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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 Pour l'heure, Emmanuel Ducrot, c'est à vous.
00:02 Emmanuel, c'est cette semaine la semaine mondiale de l'antibioresistance,
00:06 un phénomène qui fait que certaines bactéries deviennent insensibles aux antibiotiques
00:09 quand on les a trop utilisées.
00:11 L'ANSES a publié il y a quelques jours un rapport sur les usages de ces médicaments en France,
00:16 notamment pour la santé animale. Qu'est-ce qu'on y apprend ?
00:18 - Et c'est l'occasion déjà de tordre le cou à une idée reçue.
00:21 Le secteur de l'élevage gaverait les animaux d'antibiotiques
00:24 et nous les consommerions massivement via la viande, le lait et les œufs.
00:28 L'ANSES tient des comptes précis des usages des antibiotiques en santé animale en France.
00:33 Elle mesure les effets notamment des plans éco-antibiosuccessifs,
00:36 des plans qui pilotent la réduction du recours à ces médicaments.
00:40 Et bien figurez-vous que les résultats sont spectaculaires.
00:42 Depuis 2011, l'exposition des animaux d'élevage aux antibiotiques,
00:46 toutes espèces confondues, a baissé de moitié et même de 80% depuis 1999.
00:51 - Mais ça veut dire qu'on est en train de sortir des antibios dans les élevages, là ?
00:55 - Bah non, on n'en sortira pas parce que quand les animaux sont malades, on les soigne.
00:58 Ça, ça s'appelle le bien-être animal.
00:59 On a simplement appris à faire mieux avec beaucoup moins.
01:02 - Moins 80% depuis 1999, c'est quand même spectaculaire. Comment on a fait ?
01:06 - Alors déjà, il y a des réglementations drastiques,
01:08 des interdictions de classe de médicaments les plus générateurs de résistance
01:12 et puis surtout un travail de fond qui implique les éleveurs, les vétérinaires,
01:16 les techniciens de l'élevage.
01:18 Alors par exemple, on n'applique plus jamais d'antibiotiques préventifs dans les élevages.
01:22 Ça, ça n'existe plus en France.
01:24 Une observation fine pour prévenir l'apparition des maladies plutôt que de les traiter.
01:28 Les élevages ont revu par exemple l'hygiène, les ventilations, les litières,
01:32 les abrévoirs qui sont vecteurs de bactéries.
01:35 On expérimente aussi des traitements alternatifs, des phytothérapies, des huiles essentielles.
01:40 Alors il va sans dire que les animaux qui sont quand même traités aux antibiotiques
01:44 sont systématiquement écartés des abattages.
01:47 Le temps que les antibiotiques disparaissent de leurs organismes, on ne les mange jamais.
01:52 - Et ça marche pour tous les animaux, ça ?
01:53 - Et bien oui, depuis 2011, les administrations antibiotiques ont baissé de 23% pour les bovins,
01:58 67% pour les porcs, 70% pour les volailles et même 64% pour les lapins,
02:03 qui sont des animaux qui sont extrêmement sensibles aux maladies.
02:07 - Il y a quand même des sacrées variations d'un animal à l'autre.
02:09 Est-ce qu'il y a des animaux pour lesquels ça ne baisse pas ?
02:11 - Et bien oui, les animaux domestiques, ceux qui sont le plus près des humains.
02:13 Depuis 2011, l'exposition des chases et des chiens aux antibiotiques n'a presque pas bougé.
02:18 Et pour les chevaux, et bien c'est pareil.
02:19 - Bon, ça nous dit quoi de notre comportement ?
02:21 - Ça veut dire que chas, chien et chevaux sont des animaux du foyer,
02:24 on les traite comme des enfants.
02:26 L'homme est l'animal le plus rétif à toutes les réductions d'usage d'antibiotiques,
02:31 surtout pour ses petits.
02:32 Les prescriptions ne baissent absolument pas depuis 2011.
02:35 En 2022, il y a même eu des hausses, notamment chez les enfants.
02:38 Les Français sont les plus gros consommateurs d'antibiotiques d'Europe,
02:41 trois fois plus que les néerlandais, deux fois plus que les allemands,
02:45 et ils les gobent souvent à très mauvais escient, notamment contre les virus,
02:48 alors qu'on sait que ça ne sert absolument à rien.
02:49 C'est un paradoxe, ils sont obsédés par le risque d'antibiorésistance
02:53 que leur ferait courir l'élevage, qui a pris le problème à bras-le-corps
02:56 et depuis longtemps, mais ils sont incapables de se raisonner eux-mêmes.
03:01 - Merci beaucoup Emmanuel Ducroix, signature Europe.