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00:00 Des allemands, moi j'en ai tué deux.
00:02 Et les deux que j'ai tués c'était de leur faute.
00:04 L'un était dans un trou, c'est un copain qui l'a vu.
00:07 Alors j'ai pris une grenade, et toc !
00:11 Je l'ai balancé dans le trou.
00:13 Et l'allemand a sauté.
00:15 Cet homme qui se remémorait en 1998 les combats de la première guerre mondiale,
00:20 c'était Abdoulaye Ndiaye, qui était le dernier tirailleur sénégalais de 14-18.
00:24 En 1914, Abdoulaye Ndiaye a 20 ans.
00:28 Il est arraché à son village du Sahel et enrôlé de force dans les troupes coloniales françaises,
00:32 emmené à Dakar, puis embarqué vers la Belgique pour rejoindre le front.
00:36 Abdoulaye Ndiaye participe aussi à la bataille des Dardanelles en 1915,
00:40 dans l'actuelle Turquie, avant de revenir participer à la bataille de la Somme.
00:44 Les français avaient fait sauter un pont.
00:48 Pendant trois jours on a rampé, on s'est battu.
00:51 À ce moment-là il faisait encore chaud.
00:56 Mais les 160 000 tirailleurs ne vont pas tarder à découvrir l'hiver dans la boue de la Somme.
01:00 Dans les deux camps, 400 000 soldats y trouvent la mort,
01:03 et 600 000 autres sont blessés, dont lui, touché par deux balles à la tête.
01:07 La première est sortie par là, vous voyez ?
01:11 Elle m'avait frappé là.
01:14 La seconde a ricoché contre mon casque et m'a touché là.
01:19 Son périple s'achève à Verdun en 1918.
01:25 Un jour on devait remonter au front,
01:28 tout à coup un clairon sonne et quelqu'un crie "la guerre est finie".
01:32 Les officiers étaient contents, ils s'embrassaient, ils disaient "ça c'est bien".
01:40 Trois jours après on nous a renvoyés chez nous,
01:48 on nous a embarqués sur un bateau et c'était fini.
01:51 On a été embarqués sur un bateau et c'était fini.
01:54 Abdoulaye Ndiaye retourne dans son village à 200 km de Dakar, sans pension de guerre.
01:59 Il découvrira qu'il aura droit à une compensation 30 ans plus tard,
02:02 après le retour des tirailleurs de la Seconde Guerre Mondiale.
02:05 Dernier tirailleur en vie en 1998, le Sénégalais meurt la veille du 11 novembre,
02:10 jour où il devait recevoir la Légion d'honneur sur décision du président Chirac.
02:14 La médaille sera déposée par l'ambassadeur de France le lendemain, sur sa tombe.
02:18 Et son fils, à force de faire vivre la mémoire de l'ancien soldat,
02:21 parviendra à obtenir de la France la construction d'une piste pour désenclaver le village.
02:26 Mais la guerre, j'y repense encore, tous les jours.
02:31 La nuit souvent, je rêve que je suis en train de me battre.
02:35 Je ne suis pas un guerrier.
02:38 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
02:41 [Musique]