Gabon : trois mois apprès le coup d'Etat, où en est la transition ?

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Transcript
00:00 Bonsoir, nous recevons Laurence Ndung, porte-parole du gouvernement de transition gabonais.
00:04 Merci beaucoup d'être avec nous sur ce plateau ce soir.
00:07 Alors, je le disais tout à l'heure dans l'étude, vous avez, depuis 2015, été dans l'opposition.
00:11 Vous avez milité contre le régime bongo.
00:14 Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre ce nouveau pouvoir qui plus est militaire ?
00:19 La raison pour laquelle j'ai rejoint ce pouvoir, c'est parce que les Gabonais avaient besoin d'être libérés
00:24 d'un pouvoir qui était en place depuis près de 60 ans.
00:27 Le père bongo et son fils ont dirigé le Gabon pendant 56 ans.
00:31 Et les 14 dernières années, celles dirigées par Ali Bongo étaient les pires que le Gabon ait connu.
00:35 Et donc, notre raison d'être en politique était de se dire plus jamais ce régime ne doit continuer,
00:41 parce que c'était un régime de prédation.
00:43 C'était une dictature qui privait les Gabonais de l'essentiel en termes de ressources et en termes de droits.
00:49 Et donc, il fallait que ce régime tombe.
00:51 Et il est tombé par des militaires qui ont opéré un coup de libération sans effusion de sang.
00:56 Alors justement, on a l'impression que ce coup d'État a été bien accueilli par la population,
01:01 mais pas seulement.
01:02 Les pays de la région ont timidement condamné,
01:04 si l'on compare en tout cas aux autres pays du Sahel où ont lieu des coups d'État, notamment le Niger.
01:10 Qu'est-ce qui explique cela ?
01:11 Est-ce que c'est justement ces 50 ans au pouvoir, cette dynastie bongo ?
01:15 Ce n'est pas qu'une impression.
01:17 Les Gabonais ont bien accueilli cela parce que les Gabonais avaient besoin d'être libérés.
01:21 Le Gabon était un scandale.
01:23 Tout le monde était choqué par le paradoxe qui caractérisait ce pays.
01:26 Un pays immensément riche, béni par la nature, béni par Dieu.
01:30 Pays pétrolier avec d'énormes richesses, le manganèse, l'uranium,
01:33 mais paradoxalement avec une population extrêmement pauvre.
01:36 70 % de la population vit dans la pauvreté, dont 35 % dans l'extrême pauvreté.
01:40 Donc, c'était un scandale pour tous ceux qui connaissent,
01:43 parce qu'on ne comprenait pas pourquoi un pays avec autant de richesses
01:46 et une si faible population, 2 millions d'habitants, ne vivait pas avec le minimum vital.
01:51 Et on comprenait bien que tout l'argent partait dans les détournements de dénés publics.
01:54 C'était un régime de prédation qui avait confisqué toutes les ressources pour une minorité.
02:00 Et donc, ceux qui connaissent la situation ont partagé le soulagement du peuple gabonais d'être libérés.
02:05 Alors justement, vous parlez de la corruption.
02:07 Quel est le projet phare du gouvernement de transition ?
02:10 Combattre la corruption, on a vu que c'était un des fers de lance.
02:15 De nombreux proches du président Déchu ont été arrêtés dans la foulée du coup d'État.
02:19 D'importantes saisies d'argent, notamment au démicile du fils de l'ancien président Nordin Bongo et de ses proches.
02:26 Que compte faire le gouvernement de transition de cette argent saisie ?
02:31 L'argent saisi va nécessairement servir au bien-être des Gabonais,
02:34 parce que nous héritons aujourd'hui d'un pays qui est sinistré,
02:39 parce que les ressources ont tellement été mal gérées et détournées que le peuple manque du nécessaire.
02:44 Et notre priorité aujourd'hui, comme l'a dit le comité de transition
02:48 pour la restauration des institutions, c'est de rendre aux Gabonais leur dignité,
02:51 c'est de rendre aux Gabons sa dignité.
02:53 La priorité, c'est de restaurer les institutions qui étaient en réalité prises en otage
02:57 et avaient été faites rien que pour servir un régime pour qu'ils se maintiennent.
03:02 Aujourd'hui, toutes ces institutions sont à revoir pour que nous partions vers des élections libres et transparentes
03:07 et que notre pays soit enfin l'État de droit qu'il aurait dû être depuis longtemps.
03:10 Alors justement, le nouveau gouvernement annonce une élection en août 2025
03:15 selon un calendrier indicatif qui doit être validé par une consultation nationale.
03:19 Pourquoi attendre deux ans pour organiser ce scrutin ?
03:24 Parce que si vous avez bien regardé notre chronogramme, nous avons énormément de choses à faire.
03:28 La première chose que nous avons à faire, c'est que le Premier ministre chef du gouvernement,
03:32 M. Raymond Ndomsima, à travers la feuille de route qui lui a été remise par le président de la République,
03:37 a décidé de mettre en place une consultation inclusive.
03:41 Nous voulons que le Gabon se reconstruise par la participation de tous les Gabonais.
03:45 Et donc tous les Gabonais sont invités à faire des propositions, de constats
03:49 et de pistes de solutions pour redresser notre pays.
03:53 À partir de toutes ces propositions, nous aurons un document de synthèse
03:57 qui va servir de base pour le dialogue national.
04:00 Et suite à ce dialogue national, nous devons mettre en place une constituante
04:03 qui va donc proposer une nouvelle constitution qui sera adoptée par référendum.
04:08 Après cela, il nous faut rédiger un nouveau code électoral.
04:12 Les Gabonais n'ont pas de pièce d'identité.
04:14 La dernière élection, ils ont dû voter avec des actes de naissance,
04:16 ce qui a évidemment favorisé la fraude.
04:18 Donc il va nous falloir établir des cartes d'identité nationale pour tous ceux qui ont 18 ans et plus.
04:24 Et ensuite de cela, il nous faut toiletter le fichier électoral avant de repartir à des élections.
04:28 Il y a tellement de choses à faire, on part de tellement si loin qu'il nous faut du temps.
04:32 Et on n'est même pas sûr que deux ans, ça va suffire. C'est juste à titre indicatif.
04:35 Merci beaucoup. En tout cas, on suivra évidemment l'évolution de la situation au Gabon.

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