• l’année dernière
Hussein Bourgi veut indemniser les homosexuels qui avant 1982, ont été condamnés, parce qu'ils étaient homosexuels précisément. Le sénateur socialiste de l'Hérault a déposé l'année dernière une proposition de loi prévoyant leur indemnisation. Elle sera examinée la semaine prochaine, au Sénat.

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00:00 Faut-il indemniser les homosexuels condamnés avant 1982 à cause de leur orientation sexuelle ?
00:06 Et si on pose la question à Guillaume Rouland aujourd'hui, ce n'est pas par hasard,
00:09 c'est parce que nous recevons Hussein Bourgi qui est sénateur de l'Hérault.
00:12 Absolument, mais avant de l'accueillir, on va rappeler le résultat pour l'instant provisoire,
00:16 mais ça ne devrait pas beaucoup bouger de ce sondage.
00:19 C'est toujours la même proportion, vous êtes un peu plus de 200 à avoir voté jusqu'à présent.
00:22 Vous répondez non, pas d'indemnisation, à 58% et oui à 42%.
00:28 Bonjour Hussein Bourgi, merci d'être venu nous rejoindre en studio.
00:32 Sénateur socialiste de l'Hérault, vous êtes sur tous les fronts et notamment avec cette proposition de loi
00:37 que vous aviez déjà déposée, qui est déposée depuis l'année dernière,
00:41 cette proposition de loi proposant une indemnisation pour les homosexuels condamnés avant 1982.
00:46 Mais ça a mis du temps à arriver jusqu'au débat, on va dire.
00:50 C'est le temps parlementaire.
00:52 Qui est parfois très long.
00:54 Il faut un temps raisonnable.
00:56 Alors l'idée de cette loi, de cette proposition, ça n'est pas encore une loi,
01:02 c'est encore loin d'être gagné, vous allez nous expliquer.
01:05 C'est quoi ? Je vais reprendre une expression peut-être utilisée par la droite au Sénat,
01:09 parce qu'on en a parlé un peu avant, c'est un nouvel acte de repentance de la France ?
01:13 Non, c'est une loi de reconnaissance et de réparation.
01:15 Beaucoup de Françaises et de Français, certainement parmi les 200 qui ont répondu au sondage,
01:20 ne le savent pas, mais il se trouve qu'en 1942, à l'époque du régime de Vichy,
01:25 le maréchal Pétain a pris une loi qui permettait de réprimer, de sanctionner,
01:28 donc d'arrêter les homosexuels.
01:30 Alors que cette loi était abolie depuis la Révolution française.
01:33 Absolument, et c'est Jean-Jacques Régis de Cambacérès, un Montpellierain,
01:35 qu'il avait aboli dans le Code napoléonien.
01:37 Donc l'homosexualité n'était plus pénalisée en France depuis 1791.
01:42 Il a fallu attendre 1942, le régime de Vichy, pour que le maréchal Pétain remette cette loi.
01:47 Cette loi permettait d'arrêter les homosexuels, de les emprisonner,
01:50 de leur faire payer des amendes,
01:52 et malheureusement, parfois, ça conduisait à la révocation de la fonction publique.
01:57 Ça avait pour conséquence de les voir licenciés,
02:00 tout simplement parce que les procès à l'époque étaient très médiatisés.
02:03 Il n'y avait pas de réseaux sociaux, tout le monde en France ou presque lisait la presse,
02:08 et les journalistes locaux, parfois, ne prenaient pas beaucoup de précautions,
02:12 publiaient les noms, les prénoms,
02:14 et ce qui faisait que la publicité faite autour de ces procès
02:17 conduisait à une forme d'opprobre sociale.
02:19 - 1982, François Mitterrand est arrivé au pouvoir l'année d'avant,
02:22 et il décide de supprimer cette pénalisation.
02:24 - Voilà, donc, ce qui est très frappant en France,
02:27 c'est que lorsque arrive la libération, 1945, avec le général de Gaulle,
02:31 le gouvernement d'union nationale,
02:33 tous les partis démocratiques sont aux responsabilités,
02:35 ils vont abroger toutes les lois que Vichy avait mis en place, sauf celle-ci.
02:39 - Oui.
02:40 - Et puisque cette loi reste en vigueur...
02:42 - Et pourquoi ? C'est bizarre.
02:43 - Je ne sais pas, c'était l'ère du temps.
02:45 Elle reste en vigueur de 45 à 82,
02:47 il faut attendre l'arrivée de François Mitterrand en 81 à l'Elysée
02:51 pour que Robert Badinter en 81 abolisse la peine de mort,
02:54 et en 82 abroge cette loi.
02:56 Donc cette loi a été appliquée pendant 40 ans en France,
02:59 elle a concerné entre 50 000 et 60 000 personnes...
03:02 - Ah oui, quand même !
03:03 - ...qui ont été donc arrêtées, condamnées à des peines d'amende,
03:06 ou à des peines de prison pour la moitié d'entre eux.
03:08 - C'était pas la peine du feu,
03:10 comme elle se pratiquait avant la révolution française pour les homosexuels ?
03:12 - Non, fort heureusement.
03:13 - C'était quand même des peines de prison.
03:15 - Absolument.
03:16 - D'où la question, donc, faut-il indemniser les homosexuels condamnés avant 1982
03:20 à cause de leur orientation sexuelle ?
03:22 Vous avez un avis sur la question, j'imagine bien,
03:25 donc vous pouvez nous appeler au 04 67 58 6000 pour prendre la parole,
03:28 et pour en parler sur France Bleu Héros.
03:30 On vous attend, Elsa vous accueille au standard tout de suite.
03:32 04 67 58 6000.
03:34 - Donc votre proposition Hussein Bourjies sera examinée la semaine prochaine en séance plénière,
03:38 mais avant cela, elle est passée hier par la Commission des lois.
03:40 - Absolument, donc la proposition des lois sera examinée mercredi 22 novembre à 16h30.
03:45 Elle a été examinée hier matin en commission des lois.
03:49 - Et alors on expliquait tout à l'heure que, en tout cas, la droite majoritaire au Sénat,
03:54 quelque part, l'a un peu vidée de sa substance, non ?
03:57 - Alors mes collègues de droite ont considéré qu'il fallait reconnaître cette réalité
04:01 et regretter au nom de la République française.
04:05 - Regretter, c'est même pas des excuses.
04:07 - On ne cherche pas nécessairement des excuses, vous savez,
04:09 ce n'est pas aux élus d'aujourd'hui de s'excuser pour les erreurs du régime de Vichy et d'autres.
04:14 Toujours est-il que d'autres pays européens autour de nous l'ont fait.
04:17 L'Espagne l'a fait pour les lois qui avaient été appliquées sous Franco.
04:20 L'Allemagne l'a fait pour les lois qui avaient été appliquées sous le régime nazi.
04:24 - L'Autriche ?
04:26 - L'Autriche, il y a une dizaine de jours, qui a fait voter la même loi.
04:28 Le Canada, le Royaume-Uni, la Suède.
04:31 Donc finalement, nous sommes un des pays occidentaux, un des pays européens,
04:34 qui fait ce que d'autres ont fait depuis une quinzaine d'années.
04:37 - Mais le volet indemnisation, en revanche, lui, ne passera pas au Sénat.
04:41 - Alors mes collègues de droite sont très partagés.
04:43 Une majorité d'entre eux considère qu'il ne faut pas réparer cela,
04:47 parce que beaucoup de gens sont morts.
04:48 Il reste à peine quelques centaines de personnes en vie.
04:51 - Alors parlons de plus !
04:53 - Ceci étant dit, c'est davantage symbolique qu'autre chose.
04:55 Lorsque la loi a été votée en Espagne, il y avait 10 000 personnes potentiellement concernées.
04:59 Il y en a 115 qui ont demandé une réparation.
05:02 Ça a consisté à une somme de 635 000 euros.
05:05 En Allemagne, ça a été l'équivalent de 335 personnes qui ont déposé un dossier.
05:10 Vous voyez, on n'est pas dans une loi qui coûte cher.
05:13 On est davantage dans une approche qui est symbolique.
05:16 Et la réparation vient reconnaître ce préjudice qui a été commis il y a de cela plusieurs décennies.
05:21 Puisque des gens, je vous l'ai dit, ont perdu leur boulot et parfois ont été obligés de s'exiler.
05:25 Puisqu'effectivement, la publicité était tellement importante autour de leur condamnation
05:29 qu'ils ont dû quitter leur ville ou leur région.
05:31 - Oui, mais vous ne vous avouez pas vaincu pour autant.
05:34 On va prendre Karim dans un instant qui va intervenir.
05:36 Peut-être vous interpeller, Hussien Bourji.
05:39 Mais vous dites peut-être, vous avez meilleur espoir que ça passe à l'Assemblée,
05:41 puisque après ça va revenir forcément devant les députés.
05:43 - Absolument. La règle parlementaire, c'est que lorsqu'une proposition de loi ou un projet de loi
05:47 est votée dans une des deux assemblées, elle va dans la seconde.
05:50 Donc on commence par le Sénat, elle ira à l'Assemblée nationale.
05:53 Et j'ai bon espoir que les députés soient un peu plus ouverts à cette idée de réparation.
05:58 - 0467 58 6000, prenez la parole sur France Bleu Héro.
06:02 Karim est avec nous de Marsiarg. Bonjour Karim.
06:05 - Bonjour Vivian, bonjour Guillaume, bonjour Monsieur le représentant.
06:08 - Alors qu'est-ce que vous en pensez ? - Bonjour Monsieur.
06:10 - On vous écoute.
06:11 - J'appelle pour deux choses.
06:13 D'abord, j'appelle pour dire, bon, s'il y a des excuses, administration,
06:17 écoutez, je serai content, je serai ravi pour eux.
06:20 Deuxième chose, j'appelle pour confirmer à tous les gens qui nous écoutent
06:23 que nos représentants, ils sont loin, ils ne sont pas sur le même bateau que nous,
06:27 ils s'en foutent de nos problèmes actuels.
06:30 Monsieur le représentant, il y a d'autres problèmes.
06:32 - C'est le sénateur, c'est un sénateur.
06:33 - Monsieur le sénateur, il y a d'autres problèmes.
06:35 Aujourd'hui, en 2023, à ce mois-ci, il y a un problème économique majeur.
06:40 Il y a un problème de chômage qui remonte.
06:42 Il y a un problème de pouvoir d'achat.
06:44 On n'arrive même pas à acheter ce qu'on veut.
06:46 On sort avec un chariot au moitié plein.
06:47 - Donc pour vous, Karim, c'est pas une...
06:49 - Il y a des problèmes de 40 ans en arrière, Monsieur le sénateur.
06:51 - C'est pas une priorité pour vous, donc c'est ça que vous voulez dire.
06:53 - Exactement, oui. Merci beaucoup.
06:55 - Je commence à vous connaître un peu, Karim,
06:58 donc je commence à bien comprendre ce que vous voulez dire.
07:01 Bon, qu'est-ce que vous répondez à Karim Hussen ?
07:04 - C'est un point de vue que j'entends, que je respecte,
07:06 mais que je ne partage pas du tout.
07:08 Parce que les parlementaires, les élus, sont là pour s'occuper
07:10 de toute la population, dans sa diversité.
07:13 Je ne suis pas là élu pour m'occuper uniquement des gens comme Karim,
07:17 qui ont des préoccupations d'ordre économique ou social...
07:19 - Et qui sont légitimes.
07:20 - Et qui sont légitimes.
07:21 Je suis là aussi pour m'occuper des personnes âgées
07:23 et de la manière dont les personnes âgées sont traitées dans les EHPAD,
07:26 même si à l'évidence, Karim n'en fait pas partie.
07:28 Je suis aussi élu pour m'occuper des enfants
07:31 et des conditions d'accueil des enfants dans les écoles de la République,
07:34 mais aussi des enfants qui sont en situation de handicap.
07:36 Je suis sûr que si demain on faisait une émission
07:38 pour parler des enfants en situation de handicap,
07:40 vous auriez des auditeurs qui vous appelleraient pour vous dire
07:42 "oui, c'est une petite minorité, c'est pas le plus important,
07:45 il faut s'adresser et s'intéresser à la majorité".
07:47 Oui, je pense que la grandeur d'une société
07:49 c'est de s'adresser et de s'intéresser à tout le monde.
07:52 - Merci Karim en tout cas d'avoir appelé.
07:53 Je voudrais vous faire partager le commentaire de Marie
07:55 sur notre page Facebook, qui écrit la chose suivante
07:58 "Mais quoi encore ! après on indemnisera les descendants
08:02 des condamnés à mort avant son abolition."
08:04 Est-ce qu'on peut comparer les deux ?
08:06 - On ne peut pas comparer les deux,
08:07 parce qu'en l'occurrence la proposition de loi
08:09 concerne uniquement les gens qui sont en vie.
08:11 C'est la raison pour laquelle il y a si peu de personnes
08:13 qui ont activé les leviers de la réparation dans notre pays.
08:16 - Oui, évidemment, quand on a la mort c'est pas le cas,
08:19 mais les descendants, on parle des descendants.
08:21 - Elle parle des descendants, des gens qui ont été condamnés
08:23 à des peines de mort.
08:24 Mais regardez quand je vois le combat
08:26 que mène le petit-fils de Céznec,
08:28 ou l'arrière-petit-fils de Céznec.
08:30 Finalement ce sont des combats qu'on mène au nom de la justice.
08:33 Je demande aux gens juste de ne pas être bas du plafond,
08:36 de lever la tête et de regarder et de réfléchir
08:38 en fonction de leur conscience.
08:40 Lorsqu'un pays commet des erreurs, condamne des gens à tort,
08:43 ça a été le cas pour Céznec par exemple,
08:45 mais aussi pour d'autres,
08:46 lorsqu'on fusille des gens sur le chemin des dames
08:48 pendant la première guerre mondiale,
08:50 c'est l'honneur de la France, c'est la grandeur de la France
08:52 que de le reconnaître.
08:54 - Merci Hussein Bourji.
08:55 - Merci à vous.
08:56 - Vous nous tenez informés de la suite,
08:57 par rapport à cette proposition de loi,
08:59 et d'autres, parce que vous n'êtes pas que sur ce terrain-là,
09:01 contrairement à ce que pourrait croire Karim,
09:03 mais vous êtes également, il y a d'autres propositions
09:06 qui viendront aussi.
09:07 - Absolument.
09:08 - On n'en parlera pas aujourd'hui.
09:09 - On en reparlera.
09:10 - Vous connaissez le chemin de la radio pour venir de toute façon.
09:13 - Absolument.
09:13 - Donc on aura l'occasion de se revoir.
09:15 - Avec plaisir.
09:15 - Merci beaucoup.
09:16 - Belle journée à tous et à toutes.
09:17 - Vous pouvez réécouter l'interview de notre invité ce matin
09:19 en allant sur francebleu.fr.
09:21 Il est 7h55, vous avez choisi France Bleu et Rond,
09:24 vous avez peut-être choisi France-Roi Occitanie,
09:26 vous nous regardez, vous nous écoutez dans un instant

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