Trois frères septuagénaires, tous mariés à des assistantes maternelles, sont mis en cause pour des faits de viols et agressions sexuelles sur des enfants dans le Doubs.
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00:00 160 000 enfants chaque année dans notre pays qui sont victimes de violences sexuelles
00:04 et 3% des pédocriminels sont déclarés coupables.
00:08 Alors la réponse à votre question est très simple, ça s'appelle un système d'impunité.
00:14 Le déni...
00:15 - Comment vous l'expliquez ?
00:16 - Eh bien c'est...
00:17 - Les jeunes, pardon, ils ne sont pas abattus aux pédocriminels ?
00:19 - Nous l'expliquons dans ce rapport.
00:21 - Comment on en arrive là ?
00:22 - Eh bien on en arrive là en écrivant "pédophile" au lieu de "pédocriminel" par exemple.
00:26 Ça s'appelle le déni.
00:28 Le déni, il est vrai chez les journalistes, dans la justice, à l'hôpital, dans toute la société, dans les familles, les institutions se protègent.
00:35 - Vous voulez dire que dans toutes les sphères de la société, on ne veut pas voir...
00:39 - Vous le découvrez ? Le déni, le violences sexuelles...
00:43 - Pardon, on ne peut pas penser que quand on écrit par exemple là "pédophile", on soit dans un déni.
00:47 On n'utilise peut-être pas le terme que...
00:49 - Oui, mais c'est un mot, si vous voulez, je pense que le mot "amour" est le mot le plus inapproprié
00:54 pour parler de quelqu'un qui viole un enfant.
00:56 Et il est assez constant de dire que le viol des enfants et notamment l'inceste sont la réalité la plus déniée de l'histoire de l'humanité.
01:07 C'est un fait constant, que nous avons d'ailleurs décrit dans notre rapport.
01:11 - Le mot "inceste" ne traduit à lui seul sans doute rien de ce qu'est l'inceste,
01:17 à savoir des agressions sexuelles, des viols sur des enfants de notre famille.
01:21 Peut-être le mot "inceste" lui-même est-il un mauvais mot pour décrire ce qu'il est ?
01:26 - C'est le mot qui désigne cette réalité.
01:30 - Qu'est-ce qu'on fait alors ?
01:32 - Eh bien ce qu'on fait...
01:33 - Comment on avance sur ce sujet terrible et qui concerne beaucoup trop de gens ?
01:37 - On lutte contre soi-même pour accepter que c'est vrai, que ça existe, que ce ne sont pas des monstres.
01:45 - Mais ce n'est pas une mesure ça ?
01:47 - Si c'est une mesure, c'est la première des mesures.
01:49 - C'est quoi comme mesure ?
01:51 - Je vais vous l'expliquer, parce que c'est extrêmement important.
01:54 Un enfant ne révèle des violences que s'il a la certitude que la personne à qui il le dit
02:02 est en capacité de se représenter ce qu'il est en train de dire.
02:07 C'est extrêmement important.
02:09 Et c'est pour ça que nous commençons par le repérage.
02:12 Nous avons reçu des témoignages de pédocriminels qui, après les viols,
02:17 brûlent la langue des enfants avec des cigarettes.
02:19 Comment mieux dire "tu n'as pas le droit de parler" ?
02:21 Comment voulez-vous qu'un enfant libère la parole comme on l'a entendu,
02:25 comme on le dit très improprement ?
02:27 Alors qu'en réalité ce qu'il faut, c'est aller chercher les enfants pour les mettre en sécurité.
02:32 Mais il faut leur donner la garantie qu'on va être capable d'assumer
02:37 ce que produisent dans l'esprit les mots de la violence sexuelle.
02:42 Or, nous ne sommes pas capables de ça.
02:44 Nous préférons dire "mais non, c'est pas possible, c'est tellement gros".
02:47 Et puis 15 ans plus tard, on dit "mais oui, mais nous le savions".
02:49 C'est pourquoi la CIVIS a quatre axes de travail clairs,
02:53 et une doctrine claire, et vous m'entendez la dire extrêmement clairement.
02:56 Le premier axe, c'est le repérage des enfants victimes.
03:00 Parce que ce que nous montrons d'une manière totalement inédite dans ce rapport,
03:05 c'est que nous disons des choses contradictoires aux enfants et aux adultes qu'ils deviennent.
03:10 Nous leur disons "mais il faut nous faire confiance, il faut révéler les violences".
03:13 Sauf que seuls 8% des enfants qui révèlent des violences obtiennent une réponse de soutien.
03:19 92% des enfants n'obtiennent pas une réponse de soutien.
03:25 Et donc nous disons quelque chose de très simple, vous voulez des mesures concrètes,
03:28 nous disons "il faut garantir au minimum, une fois par an, un rendez-vous d'évaluation
03:35 du bien-être et du développement de l'enfant, et de dépistage des violences".
03:39 Il faut le repérage systématique quand on va chez le médecin, à l'école, chez l'éducatrice,
03:44 mais il y a des enfants qui ne vont pas chez le médecin, qui ne vont pas chez l'éducatrice,
03:48 qui ne vont pas à l'école. Moi je suis juste des enfants, vous l'avez rappelé.
03:52 Je connais les familles agresseurs.