Crise du logement neuf : comment l'expliquer ? Quels sont les constats ? Y-a-t-il des solutions ?

  • l’année dernière
Les Vraies Voix responsables avec François Jolivet, député Horizons de l’Indre et Yannick Borde, président de Procivis, société coopérative d’aménagement et de construction et Jean-Philippe Dugoin-Clément, VP de la région Ile de France en charge du logement et de l’aménagement durable. Maire de Mennecy. Auteur du livre “l’habitat fait le citoyen” publié aux éditions de l’Aube
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##LES_VRAIES_VOIX_RESPONSABLES-2023-11-15##

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00:00 Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France, 19h20, les vraies voies responsables.
00:06 Bienvenue dans les vraies voies responsables, on est ensemble avec Philippe David jusqu'à 20h.
00:10 Au sommaire de cette émission, le projet de budget 2024 adopté vendredi 10 novembre en première lecture de l'Assemblée nationale suscite des inquiétudes
00:18 quant à son efficacité pour résilier la crise du logement qui sévit en France.
00:22 Oui, selon un rapport du député horizon François Jolivet publié en début de semaine,
00:26 les mesures budgétaires inscrites dans la loi de finances 2024 actuelle semblent insuffisantes pour faire face à la crise nationale de la production de logements neufs.
00:34 Et puis les chiffres sont inquiétants, on craint une perte d'emploi entre 550 000 et 300 000 emplois.
00:40 Comment expliquer cette crise ? Quels sont les constats ? Et y a-t-il des solutions ?
00:44 Vous voulez réagir ? Le 0826 300 300.
00:47 On va en parler avec nos invités, forcément l'auteur de ce rapport.
00:53 François Jolivet est avec nous, député horizon de l'Indre. Merci beaucoup.
00:57 Sur la construction et du logement neuf, Yannick Borde est avec nous, président de Procivis.
01:04 Merci d'être avec nous. Société coopérative de promotion d'aménagement et de construction et maire de Saint-Berthevin.
01:11 Merci beaucoup d'être avec nous.
01:14 Et Jean-Philippe Dugoin-Clément qui est vice-président de la région Île-de-France en charge du logement et de l'aménagement durable et maire de Mennesie.
01:22 On vous souhaite la bienvenue, on est ensemble jusqu'à 20h.
01:24 Et donc l'intérêt de comprendre forcément ce que vous avez mis en place, monsieur Jolivet, en tout cas François Jolivet,
01:36 c'est de comprendre finalement aujourd'hui, de faire un constat sur cette crise du logement.
01:41 Alors, j'ai l'habitude de dire qu'il n'existe en France que des crises territoriales de l'habitat et des crises du parcours résidentiel de l'habitant.
01:51 Moi, j'ai alerté en tant que commissaire des finances en charge du rapport du budget du logement et de l'hébergement.
01:57 J'ai souhaité m'attacher à la crise de la production de logements neufs.
02:02 Parce qu'en fait, notre pays connaît aujourd'hui une crise inédite qui n'a jamais été connue de mémoire.
02:08 On a connu des sorties de crises difficiles, guerre du Golfe et Sun Prime, mais là on a une remontée des taux d'intérêt très forte.
02:16 Avec tout ce qui va avec, les assurances d'essais plus les garanties de société de financement.
02:22 Et puis ensuite, on a une crise de l'offre de foncier et on a des promoteurs aujourd'hui, des opérateurs du logement qui sont dans la tourmente.
02:30 Parce que vous savez qu'aujourd'hui, on nous parle beaucoup de mixité sociale et la mixité, on l'avait fait dans les opérations mixtes.
02:36 C'est-à-dire un tiers de logement social, un tiers de logement dit intermédiaire et un tiers d'accession à la propriété
02:42 dans lequel se logeait en fait 60% de dispositifs Pinel.
02:46 Et puis, ça voulait dire que le logement social était déjà vendu à perte aux opérateurs HLM.
02:53 Et en 2022, si j'en crois le rapport d'Emmanuel Kos, président de l'USH, 54% de la production HLM était faite dans les opérations complexes.
03:03 Et comme on a une crise du logement neuf, on va avoir une vraie crise à terme, mais ça ne se verra pas tout de suite.
03:12 Parce que le temps du logement n'est pas le temps des élections.
03:14 Et moi, je suis dans mon rôle, j'ai alerté les membres de la commission des finances, j'alerte le gouvernement, je suis un député horizon, je suis membre par ailleurs de la majorité.
03:22 Mais autant il y a des belles russides par ailleurs sur d'autres dispositifs, autant là, je pense qu'on ne mesure pas les effets de la crise.
03:29 Alors je ne parlerai pas des pertes de recettes pour le budget de l'État, je ne parlerai pas...
03:32 - On va en parler, oui.
03:34 - ...de la dynamique de la fiscalité locale, les DMTO, etc.
03:37 Je pense qu'on va vivre quelque chose d'inconnu comme la crise que nous vivons aujourd'hui.
03:42 - Et Yannick Borde, vous, vous êtes patron de Présidente Procivis, coopérative de promotion, aménagement et construction.
03:48 Vous êtes également maire de Saint-Berthevin.
03:50 C'est la faute à qui cette crise ? C'est les banques ? Elles ne prêtent plus ?
03:54 Ou alors les taux d'intérêt sont trop hauts et donc les gens passent le seuil de 30% d'endettement et ne peuvent plus acheter ?
03:59 On ne dit pas que c'est la faute à Voltaire, c'est la faute à Rousseau, mais quel est le rôle des banques déjà ?
04:04 - Le rôle des banques, je vais revenir, mais la faute ou les causes, elles sont quand même multiples dans cette situation-là.
04:11 Comme le disait François Jolivet, sur l'offre, ce n'est pas nouveau.
04:14 Sur l'offre, ça fait quand même presque 10 ans que ça dure, sur lequel on a eu du mal à faire ce que le Président de la République avait appelé à un moment donné la "choc de l'offre" en matière de logement, qui n'est jamais venu.
04:25 Alors à ça, il y a plein de raisons. Il y a des réticences territoriales, il y a des élus qui hésitent à construire, il y a eu des difficultés aujourd'hui pour sortir les programmes,
04:33 il y a eu une acceptation de la construction immobilière à côté de chez soi qui est compliquée.
04:37 Tout le monde comprend bien qu'il faut du logement, mais si possible pas sur le terrain d'à côté.
04:41 Donc ça, c'est sur le volet offre. Et puis ces derniers temps, notamment avec la crise Covid et la crise ukrainienne, on a vu l'impact des coûts de construction,
04:50 qui ont quand même pris 25-30%, donc voilà, c'est pas neutre. Et c'est enchaîné l'effet taux d'intérêt, qui lui a un effet très très fort aujourd'hui sur la désolvabilisation des ménages en matière d'accession à la propriété.
05:03 C'est pas compliqué, entre ce que vous pouviez emprunter il y a 18 mois et ce que vous pouvez emprunter aujourd'hui si vous voulez payer la même mensualité, vous avez perdu 25 à 30% de capacité d'investissement.
05:14 - Donc vous avez rétabli 30% pour emprunter la même chose. - Ce qui vous permettait d'emprunter 300 000 euros il y a 18 mois, vous ne pouvez emprunter aujourd'hui que 220 ou 230 000 euros.
05:23 Donc c'est multifactoriel, et donc la question c'est comment on en sort. Alors sur le comportement des banques, moi j'ai très vite alerté, il y a plus d'un an, je trouvais que le gouverneur de la Banque de France
05:34 avait quand même une vision assez étroite de la situation du logement, puisque en France il n'existe pas de risque de crise systémique bancaire sur la question du logement.
05:45 On a la particularité d'avoir un pays où à 95% les gens empruntent à taux fixe, ce qui est pour les banques et pour les habitants. Pour les banques c'est un peu moins vrai, pour les habitants.
05:54 - C'est une bonne chose. - Et quand même une sécurité, donc ce n'est pas vrai qu'il y a un risque de bulle bancaire sur l'aspect logement,
06:01 et donc toutes les prévisions qui se sont avérées, portées par le gouverneur de la Banque de France, se sont quand même assez peu réalisées.
06:07 Mais en même temps il y a les contraintes bancaires, ce qu'on appelle le Haut Conseil de la Stabilité Financière qui fixe les règles des 35%, etc.
06:14 - Jean-Philippe Dugois-Clément, vous êtes président de la région Île-de-France en charge du logement et de l'aménagement durable, vous êtes maire de Méncy, commune de Lessonne.
06:21 Est-ce qu'il y a un décalage quand on voit ça entre l'emplacement et l'état des logements vascants et les besoins des citoyens, ce qui expliquerait peut-être la baisse de nombre de mises en chantier ?
06:29 - Oui, pas seulement, moi je rejoins ce qui a été dit en me félicitant pour le coup que des députés de la majorité portent un discours qui est porté par l'ensemble des acteurs de la profession depuis trois ans,
06:39 depuis 2020-2021, on a tous les éléments conjoncturels de cette crise du logement qui s'est profondément aggravée avec la hausse du coût des matériaux en Ukraine.
06:48 La réalité aujourd'hui c'est qu'on est sur une crise multifactorielle, on ne produit pas assez, on produit trop cher et on n'arrive pas à écouler les produits qui sortent aujourd'hui.
06:59 Alors tout ça, il y a une série de choses qui ont été évoquées, la réalité c'est qu'aujourd'hui on a besoin de créer un véritable choc sur le logement et ce qui est énoncé dans le rapport de M. Jolivet,
07:12 c'est effectivement que la réponse budgétaire de l'État est insuffisante mais indépendamment de la question budgétaire, il y a énormément de choses qui peuvent être faites, qui doivent être faites pour relancer du logement.
07:25 En plus on a dans ce pays effectivement un décalage extrêmement fort, vous savez c'est à l'air de dire il y a 30 millions de logements peu ou prou en France,
07:32 il y en a un certain nombre qui sont inoccupés, oui mais ils sont inoccupés dans des zones dans lesquelles il n'y a pas de tension sur le logement.
07:38 La réalité du logement, il dépend énormément des secteurs dans lesquels on se situe, quand on est en Ile-de-France ou dans un certain nombre de métropoles régionales qui ont des croissances démographiques et économiques fortes,
07:49 la question du logement c'est une problématique majeure.
07:52 Et puis fondamentalement, moi quand on parle du logement, j'aimerais quand même qu'on vienne à la base, le logement c'est la question du pouvoir d'achat des Français.
07:59 Le logement dans ce pays c'est le premier poste de dépenses captifs des Français.
08:04 C'est un poste qui n'a cessé d'augmenter depuis 20 ans plus vite que les revenus.
08:09 Et surtout c'est devenu un discriminant entre les Français parce que ce poste logement a augmenté de manière beaucoup plus forte pour les classes populaires et modestes et moyenne que pour les classes supérieures.
08:20 C'est-à-dire que le logement qui était un moyen d'intégration sociale est devenu une source d'explosion sociale.
08:26 Et moi je crois profondément que si on n'est pas capable de relancer la production du logement et de la relancer à des prix acceptables,
08:33 parce que le problème c'est aussi la question du prix de sortie, on a devant nous une bombe sociale à retardement absolument terrible,
08:40 on peut avoir un phénomène type gilet jaune suramplifié.
08:43 Yannick Borde, inciter finalement les Français à rénover leur habitation plutôt que d'acheter du neuf, là on ne voit pas non plus dans le bon sens en fait.
08:51 Je pense qu'il ne faut pas opposer les deux, c'est-à-dire que c'est une tentation en ce moment, c'est de dire il y a du logement vacant, on pourrait peut-être le restructurer et puis en faire du logement occupé.
08:59 Il y a des choses sur le parc existant, je pense que sur le parc existant il y a un enjeu majeur,
09:04 autant moi je suis très critique sur toute action qu'on bute depuis 2017 sur la politique de la construction d'oeuvre,
09:09 autant sur le parc existant il y a quand même des impulsions fortes qui méritent d'être corrigées, qui peuvent être améliorées,
09:14 mais il y a eu une vraie politique de construite, c'était peut-être, on a eu le renforcement de dispositifs de l'ANA, la création de l'imprim'rénov'.
09:20 Donc voilà, il y a une volonté politique. Ce qui manque aujourd'hui, moi il manque deux choses à mon avis.
09:24 Dans ce pays on a pu depuis trop longtemps une vraie politique d'aménagement du territoire.
09:28 Le logement c'est une des composantes de l'aménagement du territoire et quand j'entends parler de réindustrialisation,
09:33 on voit bien aujourd'hui qu'il y a une connexion entre logement et emploi qui devient cruciale, plus forte, qu'on a peut-être, on est tous responsables,
09:40 on l'avait peut-être un peu coupée cette relation-là, elle réapparaît de façon assez forte.
09:44 Et puis il y a un deuxième sujet, une deuxième question qui n'est pas tranchée je trouve, et c'est un petit peu embêtant,
09:48 c'est est-ce qu'on veut dans ce pays favoriser l'accession à la propriété, notamment l'accession sociale à la propriété ?
09:53 En 2018, il y a eu une disposition budgétaire, on s'en était ouvert et opposé avec François Jolivet à l'époque,
09:58 qui était la suppression d'appels à l'accession, qui à mon avis a été un mauvais calcul entre une économie faible du budget de l'État
10:04 et une perte de chantier et d'opérations. Et puis là il y a une menace très très forte sur ce qu'on appelle le Prato Zéro,
10:09 qui va littéralement, j'ai dit, tuer moi l'accession à la propriété.
10:12 - Oui parce qu'on a sorti finalement les maisons...
10:15 - Le Prato Zéro au 1er janvier prochain, on sort 97% du territoire, 93% du territoire qui ne sera plus éligible au Prato Zéro,
10:23 et là où il sera, on le concentre sur le collectif au détriment de la maison individuelle.
10:27 Alors ça après c'est tout l'autre débat sur la maison individuelle sur lequel on reviendra peut-être.
10:30 - François Jolivet, une question, vous qui êtes législateur en tant que député en France,
10:34 les banques n'ont pas le droit de prêter au-delà de 25 ans, a priori, pour des prêts immobiliers,
10:38 en Angleterre c'est 40, est-ce qu'il faudrait augmenter pour baisser le taux de remboursement ?
10:42 - Ah c'est bon ?
10:43 - Mais c'est peu pratiqué.
10:44 - C'est pas pratiqué.
10:45 - Alors si on parle donc de la crise de la dumbante, donc la personne qui ne peut plus emprunter,
10:51 aujourd'hui je ne connais pas de règle qui fixe aux banques le fait qu'elles limitent la durée de l'endettement.
10:57 - A 25 ans.
10:58 - Alors, il y a des pratiques, et après elles renégocient les prêts.
11:01 Moi ce qui me gêne le plus dans la posture bancaire, c'est qu'elle a écarté en fait des gens qui étaient des primes ou accidents
11:08 et qui souhaitaient être mobiles dans le parc, et elle a même écarté des investisseurs.
11:13 On arrive à des absurdités, on vit chez les fous.
11:18 J'ai quelqu'un dans mon entourage qui déclare 10 millions d'euros à l'IFI, qui a 10 000 euros par mois de ressources après impôts,
11:26 et qui voulait acheter un appartement à son petit-fils de 100 000 euros à Angers,
11:30 et on lui a dit "mais comme tu rembourses 4 000 euros tous les mois, je ne vais pas t'accorder le crédit,
11:35 et j'ai plus la possibilité de donner de dérogation".
11:37 - Oui c'est absurde.
11:38 - Et ça en marge vivant chez les dingues.
11:41 - Et je crois que l'électrochoc sur le financement doit venir sans doute, pas trop par l'État,
11:51 mais le gouverneur qui est un homme autonome et qui décide quelque part de l'avenir de la politique du logement France,
11:58 puisque là il a les clés du financement, devrait se réinterroger sur les postures et sur la manière dont les banques pratiquent et appliquent
12:06 telles des administrations dans leur plus grande appétence du respect de la règle, c'est-à-dire "non monsieur".
12:15 La personne dont je vous ai parlé est allée emprunter en Belgique, et a refermé son compte dans la banque française.
12:19 - Et bien vous restez avec nous dans quelques instants, on a fait le constat, on verra les conséquences forcément de cette filière,
12:26 et vous voulez réagir, 0 826 300 300, on vous attend, on est ensemble jusqu'à 20h.
12:32 - Bienvenue dans les vraies voix responsables, on est ensemble avec Philippe David et nos invités, jusqu'à 20h,
12:36 on va revenir sur ce rapport du député François Jolivet qui est avec nous, publié début septembre sur ses mesures budgétaires
12:44 inscrites dans la loi de finances 2024, pour revenir pour ceux qui viennent de nous rejoindre, finalement dans ce rapport,
12:52 vous vous dites quoi ? Vous dites que tout ce qui est mis en place par le gouvernement ne sera pas suffisant pour faire face à cette crise qui est totalement inédite.
13:01 - Alors moi je dis que pour sauver la production de logements neufs dans notre pays, les mesures aujourd'hui qui sont proposées,
13:07 mais tout le monde peut apporter sa contribution, et la loi de finances définitive n'est pas votée, ça m'apparaît insuffisant.
13:14 Insuffisant parce qu'en fait, si nous perdons les opérateurs qui construisent les logements neufs, et bien il n'y aura pas de rotation dans le parc,
13:22 personne ne pourra accéder à la propriété, et nous aurons des difficultés extrêmement grandes,
13:28 dans le côté charnel, le logement vis-à-vis des habitants, puisqu'en fait le logement c'est d'abord un refuge, c'est un nid,
13:36 là on ne peut rien envisager sans être à l'abri, et sur cette partie-là de mon rapport, oui, je dis que c'est insuffisant.
13:43 - Et on va parler des conséquences, on parlera de l'emploi après, mais on va déjà parler de l'Etat et des collectivités locales,
13:48 Jean-Philippe Lugoin Clément, je rappelle que vous êtes vice-président de la région Île-de-France en charge du logement et de l'aménagement durable,
13:53 maire de Méncy, auteur du livre "L'habitat" felsi-mottoyen publié aux éditions de l'Aube,
13:58 quand on regarde ces baisses de mise en chantier, c'est un gros manque pour les collectivités locales,
14:03 avec la baisse des droits de mutation à titre enéreux, en 2021 ils avaient rapporté plus de 16 milliards d'euros aux collectivités locales,
14:11 est-ce que les collectivités locales, vous êtes patron de collectivités locales en tant que maire et vice-président de région,
14:16 est-ce que, en plus vous avez perdu beaucoup d'argent de la DGF, la dotation globale de fonctionnement,
14:21 est-ce que ça va vous mettre vos collectivités en danger ?
14:24 La réalité c'est que toutes les collectivités ne sont pas impactées de la même manière,
14:29 les collectivités qui touchent ces dotations, ces DMTO, ce qu'on appelle, c'est les communes et les départements principalement,
14:36 et les collectivités très fragilisées, c'est les départements aujourd'hui,
14:40 sur les zones, c'est 150 millions d'euros de pertes de recettes annuelles, c'est quelque chose qui est extrêmement lourd.
14:48 Après, on a des départements où le flux d'activité, le niveau des baisses de dotations peut être assez variable,
14:56 mais globalement c'est un serment budgétaire supplémentaire par rapport à ce qui existe déjà.
15:01 La réalité c'est que les pertes financières vont au-delà de ça, c'est une baisse d'activité extrêmement forte,
15:08 c'est des entreprises du bâtiment qui ne travaillent plus, c'est des architectes qui ne travaillent plus,
15:12 c'est les notaires, on le dit assez peu, mais qui commencent à licencier de manière assez forte également,
15:17 ce n'est pas forcément le premier secteur auquel on pense.
15:19 Donc c'est tout un pan de l'économie qui est tenu par l'activité du logement et du bâtiment qui est en train de s'écouler.
15:26 Et ce qui est très grave, c'est qu'on va à mon avis, on n'est qu'au début de la crise, ça a démarré je vais vous le dire en 2020-21,
15:33 je pense qu'on va être jusqu'en 2026-27 sur une aggravation de l'ensemble des éléments, si on est capable d'aller contre.
15:42 Pourquoi ? Parce qu'on a avec la trajectoire ZAN une raréfaction des fonciers disponibles.
15:47 Zéro architecturalisation de l'électricité.
15:49 Ça veut dire des fonciers plus chers.
15:54 On approche des municipales, si on va avoir beaucoup de maires qui pour des questions électorales vont limiter le phénomène de construction,
16:04 on va rentrer dans ces périodes d'incertitude, ce qui est quelque chose d'important.
16:09 On va avoir la sortie des passoires énergétiques, ce qui est une bonne chose environnementalement parlant.
16:14 Mais ce qui pose quand même beaucoup de problèmes.
16:16 C'est des dizaines de milliers de logements qui sont loués aujourd'hui qui ne vont plus pouvoir l'être.
16:21 On va aggraver le manque de logements dans les secteurs tendus.
16:24 Et puis on a la mise en place de la RE 2025, c'est encore une bonne chose, mais c'est une nouvelle norme de construction pour l'environnement
16:33 qui fait qu'on va produire plus cher encore.
16:35 Donc on a toute une série de facteurs qui jusqu'à 2025, 26, 27 risquent de contracter encore la crise si on n'est pas capable d'aller au-delà.
16:43 Ian Bord, vous vous êtes président de Procivis, une entreprise qui a 100 ans en 2023.
16:50 Donc vous faites partie des plus gros acteurs aujourd'hui de la promotion immobilière.
16:55 Est-ce que finalement, les conséquences aujourd'hui pour vous, à titre personnel, en tant que patron de cette entreprise,
17:01 les risques c'est quoi à un an, deux ans, trois ans ?
17:04 Le réseau a une particularité, c'est qu'il est organisé assez différemment des grands acteurs, groupes que l'on connaît.
17:11 Il est très décentralisé, c'est un ensemble de structures.
17:14 Et on a coutume de dire que quand le marché est très actif, on est un peu moins actif que le marché,
17:19 mais quand il va mal, on va mal un peu plus tard, ou en tout cas on résiste un petit peu mieux.
17:24 Donc on est plutôt dans cette phase-là.
17:25 Aujourd'hui, là où on a des inquiétudes, c'est qu'on a une filière qui est aujourd'hui très secouée, très clairement.
17:31 Et la filière, elle va des entreprises du bâtiment, aux bureaux d'études qui nous accompagnent dans les projets,
17:37 et puis après les acteurs.
17:38 - Oui, tout l'écosystème. - Tout l'écosystème est toute différente.
17:40 Et c'est cette filière-là qui est en train de se fragiliser, mais elle se fragilise un peu de façon décalée.
17:45 Moi je suis très heureux que François Jolivet ait produit ce rapport,
17:48 parce que les acteurs que nous sommes, nous on voyait quand même venir.
17:51 On a dit ça depuis un certain nombre de temps, on a été écoutés, on a été entendus.
17:55 Enfin bon, ça a mis un peu de temps à...
17:57 C'est bien que les parlementaires aujourd'hui prennent ça en compte.
17:59 Et j'entends aussi par exemple Lionel Kos en ce moment sur ses positions,
18:03 qui est en charge, qui est député majorité, président du Conseil National de l'Habitat,
18:08 aussi prendre des positions qui vont assez dans le sens de tout ce qu'on a alerté depuis des mois.
18:11 Après aujourd'hui, là où il va falloir faire très attention, c'est que restructurer une filière bâtiment,
18:16 c'est très compliqué.
18:17 Olivier Salron va communiquer dans les prochains jours une nouvelle estimation des impacts sur l'emploi dans le bâtiment.
18:23 Et quand ça va repartir, parce que ça va devoir repartir, puisque le besoin il est réel.
18:28 - De toute façon on n'a pas le choix.
18:29 - Voilà, donc à un moment donné, on pourrait se dire après tout, peut-être que le besoin n'est pas là, donc c'est pas très grave.
18:33 Non, le besoin il est réel.
18:35 Il est réel, il est multiple en fonction des territoires, il est divers.
18:38 Et c'est vrai qu'on a toujours un peu le prisme de l'île de France qui est un cas très particulier.
18:43 Mais aujourd'hui, depuis quelques mois, vous avez l'impression que quand vous arrivez sur n'importe quelle ville de France et de Navarre,
18:48 vous avez un problème pour vous loger.
18:49 Donc c'est pas la même dimension, c'est pas la même problématique, c'est pas la même complexité.
18:54 Mais on a un vrai sujet à chaque fois.
18:56 Donc l'alerte que l'on a aujourd'hui, c'est attention de ne pas déstructurer complètement la filière.
19:03 Les constructeurs de maisons individuelles ont été les premiers à disparaître, il y a eu quand même des très grosses liquidations.
19:08 Ça passe à peu près inaperçu, parce que voilà, pour l'instant il y a des systèmes de garantie qui jouent, mais on a quand même de pertes d'acteurs.
19:14 Loïc Quentin, le président de la FNAIM, a annoncé qu'il y avait entre 600 et 700 agences qui avaient fermé depuis le début de l'année.
19:19 Nous on voit apparaître aujourd'hui des promoteurs en grande fragilité.
19:23 Alors on peut revenir aussi sur les banques, qui sont en train de tirer des tapis sur lesquels, à mon avis, il va falloir quand même faire attention à ce qu'on joue.
19:29 Et donc on a toute une filière qui est fragilisée.
19:32 Et quand les maîtres d'ouvrages se cassent la figure, les entreprises du bâtiment, elles trinquent de façon brutale, mais de façon décalée, 6-12 mois, parce que votre opération est en cours.
19:42 Oui, c'est un effet domino de toute façon.
19:43 Voilà, il y a un effet domino un peu décalé.
19:45 C'est pour ça aussi qu'on a eu du mal, toute la profession, à parler d'une seule voix.
19:49 Et c'est pour ça aussi qu'on a été, nous, un peu à l'origine, puisqu'on est un réseau assez atypique présent dans à peu près tout,
19:55 à créer, sans jeu de mots, ce qu'on a appelé l'APL au mois de juin, c'est-à-dire l'Alliance pour le Logement,
20:00 qui regroupe toutes les grandes fédérations professionnelles, parce qu'aujourd'hui, au moins la crise elle a servi à ça.
20:04 On parlait un peu en silo avant.
20:06 Aujourd'hui tout le monde a compris qu'on était interdépendant.
20:08 Quand François Jolivet prenait l'exemple tout à l'heure de la mixité,
20:10 aujourd'hui vous ne pouvez pas être promoteur sans être partenaire de bailleurs sociaux.
20:14 Quand vous êtes bailleurs sociaux, il faut travailler avec les promoteurs.
20:16 Quand vous êtes promoteur, vous avez besoin des géosciences immobilières, etc.
20:19 Donc en tout cas, ça c'est au moins intégré aujourd'hui et ça va permettre peut-être d'apporter des solutions plus constructives.
20:25 - Et bien enfin, une petite pause, on revient dans quelques instants et on verra si les logements,
20:29 aujourd'hui, on peut forcément organiser quelque chose de mieux,
20:33 parce qu'il y a quand même pas mal de logements vacants, avec cette transition énergétique,
20:38 avec finalement ce qu'on vous impose.
20:40 Comment on peut faire pour que ce parc puisse se redistribuer ?
20:44 On en parle dans quelques instants avec nos invités 0826 300 300.
20:48 Vous les, bien entendu, commentez.
20:50 Vous êtes les bienvenus jusqu'à 20h.
20:52 - On revient pour ce débat suite à ce rapport du député François Jolivet
21:03 sur les difficultés que traverse le secteur du bâtiment en France.
21:07 On est peut-être au début d'une crise terrible pour ce secteur d'activité,
21:11 notamment du neuf.
21:12 On a avec nous François Jolivet, député Horizon de l'Indre,
21:15 auteur de ce rapport publié avant-hier.
21:17 On a Yannick Borde, président de Procivis, société coopérative de promotion d'aménagement
21:21 et de construction et maire de Saint-Berthevin.
21:23 Et Jean-Philippe Dugouin-Clément, vice-président de la région Île-de-France
21:26 en charge du logement et de l'aménagement durable et maire de Mennessy.
21:29 Avant de retourner voir Jean-Philippe Dugouin-Clément, j'ai une question, Yannick Borde.
21:34 On parle de 150 000 à 300 000 pertes d'emplois dans le bâtiment en 2024.
21:40 Est-ce qu'on se dirige vers une catastrophe sociale dans le secteur du bâtiment et de la construction ?
21:45 Alors c'est les chiffres qui sont effectivement portés, en tout cas le 300 000,
21:49 peut-être la fourchette haute, mais le 150 000, 180 000,
21:52 c'est celui qui circule aujourd'hui côté fédération du bâtiment.
21:55 Ce qui est clair, c'est que de toute façon, il y a 50 % de baisse des permis de construire,
21:59 il y a 50 % de baisse des mises en chantier, donc il y a 50 % de baisse.
22:02 Donc à un moment donné, mécaniquement, ça va avoir des impacts.
22:05 C'est un petit peu corrigé ou un petit peu limité par le fait qu'il y a une bascule pour partie vers la rénovation.
22:13 C'est aussi tamponné, si je puis dire, parce que la filière bâtiment a aussi du mal à recruter,
22:18 donc voilà, ça décale un peu les effets, mais on y est.
22:21 Olivier Salron, le président de la fédération du bâtiment, qu'on voit régulièrement, nous le dit, on y est.
22:26 C'est-à-dire là, on commence à avoir des grosses structures comme des plus petites structures,
22:30 tout corps d'État, les premiers qui trinquent, si je puis dire,
22:33 c'est des corps d'État qui démarrent les chantiers, c'est-à-dire les voiries, les réseaux, les gros oeuvres,
22:37 et puis on verra après ceux qui viennent à la fin, c'est-à-dire les pintes, les carreleurs, etc.
22:41 François Jolivet, est-ce qu'il faut demander une aide d'urgence ?
22:45 Vous savez, les aides publiques, elles ne sont pas beaucoup durables,
22:50 et vous savez qu'on a eu le quoi qu'il en coûte, et la pénurie d'argent public, elle existe.
22:55 Donc il ne faut pas rêver, si l'État ne fait pas ça tout de suite, du jour au lendemain,
22:59 c'est que sans doute il y a des problèmes, y compris des problèmes économiques pour notre propre pays.
23:02 Et on n'oublie pas les générations futures qui seront amenées à payer nos dettes.
23:06 Pour autant, on peut peut-être imaginer des mesures qui ne coûtent pas trop d'argent.
23:11 À la sortie de la guerre du Golfe, M. Balladur, qui était à l'époque Premier ministre,
23:20 avait déposé un amendement, qui avait été voté à l'unanimité,
23:24 ça veut donc dire qu'il n'y avait pas de partage entre la gauche et la droite de l'époque,
23:28 qui disait, pour sauver les opérations de promotion en cours,
23:31 qui maintenant produisent 54% de logements sociaux,
23:34 avait proposé de dire à ceux qui avaient de l'argent, bien évidemment,
23:39 si vous achetez tout de suite pour sauver l'opération de promotion,
23:41 pendant les 6 mois à compter de la publication de la loi de finances,
23:45 eh bien, le logement que vous aurez acheté sera sorti de l'impôt sur les successions.
23:48 Parce qu'aujourd'hui c'est un problème d'argent que nous avons.
23:51 Et sans doute ça permettrait d'aller jusqu'au bout,
23:54 parce que vous savez, les opérateurs, les gros, qu'est-ce qui va se passer ?
23:57 Les gros promoteurs, je ne suis pas leur défenseur,
24:00 ils vont maigrir, et les petits, ils vont disparaître.
24:05 Et on pourra toujours, dans la vie moyenne, dire,
24:08 j'ai obtenu du fonds friche pour acheter tel truc en tant que maire,
24:11 et puis d'essayer de convaincre le promoteur qui existait là avant,
24:14 ben non, il n'existera pas.
24:15 Donc le maire, il appellera les gros promoteurs,
24:18 et on leur dira, ben écoutez, monsieur le maire, c'est très intéressant votre idée,
24:21 mais on viendra quand on pourra.
24:23 Et on va avoir des gens qui vont disparaître,
24:25 qui sont des acteurs des territoires,
24:27 qui sont des acteurs essentiels, qui vont disparaître,
24:29 y compris les ressources humaines avec.
24:31 - Jean-Philippe Dugois Clément, vous le voyez, vous, sur votre territoire,
24:34 ce paysage, on peut dire, pas très florissant,
24:38 dont nous parlent Yannick Borde et François Jolivet ?
24:41 - Oui, c'est ce qu'on constate malheureusement partout.
24:45 Le ralentissement des mises en chantier,
24:47 le ralentissement des sessions,
24:49 le ralentissement des flux, le ralentissement de l'activité,
24:52 malheureusement, on le constate absolument partout.
24:54 Alors là où je rejoins François Jolivet,
24:57 c'est vrai que malheureusement,
24:59 on est à un niveau de déficit dans ce pays 3 000 milliards,
25:02 où il y a un moment où on ne peut plus.
25:04 Alors ce qu'on peut regretter, c'est que depuis 7 ans,
25:07 beaucoup d'économies étaient faites sur le logement,
25:10 qui est pourtant un secteur prioritaire.
25:12 L'APL Accession, c'est une chose,
25:13 l'ARLS qui a durablement fragilisé les veilleurs sociaux,
25:16 Action Logement qui est vampirisé pour tout,
25:18 sauf pour faire du logement social aujourd'hui.
25:20 Je rappelle qu'Action Logement, c'est le financement,
25:23 aujourd'hui, d'Action Cœur de Ville, de Petite Ville de Demain,
25:26 c'est le financement de l'ANRU,
25:28 c'est beaucoup de choses qui ne sont pas uniquement le logement social,
25:31 et dont on parlait tout à l'heure du PTZ,
25:34 on parlait du PINEL,
25:35 il y a eu énormément d'économies quand elle est faite sur le logement.
25:37 L'année dernière, on a fait un CNR,
25:39 un Conseil National de la Refondation sur le Logement,
25:42 tous les acteurs du logement ont travaillé pendant 6 mois,
25:45 bilan des courses, 4 milliards de moins
25:47 avec la suppression du PTZ et du PINEL annoncé.
25:49 Donc on est quand même sur des choses un petit peu compliquées.
25:51 Après, il y a énormément de choses qui peuvent être faites
25:53 qui ne coûtent pas forcément à l'État.
25:55 J'essaye de faire des propositions dans ce sens dans mon livre.
25:58 Par exemple, plafonner les prix des sessions foncières
26:02 dans les zones tendues pour limiter les prix de sortie.
26:04 C'est quelque chose qui ne coûte rien à l'État
26:06 si on fonctionne sur des systèmes de taxation
26:08 qui peuvent même éventuellement ramener de l'argent.
26:10 Déverrouiller le système bancaire, on l'évoquait tout à l'heure.
26:13 Ouvrir la possibilité des LOA,
26:16 ouvrir la possibilité d'avoir un peu plus d'empreintes finées,
26:19 ouvrir la possibilité d'emprunter,
26:21 ce qui se fait en Suisse ou dans les pays scandinaves,
26:24 sur des durées plus longues.
26:25 Voir d'emprunter non pas sur la personne, mais d'emprunter sur le bien.
26:28 Ce sont des choses qui ne coûtent rien.
26:29 Permettre aux maires qui construisent d'attribuer les logements sociaux.
26:32 Vous savez ce qu'on est en train de faire aujourd'hui ?
26:34 Ce que la haute fonction publique de l'État est en train de faire ?
26:36 On est en train d'enlever les possibilités d'attribuer
26:39 des logements sociaux aux maires.
26:40 Aujourd'hui, quand vous êtes maire d'une commune,
26:42 vous généralement, vous pouvez proposer des dossiers sur 20% du parc.
26:46 Le reste, ce sont des habitants qui ne viendront pas de votre commune,
26:49 qui sont proposés par l'État sur les logements en rue,
26:52 sur actions logements, ça vient d'ailleurs.
26:55 On est en train de changer ce mode qui était traditionnellement appelé
26:58 le logement en stock pour passer une gestion du logement social en flux.
27:02 C'est-à-dire que les maires vont se retrouver, en gros,
27:05 à avoir au mieux 15% d'attribution des logements sociaux.
27:08 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on demande à des communes de produire du logement,
27:10 d'avoir une politique du logement.
27:12 On leur interdit une politique de l'habitat
27:14 et une politique du peuplement.
27:16 Et quand on fait du logement social dans une commune,
27:18 la certitude qu'on a, c'est que ça ne bénéficiera pas forcément aux habitants.
27:22 Quand on parle d'acceptabilité, c'est des choses qu'il faut qu'on fasse.
27:25 Moi, je plaide.
27:26 Alors, on a supprimé la taxe d'habitation, on ne reviendra pas dessus,
27:28 mais c'était quand même le moteur de la construction dans ce pays.
27:32 C'est ce qui faisait que quand vous construisiez du logement,
27:34 vous aviez des recettes nouvelles.
27:35 Quand vous construisez du logement aujourd'hui,
27:37 et particulièrement du logement social,
27:38 comme il n'y a pas de taxe financière, vous avez la garantie,
27:41 c'est d'avoir des dépenses, mais pas de recettes nouvelles.
27:43 Moi, je plaide pour qu'on crée un pacte de confiance
27:45 entre les collectivités et l'État.
27:47 C'est qu'on indexe les ressources des collectivités
27:50 sur leur prise de population, leur développement économique,
27:53 ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
27:54 Et puis que l'État garantisse, dans le cadre d'un pacte de confiance,
27:58 le minimum sur ses services régaliens.
27:59 Parce que quand vous n'avez plus d'enseignants,
28:01 quand vous n'avez plus de médecins,
28:02 quand vous avez, ce qui est le cas dans ma commune,
28:04 en région parisienne,
28:05 des enseignants qui ne sont pas remplacés en CM2 pendant deux mois,
28:09 et que vous avez de nouveaux habitants qui arrivent,
28:11 mais les habitants ne veulent pas,
28:13 et bien vous dites "Monsieur le maire, vous êtes fou,
28:14 vous faites venir de nouveaux habitants,
28:15 alors qu'on n'a pas d'enseignants,
28:16 on n'a pas de médecins généralistes."
28:18 Et bien moi, je pense que l'État, sur ses compétences régaliennes,
28:20 santé, sécurité, éducation,
28:23 doit être capable, dans les communes qui font l'effort du logement,
28:25 de garantir un minimum de services publics,
28:27 ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
28:28 Yannick Borde, président de Procivis,
28:31 est-ce qu'il faut réguler, finalement, le prix du foncier ?
28:34 C'est un débat ancien, c'est compliqué,
28:37 parce qu'en France, il y a un droit de la propriété,
28:39 il y a des lois par rapport à ça.
28:41 Moi, par rapport à ce qui a été évoqué,
28:43 je serais plutôt partisan d'inverser la fiscalité,
28:46 parce qu'aujourd'hui, plus vous faites de la rétention,
28:48 plus vous économisez de l'impôt à la sortie sur votre bien foncier.
28:51 Essayons d'imaginer l'inverse,
28:53 alors voilà, c'est un petit peu peut-être brutal et violent,
28:55 mais la régulation, elle va être compliquée,
28:57 parce que ce qui est nécessaire,
28:59 c'est à la fois de trouver cette valeur foncière acceptable,
29:03 mais en même temps qu'elle soit mise sur le marché.
29:05 S'il y a de la rétention, on n'y arrivera pas.
29:07 Et la question du foncier, elle est particulière,
29:10 parce qu'elle est très différente suivant les territoires,
29:13 je veux être très clair, c'est à part l'île de France.
29:15 Et même quand vous êtes sur Nantes-Métropole, par exemple,
29:18 il n'y a pas vraiment de gros problèmes fonciers, si on veut.
29:20 La densification, si on l'accepte,
29:23 il y a aujourd'hui, vous recomposez des quartiers,
29:25 c'est du long terme le problème aussi qu'on a.
29:27 - Oui, mais beaucoup se plaignent du prix des terrains.
29:30 - Oui, mais on peut le traiter par la fiscalité, le prix du terrain,
29:33 plutôt que par, à mon avis, la régulation.
29:35 Mais surtout, ce qu'il faut arriver, c'est à faire en sorte que ce terrain
29:38 vienne sur le marché.
29:40 S'il ne vient pas sur le marché, on ne construira pas.
29:42 Et ça ramène à la question de la densification.
29:45 Tout à l'heure, l'un d'entre vous a évoqué le terme de ZAN,
29:47 zéro artification nette, tout ça c'est à faire.
29:50 Le problème qu'on a, c'est qu'en France, il n'y a pas de politique foncière.
29:53 Il n'y a pas de politique foncière publique.
29:55 Il y a des villes, prenez la ville de Rennes,
29:58 qui est un exemple d'une vraie politique foncière,
30:01 qu'on partage ou qu'on ne partage pas.
30:02 Je pense qu'il y a des éléments qui sont durs dans la politique conduite à Rennes,
30:05 mais depuis 40 ans, à Rennes, il y a une vraie politique foncière.
30:08 C'est de l'investissement, c'est du long terme, c'est pas le temps des élus,
30:10 c'est sûr que le maire qui achète le terrain, en général,
30:12 il ne verra pas ce qui se passe dessus.
30:14 Mais voilà, ça c'est une politique qui est assez faible,
30:17 avec des outils publics qui sont, suivant les territoires,
30:19 très inégaux et des puissances très diverses.
30:21 - Vous restez avec nous, vous faites une petite pause,
30:23 et dans quelques instants, la suite de nos débats,
30:26 c'est les vrais voix responsables.
30:28 On parle d'immobilier, aujourd'hui, avec nos invités.
30:31 On va être ensemble jusqu'à 20h. À tout de suite.
30:33 - Ude Radio, les vraies voix qui font bouger la France.
30:35 19h20, les vraies voix responsables.
30:38 - Les vraies voix responsables, un sujet très intéressant,
30:41 justement, sur le logement neuf, et pas que,
30:44 sur ce rapport très intéressant de François Jolivet,
30:48 publié au début de semaine, sur les mesures budgétaires,
30:51 inscrite dans la loi de finances 2024, et pas mal de choses.
30:55 Donc, François Jolivet est avec nous, député d'Horizon de l'Inde.
30:58 En tout cas, merci d'être venu chez nous ce soir.
31:01 Yannick Borde aussi est avec nous, président de Procivis,
31:03 société coopérative de promotion d'aménagement et de construction,
31:06 et maire aussi de Saint-Berthevin,
31:08 et puis Jean-Philippe de Gouin-Clément,
31:10 vice-président de la région Île-de-France,
31:12 en charge du logement et de l'aménagement durable,
31:14 maire de Méncy.
31:16 Pardon, vous avez des cartes de visite qui sont très très longues.
31:18 Et vous vouliez réagir, justement, sur ce que François Jolivet,
31:22 sur ce qu'a dit Jean-Philippe de Gouin-Clément.
31:24 - Yannick Borde.
31:25 - Voilà, je voulais réagir, parce qu'en fait,
31:28 Yannick Borde a parlé du foncier, des difficultés,
31:32 de l'inversion de la fiscalité.
31:34 Moi j'aurais précisé sa pensée parce que ça fait partie de mes propositions.
31:37 En France, on a organisé la rétention foncière.
31:39 - Oui, parce que je lui ai posé la question,
31:41 pour ceux qui viennent de nous rejoindre,
31:43 s'il fallait réguler justement ce foncier.
31:45 - Et on cherchait des moyens qui ne coûtent rien à l'État,
31:48 parce qu'il ne faut pas ignorer la situation financière de l'État.
31:51 Là, ce serait un accélérateur de recettes, si j'ose dire.
31:54 Puisque, en France, on a organisé la rétention foncière.
31:57 Plus vous détenez un bien longtemps, moins vous payez de plus-value.
32:00 - Oui.
32:01 - On pourrait se dire, plus on le vend vite,
32:04 moins il y a de plus-value.
32:05 - Y compris pour tout un logement qui est de l'investissement locatif, par exemple.
32:09 - Pour tout.
32:10 Déjà, les organismes HLM, lorsqu'ils achètent du foncier,
32:13 il y a ce bénéfice-là,
32:15 c'est-à-dire que celui qui vend à un organisme HLM
32:17 ne paie pas de plus-value.
32:19 - Le but, c'est quoi ? C'est de dynamiser, finalement, le marché ?
32:21 - C'est de faire en sorte que ceux qui détiennent un bien,
32:23 un bien construit ou un bien foncier libre de construction,
32:27 soient invités à le vendre tout de suite.
32:29 On pourrait imaginer aussi que les successions qui durent
32:33 aillent plus vite et que le notaire en charge de succession
32:36 doit la déposer dans un délai de deux ans,
32:37 et si au bout de deux ans,
32:39 quelqu'un veut la contester, il la conteste.
32:41 Parce qu'on a aussi beaucoup de fonciers qui sont immobilisés
32:44 et qui pourrissent sur pied quand ils sont bâtis.
32:46 Et ça, c'est insupportable, dans les territoires ruraux notamment,
32:49 alors que par ailleurs, il y a des acheteurs.
32:51 Donc ça, c'est insupportable, ça ne coûte rien.
32:53 Ce qu'il faut, c'est faire en sorte que les opérateurs,
32:56 quels qu'ils soient, puissent avoir des biens
32:59 dont ils doivent avoir à s'occuper.
33:01 Et aujourd'hui, il faut sauver les opérateurs
33:04 et trouver du foncier.
33:05 - Jean-Philippe Dugoin-Clément, est-ce qu'une bonne mesure, par exemple,
33:08 ce serait de remettre, je ne vais pas me faire que des amis,
33:11 la taxe d'habitation, puisque la taxe foncière a flambé
33:14 pour les propriétaires, et qu'en plus,
33:16 l'investissement locatif, ça rapporte 4-5%, au mieux 7%.
33:20 Ce n'est pas un investissement le plus mirobolant qui existe.
33:23 - La réalité, je l'ai dit, aujourd'hui, on paye beaucoup d'erreurs
33:27 du début du premier quinquennat sur le logement.
33:30 Maintenant, la question de la taxe d'habitation,
33:32 je ne sais pas quel président ou quel gouvernement
33:34 ira faire pas paix pour dire "on va vous recréer une nouvelle taxe".
33:37 Ça, je pense qu'on ne le refera pas, on ne le recréera pas,
33:40 y compris si c'était une erreur du point de vue de la production du logement.
33:44 Après, moi, je pense qu'on peut parfaitement jouer
33:46 sur une mise en lien des dotations de l'État
33:51 par rapport aux prises de population.
33:54 Aujourd'hui, pour faire simple, les dotations de l'État,
33:57 elles vont être attribuées aux communes en fonction de la population de la commune,
34:00 du potentiel fiscal par habitant et du kilométrage de voirie.
34:03 La question de l'évolution de population ne rentre pas en ligne de compte.
34:06 Donc, un budget constant pourrait très bien imaginer,
34:08 ce n'est pas forcément quelque chose qui fera plaisir à tout le monde,
34:11 mais un système de plus et de moins.
34:13 On a besoin de recréer un lien intéressant là-dessus.
34:17 D'autres théories, c'est d'aligner une partie de la TVA
34:21 ou de retrocéder une partie de la TVA sur la construction du bâtiment neuf aux collectivités
34:26 pour donner cet intérêt financier.
34:28 La réalité, c'est que la TVA, c'est une recette one shot,
34:31 ce n'est pas une recette pérenne.
34:32 C'est un petit peu la difficulté à laquelle on est confronté aujourd'hui.
34:36 Sur la question de la mobilisation du foncier,
34:39 et c'est vraiment un sujet primordial...
34:40 Vous, vous êtes pour la régularisation, réguler le prix du foncier.
34:44 Je suis pour la régularisation, c'est ce qu'on défend à l'UDI avec Hervé Marfeil.
34:48 Après, il peut y avoir différentes façons de le faire.
34:50 Ce que l'a évoqué François Jolivet est une solution.
34:53 La question du droit de propriété, dans quelle mesure, c'est assez discuté là-dessus.
34:58 Mais on peut également imaginer des surtaxations par rapport au plus-value,
35:02 par rapport à des cessions au-delà d'un certain tarif au-dessus des domaines.
35:05 On peut augmenter l'action des établissements publics fonciers,
35:08 c'est les établissements publics d'État, il y en a un dans chaque région,
35:11 qui sont mandatés, missionnés, pour servir les communes,
35:15 pour aller remembrer du foncier et les revendre sans faire de marge,
35:19 sans faire de bénéfice pour permettre la sortie de foncier à des prix maîtrisés.
35:23 Quand on prend l'établissement public foncier francilien,
35:26 l'année dernière c'était l'équivalent de 7000 logements
35:28 qui ont été rendus possibles grâce à des interventions foncières.
35:31 Mais il va falloir aller plus fort sur ces outils-là pour aller chercher du foncier.
35:37 Parce que la réalité est quand même qu'on va, et c'est une très bonne chose,
35:41 faire plus de densification, respecter une évolution environnementale
35:45 qui fait qu'on va moins étendre,
35:47 mais ça veut dire que c'est des terrains rachetés qui souvent sont morcelés,
35:50 qui souvent sont construits, qui souvent sont quasiment toujours construits,
35:54 donc on est sur des opérations plus longues et plus coûteuses.
35:57 Et puis on doit aller aussi sur une simplification des droits de préemption
36:01 et des droits d'expropriation des communes.
36:02 Je pense que là-dessus on n'est plus à l'époque des demi-mesures.
36:05 Vous savez, aujourd'hui, vous avez des gens qui travaillent, qui dorment dans leur voiture.
36:08 La réalité c'est ça.
36:10 Moi en tant que maire, je reçois des gens qui bossent,
36:12 qui sont au SMIG ou un peu plus,
36:15 et qui dorment dans leur voiture,
36:17 qui vont faire une ou deux nuits en appart hôtel
36:19 pour pouvoir se doucher, avoir une nuit correcte dans la semaine.
36:21 Mais c'est ce qu'on a aujourd'hui.
36:22 Parce qu'on ne produit plus de logement,
36:24 parce qu'on est dans un monde qui est devenu totalement égoïste,
36:26 et que depuis quelques années,
36:28 le logement est devenu la variable d'ajustement budgétaire de Bercy
36:30 au lieu de devenir une priorité nationale.
36:32 Yannick Borde, président de Procivis, une réaction ?
36:34 Ce qu'il faut comprendre,
36:36 c'est qu'on a deux temps.
36:38 C'est-à-dire qu'il y a un moment conjoncturel,
36:40 et puis moi je pense qu'on est aussi dans quelque chose de plus profond
36:42 sur le changement d'apothie du logement.
36:44 Le moment conjoncturel, ça peut être quoi la solution ?
36:46 Nous, on en porte une très forte,
36:48 et je m'adresse devant ceux qui vont voter le budget,
36:50 c'est de revenir sur cette suppression du prêt-à-tôt zéro,
36:53 qui certes coûte un peu plus cher aujourd'hui.
36:55 À l'État, on nous sort,
36:57 Bercy nous dit qu'il n'avait pas d'effet de levier très fort.
37:00 D'accord, quand un prêt-à-tôt zéro,
37:02 quand les taux de marché sont à 1,
37:04 c'est sûr que l'effet de levier, on comprend qu'il n'est pas très élevé.
37:06 Quand les taux sont à 5,
37:08 là on voit que c'est un vrai sujet.
37:10 Cette volonté, sur le moment,
37:12 de supprimer le prêt-à-tôt zéro aujourd'hui,
37:14 de le resserrer en plus que sur le collectif,
37:16 on n'a pas eu le temps de parler beaucoup de la maison individuelle,
37:18 mais l'anti-maison individuelle, c'est quand même quelque chose.
37:20 On peut, on ne la fait plus comme avant la maison individuelle,
37:22 il faut arrêter de délirer en pensant qu'on fait de la maison individuelle
37:24 sur 3,5 m² de terrain, c'est fini ce temps-là.
37:26 Donc, retrouvons des équilibres,
37:28 et retrouvons des discussions plus sereines sur tout ça,
37:30 mais le prêt-à-tôt zéro, revenons dessus.
37:32 Et pour finir,
37:34 nous on a bien conscience qu'il y a un impact budgétaire fort.
37:36 Donc, essayons d'imaginer l'après.
37:38 L'après, nous on a fait une proposition
37:40 dans le cadre du CNR qui a été un peu tuée,
37:42 c'est de dire au lieu qu'il soit à zéro, il peut peut-être être bonifié.
37:44 Et peut-être qu'on peut travailler sur ça,
37:46 ça prend un peu plus de temps. Donc il y a le conjoncturel,
37:48 et il y a le plus long terme.
37:50 - Le mot de la fin en 45 secondes, à une minute.
37:52 - Alors, le prêt-à-tôt zéro, moi j'avais proposé de le généraliser
37:54 sur tout le territoire français pendant un an,
37:56 pour faire face à cette crise.
37:58 Ça aurait été une mesure conjoncturelle.
38:00 Là on parle beaucoup de techniques immobilières,
38:02 et peut-être qu'on perd les auditeurs.
38:04 Moi je voudrais penser aux gens.
38:06 Parce qu'en fait, les destinataires des politiques publiques,
38:08 ce sont les gens. Et je reste convaincu
38:10 que le logement, c'est le refuge
38:12 de toute famille, et qu'on ne peut rien
38:14 envisager si on n'a pas de logement.
38:16 Et si on ne produit pas des logements neufs,
38:18 on interrompt le parcours locatif,
38:20 le parcours résidentiel, et il faut qu'on ait
38:22 des logements neufs, il faut que ça redevienne,
38:24 si j'ose dire,
38:26 une priorité nationale, dans la mesure où
38:28 moi je suis que l'écho des professionnels
38:30 immobiliers, parce que je viens de ce secteur.
38:32 Mais il faut que maintenant,
38:34 notamment le gouverneur de la Banque de France
38:36 prenne en compte ce débat qui est ouvert,
38:38 et qui nous a permis d'ouvrir de par ses positions.
38:40 - Et le ministre de l'économie aussi.
38:42 - J'espère que les deux nous écoutent, bien entendu, dans les vraies voix.
38:44 François Jolivet, merci beaucoup en tout cas d'avoir été avec nous.
38:46 - Merci à vous. - Député Horizon de l'Indre,
38:48 et auteur de ce rapport, donc,
38:50 publié avant-hier, qui alerte sur
38:52 cette onde de choc de la construction du logement neuf.
38:54 Yannick Born, merci beaucoup d'avoir été avec nous.
38:56 Président de Procivis, bon anniversaire
38:58 pour ses 100 ans de cette société
39:00 coopérative de promotion d'aménagement et de construction,
39:02 et maire de Saint-Berthe-Vin.
39:04 Et puis Jean-Philippe Dugoin-Clément,
39:06 qui était avec nous, vice-président de la région Ile-de-France,
39:08 en charge du logement et de l'aménagement
39:10 durable, et maire de Mency.
39:12 Merci Philippe. - Merci, c'est sur
39:14 demain 17h ? - Euh, je réfléchis...
39:16 Oui, d'accord, ok. - Bon bah écoutez, c'est pas grave.
39:18 Merci à notre équipe.
39:20 Passez une très belle soirée
39:22 avec nous sur Suisse Radio. Salut, à demain.
39:24 Bonsoir madame.

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