La Porteuse de Pain - 1973 - Episode 5

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DB - 14-11-2023
Transcript
00:00 [Musique]
00:10 [Musique]
00:35 Tandis que l'usine est la proie des flammes et que Jeanne erre comme une coupable dans la campagne,
00:40 Garraud est revenu sur les lieux de son crime.
00:43 Pour parfaire son alibi, il fonce dans le brasier sous prétexte de sauver l'argent du coffre.
00:48 Il en ressort presque aussitôt, torche vivante, et court en hurlant se jeter dans la scène toute proche.
00:53 Un pompier plonge pour le sauver, mais victimes et sauveteurs disparaissent dans le fleur.
00:58 Après avoir marché toute la nuit, Jeanne se retrouve à l'aube, près d'un village, et va demander asile au presbytère.
01:05 C'est là que les gendarmes la retrouvent et l'arrêtent, malgré ses protestations d'innocence.
01:10 Quelques mois plus tard s'ouvre aux assises le procès de Jeanne Fortier, présumée voleuse, incendiaire et meurtrière.
01:18 Jeanne Fortier, voilà de quoi vous êtes accusée. Vous allez entendre les charges qui seront produites contre vous.
01:26 Je suis innocente.
01:28 Oui, nous le connaissons, votre système de défense.
01:31 Dès votre premier interrogatoire chez M. le juge d'instruction, vous êtes obstinée à nier l'évidence des faits.
01:37 Oui.
01:38 On incendie une usine, on tue un homme, on s'enfuit dans la campagne,
01:43 et quand les gendarmes, après de longues recherches, vous ramènent enchaînés devant la justice, on crie contre toute vraisemblance.
01:49 Moi, monsieur, je suis innocente. Pourquoi m'a-t-on retrouvé dans la campagne ?
01:55 C'est tout simple, j'allais cueillir des champignons.
01:58 Nous n'avons jamais prétendu ça.
02:00 Oh, voyons, maître, c'était une clause de style.
02:04 Oui, mais elle fausse la vérité.
02:07 Vous n'aimez pas les champignons ? Eh bien, disons qu'elle se promenait au clair de lune entre une heure et deux heures du matin.
02:13 Mais Jeanne Fortier ne savait plus ce qu'elle faisait.
02:16 Je sais. Elle a la mémoire courte.
02:19 Mesdames et Messieurs, votre mémoire.
02:21 Monsieur Gaston Ricou.
02:23 Veuillez décliner vos noms, prénoms, âge et qualité.
02:34 Ricou, Gaston, Eugène, Émile, 43 ans, comptable.
02:39 Vous jurez de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Levez la main droite et dites « Je le jure ».
02:45 Je le jure, monsieur le président.
02:47 Voyons, monsieur Ricou.
02:49 Vous affirmez que monsieur Labroux avait congédié la femme Fortier que vous assistiez à la scène.
02:56 Racontez-la pour l'édification des jurés.
02:59 Monsieur Garrault, le contre-maître de l'usine, était là aussi.
03:03 Il ne pourra pas, hélas, confirmer mes dires.
03:06 Nous vous écoutons.
03:07 J'insiste sur le fait que c'était sur l'intervention de Jacques Garrault
03:10 que monsieur Labroux avait eu la faiblesse de confier la charge de concierge de l'usine à une femme.
03:16 Mais tout le monde avait pitié de jeune Fortier.
03:20 Son mari était mort à l'usine à la suite de l'accident du travail dû, il faut le reconnaître, à son étourderie.
03:27 Ce poste nécessitait une autorité qui ne peut être que le fait d'un homme.
03:32 Des abus se multipliaient et le patron en concevait de l'humeur.
03:36 Ah, quels abus ?
03:38 Par exemple, des retards d'atterr n'étaient pas signalés.
03:41 Des ouvriers sortaient pendant les heures de travail.
03:44 C'était la pagaille.
03:46 Et je pèse mes mots.
03:47 Monsieur Labroux l'a donc mis à la porte ?
03:50 À contre-cœur, mais il s'est vu obligé.
03:52 Et c'est alors que l'accusé l'a menacé.
03:57 Oui.
03:58 Il a dit, "Ah, prenez garde, monsieur, ceci vous portera malheur."
04:03 Je le répète.
04:04 Et je pèse mes mots.
04:06 Vous les pesez mal, monsieur.
04:08 Vous avez déclaré exactement à l'instruction,
04:11 "Ah, prenez garde, monsieur, cela ne vous portera pas bonheur."
04:14 C'est tout comme ?
04:15 Non, monsieur.
04:16 Il y a une nuance.
04:18 "Cela ne vous portera pas bonheur", c'est tout de même une menace.
04:22 Monsieur le procureur, vous êtes myope.
04:25 "Cela ne vous portera pas bonheur."
04:27 Je proteste, monsieur le président.
04:29 Vous ai-je menacé ?
04:31 Maître, je vous en prie, mesurez vos expressions.
04:34 Mais je pèse mes mots.
04:38 [Rires]
04:40 [Sonnerie de téléphone]
04:42 Vous pouvez entrer, monsieur le procureur.
04:45 Indescriptible, monsieur le président. Indescriptible.
04:49 Faites tout de même un effort.
04:51 Le corps des pompiers de "Choisis le roi",
04:53 auquel s'étaient joints les civils bénévoles,
04:55 luttait de toutes ses forces contre un cataclysme
04:59 hors de proportion avec les forces humaines.
05:02 Indescriptible.
05:04 Mais vous en sortez très bien, monsieur le commissaire.
05:09 C'est alors qu'un homme, un fou, dirais-je,
05:13 si la majesté de ces lieux pouvait me le permettre,
05:16 un fou, dis-je, est apparu devant la villa du propriétaire,
05:20 qui déjà n'était plus qu'un brasier.
05:22 Il y avait, paraît-il, de l'argent ou des papiers à sauver.
05:25 N'écoutant que son courage.
05:27 Mais n'écoutant pas, hélas,
05:29 les sages conseils qu'on lui prodiguait,
05:32 il se précipita dans la fornaise.
05:34 J'ai bien cru qu'on ne le reverrait plus.
05:36 C'était, on me l'a dit plus tard,
05:39 un nommé Jacques Rago, contre-maître de l'usine.
05:43 Jacques Garo ?
05:44 Oui, excusez-moi, monsieur le président, je n'ai pas la mémoire des noms.
05:47 Vous avez la mémoire des faits, c'est l'essentiel.
05:49 Continuez.
05:50 Il réapparut une minute plus tard, à la fenêtre du premier étage.
05:54 Oh ! On aurait dit une salamandre.
05:59 Les flammes semblaient vouloir l'épargner.
06:01 Ce n'était qu'une illusion.
06:03 En réalité, elle le mordait cruellement par derrière.
06:06 Vous l'avez constaté ?
06:08 Oui, indescriptible.
06:10 Il s'est jeté de la terrasse.
06:11 Une torche vivante !
06:13 Il avait le flou !
06:15 Enfin, partout.
06:16 La scène était tout proche.
06:18 Il a couru s'y jeter en hurlant de douleur.
06:20 Le feu avait commencé, l'eau a fait le reste.
06:23 Oui, et c'est à cette occasion qu'un jeune pompier, nommé Ovid Solivo, a lui aussi trouvé la mort.
06:29 Il faut le croire, on ne l'a pas retrouvé lui non plus.
06:32 Il faut croire.
06:34 Pourquoi faudrait-il croire ?
06:36 On n'est pas dans une église ici.
06:38 Généralement, les noyaux, on les retrouve.
06:40 Oh ! Pas toujours, maître.
06:42 Il y a les barrages.
06:43 Vous savez, la scène, c'est la bouteille à l'encre.
06:46 Indescriptible.
06:49 Faites entrer le témoin suivant.
06:53 Madame, vous êtes la sœur de M. Labroux, et son fils Clément est maintenant orphelin.
06:59 Nous nous inclinons devant votre grande douleur.
07:03 Mais je dois me forcer à vous poser quelques questions.
07:06 Vous êtes, à part le meurtrier, l'une des dernières personnes à avoir vu votre frère vivant.
07:12 Il a pu vous faire des confidences.
07:14 Il m'en a fait.
07:15 Le caissier Ricou affirme qu'une somme de 120 000 francs était enfermée dans le coffre-fort.
07:21 Êtes-vous bien sûre que M. Labroux ne les avait pas emportés avec lui ?
07:25 Je n'en sais rien.
07:27 Mais je pense que s'il avait eu cet argent sur lui, on l'aurait ensuite retrouvé dans les poches de son assassin.
07:31 Hypothèse !
07:33 La femme fortier a très bien pu dissimuler ce trésor quelque part.
07:37 Dans un bois, sous une pierre, je ne sais où.
07:40 Vous ne savez pas où, M. l'Avocat général.
07:43 Et c'est pourquoi votre supposition est tendancieuse.
07:46 Mais la police a pensé de même, mon cher maître.
07:49 Et qu'a-t-elle trouvé, la police ?
07:51 Rien ! Rien qu'une fausse coupable.
07:54 Ou une fausse innocente.
07:56 Silence !
08:00 Silence ou je fais évacuer la salle.
08:03 Messieurs, je vous serais gré de ne pas altérer la sérénité des débats.
08:08 Mademoiselle Labroux, votre frère a sa dernière visite.
08:15 Vous a-t-il parlé de Jeanne Fortier ?
08:18 Oui. Il m'avait demandé de la prendre comme gouvernante de son fils.
08:22 J'avais accepté.
08:26 Il me l'avait dépeinte comme une femme honnête, courageuse,
08:29 en qui on pouvait avoir toute confiance,
08:32 en dépit de sa faiblesse, qui n'était que générosité.
08:35 Ce n'est pas le portrait d'une criminelle que vous nous faites là.
08:39 Mais je ne crois pas qu'elle le soit.
08:41 Oui. En effet, le comportement étudié de la femme fortier a pu tromper son nom.
08:45 Son apparente résignation, sa dignité de commande,
08:48 semblent plaider pour elle.
08:50 L'enfer est rempli de ces anges à qui l'on aurait donné le bon Dieu sans confession.
08:54 Mais faut-il avoir l'air d'une mégère pour trouver grâce à vos yeux ?
08:58 Mademoiselle, la mort de votre frère et l'incendie de son usine
09:04 vous ont ruiné complètement.
09:07 Ils ont fait du petit Clément un orphelin qui reste à votre charge.
09:12 Vous êtes vraiment trop bonne d'absoudre celle qui vous a fait prendre mal.
09:16 Vous n'êtes d'ailleurs pas qualifiée pour le faire.
09:19 Vous êtes ici pour éclairer la justice.
09:23 La parole est à monsieur le procureur général.
09:28 La fortier préfère vivre dans une solitude orgueilleuse
09:33 plutôt que de se remarier avec un ouvrier, comme le lui propose le brave garou.
09:37 C'est qu'elle a d'autres ambitions, cette femme.
09:40 Peut-être même espère-t-elle intéresser son patron
09:44 qui vit en célibataire depuis que sa femme est morte.
09:48 Mais monsieur l'abrou ignore ou dédaigne ses avances.
09:53 Jeanne Fortier en est humiliée, outragée.
09:57 Elle élabore des projets de vengeance.
10:00 C'est pourquoi, en trois jours, elle achète dix litres de pétrole
10:04 de quoi incendier tout un village.
10:07 Et puis, voilà qu'un incident imprévu éclate.
10:12 Monsieur l'abrou, excédé de ses manquements, renvoie son employé.
10:16 La fortier décide alors d'agir au plus vite, pendant qu'elle est encore en place.
10:21 Une nuit propice se présente. Monsieur l'abrou est en voyage.
10:25 L'incendiaire pense qu'elle ne sera pas dérangée.
10:28 Elle répand le pétrole dans toute la villa de son patron.
10:32 Par malheur, monsieur l'abrou revient inopinément.
10:36 L'incendiaire, démasqué, n'a plus qu'une solution.
10:40 Tuer.
10:42 Et elle le fait. Sans hésitation.
10:45 En voici la preuve.
10:48 Pourtant, elle s'affole et s'enfuit avec son enfant.
10:53 N'est-ce pas là une preuve sans réplique de sa culpabilité?
10:58 On l'arrête et on accuse Jacques Garraud.
11:02 On retrouve sur les lieux du crime le bidon de pétrole qu'elle a elle-même acheté la veille.
11:07 Et elle accuse Jacques Garraud.
11:09 Jacques Garraud meurt victime de son dévouement et elle accuse Jacques Garraud.
11:13 Jacques Garraud, son bienfaiteur.
11:17 Jeanne Fortier, j'aurais pu vous pardonner beaucoup.
11:23 Mais l'ingratitude, non. C'est trop.
11:27 C'est trop.
11:31 La parole est à l'avocat de la défense.
11:36 Moi, messieurs, si l'on m'accusait d'avoir volé les tours dans Notre-Dame,
11:42 je commencerais par m'enfuir.
11:45 Et il avait bien raison le brave homme qui a dit cela le premier.
11:49 Car il connaissait les rouages de la justice.
11:53 Jeanne découvre à la fois l'incendie, le crime et l'assassin.
12:01 Celui-ci veut qu'elle parte avec lui.
12:04 Elle refuse.
12:06 Alors il part seul, en laissant sur les lieux des preuves accablantes pour Jeanne.
12:14 Pauvre Jeanne.
12:19 La lettre que Garraud lui a écrite, et qu'il inocenterait, a brûlé avec sa maison.
12:27 Elle sait qu'elle ne pourra plus se disculper.
12:31 Alors elle se sauve à voler avec son enfant.
12:35 Tandis que l'autre, pour mieux maquiller son forfait, revient sur ses pas.
12:45 Joue les intrépides sauveteurs, et disparaît aux yeux de cent témoins,
12:52 dans un fleuve qui ne rendra pas son corps.
12:57 Et pour cause, voici le brevet de maître nageur de Jacques Garraud.
13:04 Est-ce qu'un champion devra ronstrom ce noir ?
13:08 Allons donc. Même pas un mot troublant.
13:14 La réponse du jury est oui à la première question.
13:18 La réponse du jury est oui à la deuxième question.
13:22 La réponse du jury est non à la troisième question.
13:27 Faites entrer l'accusé.
13:31 Accusé, lèvez-vous.
13:34 Accusé, lèvez-vous.
13:47 Soyez conscients.
13:49 Jeanne Fortier, vous êtes reconnue coupable de vol, d'incendie et de meurtre.
13:55 La réponse du jury est non à la dernière question.
13:58 Vous bénéficiez des circonstances atténuantes.
14:01 En conséquence, la cour vous condamne aux travaux forcés à perpétuité.
14:07 Perpétuité.
14:09 Garde, emmenez l'accusé.
14:15 Jeanne Fortier, vous êtes reconnue coupable de vol.
14:19 La réponse du jury est non à la dernière question.
14:23 La réponse du jury est non à la troisième question.
14:27 La réponse du jury est non à la quatrième question.
14:31 La réponse du jury est non à la quatrième question.
14:35 La réponse du jury est non à la troisième question.
14:39 La réponse du jury est non à la quatrième question.
14:43 La réponse du jury est non à la troisième question.
14:47 Alors, Georges, tu t'amuses bien ?
14:51 Oui, monsieur le curé.
14:53 Oui, et qu'est-ce que tu fais là ?
14:55 Je suis à jardin pour mon dada.
14:57 Ah, mais c'est magnifique ça.
15:00 Tiens, Clarisse, voilà Etienne.
15:03 Tiens, Georges, viens porter les bonbons.
15:11 Merci, Etienne.
15:13 Vous savez ?
15:19 Oui, nous savons tout.
15:21 Elle s'est évanouie à l'annonce du jugement.
15:23 Oui, le journal donne tous les détails.
15:25 Oh, pas tous.
15:26 Ils l'ont emmenée à Saint-Lazare.
15:28 Elle avait perdu connaissance.
15:30 Le médecin de l'infirmerie a diagnostiqué une fièvre cérébrale.
15:36 Il craint pour ses joues.
15:38 Et elle s'en échappe pour sa raison.
15:41 Personne n'y peut rien, mon pauvre Etienne.
15:44 Je ne peux pas m'empêcher de penser à cette pauvre jade.
15:47 Émotion d'artiste, car en somme, que sais-tu vraiment d'elle ?
15:51 Ce que je sais ?
15:52 Tout ce que ma main a dessiné, regarde.
15:54 Regarde tout ce que j'ai fait, tous ces dessins.
15:56 Et ma main ne se trompe pas.
15:58 Poussant ça, je m'interdis de peindre, alors.
16:00 Tu la crois innocente ?
16:01 Oh, ma main a coupé.
16:03 Alors le destin de cette malheureuse est horrible.
16:07 Et le sort de celui-là n'est pas meilleur.
16:10 Certainement, si.
16:12 Nous avons promis de nous occuper de lui.
16:14 Là, vous avez pris un engagement que vous ne pourrez tenir ni l'un ni l'autre.
16:19 Mais dis-donc, dis-donc, nous ne sommes pas des parjures.
16:21 Mais non, mon bon curé.
16:23 Mais quel âge aurez-vous tous les deux quand il aura 15 ans ?
16:27 Hélas.
16:28 Non, c'est à moi de m'en occuper.
16:30 Toi, toi avec ta peinture.
16:32 Avec ma peinture ?
16:33 Plus qu'une de mes peintures en ce moment vaut plus que six mois de quête dans votre église.
16:38 Oh, oh, oh.
16:39 Là, tu te vends.
16:40 Hé non.
16:41 La preuve, c'est que je peux vous garantir une pension de 200 francs par an pour l'éducation du petit.
16:46 Ça, je dois convenir qu'ils seront les bienvenus.
16:48 Alors, comptez sur moi.
16:50 Mais à une condition.
16:52 Quand il aura cessé d'être un enfant, c'est moi qui me chargerai de son éducation.
16:57 Où serons-nous à ce moment-là ?
17:00 Vous serez deux anges au paradis.
17:03 Ou deux vieux radoteurs sur la terre.
17:05 Oh, oh, tu prends une trop grande responsabilité.
17:08 Mais non, idiote.
17:10 Avec ma patte folle, mon profil de gargouille, est-ce que tu crois que je peux espérer être père ?
17:17 Allons-donc.
17:19 Alors j'achète un fils.
17:21 C'est une occasion à ne pas manquer.
17:23 Qu'est-ce qui deviendra avec toi ?
17:25 Sûrement pas un séminariste.
17:27 Ou alors c'est que vous aurez eu le temps de lui bourrer le crâne.
17:29 Mais quoi alors ?
17:31 Ah, quoi ? J'en ferai un homme.
17:33 Et ce n'est pas si simple.
17:35 Allez, viens mon petit Georges.
17:37 On a tout de même un bon petit frère, hein Clarisse ?
17:39 Oui.
17:40 Dommage qu'il n'ait pas un vrai métier.
17:43 Bah, et moi alors ?
17:45 Ah bah, tu tombes bien avec.
17:50 Tu vas me garder les gosses pendant que je me débarrasse de ça.
17:52 Où vas-tu Vlandine ?
17:54 À la mairie, il part dit.
17:56 Je vais pas garder cette bréheuse.
17:58 Après ce qu'il s'est passé.
18:00 Il sait qu'il va me payer la pension maintenant que la mère est au trou.
18:02 Il paraît que la pauvre femme est devenue folle.
18:04 La pauvre femme ?
18:06 Une incendiaire, une souris neuve.
18:08 Elle a eu ce qu'elle mérite.
18:10 Et donc quand je pense que quand ça venait ici,
18:12 ça jouait les misérés.
18:14 Ma petite Lucie, mon amour.
18:16 Cet enfant est sale, tante Didine.
18:18 Vous l'entretenez qu'elle est pas très propre.
18:20 Bah, j'avais pas de temps à perdre à la bichonner.
18:22 Y'avait pas qu'elle.
18:24 Y'avait les chèvres, les poules, les lapins, les canards.
18:26 Faudra avoir quatre mains.
18:28 Surtout pour les beignes.
18:30 Qui aime bien, achetit bien.
18:32 Ah, ma fille d'une criminelle.
18:34 Tiens.
18:36 Je vais lui parler d'une mauvaise graine.
18:38 Ça deviendra plus tard, tiens.
18:40 J'aime mieux pour le savoir.
18:42 Mais à la mairie, qu'est-ce qu'ils vont en faire ?
18:44 Ils vont la refiler à l'assistance publique.
18:46 Pauvre petite.
18:48 Elle sera pas malheureuse.
18:50 Elle reste pas beaucoup plus le fils de bourgeois que le fils d'ouvrier.
18:52 C'est bien possible.
18:54 Tout de même, tu devrais écrire à la mère.
18:56 Moi, je sais pas écrire.
18:58 Et puis alors, elle saurait pas le lire puisqu'elle est devenue folle.
19:00 Bon, les feux, c'est pas la peine de gâcher un teubre.
19:02 Hé, j'ai mis des pommes de terre à cuire.
19:04 Si je reviens pas en temps, on te les du feu.
19:06 C'est pour les enfants ?
19:08 Non, non, pour les cochons.
19:10 (musique)
19:38 Celle-là est très calme.
19:40 On nous l'a envoyée de Saint-Lazare il y a trois mois.
19:44 C'est Jeanne Fortier.
19:46 Le nom vous dit quelque chose ?
19:48 Oui, elle a été cotonnée comme incendiaire.
19:50 Elle a fait une congestion cérébrale en entendant le verdict.
19:54 On peut pas dire qu'elle ait repris connaissance quand elle s'est réveillée à l'infirmerie de la prison.
19:58 Elle ne savait plus ni qui elle était, ni ce qu'elle avait fait.
20:00 Un choc émotionnel peut très bien améliorer son cas.
20:04 Ou l'aggraver.
20:06 Je vous laisse, faites bien attention.
20:08 J'en veux des oiseaux.
20:18 Je veux des oiseaux.
20:20 Vous ne voulez pas m'en donner ?
20:22 J'en veux des oiseaux, j'en prendrai.
20:24 Tu chantes Jeanne ?
20:34 Jeanne ?
20:36 Jeanne ?
20:40 Oui Jeanne, c'est ton nom ?
20:42 Mais il est bien court, le temps des cerises.
20:54 Où l'on s'en va de cueillir en rêvant,
20:59 des bons dans nos rêves.
21:03 N'aie pas peur Jeanne, je ne vais pas te troubler.
21:07 Fais dodo, t'auras du lolo.
21:13 Je dois dormir.
21:15 Fais dodo, mon amour,
21:18 fais dodo, t'auras du lolo.
21:26 Assez doucement, bien sage.
21:32 Bien sage.
21:35 Jeanne, je t'aime.
21:38 Jeanne, je t'aime.
21:41 Jeanne, je t'aime.
21:43 Jeanne, je t'aime.
22:11 Mon bébé !
22:13 Oh, par exemple, mon bébé !
22:15 Mon bébé !
22:16 Véronne-le-moi !
22:17 Véruse !
22:18 Véruse !
22:19 Véruse !
22:20 Mon bébé !
22:22 Non !
22:23 Viens-moi !
22:24 Viens-moi !
22:25 Non !
22:26 Viens-moi !
22:27 Non !
22:28 Non !
22:29 Non !
22:30 Non !
22:31 Non !
22:32 Vous voyez ce que je vous disais ?
22:35 Non !
22:37 Non !
22:39 Non !
22:41 Il faut toujours se méfier.
22:42 La plus douce peut devenir tout d'un coup une furie.
22:44 Il suffit d'un déclic dans un cerveau malade.
22:47 Mais que va-t-on faire d'elle ?
22:48 Après un coup pareil, on va la mettre au pavillon des agités.
22:50 Pour longtemps ?
22:51 Oh, ça, mon petit, Dieu seul pourrait le dire.
22:53 Allez-vous vous occuper des autres.
22:56 Le docteur a raison de vous laisser tenter l'expérience.
23:08 Il a l'impression que la pauvre est incurable définitivement.
23:12 [Musique]
23:14 [Musique]
23:17 [Musique]
23:45 Madame, voici Georges, votre fils.
23:47 Georges !
23:48 Votre petit garçon, vous aimiez tant.
23:51 Dites-lui quelque chose.
23:55 Maman !
23:58 Maman !
23:59 Maman !
24:00 Pourquoi tu parles pas ?
24:02 Maman !
24:03 Maman !
24:04 Maman !
24:05 Viens !
24:06 Maman, tu vas me faire pleurer.
24:09 Viens, maman !
24:10 Viens, maman !
24:11 Viens !
24:12 Non, tu restes pas avec maman !
24:14 Non, tu restes pas avec maman !
24:16 Viens, mon petit, viens.
24:20 Viens, mon chéri, viens.
24:21 Maman ! Maman !
24:22 Maman !
24:23 Maman !
24:24 Maman !
24:25 Maman !
24:26 Viens, mon chéri.
24:27 Maman !
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