"J'ai fait tout ce qu'il m'a demandé": face au trafic de drogue, le maire de Villeurbanne en appelle au ministre de l'Intérieur
Le maire de Villeurbanne Cédric Van Styvendael était en direct dans Première Edition ce lundi.
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00:00 -Cedric Van Stievendel, que peut faire le maire face à cette situation ?
00:03 -D'abord, être aux côtés des habitantes et des habitants qui sont excédés,
00:09 comme je le suis depuis trois ans.
00:11 Ensuite, moi, j'ai mis en place ce que m'a demandé le ministre de l'Intérieur.
00:15 Il m'a demandé plus de policiers municipaux, nous sommes passés de 30 à 50.
00:19 Il m'a demandé plus de caméras de vidéoprotection,
00:21 on a doublé les caméras sur la ville en trois ans
00:24 et on les triplera sur la totalité du mandat.
00:26 Il m'a demandé d'avoir accès directement aux images
00:29 pour prendre le contrôle sur les caméras,
00:31 je lui ai donné ce contrôle.
00:32 Je considère que j'ai fait une partie de mon travail.
00:35 Et quand, la semaine dernière, je fais appeler son cabinet
00:37 pour demander à être reçu pour parler de la situation du Tonkin,
00:41 après trois courriers que je lui ai adressés sans réponse,
00:44 on me renvoie à un rendez-vous en février de Villemalcade,
00:47 tout ça n'est absolument pas sérieux
00:49 et à la hauteur de la colère et du ras-le-bol des habitants.
00:52 Donc, il y a quelque chose de l'ordre de "je le préviens, ça commence à bien faire",
00:56 j'ai fait tout ce qu'il nous demandait avec les acteurs,
00:59 avec la police nationale, avec les associations,
01:01 nous sommes mobilisés parce que, certes,
01:03 c'est un quartier qui est gangréné par le trafic de drogue,
01:05 mais c'est un quartier dans lequel il fait bon vivre,
01:07 dans lequel les habitants sont attachés à leur quartier,
01:10 il est de qualité.
01:10 Tous vos confrères journalistes qui se sont déplacés
01:13 sont presque surpris qu'il y ait du trafic de drogue
01:15 dans ce type de quartier,
01:16 donc on n'a pas le droit de le laisser partir à la dérive.
01:18 – Mais parce que lorsque des habitants sont réduits
01:21 à faire en quelque sorte eux-mêmes une partie de la police,
01:24 on se dit qu'il y a quand même un truc qui ne va pas.
01:28 – Écoutez, ça fait trois ans que je demande à ce que ce quartier
01:31 soit placé en quartier de reconquête républicaine,
01:33 pour avoir une brigade de sécurité territoriale,
01:35 c'est-à-dire 20 effectifs qui sont présents sur le quartier qui ilote,
01:40 et pas simplement des opérations de sécurisation ponctuelles
01:43 qui certes sont nécessaires,
01:45 comme la préfète l'a obtenue actuellement avec des CRS,
01:48 mais dès qu'ils vont partir, le trafic va recommencer.
01:50 Et d'ailleurs, dès qu'ils ne sont pas là,
01:52 puisque ces CRS ne sont pas là complètement à temps plein,
01:55 le trafic continue autant qu'il y en a.
01:57 – Qui sont ces dealers ?
01:59 [Bruit de tir]
02:01 – Pardon, je n'ai pas entendu votre question.
02:02 – Je vous demandais qui sont ces dealers ?
02:06 – Écoutez, je ne peux pas vous le dire comme cela,
02:08 ce qu'on sait c'est que depuis trois ans,
02:10 il y a eu aussi beaucoup d'interventions,
02:11 il y a eu beaucoup d'arrestations,
02:13 certains sont restés en prison, ils ne sont pas tous ressortis,
02:16 et ça conduit aussi à une nouvelle répartition de territoire,
02:19 et donc les tirs que nous avons eus depuis trois jours,
02:22 enfin depuis une semaine sur le territoire,
02:24 sont aussi le résultat de cela, la préfète l'a très bien dit,
02:27 et donc il n'y a pas une inaction sur ce quartier de la police nationale,
02:31 simplement aujourd'hui il y a un manque de moyens
02:32 pour traiter en profondeur certains points de deal,
02:35 qui sont des points de deal extrêmement lucratifs,
02:37 plus de 50 transactions à l'heure,
02:39 on le voit sur nos caméras de vidéoprotection,
02:41 donc beaucoup d'argent en jeu,
02:43 et donc beaucoup de violence autour de la répartition de cet argent.
02:46 – Parce que les riverains sont drôlement courageux,
02:47 et on n'est pas à l'abri d'un incident.
02:52 – Les riverains sont extrêmement courageux,
02:53 et encore une fois ça fait trois ans qu'on travaille avec eux,
02:56 ces collectifs se sont mobilisés,
02:57 ils ont essayé de reprendre le contrôle du terrain en journée,
03:00 avec des animations, avec de l'action pour les jeunes,
03:03 avec du rugby qui s'est monté sur un lieu
03:05 qui était particulièrement concerné,
03:08 donc oui bien sûr je suis inquiet,
03:09 après à chaque fois qu'ils se mobilisent,
03:11 on est quand même prévenu, donc on fait attention à faire en sorte
03:14 qu'il puisse y avoir aussi des effectifs
03:15 qui viennent les soutenir si c'était tendu,
03:18 ils ont pris cette responsabilité-là,
03:20 moi à la fois je les admire et en même temps je me désespère
03:23 qu'on soit rendu là, c'est-à-dire que des habitants soient obligés
03:27 de se mettre en scène pour qu'enfin on regarde un peu
03:30 ce qui se passe au Tonquin, mais je comprends leur démarche,
03:33 simplement je pense qu'il ne faut pas que ça dure de cette manière-là,
03:35 parce que l'autre part ça a déjà commencé à être tendu,
03:38 il ne faut pas qu'on attende un accident
03:39 pour de nouveau avoir une intervention du ministre de l'Intérieur.
03:42 – Merci d'avoir été en direct avec nous,
03:43 on espère que votre appel ce matin au ministre de l'Intérieur,
03:46 que le rendez-vous escompté sera un peu avancé.