personnes.
00:56:56 Mes amis, c'est promis.
00:56:58 Mon notaire m'annonce le bon de 15 000 francs pour la fin du mois.
00:57:02 Vous avez raison.
00:57:03 Jusqu'à présent, j'étais un imbécile, un paresseux,
00:57:06 mais maintenant, tout va changer.
00:57:08 Mais il a toujours ces terrains de belle ville, n'est-ce pas ?
00:57:16 Oui, toujours.
00:57:18 Je crois qu'il est associé avec plusieurs personnes dans son affaire de faïence.
00:57:22 Oui.
00:57:24 Et la fabrique, je suppose, marche très bien.
00:57:28 Mais je le suppose aussi.
00:57:35 Qu'avez-vous donc ?
00:57:37 Vous me faites peur.
00:57:38 Non.
00:57:40 Mais j'essaie de vous faire dire la vérité que vous savez.
00:57:43 Vous savez qu'il a tout hypothéqué, puis qu'il a essayé de vendre,
00:57:46 et qu'il n'a pas trouvé l'acquéreur,
00:57:48 que les frais de sa manufacture ont dépassé les devis,
00:57:50 et qu'il n'a plus un sou.
00:57:52 Mais non, mais non.
00:57:54 Je pense que ce ne sont que des embarras momentanés.
00:57:58 Si j'apprenais quelque chose, je vous en ferais part.
00:58:01 Immédiatement.
00:58:02 Oh, je vous en prie.
00:58:05 Ainsi, je peux donc vous être utile.
00:58:10 Il vous a mené au bal l'autre soir, n'est-ce pas ?
00:58:26 C'est tout ce que je voulais savoir.
00:58:34 Merci.
00:59:02 Et voilà, c'est le signal.
00:59:05 Elle a donné congé à son vieux perroudri.
00:59:07 À nous.
00:59:09 Qu'est-ce que j'ai fait encore ?
00:59:24 Ah oui !
00:59:25 J'ai découpé des fers dans un morceau de toile,
00:59:27 et je les ai collés sur des carreaux.
00:59:29 Vous irez voir.
00:59:30 J'ai maquillé mes deux petits chiens comme des danseuses.
00:59:34 C'est bien de toi, Frédéric.
00:59:36 Ce qu'elle est drôle.
00:59:38 J'ai fait brûler des pastilles d'Orient,
00:59:42 et puis je me suis tiré la bonne aventure.
00:59:44 J'aurai un fils qui ne vivra pas.
00:59:46 Tant pis pour lui.
00:59:47 Oh, Frédéric, ça c'est pour toi.
00:59:49 Écoute, j'ai lu un livre.
00:59:51 Enfin, comment c'est ?
00:59:53 Il y a un mot que je ne comprends pas dedans.
00:59:55 Attends.
00:59:59 Non, ce n'est pas celui-là.
01:00:01 C'est celui-ci.
01:00:02 C'est tout au début. Je cherche la page.
01:00:05 Attends.
01:00:06 Ah, voilà.
01:00:08 Qu'est-ce que ça veut dire, "Fallanster" ?
01:00:11 Eh bien, "Fallanster", ça veut dire...
01:00:13 Oh, ça ne fait rien, ça ne fait rien.
01:00:15 C'est pas normal, non.
01:00:17 Oh, je suis sûre que vous m'aurez envie d'aller au Moulin Rouge.
01:00:21 C'est pas ça ?
01:00:23 C'est-à-dire ?
01:00:24 Si, c'est ça !
01:00:25 Eh bien, je m'habille.
01:00:26 Enfin, je me déshabille d'abord.
01:00:29 Eh bien...
01:00:30 Mais non, non, restez.
01:00:32 Mais qu'est-ce que ça peut faire, mes agneaux, puisque vous êtes deux ?
01:00:36 [L'eau se réchauffe.]
01:00:39 [L'eau s'éteint.]
01:00:42 [L'eau se réchauffe.]
01:00:44 [Musique douce.]
01:01:08 [La fréquentation de ces deux femmes faisait dans ma vie comme deux musiques.]
01:01:12 [L'une folle, emportée, divertissante.]
01:01:16 [L'autre grave et presque religieuse.]
01:01:20 [Toutes les deux vibraient à la fois.]
01:01:23 [Elles augmentaient toujours et peu à peu se mêlaient.]
01:01:37 Vous savez, Frédéric, je ne voulais pas vous le dire, mais...
01:01:40 c'est nécessaire, je le sens.
01:01:42 Mon mari m'a fait signer un billet souscrit à l'ordre de M. d'Ambreuse.
01:01:47 Qu'en pensez-vous ?
01:01:48 Eh bien...
01:01:49 Ce n'est pas grave, n'est-ce pas ?
01:01:51 Sûrement pas.
01:01:52 Il est vrai que je ne connais rien aux affaires.
01:01:56 Mais je vois ce qu'il dépense, c'est fou.
01:02:00 Il achète une quantité de choses inutiles.
01:02:03 Il ne peut pas résister.
01:02:05 L'autre jour, c'était une collection de Samovars.
01:02:08 Une autre fois, douze pendules marquetées.
01:02:11 Il invite des quantités de gens au restaurant.
01:02:16 Il vit comme un grand seigneur et je ne peux rien dire.
01:02:20 Ne pouvez-vous pas le raisonner un peu ?
01:02:24 Frédéric.
01:02:26 Frédérico, tu sais, Arnoux est invraisemblable.
01:02:32 Il achète des cadeaux pour moi.
01:02:33 Oh, un éventail, une boîte à poudre, un fauteuil bergère.
01:02:36 Et puis, il me les reprend.
01:02:38 Et il me rapporte d'autres cadeaux qu'il vient de faire à sa femme.
01:02:41 À qui il donne ce qu'il m'a repris.
01:02:43 Incroyable !
01:02:45 Et ça, avec une innocence, une candeur.
01:02:48 Oh, il est généreux, très généreux.
01:02:51 Mais il ne peut pas s'empêcher d'être généreux en double.
01:02:54 Et en cachette de l'une pour l'autre ou en cachette de l'autre pour l'une.
01:02:57 Et avec ça, il a de ses radineries.
01:03:00 Tiens, il y a au moins six mois que je lui demande un châle de cachemire.
01:03:04 Comme celui que portait la belle Madame d'Ambreuse l'autre soir à l'opéra.
01:03:07 Eh bien, le cachemire, il ne veut pas.
01:03:09 Pourquoi ?
01:03:10 Mister est phalanstère, comme tu dis, toi.
01:03:13 Rosanette, que tu es jolie.
01:03:17 Que tu es belle, Rosanette.
01:03:19 Eh bien, eh bien.
01:03:20 Sois sage.
01:03:22 Mais tu es fou, qu'est-ce qui te prend ?
01:03:27 Non !
01:03:29 Non !
01:03:30 Je suis malheureuse.
01:03:34 Et toi, maintenant, je sais que tu me méprises.
01:03:38 Moi, te mépriser ?
01:03:40 Ous dire que tu m'aimes.
01:03:42 Dis-moi que tu m'aimes.
01:03:45 Mais, Rosanette, qu'est-ce que ça veut dire, aimer ?
01:03:49 Ça veut dire que je ne veux pas des restes d'une autre.
01:03:51 Malheureux trouvé, ta Madame Arnoux.
01:03:53 Et Arnoux aussi, il peut y aller.
01:03:55 J'en ai assez à la fin de vous entendre tous les deux parler de la même femme.
01:03:58 Je ne t'en parle jamais.
01:03:59 Il fait chaud.
01:04:07 Ça me donne mal à la tête.
01:04:11 Tu sais ce que nous devrions faire ?
01:04:23 Nous pourrions aller nous promener bien gentiment au Tuileries.
01:04:25 Si tu veux.
01:04:27 Nous irions rue de la Paix,
01:04:32 voir les vitrines des bijoutiers.
01:04:35 Tu choisirais un bracelet ou un collier.
01:04:37 J'ai envie, je ne sais pourquoi,
01:04:39 de dépenser en ton honneur.
01:04:41 Non, garde ton argent.
01:04:43 Je n'accepte pas que tu me traites ainsi.
01:04:45 Alors que tu acceptes des cadeaux de ceux qui ont le droit de t'en faire
01:04:48 parce que tu leur as donné ce droit.
01:04:50 Mais je leur ai donné quoi ?
01:04:52 Ce que tu voudrais bien que je te donne.
01:04:54 Eh bien oui, Rosanette.
01:04:56 Je ne veux que toi.
01:04:58 Et que tu ne sois qu'à moi.
01:05:00 C'est ça, écoutez-le.
01:05:02 Tu sais bien que c'est impossible.
01:05:04 Il faut être indulgent, M. Moreau.
01:05:07 Ce sont des choses que l'on rencontre parfois dans les ménages.
01:05:10 Il y a une heure qu'elle s'amuse à me taquiner avec un tas d'histoires.
01:05:12 Des histoires vraies.
01:05:13 Tu l'as acheté.
01:05:14 Moi ?
01:05:15 Oui, toi.
01:05:16 Tu l'as acheté au Persan.
01:05:17 C'était le mois dernier, un samedi, le 14.
01:05:20 Le 14, j'étais à Creil.
01:05:22 Pas du tout.
01:05:23 Le 14, nous avons dîné chez les Bertins.
01:05:25 Chez les Bertins.
01:05:26 Et le commis qui vous l'a vendu était un blond.
01:05:28 S'il faut que je me souvienne des cheveux du commis du Persan.
01:05:30 Il a pourtant écrit sous votre dictée l'adresse, 18 rue Laval.
01:05:33 Mais comment le sais-tu ?
01:05:35 Oh, écoutez, c'est bien simple.
01:05:37 J'avais déchiré mon cachemire.
01:05:39 Parce qu'il m'en a donné un, à moi aussi.
01:05:41 Je suis allée pour le faire réparer.
01:05:44 Le chef de rayon m'a dit qu'il venait d'en expédier un tout pareil chez Mme Arnoux.
01:05:48 Eh bien, il y a peut-être une autre Mme Arnoux dans la même rue.
01:05:51 Oui, mais pas Jacques Arnoux.
01:05:53 Mais c'est absurde.
01:05:55 C'est une erreur, un hasard.
01:05:57 Une de ces choses inexplicables qui demeurent à jamais inexpliquées et qui font condamner les gens.
01:06:00 On les envoie au bagne et 20 ans après, on s'aperçoit qu'ils étaient innocents.
01:06:03 Non, je t'assure que tu te trompes.
01:06:06 Veux-tu ma parole d'honneur ?
01:06:07 Non, ce n'est pas la peine.
01:06:09 Je me souviens maintenant.
01:06:21 C'était une commission.
01:06:23 Une chance que Frédéric soit là, il s'en souviendra.
01:06:25 C'est le P. Audrey qui m'avait chargé de l'acheter, ce cachemire.
01:06:28 Hein, Frédéric ?
01:06:30 Vous vous souvenez ?
01:06:31 Il me l'a demandé devant vous.
01:06:33 Et pour qui ?
01:06:34 Pour sa maîtresse, pour Rosanette.
01:06:37 Non, pour la vôtre.
01:06:39 Mais je te jure...
01:06:40 Oh, ne recommencez pas. Je sais tout.
01:06:43 Ah bon ?
01:06:45 Bien.
01:06:47 On m'espionne maintenant.
01:06:49 Cela blesse sans doute votre délicatesse.
01:06:53 Bon.
01:06:55 Il n'y a rien à faire.
01:06:57 On ne peut pas s'expliquer.
01:06:59 Je vais prendre l'air, moi.
01:07:02 Mon pauvre ami, ne vous mariez jamais, croyez-moi.
01:07:18 J'espère.
01:07:20 Vous pensez bien que je partage.
01:07:26 Je le laisse entièrement libre.
01:07:30 Il n'a pas besoin de mentir.
01:07:33 Certainement.
01:07:36 Mais il a bien des qualités.
01:07:38 Il adore ses enfants.
01:07:40 Il fait tout pour les ruiner.
01:07:45 Oui, mais dans le fond, c'est un brave garçon.
01:07:49 Oh...
01:07:52 Qu'est-ce que ça veut dire ?
01:07:55 Il est un brave garçon.
01:08:18 Je vais aller voir.
01:08:28 Quelle imbécile ce commis !
01:08:30 Aussi pourquoi je fais livrer ce cachemire chez Rosanette ?
01:08:33 J'aurais dû plutôt le lui...
01:08:34 Ne le regrettez pas.
01:08:36 Rosanette vous est reconnaissante.
01:08:37 Vous croyez ?
01:08:39 J'en suis sûr.
01:08:41 Elle a mis à la porte le perrouderie.
01:08:43 Oh, pauvre petite biche. Je vais aller la voir.
01:08:45 Ah non, non, n'y allez pas. J'en viens. Elle est malade.
01:08:47 Raison de plus.
01:08:49 Je vous assure que vous auriez tort.
01:08:51 Restez plutôt près de votre...
01:08:53 Près de Mme Arnault.
01:08:55 Faites cela pour moi, je vous le demande.
01:08:57 Oh, vous êtes bon, vous.
01:08:59 Naturellement, vous restez à déjeuner.
01:09:01 Si, si, si, si, si. J'exige.
01:09:03 Je vous retrouve tout à l'heure. J'ai des courses à faire pour le dîner de ce soir.
01:09:07 Trachez d'apaiser ma pauvre femme.
01:09:12 Ah, Frédéric.
01:09:15 Mets-toi à quatre pattes comme un ours.
01:09:17 Je veux que l'ours me porte.
01:09:19 Allons, allons les enfants. Laissez Frédéric tranquille.
01:09:22 D'ailleurs, allez jouer dans votre chambre.
01:09:24 Bien. Alors j'appelle votre père.
01:09:26 Oh.
01:09:28 Ils sont ma joie.
01:09:34 Mais comme il est difficile d'être gai devant eux.
01:09:36 Oh, mon Dieu.
01:09:38 J'ai oublié d'aller chez l'accordeur et...
01:09:40 Nous avons des amis ce soir.
01:09:42 Vous êtes des nôtres, naturellement.
01:09:44 Arnaud m'a déjà prié pour le déjeuner.
01:09:46 Très bien.
01:09:48 Mais je peux aller chez l'accordeur, si vous voulez.
01:09:51 Ou nous pourrions aller ensemble.
01:09:54 Je rêve de me promener avec vous dans les rues.
01:09:58 Je m'y imaginerai.
01:10:00 Non, Frédéric, n'imaginons rien.
01:10:04 Je suis la femme de cet homme.
01:10:07 Qui est sans délicatesse,
01:10:09 sans dignité, sans honneur.
01:10:13 Ou plutôt, je crois qu'il est fou.
01:10:17 Voilà la vérité.
01:10:19 Et ça, je l'ai su dès les premiers mois de notre mariage.
01:10:23 Je suis la femme de cet homme.
01:10:26 Qui est sans délicatesse,
01:10:28 sans dignité, sans honneur.
01:10:31 Voilà, je l'ai su dès les premiers mois de notre mariage.
01:10:34 Je l'ai su même avant, quand il m'a demandé.
01:10:38 Mes parents habitaient Chartres, je vous l'ai dit.
01:10:43 Mais cela vous ennuie sans doute que je...
01:10:45 Non, non, pas du tout.
01:10:48 Je sortais de la cathédrale un dimanche.
01:10:53 Il était sur le parvis,
01:10:55 devant son chevalet et sa toile.
01:10:58 Il se considérait comme un grand peintre.
01:11:01 Il portait des chapeaux blancs à large bord.
01:11:06 Il m'a vue, il m'a suivie pour savoir où j'habitais.
01:11:11 Le lendemain, il s'est présenté chez mes parents
01:11:13 et leur a demandé ma main avec des phrases exaltées.
01:11:18 Comme il était riche à cette époque,
01:11:23 on n'a pas hésité.
01:11:26 D'ailleurs, il m'aimait.
01:11:30 Il m'aime encore à sa manière.
01:11:35 Et mon malheur est irrémédiable.
01:11:40 Ma vie y manquait.
01:11:43 La mienne aussi.
01:11:46 Et je ne connaîtrai jamais le bonheur.
01:11:49 Pourquoi, mon Dieu ?
01:11:52 Comment oserais-je vous le dire ?
01:11:55 À vous.
01:11:56 Vous êtes jeune.
01:11:59 Vous vivez trop dans la solitude.
01:12:03 D'ailleurs, vous ne travaillez guère, je le sais.
01:12:07 Travaillez.
01:12:10 Agissez.
01:12:13 Mariez-vous ?
01:12:16 Me marier ?
01:12:19 Non.
01:12:21 Je vivrai seul.
01:12:24 Maudit.
01:12:26 J'aurai dans le cœur une chambre royale.
01:12:29 Murée.
01:12:31 Qui ne sera jamais détruite.
01:12:34 J'aurai cette passion profonde.
01:12:37 Et je traverserai ma vie.
01:12:39 Les yeux baissés.
01:12:42 Une passion ?
01:12:49 Oui.
01:12:52 Naturellement, on s'est occupé de rien.
01:12:59 Et nous avons tout ce monde à dîner.
01:13:01 Eh bien, heureux de le voir.
01:13:03 Bonjour, papa.
01:13:04 Tiens.
01:13:05 J'ai des bonbons pour moi.
01:13:06 Allez, emmène-les.
01:13:09 Dites-moi.
01:13:18 Je vous dis une chose.
01:13:21 Ma femme m'embête tellement avec cette histoire de Rosanette.
01:13:24 Je vais lui dire qu'elle n'est plus ma maîtresse.
01:13:27 Je vais même lui dire qu'elle est la vôtre.
01:13:29 Ah, mais vous êtes fou !
01:13:32 Vous auriez grand tort.
01:13:33 Grand tort.
01:13:34 Mais qu'est-ce que ça fait ?
01:13:35 Oui, le déshonneur.
01:13:37 Vous n'auriez pas flatté, vous, d'être l'amant de Rosanette ?
01:13:40 Ah, mais si.
01:13:42 Vous avez raison.
01:13:44 Tout de même.
01:13:46 Je vous demande ça comme un service.
01:13:48 Quand vous parlez avec ma femme,
01:13:50 vous vous arrangez pour lui lâcher une petite confidence,
01:13:53 un petit quelque chose,
01:13:55 qu'il aperçoive,
01:13:56 qu'il lui montre que vous êtes l'amant de Rosanette.
01:13:59 Hum ?
01:14:15 Il suffirait d'avoir de fausses clés
01:14:17 et d'entrer ici un soir.
01:14:20 Je l'endormirais avec un narcotique.
01:14:22 Je l'emporterais alors vers une plage douce en Espagne ou en Orient,
01:14:26 au fond d'une solitude.
01:14:29 Mais ces enfants...
01:14:33 Elles m'en voudraient.
01:14:35 Je suis donc condamné.
01:14:38 Plus elle aura de vertu,
01:14:40 plus je la respecterai.
01:14:43 Plus elle s'éloignera,
01:14:46 plus je l'aimerai.
01:14:49 Frédéric, ce n'est pas vrai,
01:14:54 ce qu'il vient de me dire.
01:14:57 Quoi donc ?
01:14:59 Que vous êtes l'amant de cette fille.
01:15:01 Non, ce n'est pas vrai.
01:15:04 Je vous le jure.
01:15:07 Je vous crois.
01:15:11 Au reste, personne n'a de droit sur vous.
01:15:14 Si.
01:15:16 Toutefois,
01:15:18 si vous avez un peu d'affection pour moi,
01:15:20 j'aimerais que, quelquefois, vous alliez chez elle.
01:15:24 Chez Rosanette ?
01:15:26 Oui.
01:15:28 Pour voir ce qu'il en est entre elle et mon mari.
01:15:34 Frédéric, je suis perdu.
01:15:36 J'ai été naïf.
01:15:38 J'ai signé tout ce qu'on me présentait.
01:15:40 Les inventaires étaient faux.
01:15:42 Ma société est condamnée.
01:15:44 Je suis civilement responsable.
01:15:46 Je suis un homme de l'ordre.
01:15:48 Je suis un homme de l'ordre.
01:15:50 Je suis un homme de l'ordre.
01:15:52 Je suis un homme de l'ordre.
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01:19:04 Je suis un homme de l'ordre.
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01:19:14 Je suis un homme de l'ordre.
01:19:16 Je suis un homme de l'ordre.
01:19:18 Ne mène à rien. J'en sais quelque chose.
01:19:21 Les affaires privées valent bien mieux.
01:19:24 Sans doute, mais je dois vous dire que je les connais mal.
01:19:28 Oh, en peu de temps, je pourrais vous y mettre,
01:19:31 en vous associant d'une façon ou d'une autre à mes entreprises.
01:19:37 Je vous expliquerai.
01:19:39 Il est minuit,
01:19:42 et il y a encore tous ces gens qui ne bougent pas.
01:19:45 Ces réceptions n'en finissent jamais, mon Dieu.
01:19:47 Je me sens tout oppressé.
01:19:49 Venez me voir un matin de la semaine prochaine.
01:19:51 Nous causerons.
01:19:53 Vous partez déjà ?
01:20:02 Alors, au revoir, mon cher.
01:20:05 A bientôt.
01:20:07 T'en as jamais un son, maîtresse ?
01:20:12 Il me semble que vous n'avez pas beaucoup dansé, monsieur.
01:20:16 Vous avez pourtant remarqué quelques jeunes et jolies personnes, sans doute.
01:20:20 Ma foi, madame, les jeunes filles...
01:20:23 En vérité, je crois que je préfère les femmes de 30 ans.
01:20:28 Vous croyez ?
01:20:31 Ce n'est peut-être pas bête.
01:20:34 Je vous en prie.
01:20:36 Tiens !
01:20:37 Tiens !
01:20:38 Tiens !
01:20:39 Tiens !
01:20:40 Tiens !
01:20:42 Tiens !
01:20:43 Tiens !
01:20:45 Tiens !
01:20:47 Tiens !
01:21:13 Mais...
01:21:14 Mais mademoiselle n'est pas là.
01:21:16 Tu en es sûre, Delphine ? C'est bien vrai ?
01:21:19 Je vais aller chercher ma femme.
01:21:22 Je vais aller chercher ma femme.
01:21:50 Bonjour, Frédéric.
01:21:52 Bonjour, Frédéric.
01:21:53 Il y a longtemps que vous n'êtes venu à la maison.
01:21:56 Je sais que votre délicatesse vous...
01:21:58 Ma délicatesse ?
01:22:00 Ce que vous avez fait pour Arnaud.
01:22:03 Vous avez compris, je pense, que c'était pour vous.
01:22:07 Eulalie, voulez-vous emmener le petit jouet de l'antichambre, peut-être ?
01:22:11 Je vous en prie.
01:22:13 Je vous en prie.
01:22:15 Eulalie, voulez-vous emmener le petit jouet de l'antichambre, peut-être ?
01:22:19 Je vous en prie.
01:22:20 Bien.
01:22:21 C'est mon mari qui m'envoie.
01:22:27 Nous en fait à cette démarche lui-même.
01:22:30 Vous connaissez d'Ambreuse ?
01:22:39 Un peu.
01:22:40 Ah !
01:22:42 Un peu ?
01:22:44 Mais ça ne fait rien.
01:22:45 Dites-moi.
01:22:47 Eh bien...
01:22:49 Mon mari hier n'a pu payer quatre billets
01:22:54 à l'ordre de M. d'Ambreuse
01:22:57 sur lesquels j'avais dû mettre ma signature.
01:23:00 D'Ambreuse va entamer les poursuites et nous ne savons comment l'arrêter.
01:23:05 Bien entendu, je paierai.
01:23:07 Je vais mettre en vente une petite maison que j'ai encore à Chartres.
01:23:12 À Chartres ?
01:23:14 Ma pauvre amie.
01:23:16 Soyez rassurée.
01:23:18 Dès ce soir, j'irai voir d'Ambreuse.
01:23:20 Vraiment ?
01:23:22 Ah, Frédéric !
01:23:25 Merci.
01:23:27 Mais restez un peu, rien ne presse.
01:23:30 Vous avez un petit jardin ?
01:23:42 Comme il est joli.
01:23:44 Vous vous souvenez d'un bouquet de roses un soir en voiture ?
01:23:50 Non.
01:23:52 J'étais bien jeune.
01:23:54 Et celle-ci ?
01:23:57 En sera-t-il de même ?
01:24:00 Celle-ci ?
01:24:05 Non.
01:24:07 Je la garderai.
01:24:10 Je l'ai laissée à mon père.
01:24:13 Ah oui, je sais très bien, Arnoux, l'ancien marchand de tableaux.
01:24:21 Autrefois, il n'y a pas si longtemps, le vieux père Audrey le garantissait.
01:24:26 Et puis, on s'est fâchés.
01:24:29 Sa femme part pour Chartres.
01:24:33 Elle va vendre une maison.
01:24:35 Sa femme, oui.
01:24:37 Vous êtes leur amie ?
01:24:40 Ah, intime.
01:24:42 Eh bien, si ça vous fait plaisir, on attendra encore un peu.
01:24:49 Bon.
01:25:01 Revenons à nos affaires.
01:25:04 L'Union Générale des Houilles Françaises est constituée maintenant.
01:25:08 J'ai imaginé une chose assez nouvelle.
01:25:11 Les ouvriers vont être intéressés à l'entreprise.
01:25:15 Oui ? Vous me suivez ?
01:25:18 De plus, l'entreprise, toujours elle, va bâtir des logements salubres pour ses employés
01:25:25 et va leur fournir tout ce dont ils auront besoin.
01:25:28 Au prix de revient, naturellement.
01:25:30 C'est ce que j'appelle un véritable progrès social.
01:25:33 Et je crois que c'est ce qu'il faut faire pour répondre à toutes les criayeries républicaines.
01:25:38 La société m'a nommé directeur.
01:25:42 Il faudrait que je commence par rédiger toutes les idées que j'ai en tête, mais je n'ai pas le temps.
01:25:47 Il me faut quelqu'un qui puisse me seconder
01:25:51 avec le titre de secrétaire général.
01:25:55 Voulez-vous être celui-là ?
01:25:57 Mais... quel serait mon rôle ?
01:26:02 Eh bien, rédiger le rapport annuel pour les actionnaires,
01:26:07 représenter la société auprès des ministères et auprès des ouvriers,
01:26:12 naturellement plaire aux ouvriers, avant tout vous faire adorer.
01:26:16 Ce qui plus tard permet de se pousser au conseil général,
01:26:21 puis à la députation. Qu'en dites-vous ?
01:26:24 Eh bien...
01:26:25 Naturellement, il ne faudrait pas que vous dépendiez trop de moi ou des actionnaires.
01:26:30 Le meilleur moyen, c'est que vous soyez porteur d'action.
01:26:34 C'est un placement superbe, car votre capital garantit votre position,
01:26:39 comme votre position garantit votre capital.
01:26:42 Et à combien devrait se monter ma participation ?
01:26:45 Oh... je ne sais pas, disons...
01:26:49 50 ou 60 000 francs.
01:26:52 J'accepte. Je vous remercie.
01:26:55 Je vous demande simplement le temps de vendre quelques fermes que j'ai près du Havre.
01:26:59 Parfait. Voulez-vous dans trois semaines ?
01:27:02 Bon. Eh bien... au revoir.
01:27:06 Et pour Jacques Arnoux, je peux lui annoncer...
01:27:09 Quoi donc ?
01:27:10 Ah, mais tout ce que vous voudrez, le pauvre garçon.
01:27:14 Annoncez la bonne nouvelle à monsieur... et à madame Arnoux.
01:27:19 Charles, attends-moi ici. Je te promets que...
01:27:28 Eric, il y a des jours que tu nous promets. Nous nous avons promis à l'imprimeur.
01:27:32 Nous avons eu confiance en toi. Je ne peux plus attendre.
01:27:34 Tu nous as juré que tu nous aiderais à lancer ce journal. Nous t'avons cru.
01:27:37 Et maintenant, il faudrait croire que notre salut viendra de ce pauvre Arnoux qui est couvert de dettes.
01:27:42 Écoute, attends-moi ici. Attends-moi même si le temps te paraît loin. Attends.
01:27:48 [Bruits de pas]
01:28:05 Mais vous m'aviez dit que vous pourriez me rendre ces 15 000 francs aujourd'hui.
01:28:09 Eh bien, les recouvrements n'ont pas été faits. Voilà tout.
01:28:12 Dites-moi, mon vieux, vous n'en aviez pas besoin, hein ?
01:28:16 Ah bon, tant mieux. Vous savez, on m'a parlé d'une spéculation fabuleuse.
01:28:22 Il s'agit de construire une suite de passages couverts qui mènerait du boulevard Saint-Denis au Châtelet.
01:28:26 Cela s'appellerait la galerie du commerce.
01:28:29 On aurait là une cité marchande, une concentration d'intérêts.
01:28:33 L'argent circulerait, passerait de main en main. Qu'en pensez-vous ?
01:28:36 Intéressant. Intéressant.
01:28:39 [Bruits de pas]
01:29:06 [Bruits de pas]
01:29:11 Ah, excusez-moi.
01:29:13 Maintenant, je veux savoir, tu as l'argent, oui ou non ?
01:29:17 Eh bien, non, je ne l'ai pas. Je l'ai perdu.
01:29:19 Tu l'as perdu, comment ?
01:29:22 Au jeu.
01:29:25 Qui était-ce ?
01:29:27 Rien. Juste un ami sans le sou.
01:29:30 À propos, mon notaire est passé chez le vôtre ce matin pour les inscriptions d'hypothèque.
01:29:34 C'est ma femme qui a pensé à me le rappeler.
01:29:36 Une femme de tête ?
01:29:37 Oui, elle pense à tout.
01:29:39 Elle a une mémoire et un cœur.
01:29:41 Oui, comme corps de femme.
01:29:44 [Bruits de pas]
01:29:47 Adieu.
01:29:48 Vous partez déjà, mais pourquoi ?
01:29:51 Adieu.
01:29:53 [Bruits de pas]
01:30:04 [Musique]
01:30:27 Ah, Frédéric, vous m'avez fait peur.
01:30:31 C'est moi qui ai eu bien peur cette nuit.
01:30:35 J'ai fait un rêve affreux.
01:30:38 J'ai rêvé que vous étiez gravement malade,
01:30:41 que vous mourriez.
01:30:43 Oh, ni mon mari ni moi ne sommes jamais malades.
01:30:48 Je n'ai rêvé que de vous.
01:30:51 Eh bien, les rêves ne se réalisent pas toujours.
01:30:59 Oui, mais enfin, vous ne n'ignorez pas qu'il existe entre certaines âmes
01:31:04 privilégiées par les sentiments des affinités,
01:31:08 et qu'une force supérieure peut abolir l'espace et le temps
01:31:11 pour mettre en contact soudain deux personnes,
01:31:13 et les réunir, et leur faire partager.
01:31:16 Attention.
01:31:18 Vous avez failli y casser ce vase.
01:31:23 Vous savez qu'Arnoux a renoncé à trouver le rouge des Chinois.
01:31:27 Il est maintenant très fort sur les trusses qu'est l'Oriental.
01:31:31 Le drame avec lui, c'est qu'il n'est pas vraiment un artiste,
01:31:34 et pas assez bourgeois pour s'enrichir.
01:31:38 Il ne contente personne,
01:31:41 et ruine lentement sa famille.
01:31:46 Puis-je emporter ceci ?
01:31:51 Que vous êtes enfant, mon Dieu.
01:31:58 Vous ne l'admettez donc pas qu'on puisse aimer une femme ?
01:32:04 Bien sûr. Si c'est une jeune fille, on l'épouse.
01:32:09 Si elle appartient à un autre, on s'éloigne.
01:32:12 On s'éloigne.
01:32:15 Mais alors le bonheur est impossible.
01:32:17 On ne le trouve jamais dans le mensonge, ni dans le remords.
01:32:21 Mais qu'importe s'il est payé par des joies sublimes.
01:32:26 L'expérience est trop coûteuse.
01:32:31 La vertu ne serait donc que de la lâcheté ?
01:32:36 Dites plutôt de la clairvoyance.
01:32:38 Pour celle qui oublierait le devoir ou la religion,
01:32:41 le simple bon sens peut suffire.
01:32:45 Le prudisme est une base solide pour la sagesse.
01:32:50 Quelle Maxime bourgeoise vous avez !
01:32:53 Mais je ne me vante pas d'être une grande dame.
01:32:55 Maman, j'ai faim.
01:33:01 Les femmes dont vous parlez sont donc bien insensibles ?
01:33:04 Non.
01:33:08 Mais sourdes quand il le faut.
01:33:14 C'est une imbécile.
01:33:16 Une dinde.
01:33:19 N'y pense plus.
01:33:23 Adieu.
01:33:28 Monsieur, une lettre est arrivée cet après-midi.
01:33:34 Je l'ai déposée dans la chambre.
01:33:36 Je vous l'ai envoyée.
01:33:39 Monsieur, une lettre est arrivée cet après-midi.
01:33:41 Je l'ai déposée dans le salon.
01:33:43 Merci.
01:33:45 Que devenez-vous, mon cher ? Je m'ennuie.
01:34:02 Et si nous nous rencontrions demain ?
01:34:04 Nous ferions une promenade au bois
01:34:06 et nous irions souper au café anglais.
01:34:08 Quel malentendu !
01:34:10 Si vous saviez toutes les désillusions que j'ai connues.
01:34:13 Pauvres enfants que nous sommes.
01:34:15 Je compte sur vous demain pour me conduire aux courses.
01:34:22 Ah, pourquoi pas ?
01:34:26 Et si Marie-Arnaud le sait ?
01:34:30 Et bien qu'elle le sache.
01:34:32 Et qu'elle soit jalouse.
01:34:34 Jalouse.
01:34:36 Gros de maître ! Quel plaisir !
01:34:52 Tu vas bien ?
01:34:54 De plus en plus ravissant.
01:34:56 A bientôt.
01:34:58 Qui est-ce ?
01:35:00 Est-ce que je sais ?
01:35:02 Est-ce que je l'ai encore ?
01:35:04 Bonjour !
01:35:06 Frédéric, va devant, je suis à toi.
01:35:08 Comment vas-tu ? Il y a si longtemps qu'on ne s'est vu.
01:35:10 C'est vrai, tu sais que je pense souvent à toi.
01:35:12 Tu n'étais pas au cours tout à l'heure ?
01:35:14 Oui, je suis pas.
01:35:16 Est-ce que tu veux une soirée libre pour moi ?
01:35:18 Oui, bien sûr.
01:35:20 Bien sûr.
01:35:22 Allons, on a de gros chagrins, mon pauvre Mimi.
01:35:42 Peut-être.
01:35:44 Je vais me faire un peu seul.
01:35:58 Mais pourquoi me fais-tu de la peine ?
01:36:00 Pourquoi ne veux-tu pas m'aimer ?
01:36:12 Les voilà.
01:36:14 Excusez-moi de vous déranger, les amoureux, mais je suis avec Sisy et sa bande.
01:36:18 Ils vous demandent de les rejoindre.
01:36:20 Frédéric, on va y aller, non ?
01:36:22 Allez, viens.
01:36:24 Ils sont d'un drôle, tu vas voir.
01:36:26 Allez, viens.
01:36:28 Viens.
01:36:38 Bonjour.
01:36:42 Tu connais Sisy, je crois.
01:36:44 Il compte de Sisy, de machin, de machin.
01:36:46 C'est ça.
01:36:48 J'ai bien fait, Frédéric.
01:36:50 Je vous présente, Marquis Gilbert des Olnay, mon parrain,
01:36:52 Monsieur de Forchambault, Monsieur Joseph Morfreux.
01:36:54 Moi, les courses de chevaux, ça me donne un appétit.
01:36:58 Voyons, si nous mangeons, je suppose, un turban de lapin à la Richelieu,
01:37:04 et un pouding à la Dorléans.
01:37:06 Ah non, pas Dorléans.
01:37:08 Et mais vous m'y intervoiez à Chambord.
01:37:10 Très bien.
01:37:11 Non, non, prenons plutôt un buisson d'écrevisse.
01:37:13 Ah, oui, très bien.
01:37:15 Un simple tournedos.
01:37:17 Des truffes.
01:37:18 Ah, des truffes.
01:37:19 C'est excellent.
01:37:20 Elles sont très bonnes.
01:37:21 Une salade d'adamas.
01:37:23 Et des sorbets à la vanille.
01:37:25 Qu'est-ce que vous en direz ?
01:37:27 En attendant, apportez-moi un saucisson tout de suite.
01:37:30 Pas à l'ail, hein.
01:37:31 Et puis du bourgogne.
01:37:32 J'adore le bourgogne à jas, comme ça.
01:37:34 Personnellement, j'ai beaucoup aimé la façon de clapstick pour remonter sur Charles.
01:37:38 Trois longueurs en quelques mètres, vous avez vu ?
01:37:40 Écoutez, mon cher, vous direz ce que vous voudrez.
01:37:43 L'hypodrome du champ de Mars n'a pas le chic de celui de Chantilly.
01:37:47 Dites donc, vous autres, est-ce que vous avez vu cette voiture extraordinaire
01:37:50 qui est passée tout près de nous tout à l'heure ?
01:37:52 Un Lando marron à clé à quatre.
01:37:54 Ah, à qui c'est tout ça ?
01:37:56 À Dambreuse, à la Comtesse Dambreuse.
01:37:58 Elle est très riche, n'est-ce pas ?
01:38:00 Très riche.
01:38:01 C'est vrai que Mme Dambreuse soit née Boutron, comme tout le monde.
01:38:05 C'est la fille d'un préfet, je crois, d'une fortune.
01:38:07 C'est très médiocre.
01:38:09 Et votre journal, alors, Le Flambard, comment va-t-il ?
01:38:13 Eh bien, il flambe.
01:38:15 Par exemple, dans le prochain numéro,
01:38:19 nous avons un article enflammé sur l'opéra de Paris,
01:38:22 qui ne vaut plus rien, qui n'a jamais rien valu,
01:38:24 et qui va vers la déroute complète.
01:38:26 C'est tout à fait exact.
01:38:27 Il va falloir lire Le Flambard de M. Hussonnet.
01:38:30 Moi, je ne sais jamais quoi lire.
01:38:32 Et alors, ma toute belle ?
01:38:34 Vous voyez toujours ce brave Arnoux ?
01:38:37 Tu retardes.
01:38:38 Arnoux, Arnoux, mais c'est une espèce d'escroc, non ?
01:38:42 Pardon ?
01:38:43 Oui, enfin, il a eu un procès.
01:38:46 Il est couvert de traite, de dettes impayées,
01:38:49 ou quelque chose comme ça.
01:38:51 Dieu reste-moi en moque.
01:38:52 Alors, pourquoi l'attaquez-vous ?
01:38:54 Mais je ne l'attaque pas.
01:38:56 Je dis ce que tout le monde sait.
01:38:58 Arnoux est un homme honnête, monsieur.
01:39:00 Il a eu des difficultés dont il s'est tiré à son honneur.
01:39:03 Et M. Lambreuse, par exemple, lui fait entière confiance.
01:39:07 Je suis bien placé pour le savoir.
01:39:09 Ah, vous êtes bien placé.
01:39:11 Vous êtes très bien placé, je n'en doute pas.
01:39:16 Vous cherchez à m'offenser, monsieur.
01:39:18 Moi, pas du tout.
01:39:19 Je vous accorde même qu'il a quelque chose de très bien.
01:39:22 Sa femme.
01:39:24 Vous la connaissez ?
01:39:26 Parle-lui.
01:39:28 Sophie Arnoux.
01:39:30 Marie.
01:39:32 Oh, Marie Arnoux.
01:39:34 Tout le monde connaît ça.
01:39:36 Vous dites ?
01:39:37 Qu'est-ce que vous avez dit ?
01:39:39 Je dis que tout le monde connaît ça.
01:39:41 Taisez-vous.
01:39:43 Ce ne sont pas des femmes comme Mme Arnoux que vous fréquentez.
01:39:45 En effet.
01:39:47 Et je m'en flatte.
01:39:54 Alors, alors, c'est du pétrole.
01:39:57 Et puis, on ne sait même pas le motif.
01:39:59 Vous avez compris, vous ?
01:40:01 Au moins, monsieur, manifestez quelques regrets.
01:40:03 Je ne manifeste aucun regret.
01:40:05 Ils sont bêtes, ils sont trop bêtes.
01:40:07 Mon cher, il va falloir se battre.
01:40:09 Monsieur, notre ami le vicomte de Sisy enverra demain chez vous ses témoins.
01:40:14 Votre heure ?
01:40:15 Midi.
01:40:16 Parfaitement d'accord, monsieur.
01:40:18 Tu t'en as, Frédéric ?
01:40:20 Oui, un petit peu d'air frais me fera du bien.
01:40:22 Je vais me battre.
01:40:34 Tiens, je vais me battre.
01:40:36 C'est drôle.
01:40:38 Est-ce que je n'aurai pas...
01:40:40 Et si j'étais tué ?
01:40:49 Mon père est mort de la même façon.
01:40:51 Oui, je serai tué.
01:40:54 Je déteste me battre.
01:41:01 Je ne me suis jamais battu.
01:41:03 Vous autres, vous n'auriez pas pu être malades, non ?
01:41:06 Mon cher vicomte, en ce cas, vous auriez dû trouver d'autres témoins.
01:41:09 Et vous les auriez trouvés.
01:41:11 Je sais, cela vous amuse.
01:41:13 Messieurs, je peux vous le dire comme un des amis que je vais peut-être quitter.
01:41:17 Toute la nuit, j'ai souhaité qu'une émeute des barricades d'un cataclysme nous empêche de tirer l'épée.
01:41:25 Du reste, a-t-on vraiment le droit à notre époque de se battre en duel ?
01:41:29 Est-ce que ce n'est pas un reste de barbarie ?
01:41:31 C'est certain.
01:41:32 En fait, on a parfois quelques ennuis quand il s'agit de ramener le cadavre en ville.
01:41:36 Comment ?
01:41:37 Eh bien, oui, ce n'est jamais simple.
01:41:39 Il faut inventer des histoires d'accidents...
01:41:42 Qui ne trompent personne.
01:41:43 Mais la police ferme les yeux la plupart du temps.
01:41:45 Eux, la police, au fond, respectent le courage, le panache, le beau geste.
01:41:50 Les vieilles traditions de l'aristocratie française.
01:41:53 C'est affreux.
01:41:54 Vous êtes si ignoble.
01:41:56 Mais je pense que nous n'avons pas pris de médecin.
01:41:59 C'est inutile, il n'y a pas de danger.
01:42:01 Mais vous dites que...
01:42:02 Enfin, nous espérons qu'il n'y a pas de danger.
01:42:04 Cet imbécile de Moreau.
01:42:06 Il n'aurait pas pu mourir cette nuit d'une apoplexie.
01:42:09 Le voilà.
01:42:11 Ne fume plus.
01:42:13 Ça amolie.
01:42:15 Je t'assure, Frédéric.
01:42:17 Messieurs.
01:42:25 Messieurs, préparez-vous.
01:42:38 Préparez-vous.
01:42:39 Tout dépend de vous, messieurs.
01:42:48 Il n'y a jamais de déshonneur à reconnaître ses fautes.
01:42:51 Croyez-vous que nous sommes ici pour plumer les canards?
01:42:53 Allons, messieurs.
01:42:55 Messieurs.
01:42:56 En garde.
01:43:15 Êtes-vous prêts?
01:43:22 Êtes-vous prêts?
01:43:23 Prêts?
01:43:25 Prêts.
01:43:27 Allez, messieurs.
01:43:32 Arrêtons ça, la police.
01:43:45 D'ailleurs, le vicomte saigne.
01:43:47 Moi, je saigne, je suis blessée.
01:43:49 Il s'est décorché la main en tombant.
01:43:51 Il est blessé, messieurs.
01:43:53 L'honneur est sauf.
01:43:54 Arrêtez.
01:43:57 Arrêtez.
01:43:59 Arrêtez.
01:44:01 Je sais tout.
01:44:03 Vous avez voulu défendre l'honneur de votre ami.
01:44:06 Je ne l'oublierai jamais.
01:44:08 Mon cher enfant.
01:44:09 Vous êtes mon enfant.
01:44:10 Vous m'entendez?
01:44:11 Monsieur, je ne vous connais point,
01:44:15 mais je vous estimerai.
01:44:16 Si vous vous serrez la main tous les deux,
01:44:18 je vous ferai un grand cadeau.
01:44:20 Allons.
01:44:24 Allons, messieurs.
01:44:26 Ce vicomte-là, je dois vous le dire, me dégoûte.
01:44:34 Tout ça, ça fait partie des amis du pouvoir
01:44:36 et des ennemis du peuple.
01:44:38 Avec une révolution en 15 jours,
01:44:40 moi, je les obligerai à se battre, les bourvicomtes.
01:44:46 Je vous salue.
01:44:48 Toujours à ta disposition.
01:44:50 Brave du sardier.
01:44:53 Vous savez qu'il y a à deux pas d'ici
01:44:56 un restaurant où la bière est toujours fraîche.
01:44:58 Qu'en dites-vous?
01:44:59 Vous savez que ma femme était inquiète.
01:45:05 Votre femme?
01:45:07 Que lui avez-vous dit?
01:45:08 Vous lui avez raconté le...
01:45:10 Oh, je ne sais plus ce que je lui ai dit.
01:45:13 J'oublie toujours.
01:45:14 Après les mensonges véritables et les faux mensonges,
01:45:16 je m'y perds.
01:45:18 Vous connaîtrez cela le plus tard possible.
01:45:21 Et comment se porte-t-elle?
01:45:24 Ma femme? Très bien, très bien.
01:45:26 Si vous craignez la solitude,
01:45:29 et vous la craignez, j'en suis sûr,
01:45:31 ne vous mariez pas.
01:45:33 Garçon!
01:45:34 Monsieur?
01:45:37 Bière?
01:45:38 Deux bières.
01:45:42 Vous étiez ici autrefois?
01:45:44 Ah, jeunesse, jeunesse.
01:45:47 Je devais avoir le même âge que vous, à peu près.
01:45:51 Je me souviens d'une petite brune, d'une ouvrière.
01:45:54 Elle se sentait bon, c'était l'automne.
01:45:57 Non, non, c'était le printemps.
01:46:00 J'étais moins gras qu'aujourd'hui.
01:46:02 Je savais ce que je voulais, j'étais comme vous.
01:46:05 Au moins...
01:46:06 Si, si.
01:46:07 Vous savez ce que vous voulez, ne dites pas le contraire.
01:46:09 Je vous en prie.
01:46:10 Vous savez, ne croyez pas que j'oublie ma dette.
01:46:19 Je sais que je vous dois ces 15 000 francs.
01:46:21 Je les ai.
01:46:22 Je pourrais vous les donner tout de suite.
01:46:24 Mais je vous avoue que si vous pouviez attendre un peu,
01:46:27 ça m'arrangerait.
01:46:29 D'être sûr que vous n'en avez pas besoin.
01:46:31 Enfin, j'avais promis à Deslauriers de l'aider pour son journal.
01:46:34 Vaguement.
01:46:35 Dites-moi, j'ai entendu dire que vous aviez
01:46:38 une collection des houillères du Nord.
01:46:40 Oui.
01:46:41 Mais elles font 15 francs de mieux.
01:46:44 Oui, je sais.
01:46:45 Fait me conseiller votre amie d'Ambreuse.
01:46:48 Vous en avez acheté beaucoup ?
01:46:50 J'en ai près de 2000.
01:46:52 Fichtre, mon seigneur.
01:46:55 Jolie carèse de la fortune pour un jeune homme de province.
01:46:59 Non, je plaisante.
01:47:03 Pour ce que je vous dois.
01:47:05 Sérieusement, ce sera quand vous voudrez.
01:47:07 Je vous en prie.
01:47:09 Je vous en prie.
01:47:12 Le jour où je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:16 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:19 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:22 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:25 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:28 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:31 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:34 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:37 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:40 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:43 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:46 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:49 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:52 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:55 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:47:58 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:01 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:04 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:07 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:10 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:13 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:16 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
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01:48:22 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:25 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:28 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:31 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:34 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:37 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:40 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:43 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:46 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:49 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:52 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:55 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
01:48:58 Je me suis retrouvé à la maison de mon mari.
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