• l’année dernière
Transcription
00:00 "À l'ombre des jeunes filles en pleurs", c'est comme ça qu'on pourrait rebaptiser
00:03 le consentement qui est l'adaptation évidemment du livre de Vanessa Springora
00:08 par la cinéaste Vanessa Philo.
00:10 Vanessa Springora racontait comment, adolescente, vers 13-14 ans,
00:29 elle avait été la proie d'un grand écrivain français, Germano Pratin,
00:33 célébré dans les cercles littéraires et intellectuels, Gabriel Mazneff,
00:38 qu'elle ne nommait pas dans le livre, qui est très clairement nommé dans le film.
00:41 Une toute jeune fille, d'à peine 13 ans, va taper dans l'œil d'un écrivain de 49 ans
00:49 qui va se mettre à lui écrire des lettres enflammées.
00:52 Et petit à petit, le prédateur va resserrer son étau sur sa victime, consentante croit-elle.
01:01 Ce qui se passe entre nous c'est très beau, c'est très rare, ce n'est que de l'amour.
01:07 C'est une chance pour toi que je sois le premier.
01:09 Le film est assez étrange par sa manière de vouloir vraiment coller au livre,
01:13 sans beaucoup de distance.
01:15 Alors il faut savoir que Vanessa Springora a collaboré à l'écriture du scénario,
01:18 ceci explique peut-être cela.
01:19 Il y a des effets assez étranges dans le fait de vouloir prendre un peu les codes du film d'ado
01:24 pour raconter le début de la séduction de Gabriel Mazneff sur Vanessa,
01:29 ou plus exactement comment Vanessa se laisse séduire par Gabriel Mazneff.
01:34 Il y a des effets de ralentis, d'une belle image presque à la David Hamilton à certains moments.
01:40 On sait tout juste si le film se passe dans les années 80,
01:43 on a presque l'impression d'être dans la boum à certains moments.
01:45 On attend presque à entendre « Dream » de Richard Sanderson sur la bande-son.
01:50 Donc c'est un côté un petit peu troublant.
01:51 Le film est assez fort sur le casting.
01:54 Jean-Paul Rouve, effectivement, il est méconnaissable, c'est un peu le rôle de sa vie.
01:58 Et c'est très troublant de le voir comme ça.
02:00 Et il arrive quand même vraiment à montrer ce côté très reptilien de Mazneff,
02:05 à la fois vraiment une espèce de séduction-répulsion, et ça marche très très bien.
02:10 Il y a un personnage important dans le film, plus important que dans le livre,
02:14 c'est le personnage de la mère.
02:15 Un rôle pas facile, parce qu'effectivement, on pourrait penser qu'elle a un petit peu mis
02:19 sa fille dans les pattes de Mazneff, c'est un petit peu plus compliqué que ça.
02:23 Et c'est Laetitia Casta qui joue le rôle, et elle s'en sort vraiment très très bien.
02:25 Elle arrive vraiment à rendre ce personnage à la fois très inquiétant et en même temps presque attachant.
02:31 Et puis il y a Kim Igelin qui joue le rôle de Vanessa Springora, c'est une révélation.
02:34 C'est la petite fille de Jackie Igelin.
02:37 Là aussi, très bon choix de la part de Vanessa Filho.
02:39 Cette jeune actrice a effectivement des traits très juvéniles,
02:42 et en même temps, elle a une voix un peu rauque, assez grave,
02:46 comme si elle était déjà un peu abîmée par la vie.
02:48 Ça montre bien un petit peu les ravages qu'ont fait Gabriel Mazneff sur cette jeune fille.
02:52 Et il y a quand même certaines parties de mise en scène qui m'ont un petit peu gêné,
03:05 notamment dans la représentation des scènes de sexe.
03:08 Je trouve qu'il aurait peut-être fallu aller un petit peu moins loin.
03:12 C'est assez insoutenable par moment, on n'a pas envie de voir ça,
03:16 donc on ne peut pas l'accuser d'en tirer plaisir ou d'une complaisance.
03:21 Mais on se pose quand même la question.
03:23 Il y avait de la littérature et là, on cherche un peu le cinéma.
03:26 On pouvait vraiment jouer sur le hors-champ.
03:27 À partir d'un certain moment, ne plus montrer les corps,
03:30 rester peut-être sur une vue de la chambre vide,
03:33 peut-être avec juste le texte de Vanessa Springora qui est vraiment très, très fort.
03:37 Alors après, c'est vrai qu'elle arrive à créer, avec le corps de Gabriel Mazneff notamment,
03:42 quelque chose de très troublant, de très dérangeant.
03:47 Et peut-être qu'il aurait fallu se concentrer sur lui et oublier un peu la jeune fille.
03:51 En tout cas, on se dit que ça n'a pas été assez pensé.
03:54 Malgré tout, le consentement, c'est utile et c'est plutôt bien.
03:59 Le consentement est un film dérangeant qui n'est pas sans défaut.
04:03 C'est quand même bien.
04:04 [Musique]

Recommandations