Yvan Attal : "Quand j'ai eu ce César pour 'Un monde sans pitié', je n'avais qu'une envie, c'était de me sauver"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 24 janvier 2024 : le comédien et réalisateur, Yvan Attal. Aujourd’hui, sort son nouveau film, un thriller, "Un coup de dés" avec Guillaume Canet, Marie-Josée Croze et Maïwenn.
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00:00 - Bonjour Yves Vantal. - Bonjour.
00:01 - Tour à tour acteur, réalisateur, vous avez toujours clamé haut et fort
00:04 que le cinéma, c'était votre seule et unique religion.
00:07 Le 7ème art a donc bousculé et effacé vos rêves de devenir footballeur
00:11 ou encore médecin.
00:12 C'est au théâtre que vous avez débuté avant de rencontrer le public
00:15 grâce à votre rôle d'un ami squatteur dit Pauline Girardot.
00:17 C'était évidemment le film "Un monde sans pitié" d'Éric Rochand,
00:20 avec le prix Michel Simon et le César du meilleur espoir masculin.
00:24 C'était en 90.
00:25 Suivrons "Ma femme est une actrice, ils se marièrent et ont eu beaucoup d'enfants,
00:28 mais devant et derrière la caméra, là pour le coup, en tant que réalisateur.
00:32 Et aujourd'hui, vous êtes de nouveau réalisateur avec le film "Un coup de D",
00:35 qui sort d'ailleurs aujourd'hui même, qui réunit Guillaume Canet,
00:39 Marie-Josée Croce et Mai Houen.
00:40 C'est votre huitième long métrage en tant que réalisateur,
00:43 coécrit avec Yael Langman.
00:45 Alors, je ne compte pas le premier court métrage.
00:46 C'est un thriller qui fait écho à un poème de Stéphane Mallarmé,
00:49 "Un coup de D jamais n'abolira le hasard".
00:52 Le hasard est donc un élément dont il faut tenir compte dans nos vies, Yves Vantal.
00:57 - Je ne sais pas, j'ai l'impression qu'en fait, le hasard,
00:59 on se cache un peu derrière le hasard.
01:01 Moi, j'ai l'impression qu'il y a quand même un libre arbitre.
01:03 On est quand même responsable de nos actes et de nos comportements
01:08 qui provoquent un certain nombre de choses.
01:10 Mais le hasard vient à ce moment-là.
01:15 On est quand même à la base responsable de ce qu'on fait
01:18 et de ce qu'on provoque nous-mêmes, etc.
01:21 Le film n'a rien à voir avec le poème de Mallarmé.
01:24 C'est moi qui me suis inspiré du titre,
01:27 parce que je trouve que le titre marchait bien avec ce film.
01:29 Mais le vrai titre du film, c'est "Un coup de D" en fait.
01:33 C'était trop compliqué.
01:35 "Jamais n'abolira le hasard" pour le distributeur
01:37 et a priori pour les spectateurs.
01:40 Et sur une affiche, c'était un trop long titre.
01:42 - On a le sentiment que vous vous plaisez de plus en plus
01:45 à faire, à jouer ce rôle-là de réalisateur, en plus d'être derrière l'écran.
01:50 - Non, mais j'aime les deux.
01:54 J'aime les deux. J'aime réaliser des films.
01:55 Et là, justement, c'était la première fois que je réalisais un thriller,
01:58 un film de genre avec un challenge bien précis,
02:03 un cahier des charges précis.
02:04 Je n'avais jamais fait.
02:06 Moi, c'est ça qui m'amuse, c'est de faire des films de cinéma,
02:10 d'explorer cette grammaire du cinéma.
02:13 Après, j'adore faire l'acteur aussi pour d'autres metteurs en scène.
02:16 Mais il se trouve que quand on fait un film soi-même,
02:18 ça prend énormément de temps.
02:20 Il faut l'écrire, il faut le préparer, il faut le tourner.
02:22 Et puis, il faut le monter et puis il faut venir en parler.
02:25 Ça prend un an et demi, deux ans de votre vie.
02:28 Donc, pendant ce temps-là, on n'a pas vraiment le temps de faire l'acteur.
02:31 - Comment vous avez vécu le succès, le premier succès,
02:33 la rencontre avec le public et ce film d'Éric Rochon,
02:35 qui vous vaut quand même de prix assez conséquent ?
02:38 Michel Simon d'un côté, César de l'autre.
02:40 - Quand j'ai eu ce César, j'avais qu'une envie, c'était de me sauver.
02:44 Je n'avais pas du tout envie de rester sur la scène.
02:46 D'ailleurs, je crois que j'ai fait un des plus courts discours
02:50 de l'histoire des gagnants de César.
02:53 Je crois qu'il y a Galabru qui a été encore plus fort que moi.
02:55 Galabru, il est arrivé, il a dit merci, il s'est cassé.
02:58 Et moi, ce n'est pas loin de ça.
03:00 Mais c'est parce que j'étais très intimidé, très intimidé.
03:03 Je crois que je suis toujours, d'ailleurs.
03:04 - Pourtant, vous vous êtes aimé, Yvan Attal, avec vos convictions, évidemment.
03:08 C'est ce qui vous a valu, il y a peu, de vous faire un peu étrier
03:11 sur les réseaux sociaux à la suite de la signature de cette tribune bourgère de Pardieu.
03:15 Est-ce que ce sont vos convictions, finalement,
03:17 qui ont toujours dicté ce que vous souhaitiez faire,
03:20 ce que vous avez fait et ce que vous faites ?
03:22 - Je savais que le fait de signer, que la pétition n'étant pas conforme,
03:25 me donnerait l'occasion de venir m'expliquer.
03:27 Et c'est ça que je suis allé faire chez BFM quand on m'a appelé pour venir parler.
03:31 Je dis merci de me donner l'occasion de dire à quel point je ne suis pas d'accord
03:35 avec cette pétition, de comment elle est formulée, de ce qu'elle dit.
03:41 Mais en revanche, voilà pourquoi j'ai signé, parce que voilà ce que je voulais dire.
03:46 - Ce qui ressort le plus des remarques et des critiques,
03:49 c'est la majorité du temps, c'est pas lui.
03:52 Pourquoi lui ? Pourquoi Yvan Attal avec le combat qu'il mène
03:55 aux côtés des femmes depuis si longtemps ?
03:57 Est-ce qu'il a vraiment vu le documentaire de complément d'enquête ?
04:00 - Oui, j'ai tout vu.
04:00 - Et est-ce qu'il regrette ou pas d'avoir signé cette pétition ?
04:03 - C'est ce que je veux dire.
04:04 Je ne regrette pas de venir dire aux gens qu'on ne peut pas condamner quelqu'un
04:08 avant qu'il soit condamné.
04:09 Voilà. Et qu'on ne peut pas faire fi de la présomption d'innocence.
04:14 Je ne défends pas Depain Dieu.
04:15 Je ne suis pas son avocat.
04:17 Je défends des principes et j'ai l'impression que ces principes sont bafoués
04:20 et de plus en plus.
04:22 C'est tout ce que je veux dire et que je suis aux côtés des femmes
04:25 bien plus que certaines féministes, parce que moi, je suis aux côtés
04:28 de toutes les femmes.
04:29 - Votre film, quand on le regarde, on a l'impression que c'est un musicien
04:34 qui l'a écrit, parce qu'il y a une vraie partition de musique, en fait.
04:36 Il y a une rythmique.
04:37 Effectivement, c'est lié à cette intrigue et au suspense qui va avec.
04:41 Est-ce que vous n'avez pas une façon aussi de travailler
04:45 avec cette musicalité-là ?
04:47 - Je ne sais pas, mais ce qui est sûr, c'est que quand j'écris
04:52 mes scénarios, je les écris avec de la musique, toujours,
04:55 et que ça me donne des rythmes.
04:58 Mais parce que je pense qu'un film, c'est un rythme, c'est des rythmes.
05:02 C'est ça qui fait qu'un film n'est pas ennuyeux non plus.
05:06 C'est qu'il y a des rythmes différents.
05:08 Des fois, je regarde des films et je sais quand l'image va, quand un plan va
05:11 arriver, je peux même faire...
05:13 Voilà, on sent des fois des choses.
05:15 Donc, il y a des films où ces rythmes sont un peu plus
05:19 compliqués. C'est des films où on est un peu plus attentif, probablement.
05:22 - Merci beaucoup, Yvan Attal, d'être passé dans le monde des Lodi sur France
05:25 Info. Ça s'appelle "Un coup de D".
05:26 Ça sort aujourd'hui avec Guillaume Canet, Mayouen.
05:29 Il y a également Marie-Josée Croce.
05:30 Enfin bref, il y a un "quoi tueur" à découvrir.
05:33 Merci infiniment. - Merci à vous.