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Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 15 novembre 2023 : le réalisateur Alexandre Arcady sort son nouveau long-métrage : "Le petit blond de la Casbah", l'adaptation de son autobiographie du même nom, sortie aux éditions Plon en 2003. Il nous raconte l'histoire de son enfance dans l'Algérie des années 60.

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Transcription
00:00 - Bonjour Alexandre Arcadi. - Oui bonjour.
00:02 - Vous êtes réalisateur français né à Alger, à une époque où la France et l'Algérie ne faisaient qu'un.
00:06 Vos films "Le coup de Sirocco" et "Le Grand Pardon" avec notamment Roger Hanan ont été plébiscités par le public algérien et français,
00:11 soulignant par la même occasion l'importance que vous aviez de raconter l'Algérie telle que vous l'avez connue dans votre enfance.
00:17 Aujourd'hui sort "Le Petit Blond de la Casbah" avec Marie Gilin, Françoise Fabian, Michel Bougna ou encore le petit Léo Champion.
00:24 - Champion. - Champion, pardon.
00:28 - C'est l'adaptation de votre autobiographie sortie chez Plon, du même nom, c'était en 2004 d'ailleurs.
00:34 Vous nous racontez votre histoire à travers l'histoire d'un réalisateur de cinéma, donc vous, accompagné de son fils pour présenter un nouveau film
00:41 qui raconte son enfance dans l'Algérie des années 60. Le film démarre pendant une journée qui, sans compter, c'était la plus importante de votre vie,
00:47 pendant la projection du film "Jeux interdits", un bombardement en Algérie, l'Algérie de votre enfance.
00:52 Pourquoi avoir mis autant de temps finalement à créer ce film, à le réaliser ?
00:58 - Vous savez, c'est dans le film, il y a une scène que je raconte, c'est notre départ d'Alger.
01:04 J'avais 13 ans et sur le bateau, ma mère se tourne vers nous.
01:08 On était cinq garçons et mon père en disant j'ai oublié les photos dans le buffet de la cuisine.
01:13 Et je m'entends lui dire, c'est ce qu'il y a cette scène dans le film, je m'entends lui dire je les ramènerai maman.
01:19 Et le jour où j'étais en âge de commencer à faire du cinéma,
01:24 évidemment j'ai fait le coup de Sirocco parce que j'avais envie de lui ramener ses photos.
01:29 Et puis je me suis réfugié derrière des auteurs pour parler de l'Algérie.
01:34 Peut-être parce qu'il n'était pas encore temps que je raconte mon Algérie à moi.
01:38 Il m'a fallu du temps et puis peut-être la naissance de mes petits-enfants.
01:41 Cette envie de transmettre un passé qui est un passé à la fois insouciant, glorieux,
01:52 illuminé de soleil et de plaisir malgré la guerre.
01:57 Le coup de Sirocco a justement évoqué ça.
02:00 En réalisant 79, il évoquait votre départ du paquebot qui vous a emmené loin d'Alger.
02:05 Quelle place occupe l'Algérie dans votre vie d'homme ?
02:09 Cotidienne, c'est vrai.
02:12 Non pas que je vis dans une forme de nostalgie permanente, mais je n'oublie jamais d'où je viens.
02:19 Parce que c'est très important de savoir d'où on vient, ça nous permet d'aller au plus loin possible.
02:24 Donc cette Algérie occupe une place forte parce que je suis enraciné dans cette terre.
02:31 Je suis un Algérien, je suis un Africain de naissance, Égyptien.
02:37 Un Français évidemment toute mon âme.
02:41 Et puis voilà, c'est cette espèce d'aller-retour entre ce passé lumineux que j'évoquais tout à l'heure
02:49 et cette réalité depuis de nombreuses années en France.
02:53 Il y a des clins d'œil sur l'époque et le rejet de l'autre aussi.
02:55 À l'intérieur de ce film, la France et l'Algérie, que le général de Gaulle disait être sœur,
02:59 parce que c'est aussi de ça qu'il s'agit, la guerre est toujours en arrière-plan.
03:03 Avec la peur que vous aviez de mourir, a-t-elle joué un rôle essentiel dans votre vie d'homme ?
03:09 La peur de mourir, oui par moment quand il y avait, mais c'était doublé d'une forme d'insouciance.
03:16 Je me souviens, je ne l'ai pas mis dans le film,
03:18 j'étais avec des copains en train de manger une glace place du gouvernement alger,
03:21 tout d'un coup il y avait une rafale de mitraillettes, on s'est couché par terre.
03:25 Mais notre préoccupation, ce n'était pas tant les balles qui passaient au-dessus de nos têtes,
03:28 c'était de ne pas renverser le cornet de glace et de continuer à...
03:32 C'est ça aussi l'enfance à travers un mouvement historique qui a balayé beaucoup de gens.
03:40 Mais j'en ai eu peur, mais pas autant que ça.
03:44 Vous étiez très mature, très jeune, Alexandre Arcadi, elle vient d'où cette maturité ?
03:50 Le fait de comprendre les choses, de les analyser ?
03:54 C'est étrange, franchement je trouve, moi qui ai des enfants, je les ai vus grandir,
04:01 mais c'est vrai que j'ai eu très vite la notion du temps.
04:07 C'est bizarre quand même d'avoir la notion du temps à l'âge de 10 ans,
04:10 comprendre que les aiguilles d'une montre ne tournent pas vainement,
04:13 elles chassent le temps en même temps.
04:16 Ce sont des sentiments assez étranges,
04:21 liés aussi au fait que j'ai rencontré dans cet immeuble, j'ai connu dans cet immeuble,
04:26 une jeune femme formidable qui s'appelait Josette,
04:29 qui était ma voisine, plus âgée que moi, et qui m'a initié à tout,
04:34 au cinéma, c'est elle qui m'a emmené la première fois au cinéma,
04:37 qui m'a fait écouter les premières chansons de Brassens.
04:40 Voilà, elle était une espèce de mentor comme ça,
04:44 et elle m'a poussé un petit peu, parce que ma mère avait autre chose à faire,
04:47 avec 5 garçons, de me faire écouter Brassens ou d'emmener au cinéma.
04:51 Vous avez quitté justement ce Nila, ce cocon-là,
04:54 vous aviez tous vos amis en 61, votre famille s'est exilée en métropole,
04:58 vous avez atterri dans la cité de Balzac, de Vitry-sur-Seine,
05:02 comment vous l'avez vécu ce dérincinement ?
05:05 Moi j'étais content de venir à Paris, c'est vrai, parce que de Paris,
05:09 je ne connaissais que les quelques images qu'on voyait à la télévision en noir et blanc,
05:13 c'est-à-dire le moulin rouge qui tournait, mais je ne savais pas qu'il était rouge,
05:16 puisqu'on le voyait en noir et blanc, la tour Eiffel, tout ça, enfin,
05:19 tout ça me plaisait, et puis quand on est gamin, le changement c'est,
05:23 et puis aller à Paris, quelle calaventure, ça a été dur,
05:28 parce que personne ne nous attendait, personne ne nous a vraiment aidé,
05:32 ça a été beaucoup plus dur qu'en Algérie, on a connu la faim à ce moment-là,
05:36 franchement, à Paris, parce que, et alors, ça me fait drôle d'être d'ici,
05:41 dans la Maison de la Radio, parce que le premier travail que mon père a eu,
05:44 malgré son âge avancé, c'était un pariteur à la Maison de la Radio qui venait d'ouvrir.
05:50 Tout à l'heure en arrivant, j'ai pensé à ça, je me suis dit,
05:52 c'est quand même troublant de parler de ce film-là dans cette maison, voilà.
05:57 - Vous dites que vous vouliez comprendre qui vous étiez à travers ce film,
06:00 alors qui êtes-vous, Alexandre Arcadie ?
06:03 - Je suis un metteur en scène comblé, d'abord,
06:07 parce que j'ai réussi à faire beaucoup de films sur des sujets si différents,
06:13 je suis un citoyen aussi attentif, parce que souvent mes films ont parlé
06:18 de la situation délicate du moment, je pense à l'Union sacrée,
06:24 il y a plus de 30 ans où j'évoquais cette montée d'un islamisme radical et sanguinaire,
06:31 malheureusement on y est en plein.
06:33 Voilà, je suis heureux d'avoir pu faire tous ces films grâce au public qui m'a suivi,
06:41 et je suis un homme comblé parce que j'ai des enfants magnifiques
06:45 et aujourd'hui des petits-enfants extraordinaires.
06:48 - Merci beaucoup Alexandre Arcadie d'être passé dans le monde d'Elodie sur France Info,
06:51 ça s'appelle "Le petit blond de la Casbah",
06:54 il y a également ce livre d'ailleurs qui vient de ressortir.
06:57 - Oui, c'est une réédition avec un chapitre supplémentaire d'une cinquantaine de pages,
07:02 qui explique un petit peu pourquoi j'ai mis tant de temps à réaliser ce film.
07:06 - Merci beaucoup. - Merci.

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