• l’année dernière
Transcription
00:00 Bonjour, je suis Henri Boves, Slatkin & Company.
00:05 Comme vous le savez ou pas, Slatkin & Company n'est plus vraiment Slatkin,
00:09 puisque les actionnaires suisses ont été remplacés par le groupe Tredaniel.
00:14 On a créé donc une société qui s'appelle Istia, et nous appelons ça maintenant Istia & Company,
00:19 avec le même logo que Slatkin & Company.
00:22 On va continuer d'avoir des titres sous la marque Slatkin & Company,
00:26 mais il nous semblait intéressant de la faire évoluer.
00:29 Vous ne nous connaissez pas forcément très bien, si ce n'est par Luca Di Fulvio,
00:34 qui caracole pour son dernier roman en tête, puisque nous sommes à 25 000 en deux mois,
00:43 ce qui est plutôt très bien.
00:45 Et là on va vous présenter deux titres de janvier-février, nos deux seuls titres.
00:49 Puis comme vous le savez ou non, on fait une douzaine de titres seulement par an.
00:54 Donc vous aurez les deux qui seront théoriquement au premier office de janvier.
00:58 Vous allez recevoir les livres imprimés la semaine prochaine,
01:01 ils sont partis l'un et l'autre à l'impression.
01:04 Et le premier que nous allons vous présenter s'appelle "L'Inconnu de la rue Vivienne".
01:10 Et je vais laisser son auteur vous le présenter.
01:15 Je lui passe le micro.
01:17 Bonjour à tous.
01:20 "L'Inconnu de la rue Vivienne" est mon premier roman.
01:23 C'est un exercice très nouveau pour moi de faire ça.
01:26 Il s'agit d'un roman historique ayant pour point de départ une rumeur
01:30 qui a fait couler beaucoup d'encre au 19e et au 20e siècle,
01:34 qui était celle de l'évasion de Louis XVII de la prison du Temple,
01:38 quelque part entre janvier 1994 et juin 1995.
01:42 Alors comme beaucoup d'autres, je pose la question du "et si".
01:47 Et si Louis XVII s'était évadé de sa prison et avait échappé à son sort,
01:53 celui qu'on connaît tous.
01:55 Et si... Et comment le 19e aurait traité cet enfant,
01:59 avec tous les bouleversements qu'on connaît politiques et sociaux,
02:03 est-ce que cet enfant aurait pu faire de l'ombre à Napoléon,
02:07 tel un joad ressuscité ?
02:09 Il y a toutes ces questions-là.
02:11 Vous découvrirez la réponse dans un autre roman que le mien
02:14 si vous voulez savoir si le roi revient sur le trône,
02:17 parce que moi, je ne le fais pas revenir sur le trône,
02:20 j'en fais un chef cuisinier.
02:22 Et pas n'importe quel chef cuisinier,
02:24 j'en fais le chef cuisinier le plus célèbre du monde,
02:27 Marie-Antoine ou Antonin Carême,
02:31 qu'on a appelé au 19e le roi des cuisiniers,
02:34 ou le cuisinier des rois,
02:36 et qui partage aussi avec mon héros Louis XVII
02:41 un destin d'exception puisqu'il était inconnu
02:44 lorsqu'il a été abandonné sur les barrières de Paris à 10 ans,
02:47 au moment où Louis XVII mourait à la prison du Temple,
02:50 au même âge,
02:52 et il s'est créé une réputation qui a dépassé les frontières,
02:56 il a créé la toque et il s'est fait une autre forme de couronne.
03:00 Donc moi j'ai imaginé deux destins mêlés
03:03 qui ne se seraient jamais rencontrés en réalité,
03:05 et pour n'en faire plus qu'un,
03:07 peut-être si mon livre marche,
03:09 une cohorte de gens qui dans le futur
03:12 penseront que Marie-Antoine Carême n'était autre que Louis XVII.
03:15 En tout cas, c'est ce que j'espère.
03:17 Et pourquoi la cuisine ?
03:20 Plutôt que l'horlogerie par exemple,
03:23 qui était la petite barotte de Louis XVI,
03:27 parce que la cuisine,
03:31 de par mon parcours, c'était quelque chose que j'ai découvert
03:36 assez dans le cadre de mon métier,
03:38 j'étais à Singapour, j'étais ambassadrice pour des maisons de champagne,
03:41 et j'ai aidé des chefs à faire des menus d'exception,
03:44 donc c'était intéressant pour moi de continuer ça dans mon travail d'écrivain,
03:48 et surtout parce qu'au XIXe,
03:50 il y a l'essor de la grande cuisine française avec Carême,
03:53 mais aussi avec Alexandre Dumas, Grimaud de la Reinière,
03:55 Boya Savarin, donc en fait c'était un monde tout neuf,
03:58 et très excitant à découvrir en tant qu'auteur, en tant que lecteur,
04:02 et c'est un monde que j'ai voulu faire découvrir à mes lecteurs,
04:05 que j'espère nombreux, grâce à vous.
04:08 - On va peut-être expliquer dans ce roman historique en deux mots
04:12 ce qui se passe, parce que Louis XVII,
04:14 il y a eu 36 livres qui racontaient,
04:18 je crois que vous en avez conté une centaine,
04:20 il y a eu une centaine de personnages imaginaires de Louis XVII,
04:23 tout le XIXe a été l'invention de Louis XVII imaginaire,
04:28 là peut-être en deux, trois mots,
04:30 expliquez comment cet enfant va se retrouver commis, mitron,
04:36 en travaillant avec Talran...
04:39 - Oui c'est vrai qu'il y a eu beaucoup d'imposteurs au XIXe siècle
04:44 se faisant passer pour Louis XVII,
04:46 et donc avec des histoires complètement rocambolesques,
04:49 on a même eu un Louis XVII chez les Iroquois,
04:51 avec plus ou moins de bonheur, pour le coup lui pas vraiment de bonheur,
04:55 non le mien, il se retrouve, on le perd après son évasion dans la rue,
05:00 parce qu'en fait les partisans de Louis XVIII,
05:05 donc son oncle, ne veulent pas de lui,
05:07 on dit déjà que ça fait un oublié de l'histoire,
05:09 et ça aurait été bien qu'il meure en prison,
05:12 donc on essaie de se débarrasser de lui,
05:14 ce qui fait qu'il se retrouve tout seul dans la rue,
05:17 et il va être aidé par des gens qui sont justement de la rue,
05:20 comme une jeune fille qui a 13 ans,
05:23 et qui convainc ses parents d'aider ce petit moineau,
05:26 ce petit garçon qui se retrouve tout seul,
05:28 et de lui remettre le pied à l'étrier,
05:31 et il s'avère que c'est une fille de taverne,
05:35 dont les parents sont également aubergistes,
05:37 et en fait il va se retrouver dans ce monde là, un peu par hasard,
05:40 et il va découvrir que c'est quelque chose qui lui plaît énormément,
05:44 donc il va se retrouver d'abord commis chez Fernand Dubrès,
05:48 qui est un pâtissier, créateur de pain au lait,
05:50 et ensuite apprenti chez Chilvin Bailly,
05:53 qui était le plus grand chef pâtissier de Paris,
05:56 et qui n'était autre que le maître d'Antonin Carême,
05:58 et qui va lui donner son patronyme,
06:00 et comment il va faire en sorte que son patronyme lui colle à la peau,
06:04 par sa rencontre avec Talerrand,
06:06 qui voit d'un très bon oeil, notamment vers la fin du livre,
06:10 je vous laisserai découvrir,
06:12 il voit d'un très bon oeil avoir ce secret dans son escarcelle,
06:15 quand la question du retour à la monarchie se posera,
06:18 mais en tout cas pas maintenant,
06:20 puisque en 1804, au moment où se ferme mon livre,
06:23 Napoléon est à son apogée,
06:25 et donc ce n'est pas le moment de revenir à la monarchie.
06:28 Voilà.
06:31 Merci beaucoup.
06:33 Qu'est-ce qu'on peut ajouter sur ce livre ?
06:36 Pas grand chose, je crois que tout a été dit.
06:39 Sur le style, vous le découvrirez vous-même,
06:41 il est alerte, prime sautier,
06:44 ne prend pas le temps de se chausser pour courir,
06:47 c'est tout ce qu'on aime,
06:49 et l'intrigue qui est caracolante,
06:52 et très régulièrement résumée,
06:54 donc c'est un livre, le roman historique comme on l'aime,
06:57 qu'on pourrait comparer à quoi ?
06:59 Qu'est-ce que vous aimez en roman historique ?
07:01 Alors, qu'est-ce que j'aime en roman historique ?
07:04 J'aime beaucoup Luca di Fulvio,
07:07 qui était l'auteur phare de ma maison d'édition,
07:09 et c'est d'ailleurs grâce à lui
07:11 que j'ai pu rencontrer Henri et Louis Bovet,
07:14 qui sont mes éditeurs actuels,
07:16 en leur envoyant une lettre,
07:18 en leur disant que j'avais écrit un roman similaire à celui de di Fulvio,
07:21 avec un style qui se rapprochait,
07:24 et donc ils ont répondu présent,
07:27 en me disant que j'aimais bien ce genre d'initiative.
07:32 Mais je suis aussi très fan de Eric Marshall,
07:35 j'aime beaucoup Henri Lovenbrück,
07:37 La potiquaire est un de mes livres de chevet,
07:40 j'avais écrit à Ken Follett il y a quelques années,
07:43 après avoir lu Les Piliers de la Terre,
07:45 et en fait cette histoire de roman historique,
07:48 je l'ai lancée parce que
07:51 j'avais lu un livre sur Louis XVII,
07:55 et je me suis dit que là je suis en train d'écrire des romans historiques,
07:58 je berce dans les romans historiques,
08:00 et on n'est jamais que l'héritier des choses que l'on lit,
08:03 et je me suis dit pourquoi je ne ferais pas cet exercice-là moi aussi,
08:06 j'ai une idée, je pense qu'elle est bonne,
08:09 et si j'étais lecteur j'aimerais bien lire ce que j'ai écrit,
08:12 en tout cas j'aimerais bien lire cette histoire,
08:14 donc je vais essayer de l'écrire moi-même,
08:16 et j'ai réussi, on verra si c'est avec succès ou pas,
08:18 mais en tout cas je suis allée jusqu'au bout de cette aventure.
08:21 Ok, merci beaucoup.
08:23 Je ne suis pas sûr que l'auteur soit arrivé,
08:29 s'il n'est pas arrivé je vais vous présenter rapidement son livre.
08:32 Donc en fait, vous ne connaissez probablement pas Louis Dureau,
08:40 qui est un des derniers maîtres du pop-art,
08:44 moi je ne le connaissais pas véritablement,
08:47 mais ce livre s'intitule...
08:50 Ah ben voilà !
08:52 Alors vous voyez la couverture ici,
09:08 le titre va un peu...
09:10 la photo de couverture ne sera pas forcément celle-ci,
09:12 le titre va évoluer,
09:14 Louis avait par autocensure changé le titre,
09:18 et puis finalement Louis pense qu'il faut lui donner son titre initial,
09:22 qui est "J'ai raté le train d'Auschwitz".
09:25 Et vous allez, Louis, voilà,
09:28 expliquer pourquoi vous avez raté le train d'Auschwitz.
09:31 Eh bien, j'ai raté le train d'Auschwitz,
09:34 parce que, à la suite de plusieurs péripéties,
09:37 ayant une mère juive,
09:39 eh bien j'ai fini par être dénoncé et arrêté,
09:44 et après m'avoir arrêté,
09:48 on m'a mis dans un camion,
09:50 et ce camion devait se rendre à la gare,
09:54 où un train de marchandises allait me faire prendre
09:58 un train dans lequel il n'y avait pas besoin de retour.
10:01 Bon, et puis le camion a eu des problèmes sur la route,
10:05 et quand il est arrivé à la gare,
10:08 le train partait,
10:10 et donc je l'ai raté.
10:12 Et c'était le 23 décembre,
10:14 la veille de Noël,
10:16 alors les Allemands ont commencé à beaucoup s'engueuler,
10:19 mais ils se sont retrouvés avec un camion
10:22 plein de gens indésirables,
10:24 or, comme tout allait mal pour eux déjà,
10:27 ils voulaient passer des Noëls tranquilles,
10:30 et ils ne voulaient surtout pas s'embarrasser
10:33 de 50 individus indésirables,
10:36 donc ils ont discuté entre eux,
10:38 et mes parents avaient été élevés en Allemagne,
10:40 donc ils comprenaient,
10:42 et ils ont décidé que, puisqu'on les emmerdait,
10:44 qu'on les empêchait de passer des bonnes fêtes tranquilles,
10:47 à oublier ce qui se passait,
10:50 ils allaient nous ramener chez nous,
10:52 en nous expliquant que ça avait été une erreur,
10:55 et puis en fait, ils reviendraient nous chercher
10:57 quand les fêtes seraient finies.
10:59 Évidemment, quand ils sont revenus,
11:02 nous, on était partis,
11:04 et ma mère a été cacher ma sœur dans un couvent,
11:09 mon père a été me cacher en vélo,
11:13 une nuit très froide,
11:14 a été me cacher chez une gardienne de chèvres,
11:17 à Magadiosk,
11:18 avec une douzaine d'autres petits indésirables,
11:21 et j'ai cru avoir été abandonné,
11:25 et je suis resté là,
11:27 avec l'interdiction de sortir le jour,
11:32 sauf en douce,
11:34 et la possibilité simplement de sortir la nuit,
11:37 pour essayer de trouver quelque chose à manger,
11:39 puisque nous étions indésirables et inconnus,
11:41 donc on n'avait pas de ticket d'alimentation.
11:44 Et la gardienne de chèvres,
11:46 qui avait 14 petits gamins à se faire aider,
11:49 elle avait beau se faire aider par le village,
11:51 elle n'y arrivait pas.
11:53 Et dans la journée,
11:55 évidemment, on s'emmerdait,
11:57 et moi, j'avais trouvé le moyen de m'échapper,
11:59 parce qu'il y avait une pente derrière,
12:01 et d'aller jusqu'à une rivière,
12:03 où il y avait de l'argile,
12:05 de l'argile jaune,
12:07 de l'argile verte,
12:08 de l'argile rouge,
12:09 de l'argile brune,
12:10 et avec cette argile,
12:13 j'ai commencé à jouer au sculpteur,
12:16 et à me sculpter en argile des petits jouets.
12:19 Et ça a été un démarrage,
12:23 parce que finalement,
12:25 j'ai continué toute ma vie,
12:27 et aujourd'hui encore,
12:29 je sculpte des jouets, mais pour adultes.
12:32 Voilà.
12:33 Alors, c'est là où j'ai commencé à être créatif,
12:38 et ensuite, les conséquences de ce qui s'est passé là,
12:42 physiquement, ça m'a beaucoup marqué,
12:44 j'en porte encore des séquelles,
12:46 visuels, ma taille, enfin beaucoup de choses,
12:49 et les conséquences dont j'ai pris conscience
12:53 entre 11 et 15 ans,
12:55 ont fait de moi quelqu'un
12:57 qui s'est mis à détester le monde des adultes qui m'environnaient,
13:00 et qui s'est mis à admirer tous ceux qui le contestaient.
13:04 Alors, j'ai été surtout fasciné
13:07 par les artistes des années 20,
13:11 qui étaient en fait une minorité privilégiée,
13:16 qui ont déclenché une libération
13:20 de tous azimuts,
13:21 plutôt réservé à eux,
13:23 libération des mœurs,
13:24 contestation politique, surréalisme,
13:27 évidemment, contestation des règles et des normes
13:32 qui s'imposaient à tout le monde,
13:34 sur le plan sexuel, sur le plan de la conduite,
13:37 et sur le plan social.
13:39 Et, dans les années 53-54,
13:45 j'ai d'un seul coup entendu une musique
13:50 qui me faisait penser à la musique de fond des années 20,
13:56 qui était le jazz,
13:57 la musique de fond de la libération des artistes,
14:00 et je me suis dit,
14:01 cette musique, le rock'n'roll,
14:03 Blue Sweat Shoes, Elvis Presley,
14:06 elle annonce certainement une nouvelle libération,
14:09 comme dans les années 20,
14:11 et cette nouvelle libération,
14:13 il faut que j'en fasse partie,
14:17 il ne faut pas seulement que je sois un spectateur.
14:20 Et c'est effectivement ce qui s'est produit
14:23 dans les années 60 et 70,
14:26 c'est-à-dire une explosion révolutionnaire artistique,
14:30 mais qui s'est généralisée,
14:31 c'est-à-dire qu'on s'est mis à tout contester.
14:35 Il se trouve qu'au début,
14:38 mon espèce de rage que j'avais contre le monde adulte
14:41 qui m'avait imposé ce que je vivais,
14:44 s'est d'abord traduit par l'appartenance à un parti communiste,
14:49 j'étais d'abord membre des jeunesses communistes,
14:52 puis ensuite membre des étudiants communistes à l'université,
14:57 et ces étudiants communistes m'ont présenté à des artistes
15:03 dont beaucoup,
15:04 tous ceux qui étaient d'avant-garde et qui étaient rejetés,
15:07 et qui créaient mais ne vendaient rien,
15:09 beaucoup étaient de gauche ou d'extrême-gauche,
15:13 et ils m'ont fait découvrir un domaine
15:16 où justement la révolution, l'innovation n'était pas contestable.
15:22 La révolution politique de gauche n'était pas très convaincante à l'époque,
15:28 on avait découvert les atrocités du goulag,
15:32 par contre, les artistes eux proposaient une révolution
15:38 dont j'ai voulu faire partie.
15:40 Alors, ces amis communistes m'ont présenté à des artistes de gauche ou communistes,
15:49 j'en ai connu beaucoup,
15:51 et certains ont fini un jour par me présenter le plus grand d'entre eux,
15:55 César, dont je suis devenu l'assistant.
15:58 Ça m'a conduit, non seulement à être un créateur
16:03 comme je suis né l'être dans ma cachette durant la guerre,
16:10 mais ça m'a conduit en outre à être un innovateur,
16:15 et aujourd'hui à faire partie des derniers innovateurs du design artistique pop,
16:24 c'est-à-dire du design artistique où l'important c'est le visuel,
16:31 l'important c'est la dimension artistique,
16:33 et où la fonction destinée aux bourgeois est secondaire.
16:36 Et donc, ce livre raconte un petit peu le cheminement
16:43 qui a fait de moi le designer, un des derniers de l'époque pop,
16:48 que je suis devenu,
16:50 et donc qui continue à faire des œuvres qui par vocation,
16:55 et toujours par détestation de votre monde adulte,
16:59 parce que je considère que je n'appartiens pas à ce monde-là,
17:03 continue à être transgressif,
17:05 c'est-à-dire à être le type d'œuvre qu'on mettra chez soi pour choquer le bourgeois,
17:14 et surtout pas pour lui apporter de la notabilité.
17:18 C'est ce que ce livre raconte.
17:21 Alors, ça s'est passé par plusieurs étapes.
17:24 À 16 ans, j'avais juré que je ne travaillerais jamais pour personne,
17:28 et surtout pas pour un capitaliste.
17:30 Et puis, évidemment, pour devenir un artiste et avoir les moyens de création,
17:35 il fallait un atelier,
17:37 et pour avoir un atelier, il fallait de l'argent, du temps, des moyens.
17:42 Alors j'ai fini quand même par devenir un ingénieur, puis un industriel,
17:47 afin de gagner de quoi avoir l'atelier, les moyens, la liberté.
17:53 Bien sûr, j'étais assez innocent et un peu utopique jeune,
18:01 donc je me suis dit, je travaille pendant 3 ans,
18:04 je gagne l'argent, j'achète mon atelier, et je me consacre à la création.
18:09 Et puis, les 3 ans ont duré 16, parce que les affaires ne voulaient pas de moi,
18:15 et qu'il a fallu que je m'accroche pour arriver finalement à créer une entreprise prospère,
18:21 innovatrice, que j'ai vendue à un grand groupe,
18:24 qui fait qu'effectivement, après des années de tentatives et de galères,
18:29 eh bien, j'ai acheté ma liberté en vendant mon entreprise en 1997.
18:40 Et donc, ce livre raconte par quel chemin souvent adverse,
18:48 j'ai fini par arriver après de nombreuses péripéties,
18:53 et les péripéties ont été de tous les ordres,
18:56 des grands projets qui ont failli aboutir et n'ont pas abouti,
19:00 un séjour en prison à la suite d'une blague de collégiens qui a mal tourné.
19:06 Bien sûr, dans les années 70, j'ai commencé par exposer des œuvres,
19:11 ensuite, comme ça, économiquement, ça marchait mal,
19:15 les huissiers sont venus me saisir et on en cassait et détruit la majorité.
19:21 J'ai vécu avec une petite chance qui s'explique de la façon suivante,
19:35 en rendant service à un chaman shintoïste,
19:41 c'est-à-dire en donnant des leçons de mathématiques à son fils,
19:45 eh bien, il a en quelque sorte jeté un sort à ma vie
19:51 en m'expliquant que, bien sûr, il ne pouvait pas empêcher les advertissements d'arriver,
19:58 mais qu'il pouvait les empêcher d'avoir des conséquences.
20:02 Donc, j'ai accumulé beaucoup de mésaventures
20:07 jusqu'à ce que ça se termine par un statut de créateur établi.
20:12 Alors, beaucoup trop tard à mes yeux.
20:16 Actuellement, ça ne se passe pas si mal que ça, mais j'ai 84 ans.
20:21 J'aurais préféré que ça se passe quand j'en avais 40.
20:25 Mais à l'époque, quand je proposais mes dessins dans des galeries,
20:29 je me faisais jeter dehors parce que la révolution du design d'art,
20:35 du design pop des années 70, se faisait avec du plastique,
20:41 ce que les galeries appelaient du plastoc, c'est-à-dire le produit jetable de prise unique.
20:47 Et dans les années 60, personne n'en voulait.
20:50 Donc, on créait des choses qui sont devenues iconiques,
20:53 mais qui, à l'époque, étaient invendables.
20:56 Et certains grands artistes que j'ai connus sont morts la veille de leur célébrité,
21:04 mais ils n'ont quand même pas connu, même si aujourd'hui,
21:08 le design a produit des icônes que l'on voit partout.
21:13 Et moi-même, j'en ai produit une,
21:18 où d'autres péripéties m'ont un peu empêché de la faire connaître.
21:23 Mais elle est quand même notoire chez les professionnels.
21:26 C'est une sculpture en forme de spirale qui se trouve être un siège.
21:31 J'en ai fait, bien sûr, beaucoup d'autres.
21:34 Et j'ai notamment fait un siège en forme de nana dénudée dans une position SM soumise,
21:46 que j'ai appelé le Saint-Siège.
21:49 Merci infiniment.
21:54 Vous verrez, ce qui est particulièrement intéressant, c'est les descriptions de ces arts.
22:00 Vous avez rencontré Nicolas d'Eustal, Pierre Goldman, Niki de Saint-Falle, Tinguely.
22:06 Et je vous donne envie...
22:19 Je vous encourage à aller regarder les œuvres de Louis Dureau sur Google.
22:26 C'est assez formidable, quand même.
22:28 Je pense que le livre de même d'orgistre, c'est vraiment très, très bien.
22:33 Merci beaucoup.
22:36 Merci.

Recommandations