Thomas Sotto reçoit Éric Dupont-Moretti, Garde des Sceaux et ministre de la Justice, sur le plateau des 4 vérités.
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00:00Bonjour et bienvenue dans les 4V, Eric Dupond-Moretti.
00:05Bonjour Monsieur Thomas Sotton.
00:06Ça y est, cette fois la campagne officielle pour ces législatives a débuté.
00:09Vous avez décidé de ne pas être candidat à vos législatives.
00:12Pourquoi ce choix ? Est-ce que c'est un refus d'obstacle au moment où votre camp a besoin de toutes ses forces ?
00:17Non, la campagne c'est là maintenant.
00:19Vous voyez par exemple, vous avez raison de rappeler que la campagne démarre officiellement ce matin.
00:24C'est ensuite partout en France où je vais aller, du nord au sud, d'est en ouest, pour aller soutenir nos candidats.
00:33Et puis dans le nord, puisque je vote dans le nord, la circonscription dans laquelle je vote, nous avons décidé de ne pas investir de candidats.
00:43Et dans soixantaines de circonscriptions, nous avons décidé de ne pas investir de candidats parce que nous avons pensé, en responsabilité,
00:54que ça favorisait l'extrême droite ou l'extrême gauche.
00:58Donc c'est la raison pour laquelle vous n'y allez pas.
01:00Ne pas présenter de candidats, c'est ce que vous ne faites pas contre François Hollande, qui est candidat en Corrèze.
01:06Je suis un peu surpris parce que je vous ai entendu dire ce week-end que la candidature de François Hollande était pathétique,
01:11et vous mettez personne en face. Comment on s'y retrouve là-dedans ?
01:14Non mais il y a quelqu'un en face qui est le député sortant que nous soutenons.
01:20Bon, je vais vous dire quelque chose.
01:22Oui, je trouve que c'est pathétique.
01:24Pathétique, le mot est faible parce que M. Hollande se retrouve de facto allié de M. Poutou,
01:32qui applaudit des deux mains quand on brûle un commissariat de police.
01:38Il est de facto l'allié de Raphaël Arnault, fiché S.
01:42Il est aujourd'hui dans la compromission avec ceux qu'il a tellement vilipendé hier,
01:52je pense en particulier à Faure, qui est l'actuel patron du Parti socialiste.
01:57On peut aussi dire qu'il recentre un peu ce nom trop populaire.
02:00Monsieur, je pense qu'en politique comme ailleurs, le sens de l'honneur n'est pas un sens interdit.
02:08C'est un déshonneur cette candidature de François Hollande ?
02:10Je trouve, oui. Il faudra m'expliquer comment on se marie avec Poutou,
02:14comment on se marie avec Mélenchon, comment on renie la campagne faite par M. Glucksmann.
02:20Tout ça s'est effacé. Pour avoir quoi au fond ?
02:23Pour avoir un poste ? Pour avoir un siège ? Je trouve que ça n'est pas digne.
02:27Peut-être qu'il a envie lui aussi d'être Premier ministre, François Hollande ?
02:31Écoutez, il est sorti de l'Élysée avec un taux d'impopularité jamais égalé.
02:39Il nous donne des leçons. J'ai entendu sa première intervention pour dire
02:43qu'il faut que l'élite, entre guillemets, ce sont des mots qui ne sont pas les miens,
02:47renoue avec les gens. Pardon, on n'a pas le droit de tout faire.
02:53Il faut se tenir droit et on ne peut pas avoir des alliés comme cela.
02:59C'est pour moi une honte absolue.
03:01Chez vous, l'ex-ministre Damien Abad, mis en examen pour tentative de viol,
03:05repart en campagne d'enlin avec, dit-il, le soutien de la majorité présidentielle.
03:08Non, ce n'est pas vrai. Il ment alors ?
03:11Écoutez, il n'a pas été investi.
03:13Lui dit qu'il a le soutien de la majorité. C'est faux ?
03:15C'est faux.
03:16Est-ce que vous le soutenez, Damien Abad ?
03:18Non, puisqu'il n'est pas notre candidat.
03:23Une semaine après, avez-vous digéré cette dissolution ?
03:27Non seulement je l'ai digérée, mais moi, j'ai trouvé que c'est ce qu'il fallait faire.
03:32D'abord, nous étions sous la menace permanente de la motion de censure.
03:38Vous le savez. Nous aurions abordé les textes budgétaires en fin d'année.
03:44C'eût été, à l'Assemblée nationale, le chaos.
03:48Depuis deux ans, vous l'aviez évité, la motion de censure.
03:52On n'avait pas évité le chaos.
03:54Les hurlements, les invectives, les injures, tout ce que vous voulez,
03:57ça, nous le savions.
03:59Le président de la République a choisi la dissolution.
04:02Au fond, qu'est-ce qu'il a choisi de faire ?
04:04De nous donner la parole à tous.
04:06Mais les Français venaient d'avoir la parole aux Européennes.
04:08Pardonnez-moi, ce ne sont pas les mêmes enjeux.
04:10Il y a des gens qui ont voté RN aux Européennes, d'abord par conviction,
04:15mais aussi parce que les Européennes, c'est un peu loin.
04:18Non, ce ne sont pas du tout les mêmes enjeux.
04:21Excusez-moi de vous dire que la clarification
04:24que le président de la République a faite de ses voeux, elle a été totale.
04:27Vous applaudissez cette dissolution ?
04:29Oui, dès demain. Et pourquoi ?
04:31Vous êtes courageux, vous êtes loyal,
04:34mais est-ce que vous pensez vraiment ce que vous dites ?
04:36Qu'est-ce qui vous permet de me poser cette question ?
04:39La question est libre.
04:41Mais laissez-moi vous répondre, je vais vous convaincre.
04:43Vous savez, je ne me prive pas de dire les choses.
04:46Je suis effectivement un homme libre.
04:48J'espère être un homme courageux.
04:50En tous les cas, je ne suis pas, moi, capable de toutes les compromissions.
04:53Qu'est-ce que ça donne aujourd'hui, le choix du président de la République ?
04:56Ça donne la clarté absolue.
04:58Ça donne peut-être Jordan Bardet d'un matignon dans 15 jours.
05:00Non, mais attendez.
05:01Mais ça, c'est ce que vous envisagez.
05:03Moi, je ne l'envisage pas.
05:04Mais ça donne quoi ?
05:05Ça donne le ralliement de M. Ciotti vers les RN.
05:09Clarification.
05:10Voilà.
05:11On vend le Parti gaulliste aux RN.
05:13Et de l'autre côté, on voit ce qu'est le front dit populaire.
05:18D'ailleurs, même le choix du nom, moi, m'insupporte.
05:21Parce qu'on oublie que Léon Blum, juif, a été déporté.
05:25Mais M. Mélenchon a dit que Blum, ça ne valait pas grand-chose.
05:28Vous avez entendu ça.
05:29Et qu'il avait dans ses rangs, à lui, des gens bien plus capables que Léon Blum.
05:33Et puis, je le redis.
05:37Poutou qui applaudit.
05:39Regardez, vous me parliez de M. Hollande.
05:41Mais comment on se marie avec des gens qui souhaitent la suppression d'Israël ?
05:45Et puis, autre chose, sur l'antisémitisme.
05:47Il faut 48 heures pour dire qu'on va régler ces difficultés.
05:50Ce n'est pas une idée.
05:51C'est une infraction.
05:52Il faut 48 heures pour se dire qu'on ne commettra pas d'infraction.
05:55Tout cela est lunaire.
05:57Non, je le redis.
05:59Je ne vous ai peut-être pas convaincu,
06:01mais j'espère avoir convaincu les téléspectateurs qui nous regardent.
06:04Moi, j'applaudis dès demain quant à cette dissolution.
06:08Est-ce que vous pouvez nous expliquer que le RN ne fasse plus peur aux Français aujourd'hui ?
06:13Écoutez, il y a tout un phénomène que l'on appelle la dédiabolisation
06:19qui s'est mise en œuvre de longue date.
06:22Vous, il vous fait peur, le VRN ?
06:24Oui, bien sûr qu'il me fait peur.
06:25Mais je vais vous dire, là, aujourd'hui, ce qui compte, c'est ce qu'ils nous proposent.
06:30Ou plus exactement, ce qu'ils sont incapables de mettre en œuvre
06:33et qui fait partie de leur programme.
06:37Le coût de leur programme est tellement abyssal,
06:41c'est 100 milliards d'euros par an,
06:44que d'ores et déjà, on a reculé, vous l'avez vu.
06:47Alors, de l'autre côté, c'est encore plus.
06:49De l'autre côté, on reste gratis, on augmente les salaires,
06:53on détricote la réforme des retraites.
06:57Vous avez le même niveau d'opposition envers RN et envers le Front populaire aujourd'hui ?
07:02Écoutez, quand j'entends LFI s'exprimer sur Israël,
07:09quand j'entends M. Mélenchon choisir le mot, le verbe « camper »
07:14pour stigmatiser le déplacement qu'a fait Yael Brompivey, qui est juive, en Israël,
07:20ouais, ouais, j'ai le même niveau de détestation.
07:24Il y a les extrêmes, et puis il y a une force du centre
07:28qui est une fédération des bonnes volontés,
07:31de gens modérés qui ont envie de faire bouger notre pays.
07:35On va venir sur votre programme, mais quand même, il y a 577 circonscriptions.
07:39Ça veut dire qu'il y aura forcément des circonscriptions
07:41dans lesquelles il y aura un face-à-face entre le RN et le candidat du nouveau Front populaire.
07:45Jusqu'à présent, vous avez refusé de dire pour qui vous appelleriez à voter dans ces quatre figures.
07:49Mais parce qu'accepter de répondre à cette question,
07:53c'est au fond l'augure de ce qu'il y aurait de force
07:57qui serait les deux forces extrêmes.
07:59Il y aura forcément quelques circonscriptions.
08:01Je ne veux pas envisager cela.
08:03Moi, j'ai d'abord la conviction chevillée au corps.
08:07Quoi que vous en pensiez, que le Président a bien fait,
08:11qu'est-ce que l'on craint en appelant les gens aux urnes ?
08:15Qu'est-ce que l'on peut craindre ?
08:17Dans une démocratie, il n'y a rien de mieux que cela.
08:19Et deuxièmement, nous allons rappeler que nous sommes la seule force crédible.
08:24Et d'ailleurs, j'ai vu le Président Sarkozy, par exemple,
08:28il discute de la dissolution.
08:30Il n'est pas fan.
08:32Oui, mais en revanche, il dit que la seule voie possible, c'est la nôtre.
08:35Qu'est-ce que vous avez fait ou pas fait pour que le pays en soit là ?
08:38Est-ce que vous avez mené une politique trop dure sur les questions sociales ?
08:40Vous évoquez la réforme des retraites.
08:42Gabriel Attal disait encore il y a deux jours
08:44que le 1er juillet, il prendrait un décret pour valider la réforme de l'assurance chômage.
08:48Est-ce que ça, c'est une erreur, par exemple, en pleine campagne électorale ?
08:51Mais bien sûr que l'on a fait un certain nombre d'erreurs.
08:53Et puis, je vais vous dire, par exemple, dans le périmètre qui est le mien,
08:56et dont je peux le mieux parler, je pense,
08:58on a mis en place un certain nombre de réformes.
09:00Et entre la mise en place des réformes et le temps de leur exécution,
09:05souvent, on dit, mais vous votez des lois, mais elles ne sont pas appliquées.
09:08Moi, j'entends que les lois qui ont été votées dans le périmètre justice soient appliquées.
09:12Il faut du temps.
09:14Ce temps, M. Thomas Soto, c'est le temps de la frustration.
09:18Je vous donne un exemple.
09:19Nous avons fait voter une loi de programmation justice pour embaucher.
09:23C'est un plan d'embauche historique.
09:25En termes de sécurité, nous avons fait plus que tous les autres pouvoirs.
09:29Et pourtant, ce n'est pas assez.
09:30Attendez, embauche de gendarmes, embauche de policiers, embauche de magistrats.
09:34Il faut les former, il faut les mettre en place.
09:36Ce temps-là, qui est un temps indispensable,
09:39ce n'est évidemment pas le temps du « y'a qu'à, faut qu'on faudrait ».
09:42C'est le temps de l'exécution.
09:44Vous pensez que les Français vont vous le laisser, ce temps, ou pas ?
09:46Mais bien sûr, parce que dans les autres forces,
09:51tout ce qui est proposé n'est pas crédible un seul instant.
09:55Bien sûr, nous nous incarnons, je le dis moi, la stabilité, le progrès.
10:00Vous me parlez des causes de rejet.
10:05Je ne sais pas comment vous le pensez.
10:07Vous le faites d'avoir pas convaincu les Français.
10:09Mais le chômage quand même, l'attractivité de notre pays, la stabilité.
10:16L'autorité, moi je prépare des textes sur le narcotrafic,
10:19qui sont des textes forts, parce que le narcotrafic nous inquiète
10:23et que nous avons pris des mesures.
10:25Il faut le temps de le mettre en œuvre, il faut le temps que ça s'applique.
10:28Donc vous demandez aux Français de la patience.
10:29J'ai une toute dernière question plus personnelle.
10:31Je dis qu'il faut aussi comprendre que beaucoup de choses ont été faites,
10:34que tout n'a pas été bien fait,
10:36et que nous avons un véritable programme qui est crédible.
10:39Éric Dupond-Moretti, si votre camp ne remporte pas législative,
10:42c'est une hypothèse parmi d'autres,
10:43ras-le-bol, la politique c'est fini pour vous ?
10:45Non, je ne me place pas dans cette hypothèse.
10:48Vous savez, moi je ne me lève pas le matin en me disant
10:50peut-être que je vais perdre mon poste.
10:52Mais alors pas du tout.
10:54Je me lève le matin en me disant comment je veux être utile à mon pays.
10:58Je viens chez M. Thomas Soto pour essayer de convaincre
11:01les téléspectateurs qui nous écoutent.
11:03Cet après-midi, je partirai faire des marchés, je partirai tracter,
11:07j'irai au soutien des candidats qui sont les nôtres.
11:09Je le fais avec un enthousiasme dont je peux vous dire qu'il est forcené.
11:13Merci beaucoup Éric Dupond-Moretti et bonne journée à vous.
11:15Merci à vous.
11:16Je remercie aussi à Vivien Fourviel pour la traduction en langue des signes.
11:20On se retrouve tout de suite après la pub.