Faut-il faire entrer dans l’UE des pays dans une situation instable ?

  • l’année dernière
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Elisabeth Lévy; Virginie Calmels et Jérôme Quéré, directeur du think tank “Confrontations Europe”.

Retrouvez Les Vraies Voix avec Cécile de Ménibus et Philippe David du lundi au vendredi de 17h à 20h sur #SudRadio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos des Vraies Voix : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDRB7z8JrbG9LyNtTmhxaU-a

##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2023-11-10##

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:04 Et donc c'était mercredi, la Commission européenne a émis un jugement plutôt favorable pour entamer les négociations d'adhésion de la Moldavie et d'Ukraine à l'Union européenne.
00:12 La Géorgie de son côté a obtenu un statut de candidat pour passer à l'étape suivante, donc les 27 devront enterrer la vie de la Commission.
00:20 Prochaine étape, donc ce Conseil des 27, ce sera en décembre Philippe.
00:23 Est-ce que pour vous c'est le bon timing pour l'adhésion de l'Ukraine et de la Moldavie vu la situation en Ukraine bien évidemment ?
00:30 Est-ce qu'il faut demander l'avis non pas aux pays mais carrément aux Européens par référendum sachant que ça marche déjà pas très bien à 27 ?
00:37 La Géorgie qui est dans le Caucase, est-elle en Europe ?
00:40 Et puis est-ce qu'on va faire un peu Jack Chirac ? Est-ce qu'on va élargir l'Europe jusqu'au Zimbabwe ?
00:45 Vous voulez réagir ? Appelez-nous au 0826 300 300.
00:49 Avec cette question du jour, faut-il faire entrer dans l'Union Européenne des pays en situation instable ?
00:54 Vous dites non à 96%. Comme ça au moins c'est réglé, 0826 300 300.
00:58 Et pour en parler, Jérôme Querret avec nous, directeur du Syntank, Confrontation Europe.
01:02 Merci d'être avec nous, bonsoir et bienvenue sur Sud Radio.
01:06 Cette information sur l'arrivée éventuelle de l'Ukraine dans l'Union Européenne, une bonne ou mauvaise chose Philippe ?
01:11 Alors je comprends bien tout ce qui peut s'opposer sur le plan politique, géopolitique pour faire pompeux,
01:18 à l'arrivée de, par exemple, de l'Ukraine dans l'espace européen.
01:24 Mais au fond, je me demande si, comme l'a dit notre invité en un mot,
01:32 si on ne doit pas privilégier la volonté européenne de ces pays qui désirent profondément entrer dans cet espace.
01:42 Et pour répondre rapidement à la question de Sud Radio,
01:46 paradoxalement, je crois que dès lors que la situation internationale est tragique, problématique, douloureuse,
01:55 eh bien il faut tenter d'appréhender les autres problèmes qui existent de toute manière,
02:02 sur le mode le plus ordinaire qui soit.
02:05 Il serait dramatique d'arrêter tous les processus, parce qu'il y aurait de la violence, des crises et des désastres ailleurs.
02:16 Virginie Kallmels.
02:17 Alors moi je suis plutôt farouchement opposée à l'élargissement de l'Union Européenne,
02:21 et en cela je suis totalement opposée aux propos de Madame van der Leyen qui disait
02:26 que l'élargissement est une politique vitale pour l'UE,
02:30 et qu'il faut compléter notre Union, et que c'est l'appel de l'histoire et l'horizon naturel.
02:34 Alors là je ne suis pas du tout d'accord avec cela, je pense que l'Europe fonctionne difficilement à 27,
02:40 et que faire rentrer ces pays dans l'Union Européenne, qui ne serait pas du tout alignée sur un certain nombre de sujets,
02:47 l'Ukraine, il faudrait déjà qu'elle commence par lutter contre la corruption,
02:51 par ailleurs une entrée de l'Ukraine dans l'Union Européenne,
02:56 malgré tout c'est fermer la porte à d'éventuelles négociations avec les Russes,
03:03 alors on va me dire "ah mais c'est impossible etc.",
03:05 sauf qu'il y a bien un moment où il faudra aller ou tendre vers un processus de paix,
03:10 qui voudra peut-être redéfinir les contours du pays,
03:16 mais qu'une adhésion à l'UE est quelque chose qui est quasiment un chiffon rouge,
03:24 ou quelque chose qui ne tombe vraiment pas de mon point de vue au bon moment,
03:28 alors qu'il y a clairement un processus de paix à essayer à un moment donné d'entamer.
03:35 Et par ailleurs, si on regarde les autres pays,
03:38 c'est plutôt la Moldavie qui était en tête des critères d'adhésion en tête de la course,
03:44 on pourrait dire "même s'il y a encore des réformes judiciaires à produire,
03:49 il y a des progrès économiques, mais on est aussi sur des pays
03:53 qui en PIB par habitant sont très éloignés de la moyenne européenne,
03:58 donc on voit bien tous les problèmes que ça va créer,
04:01 et je vous avoue que je ne vois pas très bien les avantages, en revanche,
04:06 que ça va produire, ni pour les européens qui aujourd'hui déjà ont bien à faire,
04:13 et que c'est bien compliqué de faire fonctionner cette Europe à 27,
04:16 et j'ajoute qu'il y aurait peut-être une nécessité d'une réforme institutionnelle
04:21 au niveau européen pour fonctionner à plus de 30.
04:23 Donc moi tout ça fait que j'y suis opposée.
04:27 Alors sur l'analyse, je suis plutôt du côté de ma chère Virginie,
04:32 c'est-à-dire je pense que ça n'a pas de sens,
04:34 mais en même temps que moi je ne crois pas à l'Europe politique au rêve fédéraliste,
04:38 si vous voulez, c'est-à-dire...
04:40 Non, non, mais pardon, je finis Virginie, je vous ai écouté, donc je vais jusqu'au bout.
04:44 Comme je ne crois pas à ce rêve fédéraliste qui d'ailleurs n'existe plus vraiment,
04:48 mais je ne crois pas, si vous voulez, à l'Europe comme acteur politique,
04:51 parce que ce sont des États qui ont déjà à 27,
04:56 on n'a plus du tout les mêmes intérêts, on n'a plus du tout...
04:59 Et puis alors le désir d'Europe, excusez-moi,
05:01 mais à ce moment-là on peut aussi faire rentrer le Maroc,
05:03 la Turquie à un moment ça leur a passé,
05:05 mais à un moment ils avaient un très grand désir d'Europe,
05:07 Israël demain, enfin bon, il n'y a plus d'unité culturelle ni politique.
05:12 Maintenant, donc je trouve cet élargissement totalement absurde,
05:17 le premier on ne l'a pas digéré, les décisions sont impossibles à prendre,
05:22 mais si je joue un peu la politique du pire,
05:24 si vous voulez, ça éloigne la perspective fédérale, donc bon.
05:28 - Notre invité, Jérôme Quéré, directeur du Syntank, Confrontation Europe,
05:33 quand on vous posait la question sur le fait de dire
05:36 "est-ce que finalement ce sont des bonnes raisons",
05:38 je reviens sur ce qu'avait dit Ursula von der Leyen,
05:44 elle disait que finalement c'était un geste hautement symbolique
05:47 quelques mois après l'invasion russe.
05:49 Et c'est pour ça qu'on se pose la question en se disant
05:51 "mais est-ce qu'on n'est pas sous le coup de l'émotion finalement ?"
05:53 - Alors si c'est le coup de l'émotion, c'est une émotion qui dure,
05:58 l'invasion de la Crimée par la Russie c'était en 2014,
06:00 la révolte de Maïdan c'était aussi en 2014,
06:03 donc c'est quand même une histoire qui est sur du long terme,
06:05 ce n'est pas uniquement depuis l'invasion globale de la Russie en Ukraine il y a un an.
06:11 Il y a aussi beaucoup de chemin par l'Ukraine,
06:15 beaucoup de réformes, alors j'entendais qu'il fallait d'abord
06:17 commencer par la lutte contre la corruption,
06:19 ce n'est pas fini, mais ils se sont beaucoup améliorés sur la question,
06:23 malgré la guerre, et donc c'est assez impressionnant
06:25 parce qu'il y avait beaucoup de conditions posées par l'Union Européenne
06:27 pour commencer à ouvrir les négociations,
06:30 et 90% de ces critères ont été remplis alors qu'ils sont en état de guerre.
06:36 Donc c'est vrai que ce processus est assez impressionnant
06:38 et il n'y a pas beaucoup de monde qui croyait que ça pouvait aller aussi rapidement,
06:42 mais je précise que l'ouverture des négociations,
06:44 ça ne veut pas dire une adhésion demain,
06:46 il y a quand même 35 chapitres à compléter avant d'adhérer,
06:49 donc ce n'est pas pour demain, ce n'est pas pour dans quelques mois.
06:53 D'autres pays ont mis plusieurs années, certains une vingtaine d'années,
06:58 donc ce n'est pas pour tout de suite en effet.
07:01 Tant qu'il y a la guerre et que les réformes ne vont pas jusqu'au bout,
07:03 il n'y aura pas d'adhésion de l'Ukraine,
07:06 ça c'est quelque chose qu'il faut rappeler tout de même.
07:07 Quels sont les points, sur ce que vous parliez de 35 points,
07:10 quels sont les points finalement qui pourraient être les plus compliqués à transformer ?
07:17 Sur l'économie de marché opérationnel en état de guerre, c'est compliqué.
07:22 L'Union Européenne d'Ukraine est devenue un pays
07:24 qui serait le plus pauvre de l'Union Européenne après la Bulgarie,
07:27 ce qui n'était clairement pas le cas avant la guerre,
07:29 mais la situation fait que.
07:31 Et donc c'est sur ce point-là que ça peut être très compliqué.
07:36 Après, il faut respecter l'état de droit, il faut une démocratie stable.
07:39 Et donc là, il y a eu beaucoup d'efforts sur ce sujet,
07:42 mais une démocratie stable, c'est certainement quand même une démocratie qui n'est pas en guerre.
07:47 Mais Jérôme Kéré, sauf si les réformes ont une question,
07:49 les frontières de l'Europe, c'est quoi ?
07:51 Parce que là, on va passer à la Géorgie.
07:53 La Géorgie, c'est dans le Caucase.
07:55 Le Caucase, ce n'est pas fondamentalement en Europe.
07:57 Peux-tu accepter la Géorgie et pas accepter la Turquie,
08:00 qui a une petite partie en Europe, même putelle infime ?
08:03 Est-ce que quand même, les frontières de l'Europe, c'est quoi ?
08:07 Alors là, pour être précis, il faudra poser la question aux géographes.
08:09 Par contre, j'ai entendu parler du Maroc qui a demandé l'adhésion,
08:13 qui a été refusé parce que le Maroc n'est pas sur le continent européen.
08:16 Ce qui n'empêche les relations fortes.
08:19 On peut avoir de très bonnes relations avec les voisins sans qu'ils soient membres.
08:22 Pour la Géorgie, c'est toute la question.
08:24 La commission est favorable, mais les chefs d'État et de gouvernement,
08:27 le 14 et le 15 décembre, vont se positionner et c'est à eux de dire oui ou non.
08:31 Les députés européens vont également se prononcer par la suite.
08:35 Donc le choix n'est pas encore fait et ce genre de questions va être largement débattue.
08:39 En tout cas, il faut l'unanimité des chefs d'État et de gouvernement.
08:42 Et ce n'est pas une mince affaire.
08:44 Jérôme, Kéré, à partir du moment où votre première intervention l'a fait entendre,
08:52 et j'ai repris votre point de vue,
08:54 que la volonté européenne comptait fortement, notamment pour l'Ukraine,
09:00 une fois que, quel serait le critère, à votre avis,
09:05 qui irait de pair avec celui-ci pour démontrer la compatibilité du pays avec l'esprit européen ?
09:16 Parce que j'ai été sensible à l'argument d'Elisabeth Lévy qui disait, au fond,
09:21 le désir d'Europe ne peut pas permettre à n'importe quel pays d'y venir, en quelque sorte.
09:27 Quel serait le critère fondamental, à votre avis, qui devrait s'ajouter au désir d'Europe ?
09:35 Alors il y a des valeurs fondamentales de l'Union européenne
09:37 qui ont été acceptées par tous les États membres lorsque ça a été adopté,
09:41 et normalement tous les États qui ont rejoint.
09:43 Alors certains peuvent changer d'avis,
09:45 mais il y a quand même des valeurs fondamentales de l'Union européenne.
09:47 Il faut respecter notamment l'État de droit.
09:49 Alors on se pose des questions dans certains États membres qui ont évolué depuis,
09:52 mais ça c'est un critère non négligeable.
09:55 Et donc lorsqu'on ouvre des négociations et que par exemple,
09:58 il y a un chapitre qui est clos sur l'État de droit,
10:00 si en cours de route l'État change et que l'État de droit n'est plus respecté,
10:06 c'était le cas à un moment en Turquie, on suspend les négociations.
10:10 Donc ça c'est le cas avec la Turquie, il n'y a plus de négociations, c'est en suspend.
10:13 Et maintenant depuis 2020 et l'impulsion de l'État français,
10:17 on peut revenir sur des chapitres.
10:19 Avant lorsque c'était clos, c'était validé, on passait à autre chose.
10:21 Sauf que ça dure plusieurs années, donc les pays peuvent aussi changer de politique.
10:25 En cours de l'adhésion, en cours des négociations.
10:29 Et donc ça c'est une nouveauté apportée par l'État français.
10:32 On peut revenir sur un chapitre qui a été bouclé,
10:35 parce qu'il y aurait eu un changement dans la politique.
10:37 Et ça c'est notamment, on pense, en valeur fondamentale de l'Union européenne.
10:42 On ne peut pas rentrer si on ne partage pas ces valeurs.
10:44 Parce qu'il faut quand même un dénonimateur commun,
10:46 même si on garde chacun nos différences culturelles et autres.
10:49 Il y a ces valeurs fondamentales qui sont une base indispensable.
10:53 Merci beaucoup en tout cas Jérôme Querret, directeur du Syntank Confrontation Europe.

Recommandée