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Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur est l'invité de 7h50 de Sonia Devillers sur France Inter. Il est notamment revenu sur la mort de Thomas à Crépol et les manifestations de groupes d'extrême droite qui ont suivi.

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Transcription
00:00 Sonia De Villere, votre invitée ce matin est ministre de l'Intérieur et des Outre-mer.
00:04 Et il porte personnellement la loi immigration examinée à l'Assemblée Nationale.
00:08 Il doit répondre également aux politiques qui surenchérissent après le meurtre du
00:12 jeune Thomas lors d'une rix dans la Drôme.
00:16 Pour le président du Rassemblement National, je cite « Ce soir-là, des jeunes de Cité
00:20 se sont comportés comme des prédateurs et sont venus pour planter des blancs.
00:25 Pour le Parti Communiste, l'extrême droite qui crie « Vengeance » est en train de nous
00:29 mener vers l'autoroute de la guerre civile.
00:31 Bonjour Gérald Darmanin.
00:32 Bonjour.
00:33 Dans ce climat, les faits sont plus importants que jamais.
00:37 Le 18 novembre, à Crépole, y a-t-il eu ou non des actes commis au nom d'un racisme
00:41 anti-blanc ?
00:42 Alors les faits, c'est le procureur de la République qui les établit.
00:44 Dans une République qui a un état de droit, les policiers et les gendarmes ont fait leur
00:48 travail.
00:49 Ils ont interpellé en moins de 48 heures 9 personnes qui doivent répondre de leurs
00:54 actes, dont sans doute le criminel, celui qui a tué Thomas.
00:59 Et en effet, c'est un drame ignoble qui touche toute une famille, un village, le pays.
01:03 Tout le monde a été extrêmement touché de voir cet adolescent mourir dans cette fête
01:06 de village.
01:07 Encore une fois, c'est le procureur de la République qui fait le travail de l'enquête.
01:11 Et on va le laisser faire son travail sereinement.
01:13 La presse raconte néanmoins que 9 témoins auraient entendu des propos hostiles aux Blancs.
01:18 Je vous dis ça parce qu'il y a ce drame ignoble et il y a ce qu'il a engendré depuis.
01:21 D'abord, il y a ce drame ignoble.
01:24 Et encore une fois, ce n'est pas la première fois que l'on voit des drames ignobles qui
01:28 touchent chacune et chacun.
01:31 Là, la petite Lola ailleurs, effectivement, dans une fête de village, des coups de couteau
01:35 donnés.
01:36 Mais c'est aussi le drame de cette femme qui est violentée par son mari, de ses enfants
01:39 qui ont été tués par leur père.
01:41 Il y a malheureusement, on le sait, une multiplicité d'actes extrêmement violents, pas simplement
01:46 dans notre pays, mais dans notre société occidentale.
01:49 Et il y a à rappeler l'ordre, il y a à rappeler l'autorité, il y a à rappeler la force de
01:53 la loi et la force des policiers et des gendarmes.
01:55 Et puis il y a aussi les réactions, vous avez parfaitement raison, de milices d'extrême
02:00 droite en l'occurrence, qu'il faut absolument condamner.
02:03 C'est pour ça que j'ai été extrêmement ferme avec les policiers et les gendarmes,
02:06 pour qu'ils puissent interpeller.
02:07 Ça a été le cas à Romance-sur-Isère où deux unités de force mobile avaient été
02:11 mobilisées, les CRS, qui ont pu interpeller des militants d'extrême droite et qui ont
02:15 été condamnés à des peines importantes.
02:17 Et je pense que c'est important parce que la France a évité un scénario à l'irlandaise.
02:21 La France, parce qu'elle a été ferme, a évité un scénario de petite guerre civile.
02:28 Et je pense qu'il faut rappeler, pour une partie d'entre eux, parler des militants
02:33 d'extrême droite, pour une partie d'entre eux, hier encore à Lyon, neuf interpellations
02:37 ont eu lieu à ma demande par la préfète.
02:39 Et je ne laisserai aucune milice, qu'elle soit d'extrême droite ou de n'importe quel
02:44 courant radical, faire la loi à la place des procureurs de la République et des policiers
02:47 et des gendarmes.
02:48 Nos confrères de France Info ont trouvé plus que les noms, ils ont trouvé les adresses,
02:53 également les noms des membres des familles des suspects dans l'affaire Thomas, dans
02:56 les téléphones de certains de ces militants d'ultra droite.
02:59 C'était donc une expédition punitive ?
03:01 Là encore, il y a une enquête qui est ouverte et puis certains sont déjà condamnés.
03:05 Ce qui est certain, c'est que le drame ignoble de Thomas, les interpellations de ces personnes
03:09 qui doivent répondre à leurs actes, et j'espère aux plus fortes condamnations, ne
03:13 doit pas permettre que quelqu'un d'autre s'érige au nom de l'État pour faire justice.
03:17 Et aujourd'hui, je crois qu'il y a dans l'ultra droite une mobilisation qui veut nous faire
03:22 basculer, en effet, comme l'a dit M. Roussel dans la guerre civile.
03:25 Et c'est pour ça que la force de l'État est là, pour rappeler que personne ne va remplacer
03:31 l'État.
03:32 Juste dire quelques mots, ces groupes d'extrême droite, on les combat depuis très longtemps.
03:35 J'étais le ministère qui a proposé au président de la République qu'il acceptait la fin de
03:39 génération identitaire.
03:40 Je vais proposer la fin d'un groupe qui s'appelle, un groupuscule, la division Martel, rien que
03:47 le nom évidemment nous fait peur.
03:49 Et puis deux autres, je ne peux pas évoquer les noms puisque nous rentrons dans le contradictoire,
03:53 mais qui sont directement liés aux mobilisations, on va les appeler comme ça, d'extrême droite.
03:57 Vous allez proposer leur dissolution ? Oui, il y a un contradictoire, il y a un
04:00 état de droit, donc mise en intérêt, ils le proposent.
04:02 Et après, avec le président de la République au conseil des ministres, il y a des dissolutions.
04:07 Sur la quarantaine de dissolutions que j'ai proposées depuis que je suis ministre de
04:10 l'Intérieur, deux ont été retoquées par le conseil d'État.
04:12 Et je constate que tous les groupuscules d'ultra-droite ont été dissous lorsque
04:15 je les ai proposés au président de la République.
04:17 Diriez-vous Gérald Darmanin que ces individus cagoulés, munis de barres de fer et prêts
04:21 à faire justice eux-mêmes, diriez-vous de ces individus qu'ils sont ensauvagés ?
04:26 Oui, bien sûr.
04:28 Mais l'ensauvagement, il touche beaucoup de gens.
04:30 Il touche évidemment ceux qui vont dans une fête de village donner coup de couteau à
04:34 un adolescent.
04:35 Ils vont évidemment combattre cela avec la première force.
04:37 C'est ce que font les policiers et les gendarmes dans un monde où ils sont un peu seuls face
04:42 à la crise d'autorité.
04:43 Autorité qui manque à l'école, autorité qui manque chez les parents, autorité qui
04:46 manque dans la rue.
04:47 C'est certain.
04:48 J'ai rappelé et je rappelle l'importance de cette autorité pour une société vive-bien.
04:52 Mais également, bien sûr, l'ensauvagement de ces milices qui, une fois, vont faire des
04:56 ratonnades, vont taper des Arabes, vont attaquer des gens qui ont des couleurs de peau différentes
05:01 et écrient leur nostalgie du troisième Reich, évidemment.
05:04 Vous savez, il y a eu 13 attentats, 13 projets violents qualifiés comme tels par le parquet
05:09 antiterroriste d'ultra-droite depuis 2017 qui ont été déjoués.
05:12 Alors évidemment, ça n'a rien à voir avec la proportion d'attentats islamistes,
05:15 qui est la première menace.
05:16 Plus de 40 attentats islamistes déjoués.
05:18 Enfin, 13 attentats d'ultra-droite, c'est évidemment très important.
05:21 Et l'État français regarde, surveille, arrête.
05:25 Et il y a 1300 personnes en France qui sont fichées S pour ultra-droite.
05:29 Éric Zemmour a retweeté, vous le savez, les prénoms et les noms des 8 agresseurs
05:33 supposés dans l'affaire de Crépol en reprenant une indiscrétion du Figaro, Gérald Darmanin.
05:40 Il a accompagné son tweet de la mention suivante.
05:42 Gérald Darmanin a voulu cacher ses noms, chacun comprendra pourquoi.
05:46 Étiez-vous embarrassé de cette succession de prénoms arabo-musulmans ?
05:50 D'abord, j'ai pris les propos de monsieur Zemmour comme une insulte raciste personnelle
05:55 à mon encontre.
05:56 Vous savez pourquoi il le dit.
05:57 Mon deuxième prénom c'est Moussa, je suis petit-fils de combattants français qui viennent
06:01 d'Algérie.
06:02 Il ne le fait pas par hasard.
06:03 Les influences de l'extrême droite sont toujours bien pensées par des gens aussi intelligents
06:07 que d'Éric Zemmour.
06:08 Moi, je m'enorgueille d'avoir un deuxième prénom qui s'appelle Moussa.
06:10 Mais oui, mes deux grands-pères viennent de l'autre côté de la Méditerranée.
06:12 Pourtant, je pense à cette patriote profondément français et ils ont fait un petit-fils qui
06:18 sert la République.
06:19 Donc d'abord, les insinuations de monsieur Zemmour, je les laisse dans le côté de Zérabond
06:23 de sa pensée.
06:24 Deuxièmement, ce n'est pas moi jamais, en aucun cas, ça fait 4 ans que je suis ministre
06:27 de l'Intérieur et ça n'était le cas d'aucun des ministres de l'Intérieur de la République
06:31 qui donne les prénoms, les noms, les adresses des personnes.
06:34 Encore une fois, c'est le procureur de la République.
06:36 Dans l'interpellation qu'ont fait les gendarmes de personnes supposées qui ont commis cet
06:40 acte ignoble contre Thomas, il y avait 8 Français et un Italien.
06:43 Et que veut dire monsieur Zemmour ?
06:45 Donc là, ces Français, selon les grands-parents, les quart de grands-parents, ça rappelle
06:50 des régimes politiques que la République a toujours combattu.
06:52 Moi, ce qui m'intéresse, ce n'est pas le prénom de la personne, c'est est-ce qu'il
06:54 a commis ou pas un acte délictuel.
06:56 Ce qui m'intéresse, ce n'est pas cette personne étrangère ou non, est-ce qu'elle a commis
07:00 un acte délictuel.
07:01 La première loi que je porte, par exemple, aujourd'hui, ce n'est pas contre les étrangers.
07:04 Nous régularisons les étrangers qui travaillent et on expulse les étrangers délinquants.
07:08 On ne juge pas les gens en France pour ce qu'ils sont, mais pour ce qu'ils font.
07:12 Je ne suis pas essentialiste.
07:13 Moi, je pense que les gens sont libres et qu'ils sont capables de pouvoir dépasser
07:18 un certain nombre de choses, qui est leur éducation, leur influence, leur milieu.
07:21 Monsieur Zemmour, comme tout extrait de droite, met des gens dans des cases et ne les sortent
07:25 pas.
07:26 Et il pense qu'ils sont délinquants parce qu'ils sont étrangers ou qu'ils sont meurtriers
07:29 parce qu'ils s'appellent Moussa.
07:30 Ce n'est pas ma conception de la République.
07:32 Alors cette loi Immigration, justement, Gérald Darmanin, est débattue depuis hier en commission
07:37 des lois à l'Assemblée Nationale, après avoir été adoptée, mais nettement durcie
07:40 par le Sénat.
07:41 Plus le texte se droitise, plus vous perdez, en tout cas, moins vous avez de chance d'avoir
07:45 avec vous les voix de la gauche, du centre et d'une bonne partie des macronistes.
07:50 Plus il revient au projet initial et plus la droite vous lâche.
07:52 Toute la presse a sorti sa calculatrice ces derniers jours.
07:56 Est-ce que c'est le compte ? Impossible.
07:58 Alors quand on est mis à l'intérieur, ce qui est intéressant, c'est l'intérêt
08:01 général.
08:02 Est-ce que ce texte est bon pour les Français, pour la France ? Oui.
08:04 Oui, il est bon.
08:05 Il va simplifier drastiquement les procédures.
08:07 Aujourd'hui, on met trois ans pour répondre à quelqu'un qui demande un asile en France.
08:10 Il faudrait mettre six mois, huit mois, neuf mois pour lui dire vite oui pour qu'il puisse
08:14 s'intégrer ou vite non pour qu'il puisse repartir.
08:16 Aujourd'hui, nous appliquons les 15% des arrêtés de reconduite à la frontière.
08:20 Est-ce que c'est important de faire beaucoup mieux ? Bien sûr.
08:24 Ce texte va permettre par une simplification drastique de ces procédures.
08:27 Est-ce qu'on peut expulser des étrangers délinquants ? Parce qu'aujourd'hui, on
08:31 ne peut pas le faire.
08:32 La loi, et notamment la loi portée par la droite, jadis il y a 20 ans, empêche de le
08:35 faire.
08:36 Oui, c'est très important pour protéger les Français.
08:37 Est-ce qu'on doit intégrer dans notre vie de tous les jours la femme de ménage qu'on
08:42 croise tôt le matin et qui n'a pas forcément ses papiers parce qu'elle a un patron indélicat ?
08:47 Oui, parce que cette femme est courageuse.
08:49 Donc ce texte est important pour les Français.
08:51 Et au bout d'un moment, vous savez ce qui compte ? C'est l'intérêt général.
08:53 Donc à la fin, le gouvernement prendra ses responsabilités.
08:56 Après avoir longuement travaillé, longuement discuté, longuement cherché un compromis,
08:59 il proposera le texte au Parlement.
09:00 Et le Parlement décidera.
09:02 C'est ça la démocratie.
09:03 C'est un texte voulu par 75% des Français, qui prévoit fermeté et intégration.
09:08 Est-ce qu'on est d'accord qu'en France, désormais, comme tous les pays européens
09:11 qui nous entourent, quasiment, on a le droit d'exiger des étrangers qu'ils passent un
09:15 examen de français pour rester longtemps sur le sol français ? La réponse est oui.
09:19 Donc vous savez, les calculettes, ça n'a pas beaucoup d'intérêt quand il y a des
09:22 femmes, des hommes, des enfants qui soient en France, qui voudraient venir en France,
09:27 qui veulent s'intégrer en France.
09:28 La calculette, elle est indispensable pour faire voter ce texte Gérald Darmanin, vous
09:31 le savez bien.
09:32 Et tous les députés de France et de Navarre racontent comment, justement, vous mouillez
09:36 la chemise.
09:37 Personnellement, vous allez les voir les uns après les autres, justement.
09:40 Mais moi, je suis élu local, je suis parlementaire.
09:43 Mais oui, je reçois évidemment.
09:44 Je reçois les députés, quels que soient leurs bords, pour pouvoir discuter avec eux
09:47 quand ils me demandent un rendez-vous.
09:48 Je suis moi-même en commission, matin, midi et soir, ce que font rarement les ministres.
09:51 Mais vous savez, il y a trois mois, on m'a expliqué que le texte ne passerait pas au
09:53 Sénat.
09:54 Et encore moins qu'une mesure de régularisation.
09:56 Il est passé au Sénat, ce n'est pas un texte parfait au Sénat, mais avec une mesure
09:59 de régularisation.
10:00 Il y a une semaine, on m'a dit « jamais la majorité ne sera réunie derrière ce texte ».
10:04 On a regardé hier, vous avez vu, il n'y a pas eu un amendement, pas un article du
10:07 gouvernement qui a été retoqué.
10:08 Et on m'a dit « les LR ne voteront pas ce texte ». Je constate qu'il y en a 17
10:12 qui y sont discutes.
10:13 Et la suppression de l'aide médicale d'État, qui est très symbolique et qui a fait couler
10:14 beaucoup d'encre, qu'ont réclamé les sénateurs et qu'ont voté les sénateurs.
10:18 Vous allez lâcher sur cette suppression de l'aide médicale d'État ?
10:21 Alors, il n'y a pas une suppression de l'aide médicale d'État dans le texte du Sénat.
10:23 Il y a une transformation de cette aide médicale d'État.
10:25 J'ai toujours dit qu'il ne fallait pas que ce soit dans ce texte-là.
10:28 Ce texte-là ne prévoit pas de mesure de santé pour les étrangers.
10:32 Il y a des questions qui se posent autour de l'aide médicale d'État.
10:35 C'est tellement vrai que la première ministre elle-même a commandé un rapport à M.
10:38 Stéphanie et à M.
10:39 Évin, qui sera rendu le 4 décembre.
10:40 Je ne pense pas qu'il faille toucher personnellement le panier de soins.
10:42 Je pense qu'il y a une des questions de l'aide médicale d'État, qui est que vous
10:46 êtes bénéficiaire à 100% au bout de 9 mois d'irrégularité sur le territoire.
10:50 Je pense que ça devrait être l'inverse.
10:51 C'est au début que vous devez être protégé et soigné.
10:54 Et ensuite, lorsqu'on vous dit de repartir chez vous, de pouvoir avoir moins accès à
10:58 cette aide médicale d'État.
10:59 Mais ce n'est pas dans ce texte-ci.
11:01 Nous supprimerons l'aide médicale du texte.
11:03 Et il y a un rapport qui sera rendu le 4 décembre.
11:05 On en tira toutes les conséquences dans un texte budgétaire.
11:07 Parce que l'aide médicale d'État, c'est avant tout, pour les raisons que l'on connaît,
11:11 des questions budgétaires.
11:12 Merci Gérald Darmanin.
11:13 Merci à vous.

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