7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Opération de Tsahal sur l'hôpital Al-Shifa à Gaza: quid des otages?

  • l’année dernière
L'armée israélienne, Tsahal, a annoncé mercredi 15 novembre une opération sur l'hôpital d'Al-Shifa à Gaza, parce que les Israéliens assurent que l'infrastructure médicale sert de poste de contrôle au Hamas. Mais au milieu de ces opérations et combats, qu'en est-il des otages?

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Transcription
00:00 On en parle avec Patrick Sos, éditorialiste politique internationale à BFM TV.
00:07 Bonjour Patrick, merci d'être là.
00:09 Clémence Dibou est toujours en direct avec nous depuis Tel Aviv.
00:12 Et Raphaël Gérusalemi, vous êtes analyste sécuritaire à Y 24 News.
00:15 Vous avez travaillé auparavant pour les services de renseignements israéliens.
00:19 L'opération militaire israélienne se poursuit donc ce matin dans cet hôpital Al-Shifa de Gaza.
00:27 Écoutez ce qu'en disaient hier deux des porte-parole de l'armée israélienne
00:31 qui reconnaissaient les premiers qu'il s'agissait d'une opération pour récupérer ce qu'ils appellent les kidnappés.
00:37 Nous disposons de renseignements et même d'une nécessité opérationnelle
00:42 afin de vaincre le Hamas et peut-être de sauver des otages.
00:49 Nous avons des informations précises sur la présence de terroristes du Hamas
00:53 entre 200 et 300 dans l'hôpital et peut-être également la présence de kidnappés
00:58 du 7 octobre dans les sous-sols de l'hôpital.
01:01 Raphaël, on a l'impression ce matin qu'on ne parle plus du tout des otages et de cet objectif en fait.
01:09 C'est une impression fausse si j'ose dire, dans la mesure où justement les otages reviennent au devant de la scène
01:17 après le succès militaire, dans l'hôpital Shifa et surtout l'objectif de l'hôpital Shifa,
01:24 c'est ce qu'il y a en dessous de l'hôpital, c'est la raison pour laquelle il faut l'évacuer de personnes innocentes
01:30 pour pouvoir opérer sereinement et détruire les infrastructures souterraines en dessous de l'hôpital.
01:37 Et là, ce problème a été plus ou moins résolu avec une opération sans faute totale de l'armée israélienne
01:44 qui permet d'espérer que la pression qui est imposée aux terroristes va les faire céder
01:50 pour une négociation justement de libération des otages et même peut-être dans la foulée de cette offensive
01:57 d'atteindre physiquement, concrètement, certains otages détenus sous l'hôpital Shifa.
02:03 Vous voulez dire en fait que l'armée israélienne a vécu ces dernières heures la première phase
02:08 qui consistait en quelque sorte à nettoyer et à préparer le terrain
02:12 mais que la question des otages est évidemment toujours d'actualité
02:16 et que ces otages sont sans doute cachés quelque part dans cet hôpital à Shifa qui est le plus grand de Gaza ?
02:23 Oui, il faut bien comprendre que cet hôpital c'est un immense complexe, c'est beaucoup d'immeubles,
02:29 c'est presque une petite ville, c'est un grand complexe hospitalier.
02:33 Certains otages pourraient s'y trouver dans la mesure où certains ont été violentés, maltraités
02:39 durant les massacres du 7 octobre et donc ont besoin de soins médicaux.
02:45 Le Hamas va les soigner puisqu'il en a besoin comme monnaie d'échange
02:49 dans les négociations qui vont venir à propos justement de cette libération d'otages israéliens
02:54 et donc on suppose qu'il y en a un certain là, mais comme je le dis, ce n'est pas la poignée d'otages
03:01 sur lesquelles on va peut-être pouvoir mettre la main qui compte,
03:04 c'est la pression intense qui est mise sur les terroristes du Hamas
03:09 pour les obliger à se montrer beaucoup plus coulants dans les négociations
03:15 qui sont en cours pour la libération de tous les otages.
03:18 Mais dans le procès, il y a peut-être un élément que l'on a du mal à comprendre,
03:21 c'est pourquoi l'armée israélienne a retiré au bout de quelques heures ses soldats et ses chars
03:26 avant d'y revenir avec des bulldozers ?
03:30 Alors il a fallu s'assurer d'une part que l'hôpital était bien évacué de tous les patients,
03:38 le personnel médical, qu'on avait bien dégagé tout ce qui ne devait pas être présent dans la zone du combat,
03:46 voir aussi s'il y avait un regroupement, s'il allait sortir,
03:51 en fait ce qu'on a laissé comme opportunité aux terroristes, c'est de sortir des tunnels,
03:56 c'est d'arriver à plusieurs reprises où on a mis la pression dans un certain endroit,
04:01 dans les bastions du Hamas, puis l'armée s'est retirée et à ce moment-là...
04:06 On a un petit souci, on va rejoindre Clémence Dibou du côté de Tel Aviv.
04:11 Clémence, que disent les Israéliens ce matin de cette opération ?
04:15 C'est vrai qu'au niveau communication, à l'heure où on se parle,
04:21 on a pu voir des images publiées par TSAHAL de l'hôpital Al-Shafi,
04:25 ce n'est pas forcément non plus ce à quoi peut-être aussi TSAHAL s'attendait.
04:29 Quand l'hôpital Rantissi a été exploré par les sous-sols,
04:32 on a eu immédiatement le porte-parole de TSAHAL qui s'est mis dans une vidéo
04:36 pour montrer qu'il y avait des couches, des biberons, très certainement,
04:40 la présence d'otages dans ces tunnels sous l'hôpital.
04:43 On s'attendait donc à la même chose dans ce grand hôpital de Gaza.
04:47 Pour l'instant, il n'y a pas eu d'image, il n'y a pas eu de communication sur ce point précis.
04:51 La société israélienne ici est en attente.
04:54 D'ailleurs, il y a eu plusieurs questions dans plusieurs points de presse
04:57 sur si TSAHAL n'est pas intervenu trop tard,
05:00 justement parce que les otages auraient pu être déplacés un peu plus bas dans Gaza.
05:05 Et puis, bien sûr, aussi, on a vu des images qui ont été publiées hier soir
05:09 toujours par l'armée israélienne d'armes, derrière un IRM, derrière un scanner.
05:14 Mais effectivement, pas forcément, pour l'instant, à l'heure où on se parle,
05:18 de grands centres de commandement dans ces tunnels sous cet hôpital.
05:22 Et donc, ce qui fait titrer, par exemple, ce matin au Jérusalem Post,
05:25 c'est un journal israélien en langue anglaise, qui se demande
05:28 mais où sont donc passés les 200 à 300 terroristes dont parlait le porte-parole de TSAHAL ?
05:33 Se sont-ils volatilisés ?
05:35 Pour l'instant, la société israélienne attend des preuves
05:38 et espère effectivement que les otages, les 239 otages,
05:42 sont toujours au cœur des préoccupations de TSAHAL.
05:45 Le gouvernement politique doit régulièrement rappeler que, oui, bien sûr,
05:48 c'est toujours l'objectif de cette offensive dans Gaza.
05:52 D'abord, éliminer le Hamas, ensuite libérer les otages,
05:56 et arrête, c'est un journal de gauche ce matin, dans ses éditoriales,
05:59 et demande, est-ce qu'on ne pourrait pas inverser ?
06:01 Est-ce que ça ne pourrait pas être d'abord la libération des otages
06:03 et ensuite la poursuite de cette offensive ?
06:06 Libérer les otages en préservant les civils, c'est aussi un enjeu très important.
06:10 Il y en a beaucoup dans l'hôpital, plusieurs milliers.
06:13 Écoutez ce que disait le président de la République hier soir en Suisse.
06:16 La priorité de la France est aujourd'hui la libération de nos otages,
06:20 de participer à la demande de la libération de tous les otages,
06:24 mais en particulier évidemment des otages français ou binationaux
06:28 qui sont aujourd'hui détenus par le Hamas.
06:30 Nous mettons tout notre poids, toute notre force,
06:32 pour libérer nos otages et permettre aux familles de retrouver leurs proches.
06:39 Patrick, on sent aussi une grande pression internationale depuis hier
06:44 autour de cette opération qui se déroule quand même dans un certain huis clos.
06:47 Les images qu'on en a sont les images que veut bien nous fournir l'armée israélienne.
06:50 L'opération se poursuit ce matin avec donc cette pression internationale
06:54 et ces appels à la retenue d'une certaine manière.
06:57 Et même plus que ça, on a entendu le fait que les Américains
07:00 n'avaient pas donné l'autorisation à l'armée israélienne.
07:02 Là on peut un peu hausser les sourcils parce que si nous-mêmes,
07:04 si l'armée française faisait une opération et qu'il y avait un feu rouge
07:08 sur l'armée américaine, on serait là, quid de notre souveraineté ?
07:10 On fait un peu ce qu'on veut.
07:12 Mais là on est vraiment dans la quintessence de la complexité de la ville de Gaza.
07:17 Si je fais un plan de coupe de l'hôpital de Al-Shifa, vous avez tout.
07:21 Vous aviez en tout cas jusqu'à il y a quelques heures, 2300 personnes.
07:24 Qui a-t-il à l'intérieur ?
07:25 Il y a des gens qui ont été victimes de bombardements,
07:28 qui ont été soignés pour ça, pour les urgences.
07:30 Vous avez des gens qui étaient sous dialyse, des gens qui souffraient d'un cancer.
07:34 Vous aviez des réfugiés et vous aviez des terroristes.
07:37 Tout ça dans une espèce de CHU, comme l'a dit votre intervenant.
07:42 Et où sont partis les gens ?
07:44 En fait, moi je voudrais réfléchir à tout ce qui n'a pas été montré par ces images.
07:48 Vous avez vu des traces d'impact, des images de combat ?
07:51 Absolument pas.
07:52 Il y en a très peu.
07:53 On ne sait pas.
07:54 On ne sait pas non plus s'il y avait des otages,
07:57 parce que si on prend bien la phrase telle qu'elle a été donnée au départ
08:01 par les autorités israéliennes, c'est une opération ciblée.
08:04 Après oui, on les interroge et vous avez compris qu'il y avait
08:06 une liberté de parole des porte-paroles de l'armée israélienne
08:09 qui nous disaient "oui, peut-être pour trouver les otages,
08:11 mais pour l'instant on est sur une opération ciblée".
08:14 Vous parliez Christophe des bulldozers, c'est le Hamas qui en parle pour l'instant.
08:17 Les Israéliens sont là sur une poursuite d'une opération ciblée.
08:21 Raphaël Gérusalemmi, l'hôpital Al-Shifa, c'est la synthèse des difficultés
08:26 rencontrées par Israël, parce qu'il faut évidemment,
08:28 et c'est votre objectif, traquer le Hamas, libérer les otages,
08:32 et en même temps, parce que vous êtes très regardé sur ce thème-là,
08:35 épargner les civils.
08:37 Oui, et c'est la raison pour laquelle les détails vont maintenant affluer.
08:43 Cette opération restera dans l'histoire, peut-être encore plus que l'opération
08:49 en TB, lorsque les troupes israéliennes étaient arrivées jusque en Afrique
08:54 pour libérer les passagers d'un avion détourné par d'autres terroristes.
08:59 Une opération qui était donc historique, et bien celle-ci est encore plus
09:03 spectaculaire, plus audacieuse, et surtout plus réussie que l'opération en TB.
09:09 Elle restera dans les manuels, en tous les cas des écoles militaires,
09:13 comme un exemple de réussite par rapport à une opération d'une complexité.
09:19 – Mais vous voulez dire quoi ? Que les otages vont être libérés
09:22 sans victime collatérale, c'est ce que vous voulez dire ?
09:24 – Pour l'instant, il n'y a pas de victime collatérale, je ne me souviens pas…
09:29 Vous savez, on nous dit que nous sommes regardés à la loupe,
09:31 mais en fin de compte, c'est nous-mêmes qui nous regardons à la loupe.
09:34 Il ne faut pas oublier que le niveau moral ou éthique de Tsaï,
09:38 ça concerne d'abord Tsaï, c'est-à-dire notre améconscience,
09:43 et pas ce que nous demande M. Macron ou M. Biden.
09:46 – Mais quand vous dites qu'on va avoir des détails, quel genre de détails ?
09:50 – Eh bien pour l'instant, on a ce qu'on appelle le brouillard du combat,
09:54 c'est-à-dire qu'on a coupé l'Internet, on a coupé tous les moyens de communication
09:59 pour ne pas dévoiler ce qui est en train de se passer.
10:03 Ce brouillard va être levé tôt ou tard,
10:06 et nous allons avoir des photos, des images de ce qui s'est passé.
10:11 Ce qui est certain, c'est que pour l'instant,
10:13 on a réussi à neutraliser la partie terroriste qui s'évitait dans l'hôpital
10:19 sans impacter, sans faire de victime, parmi le personnel médical,
10:24 les réfugiés et les patients.
10:27 Et donc c'est quelque chose d'extraordinaire.
10:30 Le but maintenant, c'est un but militaire,
10:33 de s'occuper de ce qu'il y a sous cet hôpital.
10:36 Alors le fait que certains terroristes ont pu prendre la fuite, c'est possible,
10:40 mais nous allons neutraliser le quartier général du Khamas
10:44 qui se trouve sous cet hôpital.
10:46 – Voilà qui est dit.
10:47 Merci d'avoir été avec nous ce matin dans le 7 minutes pour comprendre.

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