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À l'occasion de la journée "Portes ouvertes sur l'information" de France Bleu, l'invité de la rédaction est Tony Selliez, rédacteur en chef de France Bleu Gard Lozère. Il répond aux questions de Quentin Perez de Tudela.

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Transcription
00:00 Ici, c'est le 6/9 de France Bleu Garlos Air.
00:04 Il est 8h moins le quart, merci d'être à l'écoute avec maintenant un invité donc un peu spécial aujourd'hui pour cette opération
00:09 Portes ouvertes de l'info sur France Bleu. On vous emmène de l'autre côté du micro avec nous pour vous expliquer,
00:16 nous expliquer comment la rédaction travaille au quotidien pour vous informer, vous divertir, vous agacer parfois également.
00:22 Qui de mieux donc que le rédacteur en chef de France Bleu Garlos Air ? Bonjour, Tony Cellier.
00:27 Bonjour Serge, c'est un bon exercice d'être de l'autre côté du micro finalement. Je comprends un peu plus sur la place des invités.
00:32 Je ne vous présente pas ceux qui posent des questions quand tu as un paire de tudeulas, ce n'est pas la peine.
00:36 Bienvenue chez vous, en tout cas, Tony Cellier, d'abord c'était quoi l'urgence à Radio France d'organiser cette journée Portes ouvertes de l'info ?
00:44 Alors l'urgence, c'est juste qu'on a choisi d'en parler aujourd'hui parce que cette urgence c'est notre quotidien, on en parle tout le temps,
00:49 on est tout à fait conscient en fait du climat dans lequel on vit et du regard que nos auditeurs peuvent porter sur les journalistes.
00:55 On sait très bien que c'est un métier qui est à la fois admiré et détesté.
00:59 On le voit au quotidien parce qu'on nous le dit, on le voit parce qu'on va dans des manifestations et je vais vous donner quelques mots clés
01:05 qui vont résonner forcément et qui vont résumer tout ça. Si je vous dis gilet jaune, si je vous dis vaccination,
01:10 si je vous dis fake news, si je vous dis réseaux sociaux, si je vous dis intelligence artificielle,
01:15 tout ça nous prouve quoi ? On nage un peu en nos troubles tous et c'est tous les jours.
01:20 On en parle ce matin, on en parle avec nos auditeurs en direct mais nous cette question on se la pose tous les jours.
01:26 Oui, on va en reparler d'ailleurs mais juste pour boucler un petit peu cette journée, cette opération porte ouverte de l'info,
01:31 France Bleu fait partie d'un groupe, Radio France, qui a décidé de prendre des engagements, il y en a huit au total, alors c'est quoi ?
01:38 Alors je ne vais pas passer une demi-heure, on pourrait sur chacun, sur toutes les thématiques, tous les engagements que prend Radio France,
01:46 on les prenait déjà avant, encore une fois, c'est ce matin, transparence totale, on est devant vous pour en parler ensemble.
01:52 Mais c'est évidemment l'info qu'on vous donne tous les matins, c'est une info vérifiée, nos sources sont crédibles,
01:58 on s'engage à ce qu'elle le soit et on fait tout pour, on essaye autant que possible d'être clair dans les rendez-vous qu'on a sur l'antenne
02:06 pour distinguer ce qui relève du fait et ce qui relève de l'opinion. Quand on met quelqu'un devant ce micro pour vous parler le matin,
02:11 on doit savoir si c'est un expert, si c'est quelqu'un qui vient sur ses convictions ou si on est vraiment sur une analyse très claire
02:19 avec des tableaux, avec de l'expertise scientifique par exemple, d'être honnête, évidemment, intellectuellement, la rigueur,
02:26 on s'engage par exemple, et on le fait souvent, si on fait une erreur, à la rectifier à l'antenne et sur les réseaux sociaux,
02:33 le pluralisme aussi, donner la parole à tout le monde, et puis c'est le cœur de notre métier dans le service public sur Radio France,
02:40 d'être au service du public et de vous proposer tous les matins une information libre et indépendante.
02:46 Et ça, il faut vraiment que les auditeurs nous croient.
02:48 On va parler d'abord de la défiance à l'égard des journalistes. Il y a une critique qui revient très souvent,
02:54 mais je vais laisser une gardoise la formuler, elle s'appelle Dominique, on l'écoute.
02:58 Les journalistes sont payés par ceux qui ont le pouvoir, donc ils ne peuvent pas poser toutes les questions qu'ils veulent,
03:06 ni informer comme ils veulent, donc voilà, tout est noyauté.
03:11 Alors ça, le mérite d'être clair en clair, est-ce que les journalistes sont à la botte du pouvoir ?
03:16 Est-ce que les journalistes sont des journalopes ? On peut utiliser le mot, parce qu'on l'a entendu, parce qu'on vit avec.
03:20 Je l'entends, cette question, évidemment, parce qu'il y a une sorte de fantasme.
03:24 Alors, je ne vais pas parler de tous les journalistes, même si j'ai une grande confiance dans tous les journalistes qui ont une carte de presse.
03:29 Le problème aujourd'hui, c'est que tout le monde peut être journaliste, tout le monde peut être journaliste sur les réseaux sociaux.
03:33 Moi, je vais vous parler de ce qu'est Radio France. Déjà, je veux rappeler à ses auditeurs, cette auditrice,
03:37 que nous sommes payés par les auditeurs. C'est le principe de Radio France.
03:42 Nous n'avons pas de pouvoir économique qui rentre...
03:45 Non, mais on dit souvent qu'on est une radio d'État, entre guillemets.
03:47 Alors, ça, c'est une bonne question, effectivement.
03:50 Regardez-moi, pour ceux qui peuvent me voir, je n'ai plus beaucoup de cheveux, ça fait quand même un bon moment que je fais ce métier.
03:55 Je n'ai pas le souvenir une seule fois de toute ma carrière, ni qu'on m'ait censuré, ni qu'on m'ait imposé un sujet
04:01 qui viendrait du gouvernement ou de l'État. On a toujours été libre, j'ai toujours été libre.
04:06 Des pressions, on en a, on doit faire avec, mais je n'ai jamais été confronté à une vraie censure,
04:12 ni à un sujet qui m'était totalement imposé, ou en tout cas auquel je ne croyais pas et que j'ai diffusé à l'antenne.
04:18 C'est vrai que parfois, on interroge des gens dans la rue, on passe 10 minutes avec eux, ils s'entendent,
04:22 il y a 15 secondes qu'ils passent à l'antenne. Pas parce qu'on fait des choix, pas parce qu'on garde ce qui est le plus concis,
04:26 et ce n'est pas pour ça qu'on veut travestir les propos des gens qu'on rencontre.
04:31 On essaie toujours d'être dans la démarche la plus honnête possible.
04:34 Après, je sais très bien, et on est tous conscients que sur les médias en général,
04:39 on voit bien qu'il y a une concentration de certains médias, des gens qui sont très très riches,
04:42 qui possèdent un journal, un journal papier, qui possèdent une télévision, qui possèdent une radio.
04:48 Là, il faut juste savoir dans quelle crèmerie on rentre, quelle porte on ouvre.
04:51 Moi, je connais la porte de Radio France, celle de France Bleue.
04:54 Justement, ce qui est intéressant, c'est d'expliquer comment on travaille ici à France Bleue-Garloser,
04:58 sur ce que les auditeurs entendent, évidemment, au quotidien.
05:01 Là, par exemple, les interviews, d'habitude, ce sont des gens extérieurs à la radio qui sont à votre place à cette heure-là.
05:08 Comment est-ce que ces invités, au quotidien, sont choisis ?
05:11 Qui est-ce qui prépare les questions ?
05:13 Est-ce que finalement, ces invités connaissent ces questions à l'avance ?
05:17 Alors, c'est beaucoup de questions en même temps.
05:19 D'abord, qui les choisit ? C'est nous, c'est vous, Quentin, c'est Julia, c'est moi, c'est toute l'équipe de la rédaction.
05:23 C'est nous qui choisissons. Et uniquement nous, mais à plusieurs.
05:27 On se met d'accord. Après, il y a des gens, parfois, qu'on invite, qui ne veulent pas venir.
05:31 On n'a pas non plus tout le monde. Il y a des gens qui insistent, qui frappent à la porte, qui sonnent, qui sonnent,
05:35 et qui ne rentrent jamais, parce qu'on n'a pas non plus forcément envie de les avoir au micro.
05:39 Donc, c'est un travail collectif. Et puis après, comment on les cherche ?
05:44 Ce sont les auditeurs. Je vais répondre à une autre question, pour ne pas oublier celle que vous m'avez posée.
05:50 Mais, est-ce qu'ils ont les questions ? Ceux qui viennent dans le 7h45, je peux vous dire, souvent, ce sont des politiques.
05:54 Là, il n'y a pas de cadeau. Et on peut remarquer, il y a d'autres invités sur la matinée.
06:00 Il y a des invités qu'on va aider. Oui, on parle de l'éco d'ici, tous les matins, c'est un rendez-vous fort sur la matinée de France-Bulgare-Lauserne,
06:06 géré par la rédaction. C'est des gens qu'on n'a pas forcément envie de mettre en difficulté.
06:10 On a envie plutôt de les faire briller. On a envie de ramener le savoir-faire du Gard ou de la Lauserne.
06:15 Des gens qui font bouger notre département et qui se retrouvent pour la première fois devant un micro. On va les aider.
06:20 Ça ne veut pas dire qu'on donne forcément des questions. On va les aider. Quelqu'un qui vient, qui est un homme politique ou une femme politique,
06:25 qui est un chef d'entreprise, il arrive ici, il sait pour quelle thématique il vient, mais on n'envoie pas les questions.
06:30 Il y a aussi les sujets que les auditeurs entendent dans les journaux, comme ce matin.
06:34 Comment ça se passe, à ce niveau-là ? Qui propose ces sujets ? Qui les choisit ? Et qui les fait, surtout ?
06:40 La même chose que tout à l'heure, tous les matins, on a une première conférence de rédaction à 9h20, qui dure une demi-heure, trois quarts d'heure.
06:47 Cette conférence de rédaction, elle tient régulièrement tout au long de la journée, parce qu'on se questionne tout au long de la journée.
06:52 Ce qui nous anime d'abord, c'est le doute. Chaque jour, à chaque minute, on se demande si on est dans le vrai.
06:58 Est-ce qu'on a raison de raconter cette histoire ? Est-ce que c'est le bon moment ? Est-ce qu'on a pris le bon angle ? Est-ce qu'on a pris la bonne personne ?
07:03 Alors on commet des erreurs. Je vous l'ai dit tout à l'heure, on en fait. Oui, parce que ça va vite.
07:07 Ça va très très vite. Les réseaux sociaux nous bousculent. Il faut composer avec. Parfois, on se trompe, on le reconnaît, et on essaie autant qu'on peut de rectifier nos informations.
07:18 Après, d'où ça vient ? Ça vient de qu'est-ce qu'il y a dans l'air du temps ? Ça vient de vous, les auditeurs.
07:24 Vous nous alertez, vous nous envoyez des mails, vous nous appelez pour raconter une histoire, pour nous demander, nous faire un appel au secours, qu'on essaye de reléguer.
07:31 On regarde aussi les confrères qui travaillent très bien, c'est la vie, ils nous écoutent ce matin, nous on les lit également, parce qu'ils ont de bonnes infos.
07:38 Ce qu'on essaie de faire aussi, c'est de ne pas être dans la course à l'information. Parfois, on assume d'être en retard. On assume d'être en retard pour ne pas se tromper.
07:46 Est-ce que vous aussi, en tant que rédacteur en chef sur les sujets, toujours j'y reviens, qu'on passe dans les journaux, vous les écoutez avant qu'on les diffuse ?
07:53 Est-ce que vous sortez les ciseaux en clair ? Est-ce que vous jouez un petit peu les rôles de censeur ?
07:57 Pour les petits jeunes, oui, je repasse derrière, je les aide, c'est normal, il faut bien apprendre le métier. Après, j'ai une confiance absolue dans mon équipe.
08:04 Non, je ne repasse pas. J'aime bien le soir, quand j'ai le temps, écouter ce qui arrive le lendemain, pour être sûr de tout avoir entendu. En revanche, il n'y a pas de coupe du chef.
08:11 Évidemment, chaque journaliste dans la rédaction a sa sensibilité.
08:15 Oui, mais elle n'a pas sa place à l'antenne. Je peux vous donner un exemple, par exemple, parmi les engagements qu'on a sur les réseaux sociaux, notre opinion ne doit pas apparaître là.
08:24 Je suis d'accord avec vous, mais il faut aussi reconnaître qu'en conférence de rédaction, chacun donne ses idées et parfois, la confrontation peut être assez rude.
08:31 Oui, c'est musclé. On est une équipe, on est une dizaine de journalistes à France Bleu-Garloser, forcément, on a tous un passé, on a tous un passif, on a tous des sensibilités et on forme un groupe comme un peu partout.
08:42 Il y a la confiance qu'on place dans les journalistes, puis il y a la confiance qu'on met dans les sources sur lesquelles les journalistes s'appuient pour informer.
08:52 Et ça, par exemple, ça pose question à Jade, une étudiante nîmoise, que je voudrais qu'on écoute aussi.
08:58 Comment est-ce qu'il va aller chercher sa source et qu'il est sûr qu'il est fiable ? À quel niveau, en fait, on va de fiabilité sur certaines choses ?
09:04 Comment est-ce qu'on sait qu'une source est fiable ?
09:07 Comment est-ce qu'on sait qu'une source est fiable ? D'abord, vous connaissez l'adage, on dit toujours qu'il faut recouper son information.
09:11 Donc, le principe de base du journaliste, c'est de recouper. On a une première source, on cherche quelqu'un qui va nous confirmer, et si possible, une troisième.
09:19 C'est ce qui nous anime, c'est notre objectif. Alors, parfois, il y a des gens, c'est aussi à géométrie variable, cette question de la source.
09:26 Je peux vous donner un exemple récent. Cette semaine, quand la procureure de la République de Nîmes nous annonce qu'elle a fait des saisies de stupéfiants et un certain nombre d'interpellations,
09:33 quartier Pisse 20, je fais confiance, une confiance presque aveugle, à la procureure de la République de Nîmes.
09:39 Je n'appelle pas les dealers pour vérifier si, effectivement, les saisies qui sont annoncées sont ce qui a été annoncé par la procureure de la République de Nîmes.
09:46 C'est-à-dire qu'il y a des personnes, oui, ou parce qu'on les connaît depuis longtemps, les pompiers, les gendarmes, par exemple,
09:52 ou des gens qu'on connaît depuis longtemps, dont on a déjà éprouvé la confiance, une personne, parfois, suffit, oui, à nous dire si cette personne le dit, c'est que c'est vrai.
10:02 Alors, on peut prendre effectivement l'exemple de Pisse 20. On peut prendre aussi, et vous en avez parlé tout à l'heure, l'exemple de la crise sanitaire.
10:08 On l'a vu sur l'épisode des masques où, au début, le gouvernement a dit "il ne faut pas en porter, ça ne sert à rien", et puis à la fin, il est devenu obligatoire.
10:14 Là, le journaliste, comment il se positionne dans ce moment-là ?
10:18 Je vous l'ai dit tout à l'heure, parfois, on ne vit pas très bien, parfois, on dort mal, parce que ce qui nous anime, effectivement, c'est le doute.
10:24 On se pose toujours la question de "est-ce qu'on est dans le vrai ?" Nous ne sommes pas médecins, par exemple.
10:31 Nous faisons confiance à les gens qui viennent derrière ce micro, ce sont eux les experts. C'est ça qu'il faut bien faire la différence.
10:38 Nous sommes journalistes, ils sont experts, et nous, on fait confiance aux experts, on fait confiance à la science.
10:44 Sur la crise, par exemple, Covid, on a tout appris en marchant, comme dirait l'autre.
10:49 Et le recul, après coup, on se dit "oui, peut-être que dans cette histoire, peut-être que parfois, on est passé à côté, peut-être que parfois, on a donné certains messages qui n'étaient pas justes".
11:00 Ce que je sais, c'est qu'on a été dans cette pluralité, on a donné la parole à tout le monde, à ceux qui ont douté, à ceux qui ont dénoncé, à ceux qui ont cru qu'à un moment, il fallait porter les masques.
11:09 On s'est posé la question, mais on n'avait pas la réponse. Et on a essayé de faire confiance à ceux dont c'est le métier.
11:14 Et parfois, effectivement, il faut aussi accepter que le journaliste accepte qu'il ne sait pas, tout simplement, et qu'il le dise, aussi.
11:21 Oui, c'est un peu ce que j'essaye de vous dire. Voilà, chacun son métier. On n'est pas expert en tout. On fait au mieux, on travaille nos dossiers, mais on n'est pas expert en tout.
11:29 Merci.
11:31 (...)

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