Graal Santé, une entreprise de Perpignan qui installe des médecins là où il en manque

  • l’année dernière
Voilà une solution innovante face à la pénurie de médecins.
Une nouvelle entreprise des Pyrénées-Orientales, Graal Santé, propose aux communes ou aux établissements de santé de leur trouver des médecins, et de s'occuper de leur déménagement et leur installation de A à Z. La directrice générale de Graal Santé est l'invitée de l'Eco d'ici sur France Bleu Roussillon.
Transcript
00:00 Mais pour l'heure, l'écho d'ici revient sur notre manque chronique de médecins dans les Pyrénées-Orientales.
00:06 On vous parle souvent des petites annonces, parfois originales, pour attirer les médecins dans certaines communes.
00:11 Et bien attirer les médecins, c'est justement la spécialité de cette entreprise de Perpignan.
00:16 Simon Colossus.
00:16 Oui, et cette entreprise, elle s'appelle Graal Santé. Vous en êtes la directrice générale, Alana Contel. Bonjour.
00:20 Bonjour.
00:21 Et merci d'être en direct avec nous ce matin en studio. Vous avez donc inventé un nouveau métier, Madame Contel.
00:25 Vous êtes chasseuse de médecins.
00:26 Oui, alors ce n'est pas un nouveau métier. Simplement, notre concept, c'est que nous ne sommes pas simplement chasseurs de têtes, comme on peut dire.
00:34 Nous sommes un cabinet de recrutement qui est adossé aussi à une conciergerie de services pour les médecins.
00:40 C'est-à-dire que nous, on est parti du constat que les leviers financiers n'étaient plus les déterminants à l'installation d'un médecin,
00:47 que les pratiques ont changé, les aspirations des médecins ont évolué vers un équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle.
00:55 Et donc, on est convaincu que la solution, c'est de proposer un accompagnement sur mesure et personnalisé aux médecins jusqu'à son installation personnelle.
01:03 C'est-à-dire, vous lui trouvez une maison, s'il veut une piscine, s'il veut un jardin, il faut que l'école pour les enfants ne soit pas loin, c'est ça ?
01:08 Exactement. On trouve aussi le métier du conjoint ou un travail pour le conjoint si c'est nécessaire.
01:13 Nous, ce qu'on fait, c'est un focus sur le projet de vie du médecin.
01:16 Donc, contrairement aux autres chasseurs de têtes, nous, on fait le focus sur le médecin et pas sur le poste.
01:20 Et on essaye de trouver le poste le plus adapté aux médecins pour le convaincre de venir sur le territoire.
01:25 Alors, question très importante, est-ce que vous êtes fixé des limites, j'allais dire, morales en termes de déontologie ?
01:30 On imagine une commune de Lauser, un territoire désert médical s'il y en a, une commune qui se bat depuis des années pour trouver un médecin,
01:36 qui le trouve, ça y est, et vous allez lui piquer dans les mois qui suivent en l'attirant dans les Pyrénées-Orientales où on manque aussi de médecins.
01:43 Est-ce que vous êtes capable de déshabiller Jacques pour habiller Paul ?
01:45 Pas du tout. Alors, nous, on a une certaine éthique, évidemment. Donc, on est de service public avant tout,
01:52 c'est-à-dire qu'on a 25 ans et 20 ans de carrière dans la fonction publique, moi, hospitalière et mon collègue dans l'ARS.
01:57 Je rappelle que vous êtes l'ancienne directrice adjointe de l'hôpital de Perpignan.
02:01 Voilà, sur des missions notamment de responsable de la communauté médicale, 450 médecins à l'époque aux hôpitaux.
02:09 Donc, l'idée c'est d'avoir une certaine éthique, c'est-à-dire qu'on ne déplace pas les ressources.
02:14 Nous, notre objectif c'est d'apporter de nouvelles ressources sur les territoires.
02:17 Donc, vous allez draguer dans les facs de médecine en fait ?
02:19 Alors, exactement. Alors, ce qu'on a fait en priorité...
02:21 Pas seulement dans les facs de médecine ?
02:22 Pas seulement. Mais c'est une de nos filières et c'est une des principales.
02:25 C'est-à-dire que moi, je travaillais déjà avec la fac de médecine de Montpellier-Nîmes quand je travaillais à l'hôpital.
02:29 Donc, on a proposé un partenariat au département de médecine générale de la fac de Montpellier-Nîmes.
02:33 Et on est partenaire officiel du syndicat des internes de l'ex Languedoc-Roussillon, si on peut dire.
02:39 Et donc, on a proposé d'accompagner les internes qui viennent chaque semestre en stage chez les praticiens,
02:45 ou à l'hôpital, ou en stage mixte. Donc, on s'est dit ce qu'on peut faire pour les seniors,
02:49 autant le faire des linterna pour les juniors, entre guillemets, pour essayer de les ancrer un maximum sur le territoire,
02:54 de leur faire un accueil les plus favorable possible, leur faire découvrir les atouts du territoire,
03:00 pour qu'ensuite ils viennent s'installer.
03:01 Justement, comment vous faites ? Alors, la photo du canigou, la photo de collioure, ça suffit pas ?
03:04 Alors, pas seulement. On est d'accord, le triptyque, mer, montagne, soleil...
03:08 Parce qu'ils sont pas forcément tous catalans les étudiants en médecine.
03:10 Pas du tout. Donc, nous ce qu'on fait, c'est que sur leur semestre entier, on les accueille,
03:12 aussi bien au niveau logistique, pour leur trouver le logement, parce qu'ils ont trois semaines pour trouver un logement pour venir en stage.
03:17 On leur fait découvrir, on leur fait faire des soirées festives aussi, parce qu'ils sont jeunes, il faut le rappeler.
03:21 Et puis, on leur donne un petit peu l'état des postes qu'ils pourraient trouver sur le territoire, sur le département,
03:27 ou sur toute l'Occitanie maintenant, parce qu'on fait toute l'Occitanie.
03:29 Finalement, on les attire un peu comme on attirerait des joueurs professionnels, des joueurs de l'USAP ou des dragons catalans,
03:35 en disant "Viens chez moi, l'herbe est plus verte, et puis je vais te trouver la maison, et puis pour ton copain, ta copine, je vais te trouver un métier".
03:41 Ça se fait chez d'autres entreprises, notamment au rugby ou chez CEMOI, mais ça ne se faisait pas encore dans le domaine médical.
03:47 Dans le département, qui sont vos clients ?
03:49 Alors, nos clients, ce sont les communes, les communes qui nous mandatent pour chercher...
03:53 L'ICAE par exemple.
03:54 Alors, on a assez peu de communes sur le département, il faut le dire.
03:57 C'était une surprise de notre activité.
03:59 Ça fait un an que vous existez aussi, vous êtes une entreprise relativement nouvelle.
04:01 Voilà, ça fait un an que l'on existe.
04:02 Donc, c'est vrai que notre cible première était les communes, parce qu'on s'est dit que c'est là que le manque est le plus flagrant,
04:08 notamment sur les médecins généralistes.
04:10 On a prospecté pas mal de communes qui sont très intéressées par notre activité,
04:14 mais c'est vrai que notre principe, à nous, bien entendu, pour attirer le médecin, c'est que le médecin ne paye pas notre prestation.
04:18 C'est la commune qui paye ?
04:20 C'est la commune ou l'entité. Alors, nos prix sont fixes.
04:22 Pour une commune, c'est 30 000 euros pour un médecin qui s'installe.
04:26 Et qui s'engage à rester aussi ?
04:28 Oui, et uniquement qui s'installe, c'est-à-dire que nous, on est payé au succès.
04:30 Donc, on ne prend pas au risque énormément aussi.
04:33 Et c'est 20 000 euros pour une structure de santé, qu'elle soit publique ou privée.
04:36 La clinique Saint-Pierre, par exemple, qui a eu des difficultés pour trouver des urgentistes de nuit,
04:40 qui a dû fermer une partie de ses urgences la nuit, vous a contacté ?
04:43 Tout à fait.
04:45 Simplement, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'un médecin, on ne le trouve pas comme ça.
04:47 C'est-à-dire que nous, notre mission, on s'engage sur 12 mois.
04:50 C'est pour une installation durable.
04:52 Ce n'est vraiment pas pour faire des remplacements ou pour boucher des trous.
04:55 Nous, l'objectif, c'est de convaincre le médecin de venir s'installer avec sa famille,
04:58 d'être intégré sur le territoire, et pour que ce soit une installation réussie et durable.
05:02 Donc, ça prend du temps.
05:04 Et comment être sûr que le médecin que vous allez faire venir dans une petite commune,
05:06 une entreprise du même genre, qui travaille dans l'Hérault, dans la région de Toulousaine,
05:10 ne va pas vous le démarcher ?
05:12 Est-ce qu'il n'y a pas une guerre des médecins qui va se lancer ?
05:14 Non, il n'y a pas une guerre des médecins, parce que nous, on accompagne les médecins
05:16 sur environ 18 mois, donc on crée vraiment une relation de confiance très forte.
05:19 Ce n'est pas très long, 18 mois ?
05:21 Non, mais alors 18 mois, nous, on connaît leur famille,
05:23 s'ils ont des ados, s'ils ont des enfants, que fait leur conjoint,
05:25 comment ils vivent.
05:27 Donc, ils nous confient vraiment leur projet de vie.
05:29 Donc, si vous voulez, on a vraiment cette relation de confiance qui fait qu'ensuite,
05:33 alors on a des parcours aussi, moi j'ai 20 ans dans les hôpitaux publics,
05:37 donc je connais, et on parle, si vous voulez, on a tous les réseaux qu'il faut,
05:39 sur toute l'Occitanie, et surtout, on parle tous les langages.
05:41 On parle aussi bien le langage de la communauté médicale
05:43 que le langage de la direction, ou d'une commune.
05:45 Merci beaucoup. Alana Contel, donc vous êtes la directrice générale
05:49 de cette entreprise de Perpignan, ça s'appelle Graal Santé.
05:51 Graal Santé, pour la quête du Graal.
05:53 Et vous êtes installée Techno Sud à Perpignan.
05:55 Techno Sud à la Pépinière.
05:57 Bonne journée à vous, et bonne chasse.

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