LA BANDE PREND LE POUVOIR - Des CV et des mails bourrés de fautes

  • l’année dernière
 La bande de 22H Max réagit à la régression du niveau des élèves en français et en mathématiques.
Transcript
00:00 On va commencer avec vous Sébastien Wilde, avec cette inquiétude de Gabriel Attal, le ministre de l'Éducation, sur le niveau des élèves de 4e.
00:07 Il y a eu des tests qui ont été faits cette année, à la rentrée de septembre, sur tous les élèves de niveau de 4e.
00:13 En 4e, voilà ce que dit Gabriel Attal, on voit que durant le collège, le niveau stagne, voire régresse, ce qui signifie que le collège ne parvient pas à réduire les écarts constatés à l'entrée en 6e.
00:22 Je résume la situation ce soir, en 4e, plus d'un élève sur deux ne lit pas convenablement et plus d'un élève sur deux ne maîtrise ni la géométrie, ni la résolution des problèmes.
00:32 Oui, c'est vraiment une catastrophe. 50%, enfin c'est juste dingue le chiffre.
00:36 Alors, pour le gouvernement, j'ai une info, la terre est ronde et la pluie mouille.
00:41 Deux infos, a priori, qu'ils n'ont pas non plus, parce qu'on le constate tous depuis très longtemps, c'était effondrement.
00:48 - Et là, je vais parler juste... - C'est-à-dire que vous, l'entrepreneur, vous le constatez ?
00:52 C'est exactement ce que j'allais dire. En tant qu'entrepreneur, moi, je reçois à peu près entre 500 et 600 CV par an.
00:58 - Vous avez une boîte d'une vingtaine de salariés ? - Oui.
01:00 Il y a des fois, on n'arrive même pas à comprendre le sens de la phrase, tellement les fautes d'orthographe ou de grammaire sont énormes.
01:07 Et j'ai, justement, je me suis permis d'amener avec moi aujourd'hui, ça date d'il y a 5-6 jours, c'est arrivé à ma responsable des achats, je pense qu'on peut le mettre peut-être à l'antenne pour qu'on le voit,
01:17 c'est un échange de mail où il est écrit précisément, j'ai pris, je l'ai noté moi si on l'a pas.
01:22 - Si, si, il arrive. - Bon. Donc il y a écrit "On s'est dit que 4 pistolets", parce qu'on achète des pistolets à cire pour faire du cachet de cire, c'est pas des flingues,
01:30 "suffisait donc, je vous ai mis à peu près la quantité qu'on a calculée". Alors regardez bien, c'est exactement ce qui est passé.
01:37 Donc là on n'est pas dans, je veux dire, un imparfait du subjonctif hyper complexe, on sait, S-A-I-T, OK ? "Dit que 4 pistolets, A-I".
01:47 Et donc c'est un vrai problème parce que, au-delà du niveau en quatrième ou autre, quand ils arrivent après, dans l'emploi, il y a plein de missions que vous ne pouvez pas confier à quelqu'un comme ça.
01:57 Cette personne ne travaille pas pour mon entreprise, mais imaginez... - C'est un fournisseur. - C'est un fournisseur.
02:00 - Qui se reconnaît ce soir et qui est ravi de passer sur BFM TV. - Surtout avec tel compliment en orthographe.
02:05 Mais je veux dire, c'est vraiment problématique. Nous, par exemple, on est le seul spa, le priorité des sources, c'est le seul spa Royce Royce et Bentley référencés en France.
02:11 - Faites une petite pub en plus. - Oui, j'en profite. - Allez-y. - C'est Noël bientôt.
02:14 Par exemple, ça c'est très intéressant parce que, comment voulez-vous incarner le haut de gamme si vous dites "est-ce que vous avez bien pris le bon cadeau à votre femme ?"
02:23 Vous voyez ce que je veux dire ? Donc pour les jeunes après, qui arrivent dans le monde du travail, c'est très problématique sans viser un métier d'ingénieur.
02:29 Je parle juste quand on n'arrive pas à exprimer sa pensée. - Et quand il y a une relation à l'autre ou une relation au client, etc.
02:34 - Évidemment. Et on les voit d'ailleurs parfois complètement désarçonner ces jeunes et moi ça me touche parce qu'en fait, ils n'arrivent pas à exprimer leur propre pensée, à le mettre en mots, justement, au-delà même d'un problème d'orthographe.
02:44 - Olivier. - Oui, en fait, c'est effectivement, vous avez raison, c'est que c'est pas nouveau. Ça fait une trentaine d'années qu'on est au courant de ça.
02:51 Et il y a eu une accélération à partir de 2012-2014 parce que c'est le moment où on a cassé le thermomètre dans l'éducation pour ne pas le voir.
02:57 A partir de 2012, on supprime petit à petit les notes. A partir de 2014, on interdit ou en tout cas on rend quasiment impossible le redoublement.
03:06 Et en pensant que les problèmes que rencontraient les élèves allaient disparaître avec le temps sans justement mettre les moyens.
03:13 Et aujourd'hui, c'est la véritable catastrophe parce que le redoublement notamment, on est tombé cette année à 0,6%. Ça n'existe quasiment plus.
03:24 Et donc les élèves qui ont des difficultés en sixième, avant on nous disait que par exemple pour apprendre à lire, c'était à la fin du CP.
03:29 Maintenant, on nous dit qu'on s'interroge au début de la sixième. - Ça finira au bac. - Et ça, il manque de plus en plus.
03:36 - Là, pardon, les chiffres qui sont donnés, c'est pour la quatrième. - C'est pour la quatrième, oui.
03:39 - La quatrième, en quatrième, au moins la moitié des élèves n'ont pas le niveau requis normalement pour la quatrième.
03:44 - Avant, on ne passait pas, on ne quittait pas le CP sans savoir lire. Mais quand on supprime tout redoublement en pensant que les difficultés finiront par s'aplanir tout seul,
03:53 c'est une hérésie et finalement, on met des jeunes dans des grandes difficultés. Et ce que vous rencontrez dans l'entreprise, on le voit de plus en plus.
03:59 Dans les universités aujourd'hui, on a remis des cours d'orthographe et des dictées dans certaines universités parce qu'en fait, on arrive à l'université sans savoir écrire.
04:07 Et il y a de plus en plus d'entreprises qui ont recours, elles aussi, à des formateurs en orthographe parce qu'effectivement, ça devient un véritable danger.
04:14 - Deux choses. Ce qu'on a vu aussi, c'est qu'on a des problématiques de moyens dans certaines zones notamment.
04:21 On a de plus en plus de parents qui sont dans l'incapacité à accompagner aussi leurs enfants dans ces apprentissages et il faut savoir compenser tout ça.
04:30 Ces moyens-là, premièrement, ils manquent. Deuxièmement, ce qu'on voit aussi, c'est que ces difficultés, quand on les retrouve dans des situations d'échec,
04:38 ces gamins qui n'ont effectivement ni redoublé le CP ni le CE1 et qui continuent, globalement, ce décrochage, ils ne sont même pas décrocheurs, ils n'ont jamais accroché l'école.
04:47 Donc avant, il y avait la possibilité potentiellement, je vous parle d'une époque que moi-même je n'ai pas connue, mais on avait la possibilité de les rattraper
04:55 sur des circuits qui étaient plutôt manuels et ils entraient sur le marché du travail et petit à petit, en fait, se formaient.
05:00 Ce système-là, aujourd'hui, je ne vais pas remettre en question le collège unique, il est de plus en plus difficile.
05:05 Et on voit que même si aujourd'hui, on voit l'apprentissage qui revient, le problème, c'est qu'on est dans une société où le rapport à l'écrit est devenu primordial.
05:13 Pourquoi ? Parce qu'il y a ça et qu'en fait, on écrit tout le temps.
05:16 Et que du coup, ce qui était potentiellement invisible, je rappelle juste, en France, c'est un quart, quasi, entre un cinquième et un quart des Français
05:24 qui sont en situation d'électrisme fonctionnel, c'est-à-dire qu'ils peuvent bricoler, voilà, on reçoit ce genre de mails,
05:30 mais malheureusement, ils ne sont pas en capacité, en fait, de vraiment structurer et ce rapport à l'écrit, aujourd'hui, parce qu'on est dans l'outil numérique,
05:37 crée énormément de fractures, crée des gaps absolument énormes et il va falloir travailler là-dessus.
05:43 C'est aussi une question d'accès au droit parce que les administrations, aujourd'hui, ne sont essentiellement sur le numérique.
05:49 - Et vu ce que vous dites, je repense au message que vous avez montré tout à l'heure, je suis persuadé que la personne qui vous a envoyé ce message-là avec ses fautes,
05:54 elle le sait et il y a de grandes chances pour qu'elle en souffre aussi.
05:57 - En tout cas, sûre, elle en souffre parce qu'on sent effectivement, quand on leur demande, par exemple, de rédiger quelque chose,
06:02 moi, la plupart des gens qui travaillent chez moi sont issus de l'apprentissage et donc ils sont confrontés à un moment, effectivement, à l'écrit,
06:07 à faire un entretien avec quelqu'un pour cerner ses besoins et donc si à partir de là, vous n'arrivez pas à exprimer ou à poser correctement une question,
06:14 nous, on se retrouve à former des gens, parfois, pendant 4 à 6 mois juste pour ces missions-là, donc ça a un coût énorme.
06:19 - C'est vrai que la même phrase prononcée au téléphone, on n'entend pas les fautes, on l'écrit, on voit les fautes.
06:23 Le numérique révèle les fautes et empêche l'apprentissage parce qu'ils sont bombardés d'images, ils ne font pas l'effort, les petits, d'apprendre à lire,
06:29 ils ne sont plus dans la civilisation Gutenberg. Moi, je vais plus loin que Nora, je pense qu'il faut remettre en cause le collège unique.
06:34 Je pense que 80% d'une génération au bac, c'était un objectif stupide, il faut 50%, pas plus, mais il faut 100% d'une génération accompagnée vers une place dans la société.
06:43 Et on prend le temps qu'il faut pour que les gamins, à 8 ans, à 10 ans, à 12 ans, à 14 ans s'il le faut, maîtrisent l'essentiel,
06:50 lire et écrire, le fondamental un peu plus, les fondamentaux, les sculptures générales, pour après trouver leur place dans la société.
06:55 - Et bien alors, dans ce cas-là, réhabilitons le métier manuel.
06:57 - Ah mais bien sûr, bien sûr, ça commence par là et glorifions ceux qui trouveront leur chemin.
07:02 Ça arrive, on y a réussi sur l'artisanat d'art, on a du mal à aller plus loin, mais ce qui se passe sur l'apprentissage est bon.

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