Eve Ruggiéri : "Maintenant je dis oui, sachez le"

  • l’année dernière
Avec Eve Ruggiéri, animatrice

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##SUD_RADIO_MEDIA-2023-11-15##

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Transcription
00:00 Le 10h30 Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Anzmann.
00:06 Bonjour à toutes et à tous, bonjour Gilles. Bonjour Valérie.
00:09 Bonjour Evry Thierry, merci d'être avec nous ce matin, on est ravis de vous recevoir.
00:13 Vous êtes une légende de la radio, de la télévision.
00:17 Et vous publiez un très beau livre, "Au cas où je mourrais", ce sont vos mémoires.
00:22 Le titre est culotté.
00:24 Oui, le titre est culotté.
00:25 Pas d'accréditeur, pas dit "oh là là, ça va être angoissant".
00:28 J'ai essayé de rire, parce qu'il est plutôt positif mon éditeur.
00:32 Mais j'ai vu des gens qui me disaient "oh c'est un peu triste, vous n'allez pas nous quitter maintenant".
00:37 Et j'ai dit "mais l'idée ce n'est pas du tout ça".
00:39 Parce qu'on n'a pas le droit de mettre un point d'interrogation sur une couverture.
00:43 Ah bon ? Pourquoi ?
00:44 Oui, c'est ce qu'on m'a dit.
00:46 Et donc je mets à l'intérieur, évidemment, c'est une jeune aristocrate, au 18ème siècle,
00:53 qui avait commencé son journal comme ça, "Au cas où je mourrais",
00:56 mais c'était la Révolution, donc effectivement, il y avait quelques possibilités de passer à la guillotine.
01:02 Ce qui n'est pas mon cas, j'espère en tout cas.
01:04 Mais je me suis dit que c'était amusant, et que voilà, ça laissait ouvert à plusieurs possibilités.
01:11 Et c'est un livre qui n'est pas du tout triste, on peut le dire.
01:14 Ce sont des tranches de vie, des petits chapitres extrêmement bien troussés,
01:19 comme on dit, des rencontres qui ont gelonné votre vie, des événements.
01:24 On parle beaucoup télé, hein ?
01:25 Oui, il y a pas mal de télé, Eliane Victor...
01:28 Eliane Victor, oui. Moi j'ai été formée par trois personnalités très fortes.
01:33 Pierre Vigne pour France Inter, qui a dirigé France Inter au grand moment des sondages fabuleux.
01:40 Ensuite, Eliane Victor pour la télévision, et Pierre Degraux pour la musique classique.
01:46 Donc, difficile d'avoir de meilleurs profs.
01:48 Comment vous expliquez qu'il n'y ait plus du tout de musique classique à la télé française ?
01:52 Je sais pas, quand je suis optimiste, je me dis que je suis remplaçable,
01:56 et puis ça me fait beaucoup rire tout de suite, merci !
01:59 Et je pense que, déjà, moi je suis partie, en fait ça a duré 28 ans, à musique classique,
02:04 musique au chœur, et je suis partie quand le service public a commencé à s'ouvrir avec des sociétés privées.
02:13 C'est-à-dire que Musique aux Chœurs, qui était du service public,
02:17 a été produit avec une société de deux garçons extrêmement sympathiques,
02:21 mais qui n'avaient pas les moyens, ou en tout cas qui calculaient, eux, leurs marges,
02:26 pas sur l'or versé au service public, "or" entre guillemets, parce que c'est jamais assez.
02:32 Et donc, j'étais habituée à un tel luxe, on avait quatre caméras quand c'était nécessaire,
02:37 les meilleurs preneurs de son, les meilleurs éclairagistes...
02:41 Et puis ça coûte cher aussi d'avoir des musiciens, d'avoir un orchestre...
02:44 Voilà, donc je me suis dit que je préférais laisser ma place.
02:50 Bon, ça faisait 28 ans, je pouvais décemment me reposer un peu.
02:53 Il y a Anne Sinclair avec Fauteuil d'Orchestre, et puis il y a Claire Chazal avec Le Grand Échiquier...
02:59 Qui sont toutes les deux merveilleuses, mais...
03:01 Ça mélange plein d'autres musiques, Claire Chazal...
03:04 Pas Anne Sinclair, Fauteuil d'Orchestre, c'est vraiment de la musique classique, mais c'est très peu régulier.
03:09 Je crois qu'elles ont que deux émissions par an, grosso modo.
03:11 Moi c'est trois fois, trois fois.
03:12 Moi c'était toutes les semaines, 1h15 toutes les semaines.
03:16 Et vous pensez que les gens écoutent moins de musique classique ?
03:19 Je crois pas, je crois pas.
03:21 Parce que nous, notre public, c'est vraiment des gens qui aiment la musique classique.
03:25 Et puis tous ceux que pendant des années, j'ai amené vers ce genre-là, qui leur paraissait, Dieu sait pourquoi, inaccessible.
03:32 Et qui se retrouvent... Moi je viens de Brive pour le festival, la foire du livre.
03:38 Et qu'est-ce qu'on vous a dit ?
03:40 Pourquoi vous revenez pas ? Mais qu'est-ce qui vous a pris de partir ? Mais on n'a plus rien.
03:46 Et à la radio d'ailleurs c'était pareil. Grosso modo, les gens de radio, de radio classique, j'ai quitté.
03:53 Je devais rester un an.
03:55 Oui, c'est ce que vous racontez dans le livre. Vous aviez dit "ok, mais elle racontera, durez-vous terminé pendant un an ?"
03:59 Vraiment, ils m'ont poursuivi. Le directeur de l'époque m'a poursuivi jusqu'à Aix en Provence, où je devais travailler pour le festival.
04:06 J'étais en train de déjeuner, je le vois arriver, je l'avais déjà dit non au moins 10 fois.
04:10 Et puis vous avez accepté pour un an et puis ça a duré...
04:13 Cette radio est une radio tellement agréable pour la musique classique, ce n'est que de la musique classique.
04:18 Donc il y a quand même des espaces encore aujourd'hui. Stéphane me dit qu'il y a aussi Arte qui régulièrement diffuse des concerts.
04:26 On va passer au Zapping.
04:28 Alors peut-être poser la question à Eve, est-ce que vous regardez la télévision ?
04:35 Moi en ce moment, parce qu'il y a des images qui me plongent dans un désespoir total, qui me rendent malade.
04:41 Et donc j'essaie de ne pas entrer là-dedans. Je sais ce qu'il se passe entre Israël et la Palestine.
04:50 Je suis parfaitement au courant parce que c'est une histoire qui dure depuis tellement longtemps et qui ne pouvait que tourner comme ça quand on y réfléchit.
04:57 Et donc je ne veux pas voir ça.
04:59 Mais vous pouvez regarder d'autres émissions ?
05:02 Non, oui, si je regarde beaucoup les films de fiction.
05:05 Oui, alors là ça fait beaucoup rire ma famille parce que j'adore les films de Kung Fu.
05:11 Donc ils sont catastrophés, ils me regardent comme une débile profonde, ce que j'accepte.
05:17 De temps en temps, ils essaient de me couper mon film en plein milieu pour voir, côté de mon compagnon, un match de foot.
05:24 Pour les autres, c'est plutôt...
05:26 Non, je regarde une émission dont je ne sais pas le nom évidemment, qui est vraiment très bien faite justement.
05:32 Alors je préfère regarder des débats intelligents sur ce problème actuel qui nous concerne tous, plutôt que des images...
05:41 Allez, Gilles Lezapine alors.
05:43 La marche contre l'antisémitisme n'arrête pas de faire débat depuis dimanche dans les médias.
05:49 Hier, il y avait une petite musique. Pourquoi il n'y avait pas de musulmans dans cette marche ? Petit Zapin chez Quotidien.
05:57 Ce qui frappe pendant la manifestation d'hier, c'est l'absence de nos compatriotes de confession musulmane.
06:03 Il manquait la France insoumise, mais il manque quelqu'un d'autre, c'est la communauté musulmane.
06:06 Je n'ai pas vu beaucoup de musulmans pour employer un doux euphémisme.
06:10 Pour moi, il y avait un grand absent dans cette manifestation, c'est la communauté musulmane.
06:13 Cette marche était magnifique, il manquait beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde. Et je sais très bien à qui je fais allusion.
06:19 Ils étaient très minoritaires, mais on ne peut pas dire qu'ils n'étaient pas là. Ce que dit Jurgen, c'est rien.
06:22 C'est sidérant d'être là.
06:24 Mais continuez.
06:25 Une religion s'est marquée sur le visage ?
06:26 Interrogé sur la question à la sortie de l'Elysée, où il était reçu avec les représentants des cultes par Emmanuel Macron,
06:31 le grand rabbin de France a refusé de rentrer dans la polémique.
06:34 Il y avait des musulmans dans la marche.
06:36 J'allais dire à ces deux, personne n'avait à montrer un certificat de baptême ou de sa concision pour participer à cette marche.
06:42 Une parole saine du rabbin à la sortie de l'Elysée.
06:46 On a été surpris, Valérie, par les répétitions de la question sur le Hamas à Daniel O'Bonho par Jean-Jacques Bourdin.
06:53 Vous avez répété la question une dizaine de fois.
06:56 En fait, c'est une pratique journalistique qui est très ancrée aux Etats-Unis et en Angleterre.
07:01 Il serait une star en Angleterre, notre Jean-Jacques.
07:04 Hier, je ne sais pas si vous avez vu, le journaliste Piers Morgan recevait le débuté Jeremy Corbyn,
07:09 qui est un peu le Jean-Luc Mélenchon anglais, qui a été plusieurs fois épinglé pour son antisémitisme.
07:14 Vous savez combien de fois il a posé la question "Est-ce que le Hamas est terroriste ?" ?
07:17 - 26 fois, non ? - 15 fois.
07:19 Écoutez, rien d'extrait.
07:20 - Vous pouvez les appeler un terroriste ? - Piers, vous répétez.
07:23 Non, c'est mon défilé, vous répétez ma question.
07:26 - Est-ce que le Hamas est un terroriste ? - Écoutez, je peux...
07:29 - Est-ce qu'ils sont un terroriste ? - Piers, je peux...
07:32 - Répétez la question ! - Je peux parler ?
07:34 - Est-ce qu'ils sont un terroriste ? - Si vous laissez moi parler...
07:36 - Est-ce qu'ils sont un terroriste ? - Si vous laissez moi parler, je vais dire quelque chose.
07:38 - Allez-y. Est-ce qu'ils sont un terroriste ? - J'ai dit ça parce que c'est une partie du processus.
07:42 - Est-ce qu'ils sont un terroriste ?
07:44 - Ils ont copié Jean-Jacques.
07:47 - Ils ont copié Jean-Jacques, c'est exactement ce qu'il a fait.
07:49 - Mais oui, c'est incroyable. - Ils ont éridé le son.
07:51 - Mais oui, voilà.
07:52 À la mairie de Paris, le combat de Rachida Dati, et oui, contre Anne Hidalgo.
07:57 Alors, elles sont remontées sur le ring, nos deux politiques.
08:01 Mais cette fois-ci, Anne Hidalgo a donné le premier repercute.
08:05 Pas encore dans les cordes, Rachida Dati a répondu dans le quotidien.
08:08 - Vous avez convoqué la presse pour qu'il y ait un show.
08:12 - Voilà, vous êtes, messieurs, mesdames, les journalistes, convoqués au Dati Show.
08:16 Depuis ce matin, je reçois des messages, alors, alors, alors, le Dati Show.
08:22 - Vous assumez le Dati Show ?
08:24 - Non, parce que vous savez, c'était une séance sérieuse.
08:26 Ce conseiller de Paris, il est consacré au débat de l'organisation budgétaire.
08:29 - Ça ne vous a pas fait rire ?
08:30 - Ah non, moi, j'ai fait une intervention, franchement, structurée, technique.
08:35 Madame Hidalgo dit, pas de voiture, elle éteint le chauffage à 15h à la mairie.
08:41 Que des contraintes et des astreintes.
08:43 Et puis, et elle, 41 tonnes de bilan carbone.
08:47 Enfin, il faut arrêter.
08:48 - Bon, mais, est-ce que vous suivez Rachida Dati ?
08:54 - Absolument.
08:55 - Ça vous amuse ?
08:56 - Absolument, mais je suis partagée, parce que, contrairement à la plupart des Parisiens,
09:01 je n'ai rien contre Hidalgo.
09:03 Je trouve qu'elle a hérité un Paris qui n'avait pas été restauré depuis la nuit des temps
09:09 par son prédécesseur.
09:11 Qu'elle s'est appuyée toutes les conduites souterraines,
09:15 enfin, tout ce qu'il fallait refaire d'urgence.
09:18 Et que tout le monde lui en veut, parce qu'on circule mal, évidemment,
09:21 quand on fait des travaux, on circule mal.
09:23 Voyons voir si les délais seront tenus.
09:25 Quant à Rachida, je l'adore, parce qu'elle a franc parlé.
09:28 Je suis sûre qu'elles pourraient être copines toutes les deux,
09:31 mais bon, ce n'est pas le cas pour l'instant.
09:32 - Je pense qu'elles l'ont été à un moment.
09:34 - Peut-être, oui.
09:35 - Je l'ai regardée hier sur TV Montecarlo,
09:40 où elle était formidable, parce qu'elle ne peut pas mentir.
09:43 Quand on lui a dit "Mais alors, qu'est-ce que vous pensez des mesures prises
09:47 par votre famille politique ?
09:49 Vous trouvez que c'est une bonne idée, l'histoire de ne plus pouvoir servir
09:52 Descartes pour se ravitailler ?
09:54 Elle a fait "Oui, enfin, moi je leur avais dit".
09:57 "Mais vous, qu'est-ce que vous pensez ?"
09:59 "Ah ben, moi je suis contre, j'adore".
10:01 - Elle a dit "Moi, je ne peux pas mentir, j'ai toujours dit les choses".
10:04 - C'est quelqu'un qui est très sincère, qui a une énergie.
10:07 Vous imaginez le parcours qu'elle a.
10:09 Il suffisait de regarder le très beau film qu'il a suivi,
10:12 qui s'appelle, je crois, "Un arabe à la télévision".
10:15 - Oui, qui était un documentaire.
10:17 - Formidable !
10:18 - "Les arabes à la télé française".
10:19 - Formidable, parce qu'on comprend ce qu'était...
10:21 - Toute l'évolution, et l'arrivée dans les médias.
10:23 - Et la honte de les avoir reçus comme ça.
10:25 - Exactement.
10:27 Je ne sais pas quelle audience ça a fait d'ailleurs sur "Le Quotidien".
10:30 C'était produit par les équipes de "Quotidien".
10:32 - Alors, ça a été évoqué ce matin dans la matinale de Patrick Roger.
10:35 Vous connaissez le nouveau phénomène chez les John's, Valérie ?
10:38 - Le tabac, c'est ça ?
10:40 - Oui, vous avez écouté la matinale.
10:42 - Le tabac chiquet qui se met dans les...
10:44 - Quand on est journaliste, il faut goûter, on ne sait pas trop quoi.
10:47 - Absolument, exactement.
10:48 Et maintenant, c'est des petites perles, vous savez, comme dans le thé,
10:51 qui se lâchent et qui lâchent de la nicotine.
10:53 Alors, ça fait un tabac dans l'hélicycle.
10:55 - C'est une très mauvaise idée.
10:57 - Petit reportage sur BFM.
11:00 - Ce sont des petits sachets de nicotine à laisser dans la bouche
11:03 et qui libèrent comme ça.
11:05 Alors, ça ne fond pas exactement à l'intérieur.
11:07 La substance fond effectivement et ça libère de la nicotine.
11:10 De plus en plus de jeunes, et même de très jeunes les ont testés.
11:13 Témoignage à la sortie d'un établissement scolaire.
11:15 On est dans un collège ou un lycée.
11:16 - Ça nous arrache un peu la gencive.
11:18 Et ensuite, ça va faire un peu tourner la tête, tout ça.
11:20 - Ça permet d'être plus discret avec la cigarette.
11:21 - J'en ai déjà pris quelques fois.
11:22 - C'est frais dans la bouche, la tête qui tourne un peu.
11:24 - Il y en a partout, en bas, de l'autre côté, là-bas.
11:26 - Oui, partout il y en a.
11:28 - Oui, c'est répandu.
11:29 Ça se vend sur Snapchat.
11:30 Ça se vend sur Snapchat et les gens achètent.
11:33 - Pathétique.
11:34 - C'est terrible.
11:35 - C'est pathétique.
11:36 Le lobby du tabac, c'est pathétique.
11:39 - Oui, c'est dramatique.
11:40 - Et il y a presque deux fois plus de nicotine dans ces billes
11:43 que dans une cigarette.
11:45 - Donc ça crée une addiction encore plus forte.
11:47 - Parce qu'il n'y a que de la nicotine, il n'y a aucun tabac dedans.
11:49 - Mais comment on peut laisser ça en vente ?
11:51 - Déjà, il y a eu l'époque, ces petites cigarettes
11:53 que les jeunes fumaient et qui ont été interdites.
11:55 Je ne sais pas où ça en est.
11:57 - Pour l'instant, les postes sont...
11:59 Je vais dire une bêtise, je ne vais rien dire.
12:01 - C'est en vente.
12:02 - Je crois que c'est toujours en vente.
12:03 - Ça devait être interdit.
12:05 Sinon, l'Arabe dans le Poste sur TMC hier a fait 652 000 téléspectateurs,
12:09 3% de parts de marché, précédée par Laurent Gérard sur C8
12:13 avec 700 000 téléspectateurs, 705 000.
12:17 Et Sunkata pour BHL avec son document "L'Ukraine au cœur"
12:22 qui a rassemblé 700 000 téléspectateurs.
12:25 C'était irregardable, franchement.
12:27 C'était irregardable.
12:29 - À la femme de musique que vous êtes, je ne sais pas si vous regardez les talent shows.
12:33 Hier, il y a eu de l'émotion sur M6 avec un jeune chanteur
12:36 qui s'appelle Cobalt, qui était dans "Incroyable talent".
12:39 Il faut noter qu'"Incroyable talent" est la seule émission
12:41 qui laisse la possibilité aux gens de présenter leurs compositions
12:44 et pas faire ce qu'on appelle des reprises.
12:46 Cobalt a écrit une chanson après sa rupture.
12:49 Le jury a été touché.
12:50 Guitare, voix.
12:52 - C'est pas très juste.
13:00 C'est aigu.
13:04 Faut pas le dire.
13:09 - Vous êtes à l'antenne.
13:11 - Non, je trouvais que son aigu il déraillait un peu.
13:14 Mais il a une voix de contre-tête.
13:18 - C'est une vieille.
13:20 - À chaque musique, chaque morceau, vous êtes...
13:37 - Parce qu'il a été juste.
13:39 Le premier, c'est le track.
13:40 - Ça vous plairait de faire partie d'un jury de moi ?
13:43 - Vous seriez incroyable.
13:45 - J'aurais des choses à dire.
13:46 - Je trouve qu'ils sont tous un peu...
13:48 un petit peu comme ça...
13:50 - C'est-à-dire ? Un petit peu comment ?
13:52 - On a l'impression parfois qu'ils se sont un peu entendus avant.
13:55 - Ah oui.
13:56 - Vous seriez incroyable.
13:57 - Je vous en prie.
13:58 - Vous accepteriez de le faire ou pas ?
14:00 - Absolument.
14:01 Moi, ça m'amuserait beaucoup.
14:03 - Je trouve que ce serait formidable.
14:05 Une aventure de plus pour le tome...
14:06 - J'ai passé ma vie à auditionner des voix.
14:10 - Absolument.
14:11 - Donc je connais ça très très bien.
14:12 - Ce sera pour le tome 2 de vos mémoires.
14:15 On se retrouve dans un instant avec Eve Ruggieri.
14:17 Au cas où je mourrais, ce sont vos mémoires.
14:20 Une partie de vos mémoires chez Flammarion.
14:22 C'est un livre qui est, contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre,
14:27 extrêmement joyeux et drôle.
14:30 A tout de suite.
14:42 - Notre invité du jour, c'est la merveilleuse Eve Ruggieri.
14:45 - Pas toujours.
14:46 - Oh si, vous avez accompagné toute une génération de Français,
14:52 que ce soit sur France Inter, avec vos portraits.
14:55 - Eve raconte.
14:56 - Eve raconte.
14:57 Vous avez été à la télévision pendant de très nombreuses années.
15:01 On a évoqué Musique au coeur.
15:02 Et vous avez écrit de très nombreux ouvrages aussi, des biographies.
15:06 Et là, cette fois-ci, c'est la vôtre.
15:08 Ce sont vos souvenirs que vous racontez.
15:12 Qui vous a convaincu de le faire et pourquoi ?
15:13 - Mon éditeur.
15:14 Guillaume Robert, chez Flammarion, m'a dit
15:18 "Vous racontez toujours la vie des autres,
15:21 peut-être vous pourriez raconter la vôtre."
15:23 Je ne dis jamais de la vie.
15:24 Et comme il est très persuasif, je me suis lancée timidement.
15:28 Je ne raconte pas tout.
15:30 - Non, vous ne racontez pas tout.
15:31 Je le dis pour nos auditeurs, ce sont des petits chapitres,
15:34 très différents les uns des autres,
15:36 de rencontres qui ont marqué votre vie ou d'événements.
15:38 Vous racontez l'arrivée de votre fille.
15:41 Vous vous êtes rendu compte à 5 mois que vous étiez enceinte.
15:43 - Oui.
15:44 - Et vous ne le saviez même pas.
15:45 - Je suis très distraite.
15:46 - Voilà.
15:47 Donc il y a des épisodes comme cela.
15:49 Et puis il y a ces rencontres fabuleuses.
15:51 - Oui, j'ai eu beaucoup de chance.
15:52 - Oui, la chance.
15:54 - Un peu dans tous les domaines d'ailleurs.
15:55 Parce que les gens m'attendent beaucoup dans la musique classique.
15:57 Et en fait, je parle de beaucoup d'autres personnalités
16:01 qui n'ont rien à voir avec la musique classique.
16:03 J'ai eu le bonheur de rencontrer,
16:06 avec lesquels j'ai tissé des liens d'amitié.
16:08 C'est vrai que ça enrichit la vie.
16:10 - Et en cas où je mourrais et que je serais au paradis,
16:12 j'aimerais retrouver qui ?
16:14 - C'est compliqué.
16:19 C'est compliqué, c'est vraiment quand on me demande...
16:22 - Je parle professionnellement, évidemment.
16:24 - Professionnellement, alors Beethoven.
16:26 Il était très sexy.
16:28 - C'est vrai ?
16:29 Il était beau, il était sexy ?
16:30 - Un jour, sur cette excellente radio classique,
16:33 j'ai dit, si je devais choisir un copain,
16:37 je choisirais Mozart et un amant, Beethoven.
16:40 Et j'ai reçu une lettre d'un monsieur très digne
16:43 qui a dit "Madame Ruggieri, comment parlez-vous sur une antenne
16:46 où les enfants peuvent écouter ?"
16:48 Je lui ai dit "Vous savez maintenant, les enfants,
16:50 un amant, ils savent ce qu'est."
16:52 - Vous lui diriez quoi, Beethoven, au paradis ?
16:55 - Je lui dirais qu'il a métamorphosé ma vie,
16:58 comme d'ailleurs Jean-Sébastien Bach, Mozart,
17:01 mais pas seulement, Ravel.
17:03 J'ai pu écouter Ravel pendant des heures entières.
17:06 - Mais vous les connaissez tous, ce morceau ?
17:08 - J'en connais beaucoup, oui, mais vous savez,
17:11 il arrive un moment où on en a tellement écouté
17:14 que de temps en temps, je me rappelle,
17:16 on m'avait fait un blind test,
17:18 ce qui est une chose épouvantable.
17:20 D'ailleurs, moi, je panique dès qu'on me demande
17:23 de reconnaître qui est... et même les personnages.
17:26 Et on ne sait plus.
17:28 On ne sait plus, on se dit "Qu'est-ce que c'était ça ?"
17:30 Puis dans un seul coup, on se dit "Oui, c'est le final
17:32 du Concerto Italien de Bach."
17:34 Mais il y a un moment où tout se mélange un peu,
17:37 parce qu'en plus, j'ai réécouté beaucoup de choses,
17:40 parce que j'en parlais dans le livre,
17:42 un petit peu quand même.
17:44 Donc, je ne sais pas, oui.
17:46 Richard Strauss, j'ai une passion pour Richard Strauss.
17:49 - Oui, c'est difficile.
17:51 - C'est génial.
17:53 - Difficile de choisir.
17:55 - Vous savez, c'est le surnom que vous a donné Jean-Louis Guillot,
17:58 qui était le PDG de TF1,
18:00 et vous avez animé effectivement cette émission
18:02 qui était les rendez-vous du dimanche,
18:04 qui n'avait pas grand-chose à voir.
18:06 - Ah non, je n'y connaissais rien du tout.
18:08 - Et on vous a donné...
18:10 - Tout le monde voulait remplacer Michel Drucker, sauf moi.
18:13 Donc, je veux dire, Jean-Louis Guillot,
18:15 qui venait de la marine, avait été officier de marine assez sévère,
18:18 il avait une brosse bien taillée, comme ça.
18:21 Et je lui ai dit "Écoutez, je vais réfléchir,
18:23 donnez-moi quinze jours", il m'a dit "Vous avez 48 heures,
18:25 tout le monde veut le faire sauf vous, alors arrêtez."
18:28 Donc je suis rentrée à la maison en me disant "Je sais pas",
18:30 et tout le monde m'a dit "Comment tu sais pas, mais il faut le faire, vas-y."
18:33 Et puis j'ai appris les cachets de Michel Drucker,
18:36 je me dis "Oui, dans le fond c'est pas bête,
18:38 parce que la musique classique, on ne gagne pas beaucoup d'argent."
18:41 - Et donc cette aventure a duré, pardon Gilles, un an.
18:44 - Oui, alors la première a été désastreuse,
18:47 j'avais un crack fou,
18:50 et j'étais à côté de cet homme comédien magnifique,
18:54 je ne me rappelle plus le nom, vous voyez les noms et moi,
18:57 qui me regardait un peu apitoyée devant mon trac.
19:02 - Devant votre trac.
19:03 - Et puis c'est quand ça a commencé à marcher très très bien,
19:06 que des groupes m'appelaient en me disant "Madame Ruggieri",
19:09 d'abord ils m'engueulaient,
19:11 parce qu'à l'époque il n'y avait pas le téléphone à la campagne,
19:14 sauf chez le forgeron.
19:17 Et on me disait qu'un monsieur d'Aisne-Groupesse,
19:20 et moi ça me disait avec l'accent gascon,
19:23 donc je n'y étais pas allée, il m'a dit "voilà,
19:25 tu viens d'être nommée présidente."
19:27 - Vous parlez justement dans ce petit chapitre "La femme pressée"
19:31 des critiques qui étaient terribles,
19:34 Télérama vous allumait, allumait Chancel,
19:37 et des groupes un jour vous ont dit "mais pourquoi vous entêtez-vous
19:40 à leur adresser vos émissions, qu'ils les regardent comme tout le monde à la télévision,
19:43 et s'ils ne les aiment pas qu'ils ne les regardent pas,
19:46 donc à partir de ce moment-là vous n'avez plus envoyé les émissions ?
19:49 - Non, j'ai arrêté, ça n'a rien changé au sondage.
19:51 J'en ai déduit que les lecteurs de Télérama
19:54 ne partageaient pas forcément l'avis de leurs critiques.
19:57 - Ou n'avaient pas forcément la télé.
19:59 Comment vous expliquez l'image des ténors,
20:02 qu'on voit toujours avec une grande cape, qu'on les voit toujours capricieux,
20:06 est-ce que c'est la réalité ? Pourquoi les ténors on a l'impression
20:09 qu'ils sont intouchables, capricieux, qu'ils font
20:12 "je veux ça, je veux ci dans ma loge" ?
20:15 - Ils comprennent aussi les colorateurs, surtout qui ont ces voix aériennes,
20:19 pour la Reine de la Nuit par exemple, avec des aigus stratosphériques.
20:23 Je crois que ce n'est pas des caprices, moi j'ai travaillé quand même
20:26 presque 50 ans avec eux, et c'est tellement difficile.
20:30 On a pour instrument deux petits morceaux de chair,
20:34 de part et d'autre, de la gorge, qui sont fragiles,
20:37 comme ce n'est pas possible, on ne peut pas fumer,
20:39 on ne peut pas boire d'alcool, on ne peut pas se mettre au soleil
20:41 avant de chanter, etc.
20:43 Ils ne sont jamais sûrs qu'il n'y aura pas une microscopique goutte de salive
20:47 qui va tomber sur la corde vocale et couper net le son.
20:51 Et contrairement à ce qui se passe avec les instrumentistes,
20:54 s'ils ratent une note, personne ne sait.
20:56 Un chanteur rate une note, il se fait insulter par la salle.
21:00 Parce qu'il y a une telle relation, c'est de la chair à la chair.
21:03 C'est-à-dire que vous transmettez votre instrument qui est dans votre gorge
21:07 à celui qui vous écoute en face et qui a le même instrument,
21:11 quand il ne sait pas se servir.
21:13 Il y a une magie qui s'installe et quand c'est cassé, les gens ne le font pas.
21:17 - Qu'est-ce qu'ils demandaient dans leur loge ?
21:19 Est-ce qu'il y a eu des demandes incroyables ?
21:22 On connaît les stars américaines.
21:24 - On a tout eu.
21:26 Jessye Norman, qui pour moi a été LA grande voix de ce XXIème siècle,
21:31 nous a demandé un jour de repeindre la loge en jaune.
21:36 - Elle est faite ?
21:38 - Oui, on n'avait pas le temps, parce qu'en plus l'odeur,
21:40 je leur ai dit qu'elle ne pouvait pas y rentrer, parce que ce n'était pas bon.
21:43 Donc on a acheté du papier crêpe en jaune,
21:45 et on a tapissé, elle est arrivée, tout était jaune.
21:48 Même le bouquet de fleurs.
21:50 Ah si, elle était contente.
21:52 C'était un test.
21:53 - Et il y a eu quoi d'autre ?
21:54 - Avec Jessye, plein de choses.
21:56 Elle m'a réveillée, on faisait un festival à Marrakech en pleine nuit
21:59 pour avoir un humidificateur d'air.
22:02 Donc je me dis "qu'est-ce que je peux appeler ?"
22:04 J'ai appelé le coiffeur, qui me fait "ah non, nous on n'a pas ça du tout".
22:07 Je lui ai dit "vous n'avez rien qui ressemblerait ?"
22:09 Il me dit "si, il y a un truc pour dilater la peau,
22:11 pour un nettoyage de peau".
22:13 Mais ça ne peut pas durer longtemps, il faut vite éteindre.
22:16 Donc je lui ai remis ça, il m'a dit "oh thank you, so good".
22:20 Bon bref, le lendemain matin, il était cramé,
22:24 donc il n'y a pas eu de nettoyage de peau à la Mamounia pendant une semaine.
22:28 - Allez, on marque une pause et on se retrouve dans un instant
22:31 avec Eve Ruggeri et ses mémoires au cas où je mourrais chez Flammarion.
22:36 A tout de suite.
22:38 Le 10h30, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles An...
22:43 Le Supplément Média.
22:45 - Le Supplément Média avec toujours notre invitée Eve Ruggeri
22:49 pour cette biographie au cas où je mourrais.
22:52 Ce sont vos mémoires formidables, là aussi, cadeau de Noël idéal.
22:58 - Oui c'est vrai, c'est ce que je me suis dit.
23:00 - Mais franchement c'est...
23:02 - Que ça peut amuser les adolescents et les parents.
23:04 - Je pense que c'est plutôt des gens qui ont des souvenirs avec vous.
23:07 - Oui, c'est les télé-télé-té-té qui ont écouté, bien sûr.
23:10 - Mais il y a des choses...
23:11 Enfin, pour les adolescents ou les jeunes adultes,
23:14 c'est vrai que c'est une vie tellement incroyable
23:17 et racontée avec, encore une fois, cette plume d'une légèreté
23:20 et totalement pétillante comme vous êtes.
23:23 C'est vrai que vous avez rencontré des gens,
23:25 Monterlant, vous avez dû raconter cette histoire,
23:27 mais c'est vrai que vous étiez jeune, toute jeune assistante.
23:29 - Ah oui, j'étais assistante de Chancel.
23:31 - Et donc vous vous retrouvez...
23:32 Il y a une interview qui se passe mal, Chancel claque la porte...
23:34 - Oui, il est arrivé en retard.
23:36 Et d'apparence, cet immense écrivain n'était pas très sympathique,
23:42 il était presque aveugle.
23:44 Donc j'entendais qu'il faisait les 100 pas dans l'entrée,
23:47 Chancel n'arrivait toujours pas, donc il a fini par arriver.
23:51 À un moment, il lui a posé une question un peu sur l'homosexualité,
23:55 qui lui a déplu.
23:56 Enfin, je sentais bien que tout ça...
23:57 Puis au moment, Monterlant s'est levé, a dit "Bien, merci beaucoup".
24:01 Jacques lui dit "Mais il nous reste un quart d'heure".
24:04 Il lui a dit "Mais monsieur, vous êtes arrivé avec un quart d'heure de retard,
24:07 bon ben c'est terminé".
24:08 Et il s'est levé, il est sorti.
24:10 Et Jacques, fou de rage, a repris son manteau,
24:13 il est parti en claquant la porte.
24:15 Moi je suis rentrée avec le technicien, on était tous les deux,
24:17 qu'est-ce qu'on fait ?
24:18 Le technicien dit "Bon, moi je ne le connais pas",
24:20 il a rangé ses affaires, il est parti.
24:22 Moi je me suis dit "Je reste pour dire au revoir, qu'il y en ait au moins".
24:24 Et au bout d'un moment, il ne venait pas,
24:27 donc dans ce petit salon, je regardais par terre,
24:29 il y avait des petites statues grecques, romaines, magnifiques,
24:32 il y avait un buste d'un enfant, d'un amour sans doute.
24:37 Et je le prends dans mes mains, juste au moment où la porte s'ouvre,
24:40 et mon tarlin apparaît, et il ne voyait pas bien.
24:43 Donc il me dit "Qu'est-ce que vous tenez dans vos mains là ?"
24:45 Je lui dis "Eh bien, je pense que c'est un petit buste romain",
24:48 et il me coupe la parole, il me dit "Vous aimez ça ?"
24:51 Je lui dis "Oh ben oui, c'est magnifique", il me dit "Ben gardez-le".
24:54 Et moi comme une idiote, la bonne éducation,
24:56 en faisant des manières de l'écouter, ça me gêne beaucoup.
24:59 Je n'ai pas fini de dire "beaucoup", qu'il avait déjà repris,
25:02 en me disant "Très bien, eh bien une autre fois,
25:04 comme ça, ça vous apprendra à dire ce que vous pensez".
25:07 - Et vous avez gardé cette leçon en mémoire ?
25:10 - Je me suis dit, derrière je le dis en avertissement au lecteur,
25:13 maintenant je dis "Oui, sachez-le".
25:16 - Et dans les rencontres, il y a Edmond de Charleroule,
25:19 c'est aussi toute une histoire, parce que vous décrivez quand même
25:23 une histoire incroyable. - Vous avez failli vous faire virer ?
25:26 - Non, non. - Elle a demandé votre tête.
25:29 - Ah oui, mais c'était bien avant ça. - Oui, avant.
25:31 - Entre temps, on était devenus amis, etc.
25:34 Et là, on était à Aix, on s'enravaissait en théâtre,
25:38 on attendait le début de l'opéra,
25:41 et on voit rentrer un couple de jeunes avec un garçon,
25:44 une fille qui avait, elle, un bandeau sur les yeux,
25:46 on voyait qu'il se détachait un peu de sang.
25:48 Et évidemment, tout le monde compâtissait,
25:51 et Marie se déplace pour laisser sa place,
25:53 et j'étais juste derrière Edmond, donc je me lève
25:56 et je vais m'asseoir sur les escaliers qui descendaient vers la Seine,
26:00 et je m'en bavarde avant que la lumière s'éteigne,
26:04 et à un moment, j'entends la voix très, très, très forte
26:09 de cette jeune fille qui dit "N'êtes-vous pas Madame Charleroue ?"
26:13 Et Edmond, tel une duchesse, se retourne sans bouger les épaules,
26:17 juste la tête, et lui dit "Oui, je le suis",
26:20 et elle voit grave, et l'autre lui dit
26:22 "Ah, mais je vous connais très bien parce que j'ai été longtemps
26:24 la maîtresse de votre mari."
26:26 Toute la salle pétrifiée, parce que ça avait vraiment traversé toute la salle,
26:31 Edmond, immobile, et à ce moment-là, Dieu merci,
26:34 la lumière s'éteigne, et à l'entracte, Edmond se retourne vers moi,
26:38 et me dit "Eve, trouvez-moi qui c'est, je veux savoir qui c'est."
26:41 Je lui dis "Mais je ne connais pas plus que vous, débrouillez-vous."
26:44 Et en fait, on a appris, pas ce soir-là, mais bien plus tard,
26:47 que c'était un couple de gamins qui s'amusaient à faire ça,
26:50 et qui en profitaient pour se mettre derrière les officiels,
26:52 pour dire n'importe quoi sur eux.
26:54 - C'est drôle. - Ah, c'est génial.
26:56 - Mais ça, je veux dire que les faits, à l'entracte,
26:59 tout le monde parlait de l'Issan, de l'Opéra, il avait disparu.
27:02 - À un moment, vous avez été à la direction de France 3, vous avez dirigé...
27:05 - Oui, France 2. - France 2.
27:07 Est-ce que ça vous a donné un autre regard sur la télévision ?
27:11 Est-ce que vous avez eu des gens qui venaient demander tout et n'importe quoi ?
27:15 Est-ce que vous avez regretté d'avoir un poste à la direction qui vous a mis...
27:19 - J'ai surtout regretté d'avoir accepté. - Oui, c'est ça.
27:22 - Parce qu'autant, à la radio, j'ai dirigé les programmes de France Inter aussi,
27:25 c'est un... comme ici, je veux dire, vous écoutez une interview,
27:30 vous apercevez qu'on sait pas qui parle.
27:33 Vous prenez votre téléphone de directeur, vous appelez le studio,
27:35 vous dites "j'aimerais bien savoir de qui tu parles là."
27:37 - Les noms. - Prenons son nom, et puis c'est fait.
27:40 À la télé, ça n'en finit plus.
27:43 C'est des dossiers sur des dossiers, j'arrive à 6h le matin,
27:46 j'avais déjà une pile de dossiers à signer,
27:49 et je me suis aperçue, moi je fais pas de politique,
27:51 j'ai des opinions, évidemment, comme tout le monde,
27:54 mais mes parents disaient toujours "quand on est musicien, on fait pas de culture,
27:58 parce que c'est toujours le budget le plus bas."
28:01 Et je me suis aperçue que c'était quand même très politique,
28:05 qu'on le veuille ou non, et puis voilà, c'est comme ça.
28:07 - Ça veut dire que vous êtes en train de nous dire que à votre époque...
28:10 - On vous fait piéger, voilà. - Et qu'à votre époque, à France Télévisions,
28:13 les politiques étaient très interventionnistes ?
28:16 - J'ai jamais eu d'appel, je vais pas dire ça,
28:20 mais vous savez, on se propose,
28:23 c'est-à-dire que les gens qui étaient là, s'étaient proposés d'eux-mêmes,
28:27 on les avait pas appelés pour leur dire, voilà,
28:29 parce qu'ils avaient envie de défendre leurs opinions.
28:32 Et donc c'était très compliqué, c'était tellement compliqué
28:35 qu'au bout d'un an j'ai donné ma démission,
28:37 je suis allée voir le directeur général qui ne m'avait jamais écoutée,
28:41 qui n'avait jamais pris un de mes projets, j'avais réussi...
28:44 - Mais non ! - Jamais !
28:45 J'avais réussi à faire coproduire pour les films, Dieu merci !
28:48 J'avais fait "L'abbé Pierre", il en sort un nouveau,
28:52 qui a l'air très bien,
28:54 j'avais fait sur le castrat, en fait, des films qui ont tous très bien marché,
29:00 mais pour les programmes, c'était...
29:02 Si j'avais ramené, la seule chose que j'avais fait avec le journal,
29:05 c'était de refaire une émission d'information.
29:08 Mais sinon j'ai rien pu faire, et qu'il m'a dit "alors qu'est-ce que vous voulez en dédommagement ?"
29:12 J'ai dit "je veux rien, puisque j'ai rien pu faire".
29:15 Et toute la télévision m'est tombée sur le dos en disant "mais qu'est-ce que tu es ?"
29:19 C'est pas l'expression "conne".
29:21 Toutes celles et tous ceux qui sont partis ont touché quelque chose de dédommagement,
29:25 "qu'est-ce qui te prend ?" Pareil à la maison.
29:27 - Vous avez refait le coup de la statuette ? - J'y arrivais très fière de moi,
29:29 tout le monde m'a dit "mais qu'est-ce que tu es bête ?"
29:31 - Vous avez refait le coup de la statuette ? - Voilà.
29:33 - Vous n'avez pas tiré l'aile sans la statuette ?
29:35 - Je pense que ça m'a valu, auprès des services financiers entre autres,
29:43 qui m'ont dit pareil "mais quelle bêtise",
29:45 ça m'a valu une longévité que je n'aurais peut-être pas eue
29:48 si j'étais partie avec une grosse somme d'argent pour avoir travaillé,
29:51 ou pas travailler pendant un an.
29:53 Mais bon, voilà, ça me paraissait aller de soi.
29:56 - Dans le livre on croise évidemment Vladimir Horowitz,
29:59 Luciano Pavarotti, la Calas...
30:02 - La Calas je l'ai malheureusement...
30:04 - Vous ne l'avez pas connue, mais ça fait partie des personnages
30:06 qui vous ont marqués ?
30:09 - Oui, ça m'a beaucoup intéressée,
30:12 parce que personne n'avait pensé à faire le parallèle
30:14 avec Renata Tebaldi, qui était sa rivale.
30:17 Et quand on regarde leurs deux vies,
30:19 elles auraient pu être amies très intimes.
30:21 Elles ont eu les mêmes drames, les mêmes chagrins,
30:23 la même brillante carrière qu'il y a un moment ou un autre, évidemment.
30:26 C'est terrible quand on ne peut plus chanter.
30:29 - Tous les ténors et tous ces personnages-là,
30:31 ils sont très malheureux en amour en fait ?
30:33 - Oui, parce que ça prend tout.
30:36 C'est ce que je disais tout à l'heure,
30:39 c'est-à-dire que les instrumentistes
30:42 sont peut-être moins pris par ce métier de chanter.
30:48 C'est un tel problème.
30:50 Donc moi j'ai une immense admiration pour eux,
30:53 parce que je me dis, comment peut-on réussir à mener une vie
31:00 où on n'a pas le temps de s'occuper d'autre chose que de son art ?
31:04 En général, on n'a pas d'amant ou de maîtresse,
31:07 on n'a pas d'enfant, on ne les voit jamais.
31:11 - Il y a eu une grande rencontre, celle de Pierre Cardin aussi.
31:14 - Oui, il me manque.
31:16 - Et vous continuez à vous occuper du festival de la Coste ?
31:20 - Alors j'y vais, non j'y vais moi maintenant,
31:23 mais pendant, je crois que ça a duré 20 ans, 22 ans,
31:27 j'ai monté pratiquement tous les opéras de Mozart,
31:31 pas seulement, on a monté des choses,
31:33 Puccini, Verdi, on a fait une programmation merveilleuse
31:36 avec toutes les plus grandes stars,
31:38 mais aussi des débutants, tous ceux que j'ai fait débuter.
31:41 Et ça, c'est un plaisir aussi.
31:43 - Oui, ça a été, en tout cas vous le dites,
31:46 et vous lui témoignez de beaucoup d'affection,
31:49 et aujourd'hui vous continuez à aller avec en Provence,
31:51 Salzbourg, vous dites...
31:53 - Oui, oui, bien sûr, et je fais beaucoup de voyages culturels aussi,
31:57 en Italie, avec Intermed, qui sont des gens formidables.
32:01 - Et quel est le secret de votre forme ?
32:03 Parce qu'on peut le dire, vous avez 84 ans...
32:05 - Je crois que je n'ai jamais rien fait d'excessif.
32:08 Je n'ai jamais fumé,
32:10 si j'ai bu peut-être un petit peu trop de champagne,
32:13 mais ça c'était lié à mon baptême, donc, au champagne.
32:17 - C'est vrai que vous êtes incroyablement en forme...
32:19 - Vous n'avez jamais de cocaïne ?
32:21 - Ah, mais je n'ai jamais fumé de ma vie !
32:23 - Oui, il y a des gens qui ont le goût !
32:25 - Comme vous êtes dans le showbiz !
32:27 - Ça ne se fume pas, ça se renifle, non ?
32:29 - Dans le milieu classique, il n'y a pas beaucoup de drogue,
32:31 pas beaucoup de magasin.
32:33 - Non, mais on ne peut pas ! Comment voulez-vous ?
32:35 J'ai connu des gens qui avaient, comme on dit,
32:38 le nez dans la cocaïne, d'abord ils perdent leurs dents,
32:41 c'est une catastrophe !
32:43 Et puis il y a une addiction, et comment faire après, enfin ?
32:47 Moi, tout ce qui pourrait me devenir indispensable,
32:52 je suis toujours très méfiante.
32:54 - Beaucoup de souvenirs, j'imagine qu'il y en a encore
32:57 beaucoup d'autres...
32:59 - Oui, mais il y en a que je n'ai pas osé écrire !
33:01 - Lesquels ? Dites-nous !
33:03 Par exemple, un de ceux que vous n'avez pas osé écrire,
33:06 ça concernait quoi ?
33:08 - Non, non, mais c'était parfois dans ma vie privée,
33:11 pour ne pas faire de mal aux personnes qui sont concernées,
33:16 je n'ai pas envie de blesser les gens.
33:20 - Qu'est-ce qu'il faut ?
33:22 - Dans mon travail, parfois ça m'ennuie,
33:24 de ne pas oser poser des questions.
33:26 Aujourd'hui, je trouve qu'on pousse trop de statistiques.
33:30 Moi, j'ai eu une chose formidable,
33:32 c'est qu'il n'y avait pas de réseau.
33:34 Il n'y avait pas de réseau, il n'y avait pas de portable,
33:37 quand j'ai débuté.
33:38 J'écrivais des lettres, je me rappelle à 18 ans,
33:41 mon premier amoureux,
33:43 mais j'étais là, je ne dormais pas de la nuit,
33:45 on me disait que j'agressais le facteur.
33:50 C'était des moments latents.
33:53 On dit que le plaisir, c'est l'attente du plaisir.
33:56 Ça se négocie.
33:58 Mais grosso modo, il y a du vrai.
34:00 - Bon, attends, le tome 2, je ne suis toujours pas morte !
34:03 - Ah non !
34:04 - C'est un bon titre !
34:06 - Toujours là !
34:08 - Toujours là, oui.
34:10 On attend le tome 2.
34:11 En tout cas, celui-ci est très réussi.
34:13 "Au cas où je mourrais" sont vos mémoires,
34:15 qui paraissent chez Flammarion.
34:17 Petit chapitre, encore une fois, très enlevé des rencontres.
34:20 Ça fait 3-4 pages maximum.
34:22 - Il y a des choses que j'ai ratées.
34:24 Je trouve qu'il ne faut pas hésiter dans ces cas-là.
34:26 - Qu'est-ce que vous avez raté ?
34:28 - Entre autres, le théâtre.

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