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Court métrageTranscription
00:00 Cette semaine, on prend le temps d'aimer, enfin,
00:02 avec ce film de Kattel Killevere
00:03 qui raconte le destin d'une femme sur une vingtaine d'années
00:07 entre la fin de la Deuxième Guerre mondiale et les années 60.
00:10 Depuis la dernière fois, j'ai pas arrêté de penser à vous.
00:14 Je ne me suis jamais sentie aussi bien avec quelqu'un.
00:20 Vous l'aimiez, la père de Daniel ?
00:25 En fait, ça n'a pas duré longtemps.
00:28 Kattel Killevere, vous la connaissez,
00:30 c'est la réalisatrice de Réparer les vivants.
00:32 Et puis, l'année dernière, elle avait fait cette formidable série
00:34 qui s'appelait Le Monde de Demain sur les débuts d'NTM.
00:36 Alors là, elle revient avec un film extrêmement personnel
00:39 qui est l'histoire de sa grand-mère.
00:41 Alors, pourquoi raconter l'histoire de sa grand-mère ?
00:43 Parce qu'elle n'est pas banale.
00:44 Quand on rencontre Madeleine,
00:46 eh bien, elle est en train de fuir les résistants de la 25e heure
00:49 qui l'ont tondu parce qu'elle a eu une liaison avec un jeune officier allemand.
00:53 Elle est elle-même toute jeune.
00:55 Elle va être chassée par sa famille et elle attend un enfant.
00:58 Ça, c'est vraiment le tout, tout début du film,
01:00 qui est nourri par des images d'archives en noir et blanc extrêmement dures
01:03 sur les histoires vraies des femmes tondues à la libération.
01:07 Et puis, cut, tout de suite, on est après la guerre.
01:11 Donc, et Madeleine a refait sa vie toute seule.
01:14 Elle travaille comme serveuse dans un restaurant.
01:15 Elle a eu un petit garçon qui s'appelle Daniel.
01:18 Et un jour, elle rencontre un gars qui s'appelle François,
01:20 qui est joué par Vincent Lacoste.
01:22 Et c'est leur histoire que Kattel Killevere va raconter,
01:25 l'histoire de sa grand-mère et de son grand-père,
01:26 qui est évidemment, dont elle s'éloigne très vite
01:28 pour en faire une grande histoire de cinéma,
01:31 qui serait une sorte de mélo âpre, très romanesque,
01:34 et en même temps racontée avec une espèce de modernité,
01:36 une espèce d'urgence, une dureté aussi,
01:39 qui fait du film quelque chose d'à la fois très bouleversant
01:44 et en même temps assez sec.
01:46 C'est mon fétiche.
01:48 C'est un dotyle.
01:56 C'est encore plus ancien que les dinosaures.
01:57 Marie a parlé de cut et effectivement,
02:01 c'est vraiment le style de Kattel Killevere
02:03 qu'elle avait fait déjà dès son deuxième long-métrage,
02:05 "Suzanne", qui était déjà un mélo très âpre,
02:09 vraiment bouleversant, mais à très très dur.
02:11 C'est le même principe un petit peu ici,
02:12 c'est-à-dire vraiment de passer d'une époque à l'autre
02:15 de manière assez brutale,
02:17 et en même temps, d'avoir ce temps hyper accéléré
02:20 et dans d'autres scènes, le temps plutôt dilaté,
02:23 où elle prend son temps pour développer des scènes.
02:25 Ce parti pris de narration est vraiment très intéressant
02:28 parce que c'est très inhabituel de voir ça
02:30 dans des films qui assument la dimension romanesque.
02:32 Moi, ce que j'aime beaucoup, c'est vraiment d'oser raconter
02:36 des choses assez dures sur, comme l'a dit Marie,
02:39 le sort des femmes qui étaient amoureuses des Allemands,
02:42 donc le sort des femmes à la libération.
02:45 Et puis après, sans trop spoiler ce qui se passe dans le film,
02:47 on va dire que la sexualité de François
02:50 n'est pas forcément très compatible
02:52 avec une vie de couple hétérosexuel.
02:54 De ça, elle tire vraiment des idées de scénarios
02:57 vraiment très intéressantes.
02:58 Et puis, une reconstitution aussi très habile,
03:01 jamais ostentatoire, mais qui fait qu'on y croit toujours.
03:04 On voit vraiment, petit à petit, comment ça évolue.
03:07 Quand on est dans les années 40, on y croit,
03:08 les années 50, on y croit,
03:10 les années 60 aussi sont superbement reconstituées.
03:12 *Musique*
03:36 Puis tout à coup, le film va devenir une sorte de j'aime,
03:39 qu'on n'avait pas vu venir, avec un GI américain.
03:42 Et là, je dois dire que Catelle Killeveray m'épate,
03:47 parce que c'est peut-être une des séquences les plus érotiques
03:50 qu'on verra au cinéma cette année.
03:51 Le regard qu'elle pose sur ces moments-là,
03:55 sur ses corps, sur ses gens,
03:57 il est à la fois magnifique et émouvant,
04:01 jamais aigriard et en même temps vraiment chaud comme la braise.
04:04 Donc je trouve que là, elle a l'audace de regarder en face un trouble
04:11 et en même temps de le faire partager avec énormément de tendresse, d'intelligence.
04:18 Le film est constamment surprenant,
04:20 alors qu'on a l'impression qu'il empile un peu des clichés.
04:23 Pas du tout.
04:24 C'est dû aussi à deux interprètes qui sont vraiment merveilleux,
04:27 qui sont Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste.
04:30 On ne sait plus quoi dire de bien sur ces deux-là,
04:31 parce qu'à chaque film, on dit qu'ils sont encore...
04:33 Ben voilà, ils sont encore meilleurs que la dernière fois
04:35 et peut-être moins bons que la prochaine.
04:37 Le temps d'aimer, c'est très bien.
04:39 Le temps d'aimer, c'est tout de suite maintenant et c'est très bien.
04:42 - Qu'est-ce que tu parles à Daniel ?
04:44 - Qu'est-ce que tu veux qu'il lui dise ?
04:45 - Je sais que c'est toi, Rang-la-Moi.
04:52 - Je sais que c'est lui, mon pote !
04:53 - T'en fous, c'est pas une femme que t'as épousée, c'est une couverture !
04:55 - Moi, j'ai pas été ta couverture, moi !