Les 4 vérités - Éric Coquerel

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Jeff Wittenberg reçoit Éric Coquerel, député LFI et président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale dans les 4 vérités. 
Transcript
00:00 Bonjour Eric Coquerel, vous êtes également président de la commission des finances à l'Assemblée Nationale.
00:06 On va parler d'une marche demain, une marche où l'on va s'intéresser au nombre de participants,
00:11 donc au présent, mais aussi aux absents, et vous en êtes les principaux à la France Insoumise,
00:17 cette marche contre l'antisémitisme, contre les actes antisémites, tous les partis politiques y vont,
00:23 sauf le vôtre, la France Insoumise, pouvez-vous nous donner la raison de votre absence demain à cette marche ?
00:30 On ne sera pas à la marche de Paris pour deux raisons.
00:33 La première c'est la présence de l'extrême droite, on voit très bien comment on manifeste avec des gens
00:38 qui puisent leurs racines dans l'occupation, qui il n'y a pas encore très longtemps,
00:43 par la bouche de M. Bardella, estimaient que les propos de Jean-Marie Le Pen n'étaient pas antisémites,
00:49 donc on voit bien qu'il y a une filiation qui est toujours assumée, mais il y a aussi une autre raison,
00:55 c'est que le texte de la marche, si l'extrême droite y va, c'est que quelque part,
00:59 elle pense qu'elle a sa place dans cette marche.
01:01 Le texte de la marche fait un lien avec le conflit entre Israël et les Palestiniens depuis le 7 octobre,
01:11 et donne une vision, j'allais dire, partiale de la manière dont ce conflit se traduit en France.
01:17 Il y avait deux possibilités de marcher.
01:20 Je vais vous expliquer.
01:21 Je vous permets de vous arrêter, pourquoi une vision partiale ?
01:23 Parce que si on parle du conflit...
01:25 On ne peut pas, comme M. Macron, le président de la République, demander à cesser le feu et dénoncer l'antisémitisme.
01:31 Je ne parle pas de ce que dit M. Macron, qui d'ailleurs, vous avez vu, ne sera pas à cette marche.
01:35 L'appel parle des massacres du 7 octobre, d'accord, qu'il compare d'ailleurs à la Shoah,
01:39 bon ça c'est la responsabilité des organisateurs, il parle des massacres,
01:44 je ne sais pas, entre la solution finale de la Shoah dont...
01:48 Non mais là, dans le modus operandi, si j'ose dire, certaines familles...
01:53 Je leur laisse la responsabilité, moi je pense que par rapport aux victimes de la Shoah,
01:57 comparer ce qui s'est passé, qui est un massacre abominable, que je condamne absolument,
02:00 qui est un crime de guerre avec la Shoah, je pense que c'est...
02:03 Qui est un crime terroriste ? Est-ce que vous employez ce mot, M. Coquerel ?
02:05 Je me permets de vous poser la question.
02:07 Non, vous savez très bien que je n'ai pas utilisé ce mot, mais j'y reviendrai après.
02:10 Si vous l'aimez bien, vous me laissez répondre à la question, parce qu'on va faire du bon.
02:13 Cette manifestation fait un lien avec ça. Alors il y a deux façons de faire.
02:17 Soit on veut, et je pense que ça serait bien, dire que nous ne voulons pas qu'un conflit géopolitique
02:22 soit traduit en France sous une forme de guerre de religion, ce que souhaite M. Netanyahou,
02:27 qui parle de lutte entre les ténèbres, la lumière, qui parle d'un conflit qui serait un conflit religieux,
02:34 pour camoufler un conflit géopolitique qui est une guerre coloniale.
02:37 Si on le fait dans ces cas-là, il faut faire référence à tout ce qui se passe.
02:40 Le massacre du 7 octobre, mais aussi les 11 000, près de 11 000 morts en ce moment
02:44 sous des bombardements à Gaza, et dire que nous ne voulons pas que des concitoyens
02:49 en fonction de cette guerre soient attaqués en fonction de leur religion supposée.
02:54 C'est valable, évidemment, pour nos concitoyens de religion juive.
02:57 Il y a eu incontestablement des actes antisémites, mais c'est aussi valable pour nos concitoyens de religion musulmane.
03:03 Laissez-moi juste terminer.
03:05 Ou alors, et c'est aussi quelque chose qui est tout à fait légitime,
03:08 on s'inquiète de la montée depuis pas mal de temps des actes antisémites en France et en Europe,
03:13 dont la plupart sont d'origine d'extrême droite.
03:16 Qu'est-ce qui vous permet de donner ces chiffres, lorsqu'on voit le profil des antisémites
03:20 qui ont été commis en France depuis le 7 octobre, plus de 1 200, je le rappelais,
03:26 ce n'est pas spécifiquement l'extrême droite qui est auteure de ces actes ?
03:31 Selon les enquêtes de police, en tout cas.
03:34 Je ne sais pas, elles ont les enquêtes de police, parce que les enquêtes de police...
03:37 Non, non, mais j'ai entendu M. Darmanin faire un lien, déjà, entre les tags bleus,
03:43 avec l'étoile de David, il y a quelque temps, laissez-moi finir,
03:47 et nous expliquer, non seulement que c'était forcément des actes antisémites,
03:51 mais en plus, faisant un lien avec la gauche radicale et l'islam.
03:55 Ce que j'observe, c'est qu'à Strasbourg, à Frennes, à Libourne, etc.,
04:00 à chaque fois, c'est des croix gammées.
04:01 Donc ne me dites pas que l'extrême droite est absente de ça,
04:04 et ne me dites pas que la progression de l'extrême droite partout en Europe
04:07 est absente de la montée de l'antisémitisme partout en Europe, notamment en Amérique.
04:11 Mais il n'y a pas eu...
04:12 Laissez-moi t'habiller.
04:13 Si on veut, à un moment donné, et je le veux, condamner partout l'antisémitisme,
04:18 dans ces cas-là, la référence, à mon avis, à l'extrême droite,
04:21 la référence au nazisme, elle est nécessaire.
04:24 Or, cet appel ne fait pas ça, il ne traduit qu'une certaine vision des choses,
04:28 et je pense que, de cette manière-là, c'est quelque chose qui divise
04:31 plutôt que ça unifie, et partout en France, je termine là-dessus,
04:34 où il y aura des appels qui ont été très clairs,
04:37 c'est-à-dire qui, justement, ont échappé à cette confusion,
04:40 nous y serons, on sera à Strasbourg, on sera en Europe, on sera libre, etc.
04:43 Alors, cette confusion, si vous me permettez de vous interrompre et de vous poser une question,
04:45 est-ce que vous estimez, donc, comme Jean-Luc Mélenchon,
04:48 que cette marche de demain est, je cite,
04:50 "un soutien inconditionnel au massacre et que l'antisémitisme est un prétexte".
04:54 Ce sont les mots de Dieu Dieu Dieu de votre part.
04:56 Moi, je suis là pour commenter les miens, d'accord ?
04:58 Donc, je vais vous dire, je vous donne la question.
05:00 Mais vous pouvez, c'est quand même votre ami et votre leader.
05:02 Est-ce que vous dites "c'est un soutien inconditionnel au massacre et que l'antisémitisme est un prétexte" ?
05:06 En tout cas, vous avez bien entendu ce que je viens de vous dire,
05:08 cet appel, c'est une vision partiale de ce qui se passe en ce moment au Proche-Orient.
05:12 Mais est-ce que c'est un soutien inconditionnel au massacre ?
05:14 Au moment même, par exemple, hier soir, un hôpital à Gaza était encerclé par l'armée israélienne,
05:18 et où il y a près de 11 000 morts à Gaza.
05:20 Je vois mal comment on donne une lecture de ce qui se passe là-bas,
05:24 uniquement à travers ce que veut M. Netanyahou,
05:27 c'est-à-dire nous entraîner vers une guerre de religion,
05:31 où nous serions à ses côtés vis-à-vis du peuple palestinien.
05:34 Je pense qu'il faut, s'il y a des appels, je vous réponds, s'il y a des appels, ce qui n'est pas le cas,
05:39 dans ces cas-là, par exemple, qui font un lien avec ce qui se passe là-bas,
05:42 bien évidemment, il faut parler des massacres de civils israéliens,
05:46 que je déplore, que je condamne, etc.
05:48 Mais il faut aussi parler de ce qui se passe actuellement du côté de la Palestine.
05:51 Donc je vais vous poser la question autrement,
05:53 est-ce qu'aller demain manifester dans cette marche appelée par les présidents des deux assemblées,
05:58 c'est un soutien à Benyamin Netanyahou, c'est ce que pense M. Mélenchon ?
06:02 En tout cas, c'est un soutien à la vision de M. Netanyahou sur le conflit,
06:06 avec pas un mot sur ce que vivent les palestiniens et les gazaouites,
06:09 ce qui, moi, me pose problème dans la circonstance.
06:11 Et encore une fois, partout en France où il y a des appels très clairs,
06:14 soit contre l'antisémitisme de manière en général, et en général on n'oublie pas l'extrême droite,
06:18 nous y serons, nous serons d'ailleurs à une initiative dimanche matin,
06:22 appelée par des organisations jeunes, ce point.
06:24 Dernière question, sur cette question, vous ne voulez pas, encore une fois ce matin,
06:28 qualifier les attaques du Hamas de terroristes, en revanche,
06:31 quand votre ami, collègue député Thomas Porte, dans une manifestation pro-palestinienne,
06:36 qualifie l'armée israélienne de commettre du terrorisme d'État, je le cite,
06:42 est-ce que là aussi vous dénoncez ce propos ?
06:45 J'ai pas utilisé le terme terroriste, pourquoi ?
06:48 Je le rappelle, parce que derrière le terme terroriste,
06:51 il y a une lecture politique de M. Netanyahou.
06:53 Pour lui, c'était faire un lien entre le Hamas et Daesh, dire que c'est la même...
06:58 La même Union Européenne aussi, depuis des années, par exemple.
07:01 Non, vous ne m'interrogez pas.
07:03 Nous amener à faire en sorte de traduire ce conflit colonial en un conflit
07:07 qui serait une guerre de religion, et qui serait la même chose que ce qui nous oppose
07:11 aux groupes comme Daesh. Je refuse cette lecture.
07:14 Et l'armée israélienne est-elle un terroriste d'État ?
07:16 Pour cette raison, je n'utilise pas ce qualitatif, tout comme d'ailleurs
07:19 vos collègues de l'AFP ont expliqué qu'ils le mettaient entre guillemets,
07:22 parce qu'il y a souvent une interprétation politique derrière,
07:24 et que l'interprétation politique à laquelle M. Netanyahou veut nous emmener,
07:27 c'est de considérer que nous sommes dans la même lutte du bien contre le mal.
07:30 Je pense que ce n'est pas le cas, nous sommes surtout dans une guerre coloniale
07:33 dans laquelle il y a des actes non-sueux des deux côtés, notamment du Hamas,
07:37 mais là, en se prenant ce qui se passe du côté de Gaza, je le répète,
07:40 c'est un crime de guerre, l'ONU parle même de risque génocidaire.
07:43 Terrorisme d'État, comme le dit Thomas Porte, oui ou non ?
07:46 Il y a une forme de... De la même manière que le Hamas a commis des actes
07:50 pour terroriser la population, il est clair que du côté israélien,
07:54 on commet des actes pour terroriser la population, et même faire en sorte
07:57 qu'elle parte de Gaza, parce que je vous rappelle que l'objectif annoncé
08:00 par M. Netanyahou dès septembre, c'est de faire en sorte que les entités
08:03 palestiniennes, Jordanie et Gaza, soient englobées à Israël.
08:06 C'est ça qui est en train de se passer.
08:07 Le regard sur le conflit israélo-palestinien, c'est en tout cas ce qui a provoqué
08:10 plus que des remous au sein de la gauche, puisque la nuppes aujourd'hui
08:15 est en sursis, on ne va pas dire qu'elle est morte, mais en tout cas,
08:18 au moins l'EPS a gelé sa participation, le parti communiste,
08:21 ils seront eux présents dans la marche demain, est-ce que vous reconnaissez
08:25 qu'il y a de l'igne, y compris au sein de votre parti à la France insoumise,
08:28 ou certaines personnalités, je pense à François Ruffin, à Alexis Corbière
08:32 et à Raquel Garrido, disent autre chose que ce que vous dites ce matin ?
08:37 Est-ce qu'il y a aujourd'hui de l'igne à gauche sur cette question ?
08:40 Et même au sein de votre parti ?
08:41 Je ne sais pas s'il y a de l'igne à gauche, nous ce que nous disons,
08:44 c'est que nous n'avons pas effectivement la même ligne que le parti socialiste
08:47 qui à un moment donné, alors ça dépend des moments, parce qu'il n'y a pas
08:51 très longtemps, M. Ford a très clairement, lui aussi, estimé que ce qui se passait
08:56 à Gaza est insupportable. Moi ce que je constate, c'est qu'on peut avoir
08:59 des interprétations différentes de ce qui se passe. Le message d'espoir que j'ai,
09:03 c'est que toutes ces forces politiques aujourd'hui demandent le cessez-le-feu,
09:07 demandent une négociation sur la base de deux états et demandent la fin
09:10 des colonisations. Donc là-dessus, je réponds à votre question,
09:13 là-dessus je pense qu'il peut y avoir un avenir pour la nuppes,
09:15 même si aujourd'hui nous avons des interprétations différentes du conflit.
09:19 Et au-delà de ce conflit, est-ce que, même au-delà, dans votre parti,
09:23 il n'y a pas aujourd'hui une fracture forte ? J'en veux pour preuve,
09:27 la suspension pour quatre mois de Raquel Garrido parce qu'elle n'a pas été,
09:32 si j'ose dire, parce qu'elle a critiqué la ligne du chef de Jean-Luc Mélenchon.
09:35 – Vous me connaissez, je ne fais pas de commentaire sur la vie interne,
09:37 attendez, je vais vous répondre, je ne fais pas de commentaire sur la vie interne.
09:39 – Il nous reste quelques instants.
09:41 – Mais en tout cas, ce n'est pas pour des délits d'opinion que Raquel a été sanctionnée,
09:45 ce n'est pas pour ça, c'est pour des problématiques de fonctionnement,
09:49 là-dessus, moi je ne dirais pas, je n'ai pas de commentaire à faire.
09:53 – Vous approuvez ? – Je réponds à votre question.
09:55 – Vous approuvez cette mise à l'égard ?
09:57 – Je réponds à votre question, sur la question de savoir s'il y a deux lignes,
10:01 il y a quelques-uns de nos camarades qui pensaient par exemple que oui,
10:04 sans dommage, on pouvait parler des actes terroristes du Hamas,
10:07 c'est leur jugement, c'est leur analyse, moi je ne partage pas ce jugement politique,
10:12 mais tous les gens de France Insoumise, absolument tous, disent qu'aujourd'hui…
10:15 – Il nous reste quelques secondes.
10:17 – … disent qu'aujourd'hui, et ça tombe bien parce que c'est comme le chef de l'État,
10:19 vous voyez je vais terminer là-dessus, l'essentiel c'est de demander
10:22 à cesser le feu immédiat et l'ouverture de négociations sur la base de deux États,
10:25 et là-dessus il n'y a aucune différenciation entre les membres de France Insoumise.
10:28 – Eh bien vous l'avez dit en détail ce matin,
10:30 merci Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis,
10:32 président de la commission des finances à l'Assemblée.

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