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Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi 17 novembre : Gérard Jugnot, acteur de films devenus cultes, est en ce moment à l'affiche du film "Comme par magie", aux côtés de Kev Adams, réalisé par Christophe Barratier.

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Transcription
00:00 Bonjour Gérard Juniau. - Bonjour.
00:01 - Vous avez plusieurs casquettes.
00:03 Acteur, réalisateur, scénariste, producteur de cinéma.
00:06 Avec vos copains de la troupe du Spandid, vous avez réussi à conquérir le public.
00:09 Alors au début, le public vous a découvert.
00:10 Ensuite, il vous a adopté avec des films... - Maintenant, il me supporte.
00:14 - Devenus des films cultes pour eux, même s'ils se sont d'abord devenus
00:19 les nôtres, finalement, de films.
00:21 Il y a "Les Bronzés", "Les Bronzés font du ski", encore "Le Père Noël est une ordure" en 82.
00:25 "On ne s'enlâce pas". Peut-être que vous, oui, mais nous, non.
00:28 Et puis, vous êtes lancé dans une carrière solo, toujours en tant qu'acteur,
00:31 aux côtés de Patrice Lecomte, Jean-Marie Poiré et Christophe Baratier,
00:34 qui vous accompagne depuis 2004.
00:37 Ça a commencé avec "Les Choristes".
00:38 Vous êtes aussi un réalisateur aux registres différents.
00:41 Vous avez déjà proposé des comédies sociales.
00:43 On pense à "Pinot Simpleflix", "Scoot Toujours", "Une époque formidable",
00:45 "Meilleur espoir féminin".
00:47 Puis, il y a eu "Le Petit Piaf".
00:48 Il y a eu aussi ce drame historique "Monsieur Batignolles".
00:51 C'était en 2002.
00:52 Depuis mercredi, vous êtes à l'affiche du film "Comme par magie" de Christophe Baratier,
00:56 aux côtés de Kev Adams.
00:57 Ce film raconte l'histoire de Victor, un magicien qui va devenir papa.
01:01 La vie lui sourit jusqu'au jour de l'accouchement.
01:03 Tout va alors basculer.
01:05 Sa femme décède en donnant naissance à leur fille.
01:07 Il va donc devoir élever sa fille seule.
01:10 Mais ça, c'est sans compter.
01:11 Sans le grand-père fantasque qui va devenir sa nounou.
01:15 Et sur Nina, sa meilleure amie d'enfant, sa confidente et guide de vie,
01:19 en quelque sorte.
01:20 "Comme par magie" met en lumière l'illusion de nos vies
01:22 et la confronte à la réalité du quotidien.
01:25 Alors, faut-il vivre sans ou avec illusion, Gérard Junior ?
01:28 - Je crois que le cinéma nous permet d'avoir ces illusions.
01:33 C'est pour ça que j'aime le cinéma, parce que c'est une manière de corriger
01:37 un peu la vie.
01:38 C'était Truffaut qui disait une chose assez terrible.
01:40 "Si j'avais aimé la vie, j'aurais jamais fait de cinéma".
01:43 Moi, je n'irais pas jusque là, mais il est sûr que
01:47 j'envisage le cinéma comme la vie en mieux.
01:53 On arrange la vie.
01:54 D'abord, on vire tout ce qui n'est pas bien, tout ce qui est long,
01:58 tout ce qui est ennuyeux. Enfin, pas toujours.
02:00 Dans le cinéma que j'aime.
02:02 Et on met un regard d'humour, de rire,
02:07 comme dans ce film où il y a quand même beaucoup de moments de rire.
02:09 Et donc, ça arrange, ça répare.
02:13 Moi, je suis pour...
02:14 Vous savez, je crois que le rire est un médicament.
02:21 C'est des vitamines.
02:22 - Vous avez toujours aimé ce cinéma, effectivement, qui mettait davantage
02:26 en avant le beau, finalement le beau plus que la vie.
02:28 Je voudrais savoir pourquoi vous faites du cinéma.
02:31 - Oui, j'ai fait un film qui a été un immense échec,
02:36 qui s'appelait "Roses et Noirs",
02:37 et qui était peut-être le film le plus autobiographique,
02:41 même si ça se passait au temps de l'Inquisition.
02:44 Mais oui, je crois que j'essaye de mettre du rose sur le noir de la vie.
02:50 J'essaie d'embellir tout ça, peut-être parce que j'ai une vision un petit peu...
02:55 J'ai tendance à un peu être attiré par tout ce qui ne va pas et par les défauts.
03:01 Alors, j'en tire parfois de la comédie,
03:03 mais aussi, on peut tirer aussi de la beauté et de l'humanité.
03:07 - Comment vous vivez le fait, au fil du temps,
03:10 d'être devenu l'un des membres de nos familles,
03:13 la famille des Français ?
03:15 - Oui, c'est assez touchant.
03:17 C'est dans une période de ma vie où je croise beaucoup de gens qui me disent merci.
03:21 J'ai grandi avec vos films, donc c'est beaucoup dans les merci.
03:25 Et c'est plutôt sympathique.
03:27 Et surtout, c'est assez valorisant parce que ça n'a pas été le cas toujours.
03:33 Les merci...
03:34 L'autre fois, il y avait une exposition à Lille
03:40 où ils avaient fait un hommage au 40 ans du Père Noël.
03:42 Donc, il y avait une expo splendide.
03:45 Ils avaient ressorti des costumes, des décors, des scénarios.
03:48 Et puis, ils avaient ressorti aussi les critiques de l'époque.
03:51 Et ça, c'est très...
03:52 C'est assez agréable à lire, 40 ans plus tard,
03:57 de voir que ces gens qui n'existent plus,
03:59 que personne ne connaît, avaient écrit des choses péremptoires,
04:03 extrêmement dures à notre égard.
04:06 C'est une petite...
04:08 Je ne suis pas dans la vengeance, mais c'est une petite satisfaction.
04:12 - Je crois que le terme exact, c'est "jubilatoire".
04:15 - Voilà.
04:15 - Qu'est-ce qui a le plus changé avec le temps, alors, Gérard Junior ?
04:19 Entre vos débuts et aujourd'hui, finalement.
04:22 Entre ce moment où vous rencontrez vos camarades de lycée,
04:26 donc devenus vos potes et compagnons de route.
04:29 Et aujourd'hui ?
04:31 - Beaucoup de choses ont changé.
04:33 Puis, moi, je ne suis pas dans le côté "c'était mieux avant".
04:36 Moi, je n'ai pas eu cette période du splendide.
04:38 On a fait des tas de choses formidables.
04:40 On a beaucoup rigolé.
04:41 Mais j'avais quand même beaucoup d'inquiétude.
04:43 Moi, ce n'est pas une période très, très, très apaisée dans ma vie.
04:47 Parce qu'on se lançait dans un truc.
04:49 Moi, je ne venais pas de ce métier.
04:50 Mes parents étaient inquiets.
04:51 Nous, on était tous inquiets.
04:52 On ne prêtait pas le dessous pour construire deux, trois théâtres.
04:56 Il fallait que ça marche.
04:58 Donc, ça n'a pas marché tout de suite.
05:00 Ça a marché relativement vite.
05:01 Il ne faut pas se plaindre.
05:02 Mais donc, moi, j'étais vraiment très inquiet.
05:05 Et je crois qu'à partir de 35, 40 ans, ça s'est mieux passé
05:11 parce que j'étais déjà un peu plus installé.
05:13 Et d'ailleurs, c'est ça qui est bien aussi dans le film, qui est très juste.
05:18 C'est que j'ai eu un môme à 30 piges et je m'en suis occupé.
05:22 Mais j'avais aussi beaucoup à m'occuper de ma carrière,
05:25 ce qui est le cas du personnage de Kev, qui partageait et qui va finalement un petit peu
05:29 pas abandonner sa fille, mais avec sa tentation
05:34 d'aller vers ce qui est plus simple, ce qui est le plus valorisant et le plus apaisant.
05:39 Pour terminer, êtes-vous heureux du parcours que vous avez déjà réalisé ?
05:44 J'ai un junior, même si vous avez encore plein de choses à faire
05:47 et que vous avez, à mon avis, plein d'envie.
05:50 J'ai plein d'envie, oui.
05:51 J'ai surtout plein de...
05:53 Oui, en plus, l'avantage quand on vieillit,
05:55 quand on est à peu près en bonne santé, on a plus de travail.
05:58 Il y en a moins.
06:00 Il y a moins de concurrence.
06:02 Non, mais...
06:03 Oui, je suis heureux.
06:06 C'est vrai que je suis plutôt...
06:08 Pas heureux, parce que je n'ai pas fait que des choses
06:10 remarquables, mais je dois dire que je suis content de ne pas être resté.
06:15 Nous, c'était notre inquiétude d'être les stars des années 80,
06:19 avec un mec qui chante toujours la même chanson.
06:22 Ça, je trouve ça un peu difficile.
06:23 Là, entre tous les films qu'on a fait au Splendide,
06:27 puisque c'est ceux que j'ai fait personnellement,
06:29 je dois dire que je suis heureux que les gens me disent...
06:32 Ils me parlent des choristes, d'autres qui m'ont parlé de Scoot Toujours,
06:36 d'autres qui me parlent du Père Noël,
06:37 d'autres qui me parlent de Pourri-Gatet.
06:39 Enfin bon, c'est plutôt satisfaisant.
06:42 Oui, je suis plutôt
06:45 heureux, un peu fier d'avoir réussi à faire tout ça.
06:50 Je suis même le premier épaté.
06:52 Quand on me parle de tout ça,
06:54 je ne dis plus le nombre de trucs que j'ai fait,
06:56 le nombre d'heures que j'ai passées sur des plateaux,
06:59 sur des scènes de théâtre.
07:00 Mais j'étais assez heureux.
07:02 Je dois dire profondément, j'aime vraiment ce pétit.
07:04 - Merci beaucoup, Gérard Jugnot, d'être passé dans le monde.
07:06 - Merci. - On vous a parlé de la première émission de l'audit sur France Info, comme par magie, et donc disponible au cinéma.
07:10 - Oui, et il faut parler aussi de la petite Claire Schuss, qui est absolument formidable,
07:13 qu'on connaît par la télé, mais qui est là.
07:16 Elle est solaire, elle est extraordinaire dans notre vie.
07:20 - C'est la révélation du film. - Absolument. - Merci beaucoup.

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