• l’année dernière
Une étude sur le sanglier en milieu urbain à Nimes et Montpellier est menée depuis un an par le Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive du CNRS à Montpellier.
Où vont-ils, quand ? A l'ouverture de la chasse pour fuir les chasseurs ? Combien de temps ils restent, comment ils se nourrissent ?
Quelles mesures de sécurité il faut prendre ? Est ce que l'homme peut cohabiter avec le sanglier en milieu urbain ?
Un questionnaire sera lancé l'an prochain auprès des habitants pour savoir ce qu'ils préfereraient : élimination ou cohabitation.

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Transcription
00:00 Qu'est-ce qu'on a en fait ces sangliers ?
00:02 C'est la question qu'on vous pose, faut-il les éliminer ou vivre avec ?
00:05 Alors vous répondez évidemment sur les réseaux sociaux, vous allez prendre la parole aux 0467 58 6000 pour nous dire ce que vous en pensez.
00:11 Au niveau des résultats c'était moite moite c'est ça ?
00:13 - Oui, alors c'est plus tout à fait moite moite.
00:15 L'écart s'est quand même agrandi entre les partisans de élimination et les partisans de vivre avec.
00:20 On est quasiment à 60/40 et 60 en faveur de... d'après vous ?
00:24 - On les élimine.
00:26 - Continuez à voter, vous êtes 167 à avoir voté, il y a beaucoup de commentaires sur la page Facebook, on en lira quelques-uns.
00:32 - Dites-nous ce que vous en pensez, 0467 58 6000.
00:35 Ce matin on est avec Raphaël Matvey qui est directeur de recherche au CNRS à Montpellier.
00:39 - Bonjour Raphaël Matvey.
00:40 - Bonjour.
00:41 - Merci d'être venu nous rejoindre.
00:43 Vous êtes à la tête d'un projet qui a démarré il y a un an, qui va en durer 3 je crois au total.
00:49 Un projet financé par l'Agence Nationale de la Recherche qui vise à expliquer et analyser le comportement des sangliers en milieu urbain.
00:58 - Oui, tout le monde a remarqué que les sangliers pénétraient en ville ces dernières années.
01:03 Montpellier, Nîmes, mais aussi Barcelone, Rome, Berlin, donc Hong Kong également.
01:09 Donc toutes les villes sont sujettes à des pénétrations de sangliers.
01:12 Donc on essaye de comprendre pourquoi les animaux viennent en ville ou pourquoi la ville aussi vient voir les animaux.
01:18 - Et j'imagine qu'il y a déjà un début d'explication, on y consacrera un petit peu de temps évidemment.
01:23 Comment vous procédez très concrètement ?
01:26 Alors vous ne mettez pas des gens partout pour observer, ça durera un temps fou.
01:31 Vous avez des techniques bien particulières pour pouvoir justement déjà commencer par analyser les déplacements des sangliers.
01:37 - C'est ça, on essaye de combiner, d'avoir une approche plutôt interdisciplinaire.
01:41 Donc on essaye de combiner écologie spatiale, capture d'animaux, équipement des animaux avec des colliers, avec des balises GPS,
01:49 pour pouvoir suivre leurs déplacements.
01:51 On peut les suivre toutes les cinq minutes, toutes les demi-heures, toutes les heures,
01:54 pour avoir une idée plus ou moins fine de leurs déplacements en milieu urbain.
01:58 Et essayer de voir où sont leurs lieux de remise, où est-ce qu'ils se dissimulent la journée, où est-ce qu'ils bougent la nuit.
02:05 Et essayer de comprendre un peu les voies de pénétration en ville, et puis comment ils se nourrissent et comment ils s'abreuvent.
02:13 Et puis également on essaye de combiner cela avec des enquêtes en sociologie, en anthropologie,
02:18 pour essayer de comprendre la relation que les humains entretiennent avec les animaux,
02:23 que ce soit dans les quartiers difficiles, enfin dits difficiles, ou les quartiers plus aisés.
02:29 Voilà, on essaye de combiner tout cela.
02:31 - La difficulté c'est de capturer les sangliers pour leur mettre ce fameux collier GPS,
02:36 vous aviez réussi je crois en mettre six jusqu'à présent, il n'y en a plus que deux en circulation ?
02:41 - C'est cela, la difficulté c'est de pouvoir capturer des animaux de plus de 50 kilos,
02:45 donc on a Jules Desoeurs qui est ingénieur avec nous, qui s'occupe des captures,
02:49 avec Simon Chamaillé qui est spécialiste d'écologie spatiale.
02:53 Et donc la difficulté c'est de pouvoir capturer des animaux qui font un poids suffisant
02:57 pour être équipés des colliers et avec la balise.
03:00 Et puis la difficulté c'est d'avoir un taux de survie suffisant,
03:04 puisqu'effectivement sur les six animaux capturés depuis au cours des deux derniers mois,
03:10 on en a déjà quatre qui ont disparu,
03:12 deux qui ont été tués à la chasse en périphérie de la métropole de Montpellier,
03:16 et deux autres qui ont été victimes de collisions routières.
03:18 - Puisque la chasse n'est plus autorisée sur le territoire de la ville,
03:21 donc évidemment les sangliers n'y sont plus chassés,
03:23 vous les capturez comment ? Par l'intermédiaire de cages, pièges ?
03:26 - Si ça ce sont des cages-pièges qui sont appâtées avec du maïs,
03:31 et on essaye de faire pénétrer les animaux.
03:33 - Alors on va revenir sur les premières observations et peut-être les premières conclusions
03:36 que vous avez pu tirer de votre étude que vous menez depuis un an,
03:39 mais avant ça, parce que c'est un sujet qui intéresse beaucoup nos auditeurs,
03:42 on le sait, on va prendre un premier appel.
03:44 - Ah oui parce qu'il y a Michel qui est à Saint-Maurice-Navassel qui veut intervenir.
03:46 Bonjour Michel !
03:47 - Bonjour !
03:48 - Alors on vous écoute Michel.
03:50 - Eh bien quand on participe à un sondage, répondre oui ou non c'est facile,
03:55 par contre il faut étudier un petit peu et comprendre le comportement des animaux
04:00 avant de répondre d'un point de vue purement philosophique.
04:04 Les sangliers c'est un animal sauvage, c'est un animal qui peut être dangereux,
04:09 et donc s'il investit les vies, vous n'en verrez plus les gens le matin se lever de bonne heure
04:15 pour aller promener leur chien parce qu'ils auront peur d'une attaque de sangliers,
04:18 quand ils auront les petits, les femelles seront très agressives,
04:22 ou les mamans qui amèneront leurs petits enfants à l'école avec encore un morceau de biscuit dans la main,
04:27 le sanglier n'hésitera pas à venir croquer à la poêle le biscuit et peut-être un peu la main.
04:32 Ce n'est pas des animaux domestiques depuis des millénaires,
04:37 et donc ils auront toujours un comportement agressif quand ils se sentiront endangés.
04:42 - Donc selon vous Michel, qu'est-ce qu'il faut faire ?
04:44 - Eh bien il faut les capturer, les relâcher dans la nature ou carrément les tuer.
04:50 Parce que si vous avez des sangliers dans Montpellier, je prends comme exemple,
04:54 vous aurez des impacts de voitures, ça a déjà été souligné,
04:58 le tram ne va pas s'arrêter quand le sanglier va traverser,
05:02 c'est une aberration complète que de vouloir adapter des animaux sauvages dans un milieu urbain.
05:10 - Et Michel, vous êtes à Saint-Maurice-Navassel, vous êtes blindé niveau sanglier ?
05:15 - Voilà, à Saint-Maurice-Navassel, nous avons énormément de sangliers.
05:19 L'argument présenté comme quoi les sangliers se réfugiaient en ville parce qu'ils sont échassés,
05:25 c'est un argument qui est complètement fallacieux.
05:27 Bien sûr, si tous les sangliers qui étaient chassés venaient se réfugier en ville,
05:31 la population de Montpellier serait doublée.
05:33 - Merci Michel de nous avoir appelé.
05:38 On va demander à Raphaël Madvet peut-être une réaction, un sentiment,
05:42 par rapport à ce que vient de dire notre auditeur.
05:44 Vous partagez le constat que fait Michel de la situation ?
05:48 - Oui, ce qui caractérise le sanglier par rapport à d'autres cervidés
05:52 ou à d'autres espèces de même taille, de mammifères,
05:55 par rapport au chevreuil par exemple, c'est que c'est un animal qui peut prendre la fuite,
05:59 mais c'est aussi un animal qui résiste, c'est pour ça que c'est un animal qui est intéressant à chasser
06:04 et en plus il peut blesser ses assaillants.
06:08 Et donc la difficulté que l'on peut avoir avec le sanglier,
06:12 effectivement c'est son comportement en ville.
06:15 Il peut être tantôt dangereux, s'il est nourri,
06:18 il peut avoir des réactions assez imprévisibles,
06:20 et donc il y a toujours un enjeu de sécurité des biens et des personnes.
06:25 Après la question de la cohabitation, elle mérite d'être posée,
06:28 parce qu'on peut penser que dans une métropole aussi vaste,
06:31 il y a des espaces où le sanglier peut être accepté,
06:35 on peut vivre avec le sanglier ou malgré sa présence,
06:39 et puis d'autres espaces où effectivement...
06:41 - Il n'y a pas la différence entre les zones où il y a une densité de population plus importante qu'ailleurs,
06:46 d'où la difficulté peut-être.
06:47 - C'est ce qu'on essaye de comprendre, de voir un peu.
06:50 Alors il fréquente plutôt des espaces marginaux,
06:53 - Végétalisé a priori quand même.
06:56 - Plutôt végétalisé en effet, il se camoufle dans des tout petits boisements,
07:01 il peut être assez réactif sur certains ronds-points et être très présent,
07:05 et donc là il va être aussitôt filmé et présent sur les réseaux sociaux.
07:10 - Comme ces sangliers filmés sur les rails du tram à la Meuse-Fonte,
07:13 c'est quelque chose d'assez inhabituel,
07:16 ou c'est quelque chose qui devient de plus en plus fréquent ?
07:18 - Alors justement ce qu'on essaye de mesurer,
07:20 c'est qu'à l'évidence il y a une couverture médiatique
07:23 et dans les réseaux sociaux qui est croissante,
07:26 et on essaye de mesurer, d'objectiver l'information avec la police municipale,
07:30 avec les pompiers, avec les services de l'État,
07:34 avec la Fédération départementale des chasseurs,
07:36 pour essayer de mesurer l'évolution de la présence de l'animal en ville,
07:40 et on voit que ce n'est pas si clair.
07:42 - 0467, 58, 6 000, dites-nous ce que vous en pensez,
07:45 qu'est-ce qu'on en fait donc des sangliers ?
07:47 - Ça fait réagir sur Facebook, beaucoup de commentaires,
07:49 je ne résiste pas au plaisir de vous lire le commentaire de Pierre Guiraud,
07:52 alias Pierrole Zigo, qui écrit
07:54 "Faudrait à côté des pistes cyclables, faire des pistes sangliables".
07:58 Voilà, ça c'est du Pierrole Zigo.
08:00 Sinon vous êtes nombreux dans vos commentaires, Catherine par exemple,
08:02 qui le dit, à dire que c'est pas les sangliers qui empiètent sur notre territoire,
08:06 mais c'est nous qui avons empiété sur le leur,
08:09 je crois que d'autres le disent également,
08:12 Maglone le dit, beaucoup de commentaires,
08:15 alors c'est assez partagé, c'est à l'image de notre sondage.
08:18 Vous, vous n'êtes pas là pour prendre position, Raphaël Matvey,
08:21 mais vous allez demander justement aux habitants de la métropole
08:24 de se prononcer sur "que faut-il faire des sangliers,
08:26 est-ce qu'on vit avec, ou est-ce qu'on les élimine ?"
08:28 et vous allez lancer un questionnaire, je crois.
08:30 - Oui, on va lancer une enquête dans différents quartiers,
08:34 auprès des habitants où on a des sangliers effectivement qui se déplacent,
08:38 et qui créent plus ou moins de dégâts selon les saisons,
08:42 et puis on va lancer une grande campagne par internet
08:45 pour essayer de mieux comprendre la relation des habitants aux sauvages,
08:50 puisque la présence du sanglier, ça questionne notre rapport à la nature,
08:54 notre rapport à la ville, et quelle place on souhaite donner aux sauvages
08:58 en ville ou pas, d'ailleurs.
09:00 - Le fait que la chasse soit interdite depuis maintenant, je crois,
09:04 un an et demi, deux ans, peut-être, je dis peut-être une bêtise au niveau du temps,
09:07 sur Montpellier, ça a aggravé le phénomène ou pas ?
09:09 - Nous, on n'a pas vraiment l'impression, on n'a pas les données pour le dire,
09:15 a priori non, la chasse est quand même présente sur toutes les...
09:20 sur les communes de la métropole, et donc fait un office de régulation.
09:26 Ce que disait monsieur tout à l'heure, c'était effectivement,
09:29 généralement quand les animaux pénètrent en ville,
09:32 on téléphone à la fédération, à la DDTM, etc.,
09:35 et on fait intervenir un corps très spécial qui a été créé sous Charlemagne,
09:39 c'est le corps des lieutenants de l'Ovétrie,
09:42 et effectivement les animaux sont capturés et euthanasiés,
09:45 puisque le sanglier étant classé espèce susceptible d'occasionner des dégâts,
09:49 on n'a pas le droit de relâcher des espèces susceptibles d'occasionner des dégâts.
09:53 C'est l'ancienne appellation pour désigner les animaux nuisibles.
09:57 - Votre étude va encore durer 2 ans, puisqu'elle en dure 3 au total,
10:00 donc dans 2 ans on y verra un petit peu plus clair,
10:02 on sera même peut-être effectivement jugé sur comment régler effectivement le problème,
10:06 parce que problème il y a, ça c'est indéniable.
10:09 - Oui, il y a un enjeu aussi d'aménagement du territoire,
10:12 la ville s'étale, mais on peut aussi prévoir dans les trames vertes et bleues,
10:15 des aménagements, des barrières, des clôtures,
10:18 et on va essayer aussi de tester des ultrasons,
10:21 différents outils non laitaux,
10:23 qui permettent de faire fuir les animaux,
10:26 ou de limiter leur présence.
10:28 - Merci Raphaël Madvet, directeur de recherche au CNRS,
10:31 d'être revenu me parler de cette étude que vous menez depuis un an,
10:34 et qui va encore durer quelques temps,
10:36 sur la présence des sangliers dans les métropoles de Montpellier,
10:40 et agglomérations au Nîmoise. Merci à vous.
10:42 - Merci, bonne journée.
10:44 - Vous pouvez retrouver cette interview en allant sur francebleu.fr,
10:46 comme à chaque fois, vous pouvez réécouter tout ce qui se passe dans le 6/9 de France Bleu Héro.
10:50 Après les infos d'huit heures, on va parler de la lumière en ville,
10:53 ses conséquences sur notre vie quotidienne,
10:55 son impact sur l'environnement, mais aussi sur nous-mêmes,
10:57 sans parler de son impact sur l'observation du ciel.
11:00 C'est le thème d'une conférence qui a lieu cet après-midi à l'université Paul Valéry de Montpellier,
11:04 et on va en parler avec un autre invité juste après les infos de huit heures sur France Bleu Héro.

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