• l’année dernière
Le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d'avoir drogué à son insu la députée de Loire-Atlantique, Sandrine Josso, et mis en examen, a été suspendu par son parti "Horizons" et son groupe parlementaire, avant une possible exclusion définitive.

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Transcription
00:00 Est-ce que vous êtes tombée des nues ou est-ce que c'est quelque chose que vous estimez, que vous pensez courant dans le monde politique ?
00:06 J'espère quand même que ça n'est pas courant. Après, je ne suis pas tombée des nues non plus et je pense que là...
00:11 Pourquoi vous n'êtes pas tombée des nues ?
00:12 Mais parce qu'il y a des affaires de violence sexuelle dans le monde politique, il y en a.
00:16 Et que, enfin, voilà, il n'y a pas beaucoup de femmes qui parlent, mais parce que c'est compliqué, parce que les hommes sont encore très protégés,
00:23 parce qu'on met beaucoup en doute la parole des femmes.
00:26 Et là, je voudrais saluer le fait que pour la première fois, j'ai l'impression qu'on n'a pas tellement mis en doute la parole de Sandrine Jossot.
00:32 Mais imaginez que ça soit arrivé, par exemple, à la collaboratrice de Joël Guerriot.
00:37 Je ne suis pas sûre qu'on aurait pris ces déclarations au pied de la lettre, comme on l'a fait.
00:41 Son statut de député qui la rend crédible.
00:43 En fait, d'une certaine manière, comme c'est quelqu'un qui a un pouvoir, elle aussi, et qui est dans la place, on a tout de suite...
00:49 On a cru sa parole, elle était crédible aux yeux de tout le monde, et donc sa parole a été entendue.
00:56 Mais combien, en fait, si... Imaginez un instant que ce soit une collaboratrice ou une voisine, ou quelqu'un sur sa circonscription,
01:03 est-ce qu'on aurait cru de la même manière ?
01:05 Je rappelle quand même que, par exemple, Damien Abad est encore sur les bancs de l'Assemblée.
01:09 Aujourd'hui, la parole de ses victimes a été suffisamment remise en cause pour qu'on ne juge pas nécessaire qu'il soit sorti du groupe Renaissance,
01:17 pour qu'on ne juge pas nécessaire qu'il puisse se retirer de l'Assemblée nationale.
01:21 Donc en fait... Moi, j'ai dénoncé des violences sexuelles il y a six ans maintenant, il y a sept ans même.
01:27 Et à l'époque, on disait "bon, ben c'est la première fois", et c'était dans le monde politique, c'était le vice-président de l'Assemblée nationale.
01:34 C'était Denis Beaupin.
01:36 Et depuis sept ans, qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
01:41 En fait, il n'y a pas de peine d'inéligibilité pour les hommes élus qui se rendent coupables de ce type d'agression.
01:49 Pour l'instant, il reste présumé innocent, vous le rappelez aussi.
01:52 Bien sûr, mais puisque c'est le sujet, discutons quand même de ce qui a avancé sur les violences sexuelles, il n'y a pas d'inéligibilité.
01:58 Il n'y a pas eu de démission de ministres ou de députés qui ont été convaincus ou qui ont subi des accusations,
02:07 enfin qui sont soumis à des accusations de viol ou d'agression sexuelle.
02:10 Donc en fait, on est dans une espèce de statu quo où il y a une forme de protection des personnes au titre de cette présomption d'innocence.
02:18 Mais là, pour la première fois, je trouve que quelque chose est en train de changer,
02:22 qui est que pour la première fois, cette députée, et probablement parce que c'est une députée, sa parole est crue.
02:28 Ce que je voudrais dire quand même aussi pour compléter, c'est que s'ils testent cette technique sur une députée,
02:35 je ne serais pas surprise, du moins qu'il y ait d'autres victimes que elle,
02:40 parce que je trouve qu'il y a derrière quelque chose qui ressemblerait à un mode opératoire.
02:45 Évidemment, il y a la présomption d'innocence, mais je ne serais pas surprise que dans les jours qui arrivent, il y ait de nouvelles révélations.
02:53 Et par ailleurs, je voudrais quand même dire que c'est un mode opératoire qui est très courant,
02:57 et dans les soirées étudiantes, mais aussi dans le reste de la population.
03:00 Et rien que d'en discuter depuis cette affaire Joël Guerriot, eh bien, nombreuses femmes autour de moi, par exemple,
03:06 ont dit avoir été droguées au GHB ou avoir connu des troubles très étranges après avoir bu un verre avec un homme.
03:14 Donc en fait, c'est un mode opératoire qui apparaît assez courant, et que la police a du mal à détecter,
03:20 parce que les substances s'enlèvent très rapidement du corps des victimes,
03:24 de sorte que ce sont des viols qui sont très peu condamnés.
03:29 Aujourd'hui, le taux de condamnation des viols en France est de 0,6%.
03:34 Je le redis parce que ça veut dire que 99,4% des viols ne sont jamais condamnés en France,
03:39 ce qui pose un problème de législation.

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