Les 4 vérités - Olivier Faure

  • il y a 4 mois
Jeff Wittenberg reçoit Olivier Faure, député et premier secrétaire du Parti Socialiste sur le plateau des 4 vérités. 

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00:00 (Générique)
00:02 - Effectivement, député de Seine-et-Marne, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste,
00:05 vous préconisez face à l'embrasement de la Nouvelle-Calédonie,
00:11 vous préconisez, vous, un retrait pur et simple du projet, du texte qui a déclenché cette flambée de violence.
00:19 Vous avez d'ailleurs écrit au président de la République, avec les présidents des deux groupes parlementaires,
00:23 au Sénat et à l'Assemblée Nationale, pour demander donc la suspension de ce projet de loi
00:27 qui permet d'élargir le corps électoral aux élections locales de la Nouvelle-Calédonie.
00:32 C'est pour vous le seul moyen de ramener le calme sur place ?
00:35 - C'est l'histoire d'un incendiaire, d'un gouvernement incendiaire, qui jette les allumettes sur le bidon d'essence
00:42 et qui ensuite crie au feu en espérant que personne ne relèvera sa responsabilité.
00:46 Et donc il y a là, évidemment, un problème qui est né non pas d'un seul coup,
00:52 qui n'est pas né de l'extérieur, mais qui est né simplement de la gestion...
00:56 - Pourquoi vous dites incendiaire ? Pardon Olivier Fauré.
00:58 - Tout simplement parce que vous avez un gouvernement depuis 1988, Michel Rocard.
01:03 Nous avions un gouvernement qui était impartial et qui cherchait à entrer dans un processus d'écolonisation.
01:09 Ce processus, il a été en réalité toujours géré par Matignon.
01:13 Il est depuis Jean Castex géré par le ministère de l'Intérieur.
01:17 On est passé de Matignon, c'est-à-dire le lieu de l'interministériel,
01:21 le lieu où on parle à la fois économie, on parle culture,
01:24 on parle de tous les sujets qui sont liés à la vie d'un territoire,
01:28 on est passé à une gestion par le ministre de l'Intérieur.
01:32 Et ce ministre a voulu passer en force, ce gouvernement est passé en force,
01:36 sur un projet qui n'avait pas été adopté par le congrès de Nouvelle-Calédonie.
01:39 Et voilà qu'en fait, après avoir mis le feu aux poudres,
01:42 les mêmes nous expliquaient qu'il faudrait rétablir l'ordre.
01:45 Mais la réalité, c'est que sur ce territoire, rien n'est possible sans dialogue.
01:50 C'est ce qu'avait compris Michel Rocard, c'est ce qu'avaient compris ses successeurs.
01:53 Vous parlez de Michel Rocard et des accords de Matignon en 1988.
01:56 Est-ce qu'ils n'ont pas reporté le problème à plusieurs décennies plus tard ?
02:00 Il y a eu trois référendums d'autodétermination,
02:02 comme l'avaient prévu les accords Matignon et Nouvelle-Calédonie,
02:04 et trois fois, les néo-calédoniens ont dit "maintien du territoire dans la République".
02:10 Pourquoi vous dites que c'était le début d'un processus de décolonisation,
02:13 puisque finalement la question a été quelque part tranchée ?
02:17 C'est beaucoup plus compliqué que ça.
02:20 En réalité, rappelons à ceux qui nous écoutent que la Nouvelle-Calédonie
02:24 est l'une des deux colonies françaises avec l'Algérie,
02:27 qui était une colonie de peuplement.
02:29 C'est une histoire qui remonte à 170 ans,
02:33 avec une réalité, c'est que la population mélanésienne,
02:37 le peuple premier, comme l'ont dit là-bas,
02:39 le peuple canaque, n'est devenue minoritaire que dans les années 1970.
02:43 Donc on est dans une situation qui est très particulière.
02:46 Avec un terreau qui est très inflammable,
02:50 parce qu'il y a évidemment le sentiment d'être un peuple qui a été colonisé
02:56 et qui a été privé de ses propres terres,
02:58 avec des inégalités qui sont gigantesques.
03:00 Et donc il faut à la fois réduire les inégalités,
03:02 et il faut accepter l'idée que sur ce sujet-là,
03:06 il faut que chacun soit pris en compte.
03:09 Et donc qu'on ait la possibilité de sortir par le haut,
03:12 avec un dialogue qui soit à nouveau renoué, c'est difficile.
03:15 - Vous pouvez nous mettre des mots concrets sur ce que vous dites, M. Faurent ?
03:17 Est-ce que ça veut dire qu'il faut aller vers l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie ?
03:20 Est-ce que c'est ce que préconise votre parti ?
03:22 - C'est les calédoniens eux-mêmes qui le diront.
03:25 - Mais l'ont dit déjà, ils l'ont dit trois fois.
03:27 - Il y avait trois référendums demandés.
03:29 Le troisième référendum, c'est-à-dire dans des conditions qui étaient inacceptables,
03:32 puisque en réalité ça s'est fait post-Covid,
03:35 avec les indépendantistes qui avaient refusé d'y participer,
03:39 avec une participation donc qui était très faible, de l'ordre de 50%,
03:42 et les deux premiers référendums avaient effectivement vu la victoire du maintien dans la République,
03:48 mais d'une courte majorité.
03:50 Donc moi je ne dis pas qu'il faut quitter la République,
03:52 je dis simplement que ça doit se faire dans des conditions
03:54 où chacun a le sentiment que le statut accordé à la Nouvelle-Calédonie
03:58 est un statut qui permet à la fois d'être associé à la France
04:02 et en même temps d'avoir une vraie autonomie pour les calédoniens,
04:05 parce que l'archipel est quand même à quelques dizaines de milliers de kilomètres de chez nous,
04:10 et que nous avons aujourd'hui la nécessité de faire en sorte de réconcilier des populations
04:16 qui ne peuvent pas rester dans un état de tension comme c'est le cas aujourd'hui.
04:19 Est-ce qu'aujourd'hui la priorité ce n'est pas d'abord de ramener,
04:22 comme le disait Gérald Darmanin à votre place ici même hier, le calme,
04:25 pointer notamment par exemple à la cellule de coordination des actions de terrain,
04:29 la CCAT, dont le ministre de l'Intérieur estime qu'elle embrase en quelque sorte
04:34 les révoltes dans les quartiers,
04:36 que ce n'est pas forcément sur des motifs indépendantistes,
04:38 mais parfois simplement criminels ou mafieux, dit-il.
04:41 Est-ce qu'il n'y a pas d'abord la priorité au retour au calme, aujourd'hui ?
04:45 Bien sûr que la priorité c'est d'abord le retour au calme,
04:47 c'est la possibilité de continuer à alimenter en médicaments, en nourriture tout simplement,
04:53 et de faire en sorte que la paix civile puisse revenir
04:56 et que l'ordre des pétains n'est pas négociable.
04:59 Donc ça c'est une évidence.
05:00 Mais encore faut-il ne pas simplement avoir des mesures d'ordre,
05:05 mais bien d'assurer une paix durable.
05:08 Et le problème c'est qu'avec ce gouvernement,
05:10 on voit bien que c'est l'autorité qui est surjouée,
05:12 mais que la capacité à engager un dialogue fécond est absolument évacuée.
05:19 Il devrait y avoir déjà en Nouvelle-Calédonie, à l'heure où on se parle,
05:22 le Premier ministre devrait déjà y être.
05:24 Il a envisagé d'y aller, c'est ce qu'il dit.
05:26 Il a envisagé, mais enfin il n'y est pas.
05:27 Ça ne se fait peut-être pas comme ça.
05:29 On ne gère pas la Nouvelle-Calédonie en visioconférence.
05:31 On la gère en venant sur place, en accrodant d'abord un intérêt,
05:37 en manifestant cette volonté de renouer le dialogue,
05:41 en engager une mission de personnalité impartiale
05:44 qui vienne sur le terrain et qui permette de renouer les fils du dialogue.
05:48 C'est la confiance qui manque aujourd'hui.
05:50 Et c'est cette condition-là qu'il faut rétablir pour pouvoir retrouver une paix durable.
05:54 La semaine a été marquée par aussi, outre l'actualité en Nouvelle-Calédonie,
05:58 la mort d'un fourgon pénitentiaire avec la mort de deux surveillants de prison.
06:02 Ce climat anxiogène très violent, est-ce qu'il favorise aujourd'hui,
06:05 c'est ce que l'on voit dans les enquêtes d'opinion,
06:07 le Rassemblement national à moins d'un mois des élections européennes ?
06:10 Est-ce que vous en êtes conscient, même si votre propre liste,
06:12 avec Raphaël Glucksmann, enregistre elle aussi une progression ?
06:16 J'étais hier à la rencontre des personnels pénitentiaires,
06:19 dans ma propre circonscription,
06:21 qui est l'un des deux centres de transfert en Ile-de-France.
06:24 C'est vrai que la situation qu'ils vivent est juste intolérable.
06:28 Ce qu'il me disait hier, c'est que vous vous rendez compte,
06:30 pour protéger l'argent, quand on va réalimenter les distributions automatiques,
06:35 la Brinks, eh bien eux, ils ont des fourgons blindés.
06:38 Nous, pour protéger nos vies, on est en Kangoo.
06:42 Et il n'y a pas de véhicule blindé.
06:44 On a aujourd'hui une montée de la délinquance.
06:46 Certains pourraient vous apprendre que c'est aussi la conséquence d'un délai
06:48 de politique y compris par des gouvernements socialistes.
06:51 Mais vous avez une violence qui est en réalité exponentielle,
06:54 avec des gens qui sont de plus en plus violents.
06:56 Là, vous avez un arbre au champs qui a 30 ans à peine,
07:00 et qui a réussi à se faire exfiltrer par un gang.
07:03 La réalité, c'est qu'il faut des moyens supplémentaires.
07:05 Et ce n'est pas normal qu'aujourd'hui, ces personnels-là n'aient pas leur sécurité assurée.
07:09 Qu'il n'y ait pas ni l'armement, ni les blindages qui permettraient d'assurer leur sécurité.
07:13 C'est une évidence, et il faut entendre ce qu'ils disent aujourd'hui.
07:17 Et ils ont raison d'être dehors à expliquer cela.
07:20 Sur ce discours-là de fermeté, de sécurité,
07:22 vous voyez bien qu'il y a un parti qui a le vent en poupe,
07:24 ce n'est pas le vôtre, c'est aujourd'hui le Rassemblement National.
07:27 Ce discours de fermeté, très vite, ce matin, je l'ai devant vous.
07:31 Il n'y a pas besoin du RN, qui par ailleurs, est un parti xénophobe,
07:37 un parti qui n'a aucune solution, qui est un parti sur le plan des inégalités.
07:41 Mais qui est plus crédible sur ces questions.
07:42 Mais à qui vous accordez peut-être une crédibilité ?
07:45 Les électeurs.
07:46 Les électeurs lui accordent une crédibilité, sans doute.
07:49 Et moi ce que je vous dis, c'est que ce parti-là n'a aucune crédibilité.
07:53 Il est un parti qui depuis le début, cherche toujours à souffler sur les braises,
07:58 mais qui n'a jamais apporté aucune solution.
08:00 Les solutions, elles sont tout simplement,
08:02 aujourd'hui, de donner les moyens à ceux qui assurent notre sécurité,
08:06 d'avoir aussi la protection dont ils ont besoin.
08:09 Et bien vous l'avez dit ce matin, merci beaucoup Olivier Faure,
08:11 Premier secrétaire du Parti socialiste, soutien de Raphaël Glucksmann,
08:14 bien entendu dans ces élections européennes, et c'est la suite de Télémath.

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